Pasteurs, n’abandonnez pas !

Article de D. Scott Hildreth | 14 septembre 2020

Les statistiques sont effrayantes et les histoires déchirantes. Si rien ne change, l’église américaine sera confrontée à des défis sans précédent au cours de l’année prochaine et de nombreuses congrégations locales ne survivront pas.

Quelle est la tragédie ? Prenez conscience qu’un pourcentage important (et croissant) de pasteurs envisagent de quitter leur église. En juillet, Chuck Lawless a lancé un avertissement dans son article «Les 6 raisons pour lesquelles certains pasteurs risquent de démissionner après la crise de la COVID» Depuis, d’autres ont rebondi sur ce thème.

Le 31 août, Thom Rainer a écrit : « Comprenez-moi bien : une grande majorité des pasteurs avec lesquels notre équipe communique disent qu’ils envisagent de démissionner et quitter leur église. C’est une tendance que je n’avais jamais observée auparavant, durant toute mon existence. Certains sont à quelques semaines de l’annoncer. Nos pasteurs sont pris dans une bataille que la plupart savent ne pas pouvoir gagner. »

Diriger une église a toujours été difficile, il suffit de lire le Nouveau Testament pour s’en rendre compte. Nous avons toujours su que les pasteurs vivent dans des maisons de verre : leur vie est exposée et chacune de leurs décisions est examinée au microscope. Les pasteurs n’ont jamais imaginé qu’ils pouvaient plaire à tout le monde. Cependant, les choses se sont aggravées, (il y a eu du changement dans l’attitude des églises). Les pasteurs sont critiqués, vilipendés et régulièrement abandonnés. Ils savent que chacune de leurs décisions sensibles va offenser près de la moitié de leur congrégation, entraînant beaucoup de départs pour d’autres églises. La politique et les troubles sociaux sont devenus causes de division au cœur des congrégations, et les réseaux sociaux ont attisé les hostilités. Écoutez ces déclarations de Lifeway Research (observatoire de la vie religieuse), en relation avec la crise COVID-19 :

  • « L’attitude des gens s’est beaucoup divisée sur un sujet clivant : la moitié de l’église est opposée à toute réouverture. Et l’autre moitié est frustrée que nous n’ayons pas réouvert depuis longtemps ».
  • « Je suis conscient que les gens sont de plus en plus lassés de la pandémie dans son ensemble. Certains sont morts de peur, tandis que d’autres sont convaincus qu’il s’agit d’un canular. Essayer de concilier ces deux extrémités du spectre est épuisant. »
  • « Beaucoup de nos fidèles sont encore effrayés et ne veulent pas sortir de chez eux. Peu importe ce que nous choisissons de faire ou de ne pas faire pour notre sécurité, certains groupes nous disent que c’est trop ou pas assez ».
  • « J’ai désespérément besoin de temps libre, mais comme je dois organiser des retransmissions en direct, des services de culte et l’école du dimanche, je n’ai pas le temps de m’échapper. Je suis un employé unique et il est difficile de trouver quelqu’un qui veuille bien me remplacer. J’ai eu deux jours de congé depuis Noël ».
  • « Je me sens déconnecté des gens et de leurs besoins. J’ai besoin d’encouragement, Aaron et Hur pour me tenir la main, des gens pour m’accompagner. Je suis fatigué de tout ce qui est virtuel ! !! PS PEUT ÊTRE QUE J’AI JUSTE BESOIN D’UN CÂLIN ?!!!

NOS PASTEURS ONT BESOIN DE NOUS

Chers frères et sœurs, compagnons d’église,

Vous et moi avons besoin de pasteurs. Ce sont nos bergers, nos défenseurs et nos enseignants. Mais en ce moment, nos pasteurs ont besoin de nous ! N’oubliez pas qu’ils sont aussi membres de nos églises, et que tout indique que cette partie de notre corps souffre. Malheureusement, il semble que ce soit une blessure auto-infligée. Paul a écrit : « Personne ne déteste jamais sa propre chair, mais il la protège et en prend soin… » (Ephésiens 5:29). Je crains que pour beaucoup de nos pasteurs, cela ne semble pas être vrai.

Je sais que ce n’est qu’un petit article de blog, mais mon appel est que nous décidions de changer cette situation en modifiant nos comportements. Non seulement nos églises ne peuvent pas survivre à la perte de nos pasteurs, mais il est de notre devoir spirituel de faire tout notre possible pour empêcher que cela n’arrive.

Nous pouvons faire mieux ; nous devons faire mieux !

NOUS AVONS BESOIN DE NOS PASTEURS

Cher Pasteur,

N’abandonnez pas, nous avons besoin de vous. J’ai passé plus de trois décennies dans le ministère chrétien et la dernière décennie à former ceux qui sont appelés au ministère. Vous n’avez pas de plus grand fan que moi ! je veux me pencher sur cette crise et donner quelques conseils. Ma prière est que vous les receviez comme des paroles d’un ami, et non d’un critique. Nous avons besoin de vous.

  • Accordez-vous une pause. Je sais que nous agissons comme si vous étiez notre sauveur, mais ce n’est pas le cas. S’il vous plaît, ne laissez pas le perfectionnisme vous épuiser. Personne ne sait ce qu’il faut faire en ce moment. Nous avons tous à improviser et être créatifs !
  • Faites une pause. Je sais qu’il y a trop de choses à faire. Vous ne pouvez pas tout faire, et essayer de cocher chaque case vous tue. Pour votre santé spirituelle, pour votre famille et pour l’église, prenez du recul et respirez. Nous pensions que tout cela était un sprint, mais en fait, c’est un marathon.
  • Trouvez un ami. Jésus n’a jamais voulu que vous fassiez cela seul. Si vous êtes vraiment seul, écrivez-moi.
  • Faites autre chose. Élargissez votre horizon. Accordez-vous du temps, pour lire, cuisiner, jardiner.
  • Revisitez votre vocation. Oui, vous pourriez faire autre chose, gagner plus d’argent et avoir moins de stress. Vous avez toujours pu le faire. Mais il y a une raison pour laquelle vous avez choisis le ministère. Laissez cette mémoire vous remplir à nouveau.

by D. Scott Hildreth | September 14, 2020 / Dear Pastor, Please Don’t Quit on Us Now

8 comments On Pasteurs, n’abandonnez pas !

  • Avec autant d’amour et de respect que possible, j’ai au contraire envie de dire : « pasteurs, abandonnez ! ». Car le problème ne vient pas du ministère lui-même (qui est un don de Dieu), ni de l’Eglise de Christ : le problème vient de la « Machine » – ce que certains (Franck Viola ?) appellent l’Eglise Organisée, et que Leonard Ravenhill (sauf erreur de ma part, à moins que ce ne soit Tozer) appelait « Eglisianisme ».
    Le Seigneur nous a donné pour mandat de faire des disciples (de Lui-même), instruction que les apôtres avaient bien comprise puisque, partout où ils allaient, ils s’attachaient à poser les fondements nécessaires à la formation de disciples de Christ. Je maintiens que 70% de l’énergie déployée dans nos églises n’a rien à voir avec la formation de disciples de Jésus : c’est plutôt le même genre d’énergie qu’on déploie en entreprise. Activités, pôles, découpage des réunions par segments démographiques, parts de marché, divertissements – il y a même parfois des « chartes » qu’il faut s’engager à respecter si on veut pouvoir devenir membres…

    Dans la Machine, peu importe les êtres humains (brebis comme pasteurs) : la Machine les broie et les consomme. Dans la Machine, peu importe qu’un membre s’en aille, car il sera facilement remplacé par un autre membre (et on ne fera pas trop la différence, puisqu’il fait le même « job »). Ce n’est pas un hasard si, dans les Machines les plus sophistiquées, on prend du temps pour prier en groupe avant le culte du dimanche, dans le but express de demander à Dieu de « mettre de l’huile dans les rouages » ! Une formulation certainement involontaire, mais ô combien révélatrice…

    Cela fait plus de 10 ans (oui c’est peu…) que j’appelle de mes prières l’effondrement sur lui-même de la Machine. Le jour où elle sera incapable de se tenir elle-même, et de gaver ses membres-adhérents-consommateurs tout en consumant des vies (car elle a besoin de carburant humain pour tourner), alors il nous faudra bien réapprendre à vivre l’Eglise, la vraie, la « simple », dans sa dimension organique (et non plus organisationnelle) et familiale.
    De même, si l’on voulait bien écouter la sagesse de Dieu laissée pour nous dans les Ecritures, on examinerait avec plus d’attention le rôle de l’ancien/surveillant/pasteur. Et l’on verrait que, pour faire des disciples (c’est-à-dire pour prendre soin du troupeau et le nourrir avec un enseignement sain), alors, comme toujours, l’Epoux a déjà pourvu. Je dis toujours qu’un homme qualifié par Dieu peut prendre soin (VRAIMENT soin) de 20 à 25 personnes environ. Au delà, il faut un deuxième berger/surveillant. Un berger toutes les 25 à 30 brebis environ.
    Et vous savez quoi ? Dans toutes les églises par lesquelles j’ai pu passer, sans exception aucune, il ne m’a jamais fallu trop longtemps pour repérer ces hommes que Dieu a qualifiés (spirituellement et relationnellement) pour prendre soin de ses brebis. Ils sont là – le plus souvent étouffés par la Machine.

    Laissons Dieu nous libérer de l’Eglisianisme, et nous verrons comme Il sera capable de nous conduire, brebis comme bergers, vers de « verts pâturages », où son joug est vraiment doux, et son fardeau vraiment léger.

    • Bonsoir Nicolas
      Je voulais vous remercier pour votre intervention, même si je ne peux pas être d’accord avec votre accroche « pasteurs abandonnez », parce qu’il faudrait admettre que tous les pasteurs dont parle l’auteur de l’article font partie de ce que vous appelez « l’églisianisme », une machine à broyer les croyants … Hum !
      Vous savez, tous ceux qui souffrent dans leur ministère, tous ceux qui sont en échec face à des croyants qui attendent tout d’eux, qui ne font rien ou pas grand-chose pour préparer le repas et qui mettent les pieds sous la table en critiquant le menu (ou le service) ne peuvent pas être tous considérés comme des faux pasteurs, au motif que ces églises sont dysfonctionnelles par rapport au modèle de l’église originelle, ou que le pasteur n’a pas trouvé la force de sublimer tout ça.
      Parce que les Écritures contiennent des exemples d’hommes de Dieu qui ont rencontré des difficultés énormes, à cause de leurs églises qui ont finalement réussi à les faire trébucher spirituellement, au premier rang desquels on peut placer Moïse. Quand on se plonge dans toute cette histoire de l’Exode, tellement édifiante pour nous, on se dit qu’il a dû penser plus d’une fois qu’il était dans une « machine » lui aussi. Sauf que celle-là, elle ne broyait pas les membres, mais les pasteurs.

      Quant au prophète Elie, il paraît qu’il a traversé un moment de profonde dépression où il a appelé la mort sur sa vie, ce qui est une déclaration d’une puissance effroyable dans la bouche d’un prophète. La place manquerait pour parler de serviteurs de Dieu connus et à mes yeux irréprochables, comme Charles Spurgeon, et qui ont souffert de dépression : «Je suis l’objet d’accès de dépression de l’âme si effrayants que je ne souhaite à aucun d’entre vous de jamais connaître un abattement poussé à de telles extrémités comme celui que je traverse». Tout ça pour dire que ce n’est pas si simple, et certainement pas binaire. J’ai peur qu’il n’existe pas de bons ou de mauvais croyants, de bons ou de mauvais pasteurs, et de bonnes ou de mauvaises églises.

      Je précise que je ne suis pas pasteur — et je contesterai l’idée qui prétendrait que ce que je viens d’écrire ici a pour but de défendre les pasteurs. Comprenons-nous bien : je crois que nous avons raison de dénoncer les erreurs d’un système chrétien qui s’affranchit de l’obéissance à l’esprit de l’Évangile, mais j’ai appris à mes dépens que dans ce sujet sensible, la généralisation revêt une dimension injuste. Notre (bon) constat de l’apostasie nous entraîne parfois trop loin.
      Parce que Dieu ne se détourne pas des églises endormies, (contrairement parfois aux chrétiens « réveillés » qui les fuyent 😉 et qu’il continue de parler et d’encourager (par ex) l’église de Sarde, qui est pourtant bien mal en point. Et il ne lui dit pas d’abandonner, mais il la reprend et il l’exhorte au contraire à reprendre sa place sur l’échiquier spirituel. Je pense que c’était probablement le but de votre accroche frontale, un peu provoc’ ?;)

  • « C’est pas moi c’est la femme ! », « c’est pas moi c’est le serpent ! »… rien de bien nouveau sous le soleil.

    Selon ma petite expérience agricole, un troupeau qui a de l’eau et du fourrage ne quittera pas un enclos, même si la porte est ouverte.
    Par contre, qu’il vienne à lui manquer un de ces deux éléments et c’est la fuite assurée même s’il est parqué entre 6 rangées de barbelés (expérience vécue)

    J’ai lu récemment un excellent livre « Un berger médite le psaume 23 », chaque pasteur gagnerait à le lire. C’est rempli d’anecdotes sur la vie des brebis (souvent pas très glorieuses, les brebis étant très peureuses …) et les choses que le berger met en place pour y faire face.
    Ça rempli le cœur d’émerveillement devant un tel travail qui nécessite une attention de tous les instants et un réel savoir-faire.
    A la lecture de ce livre, je suis encore plus convaincu que c’est un des métiers les plus beaux et les plus difficiles qui soient.

    Comme pasteur d’église finalement. J’ai toujours pensé que c’était pas un cadeau. Surtout pour ceux qui n’y sont pas appelés, ou quand, comme il est dit très justement plus haut, on s’obstine à faire des choses que le Seigneur n’a pas demandé.
    Mais ce qui rend ce « métier » encore plus difficile aujourd’hui c’est que sous divers prétextes (croissance de l’église, finances,..) on prend dans le troupeau du Seigneur tous les boucs qui traînent la campagne. Il faut s’en occuper aussi, et même c’est souvent ceux qui nécessitent le plus de temps…au détriment des brebis.
    J’avais eu cette vision un jour d’un homme qui essayait de traire un bouc et de gens qui rigolaient autour de lui…

    Je connais un pasteur qui prie chaque fois que quelqu’un se présente dans son assemblée, et il refuse parfois du monde car il sait qu’il a des forces limitées et surtout que son Seigneur est un bon berger : Il lui a promis le repos, à lui aussi, et pas l’esclavage et le burn-out (cf l’article sur le suicide de ce pasteur américain).
    Conséquence : si une brebis s’égare il va VRAIMENT la chercher, car il sait que ce n’est pas la sienne. Et qu’il aura des comptes à rendre.

    A ce sujet, à qui le Maître du troupeau va-t-il demander des comptes si le troupeau est dispersé, si les brebis sont maigres, malades…? Aux brebis ?!?

    20 Ma tente est dévastée, tous mes cordages sont coupés. Mes fils m’ont quittée, ils ne sont plus là. Je n’ai personne qui dresse de nouveau ma tente, qui relève mes abris en toile.
    21 C’est que les bergers ont été stupides : ils n’ont pas cherché l’Éternel. Voilà pourquoi ils n’ont pas agi intelligemment, voilà pourquoi tous leurs troupeaux sont dispersés.

    Jérémie 10

    « Il ne faut pas toucher à l’Oint de l’Éternel ! » : oui ! Mais David a fini par « sauter le parc ».
    Il s’est regroupé avec « tous ceux qui se trouvaient dans la détresse, qui avaient des dettes ou qui étaient mécontents » (1 Samuel 22)
    Drôle de troupeau, pas vraiment des « plus que vainqueurs »… Mais c’est pourtant de là qu’est venu le salut du peuple.

    • Bonjour Olivier,
      Ta citation de Jérémie est intéressante et en la relisant, je me suis dit qu’on oublie souvent que Dieu peut très bien se trouver impliqué dans le processus d’apostasie. Et j’ai bien conscience qu’une telle phrase est difficile à entendre ! Sur la question des mauvais bergers-chefs-pasteurs — qui désigne aussi les rois à cette époque, il faut s’en souvenir — il y a cette parole : «Je leur donnerai des jeunes gens pour chefs, et des enfants domineront sur eux» (Esaïe 3/1). À méditer ! Car nous savons que «c’est un malheur pour le pays dont le roi est un enfant» (Ecclésiaste 10/16).
      Alors je pense que les ressorts spirituels sont plus difficiles à comprendre que leurs effets. Il y a beaucoup de mystère dans tous ça, mais les mystères sont faits pour être sondés.

      Face à un mauvais berger, nous pensons que la solution de la mauvaise situation serait de changer de mauvais chef. Et parfois, c’est vrai, puisque de (rares) rois de réveil ont succédé à de (nombreux) mauvais, et la face du pays a été changée. Mais pourquoi est-ce que ça ne dure pas ? Pourquoi le réveil ne survit-il pas aux successeurs de ses acteurs ? Il faut chercher à répondre à ces questions. Perso j’aime l’exhortation d’Esaïe parce qu’elle interpelle chacun : «À la loi et au témoignage! Si l’on ne parle pas ainsi, il n’y aura point d’aurore pour le peuple» (8/20). Cet appel est clairement une forme de responsabilisation : c’est ainsi que nous devons parler, comme dit la prophétie, pas autrement.

      Il ne faut pas oublier qu’en temps d’apostasie, le mal est partout, c’est un phénomène généralisé. Nous avons raison de réfléchir, de faire des constats, mais nous devons surtout prier pour le réveil des bergers ET des brebis. Et la prière, cette prière-là, est difficile parce qu’il ne faut pas seulement une tête, mais un cœur. C’est-à-dire la ferveur et le feu. Il faut que l’état de l’église ne soit pas seulement une déception, mais un fardeau. C’est quelque chose de surnaturel. Je crois que nous devons prier pour NOTRE propre réveil, parce que le refroidissement ou la tiédeur nous menace tous. C’est étonnant d’entendre parler continuellement dans le monde « du danger du réchauffement de cela planète » tandis que le Saint-Esprit nous parle à la fin du « refroidissement de l’amour du plus grand nombre » !

      Lorsque chaque croyant marchera avec son Dieu comme il doit marcher, la configuration de l’église sera changée et le témoignage au monde (qui est le but) sera impacté. N’attendons pas que les chefs soient irréprochables (ou qu’ils nous disent quoi faire, parce que si c’est ce que nous attendons, nous sommes davantage des moutons que des brebis) et levons-nous pour déployer notre zèle pour l’Éternel.

      « Vous qui cherchez Dieu : que votre cœur vive !» (Ps69/70).

  • Bonsoir Jérôme,
    Merci pour ce retour enrichissant. En effet, comme vous l’avez compris, mon commentaire impliquait qu’un mouvement de coeur de notre part est nécessaire si nous voulons sortir de nos conditions spirituelles misérables (d’où la déclaration provocante initiale). Dans mon propos, je considère bel et bien les « pasteurs » comme des brebis de Christ à part entière, eux aussi broyés par la Machine dans leurs ministères – et donc tout autant exposés à la souffrance, si ce n’est plus.
    De chers hommes de Dieu (vous citez justement Spurgeon) ploient sous la charge de « croyants qui attendent tout d’eux » (je vous cite) précisément car ces croyants, dans la Machine, n’ont jamais appris à être de vrais disciples de Christ (encore une fois, je ne les blâme pas eux, mais le système). C’est intéressant que vous citiez Moïse car, même sous l’alliance rigide de la Loi, Dieu a donné des solutions concrètes au problème de la surcharge (Moïse a connu d’autres angoisses qui n’étaient pas liées à la surcharge, mais à la méchanceté de coeur du peuple). N’est-il pas incroyable que Dieu ait su alléger la charge de Moïse sous l’ancienne alliance, et que nous, sous la Nouvelle, qui est censée être une alliance de grâce et de « repos », nous finissions écrasés ??! Nous ne devons pas confondre les souffrances « normales », attendues (celles qui ont trait au fardeau des âmes, à l’enfantement des âmes, aux progrès de l’Evangile, à la persécution ou aux tribulations qui accompagnent le Royaume) avec les souffrances causées par une Machine qui n’a rien à voir avec le Royaume de Dieu et qui broie pasteurs comme brebis (j’insiste sur le fait que tous en sont victimes).

    Votre référence aux Eglises d’Apocalypse me fait beaucoup réfléchir (et je pense que cette réflexion-là va me prendre du temps…). Il est vrai que le Seigneur les invite à la repentance. Mais souvenons-nous que ses appels sont tous adossés à un « Sinon… » lui-même suivi de conséquences difficiles… Que se passe-t-il quand, en tant qu’assemblées ou mouvements d’églises, nous dépassons la « deadline » que Dieu nous a fixée pour réformer nos coeurs ?
    L’histoire de l’Eglise nous montre que quand un « mouvement » cesse de représenter correctement le Royaume, alors le Seigneur va produire son oeuvre ailleurs – avec d’autres hommes, dans d’autres « mouvements » (je n’aime pas ce mot, je ne l’utilise qu’à défaut d’autre chose). Je suis d’accord que l’histoire de l’Eglise n’est pas un critère absolu et ne conditionne aucunement la façon dont Dieu agit, car il est souverain. Mais si « ces choses leur [nos prédécesseurs dans l’histoire de l’Eglise] sont arrivées pour nous servir d’exemple », alors je suis bien obligé de regarder, et de réfléchir. (Mais réflexion en cours, car c’est un sujet complexe.)

    Dans tous les cas de figure, je continue humblement de penser que, quand ils sont libérés de la Machine qui tue, les serviteurs de Dieu peuvent à nouveau exercer avec joie et sans contrainte le service que Dieu leur a confié, et que les « autres brebis » (les « non-pasteurs » ^^) peuvent croître sainement dans la grâce, en se souvenant que, contrairement aux enfants d’Israël dans le désert de l’Exode, ils ont eux aussi reçu le Saint-Esprit ! 😉

  • Concernant la situation actuelle , avec les évènements du corona qui obligent tout le monde à rester chez soi , il faut tendre l’oreille pour écouter ce que l’Esprit dit aux églises actuellement .
    Personnellement j’avais reçu un songe en Janvier 2018 qui était très sévère, et ma foi il est bien en train de s’accomplir .
    Alors plutôt que de s’échiner à en mourir , dans un système qui actuellement passe par le jugement de Dieu , il faut se poser les bonnes questions sur le fonctionnement de l’église actuelle et revoir nos positions, c’est vital .

    J’ai vu le bras de Dieu qui se tenant au nord (je peux dire sur les pays du nord) qui balayait toute l’Europe et renversait tout …. J’ai vu sur les pays du nord de très grands coups de vent, les gens ne tenaient pas debout , puis j’ai vu le pays de France être ravagé, tout était renversé, et j’ai vu au gouvernement un homme de dos tomber les quatre fers en l’air …. Puis j’ai vu de l’eau monter et détruire etc ….et ensuite j’ai vu un bouc qui montrait ses cornes au niveau de la Turquie , il était tourné tête baissé vers l’Europe …..mais là j’ai entendu une voix ( celle du Seigneur ), qui disait : La Turquie va tenter de se lever contre l’Europe mais elle n’y arrivera pas. Et voilà !

    Il semblerait que le Seigneur face le ménage …. et ce ménage est douloureux pour tout le monde, car : Ésaïe 55 , 7Que le méchant abandonne sa voie, Et l’homme d’iniquité ses pensées; Qu’il retourne à l’Eternel, qui aura pitié de lui, A notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner.

    8Car mes pensées ne sont pas vos pensées, Et vos voies ne sont pas mes voies, Dit l’Eternel.

    9Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, Autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, Et mes pensées au-dessus de vos pensées.

    10Comme la pluie et la neige descendent des cieux, Et n’y retournent pas Sans avoir arrosé, fécondé la terre, et fait germer les plantes, Sans avoir donné de la semence au semeur Et du pain à celui qui mange,

    11Ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche: Elle ne retourne point à moi sans effet, Sans avoir exécuté ma volonté Et accompli mes desseins.

  • Bonsoir Nicolas,

    Le problème ne vient-il pas de l’authenticité de l’appel au ministère et de la consécration ?
    Fils de pasteur. J’ai vécu comme ma mère et mes sœurs dans cette « maison de verre » qu’est la famille du pasteur. Le suis un « preacher’s kid », archétype de la littérature américaine, C’était il y a bien longtemps. À une époque où la plupart des pasteurs appartenaient à la première ou la deuxième génération. Quand un homme entrait dans le ministère, pastoral ou missionnaire ou évangéliste, il savait qu’il allait « vivre par la foi », matériellement, psychologiquement, sociologiquement. Il répondait à un appel divin, sachant qu’il allait devoir TOUT consacrer : vie familiale, situation sociale et professionnelle, loisirs, etc…
    Un nombre de plus en plusieurs important de pasteurs sont des fils de pasteurs (ou des gendres). Ils sont pasteurs comme d’autres sont boulangers parce que papa était boulanger. Les conventions pastorales ressemblent parfois à des réunions de famille : on y retrouvent ses beaux-frères, ses oncles, ses cousins-cousines. N’y aurait-il pas une confusion entre l’appel personnel et le désir naturel et même légitime de poursuivre l’oeuvre de papa, lequel est tout content de voir son fils marcher dans ses pas ? C’est humain, sans compter l’attrait du vedettariat qu’apporte la chaire. D’aucuns vont se raidir en lisant mes propos : j’ose, oui j’ose, remettre en cause le ministère de plusieurs. Parce que j’ai vécu de l’autre côté du rideau. Parce que je connais ce milieu depuis longtemps. Notre Seigneur est Vérité.
    Bien sûr, il y a des exceptions. Certains fils reçoivent réellement un appel. Et parmi ceux dont on pourrait douter de l’appel, la plupart sont des personnes honnêtes. Ils font beaucoup d’efforts, prient sûrement beaucoup, ont reçu une formation théologique quelquefois assez poussée mais n’étant pas qualifiés par l’Esprit saint, ils se retrouvent à un moment donné en situation d’échec. Ils sont une cible de choix pour l’adversaire. L’Eglise ne se dirige pas comme une entreprise (j’ai été chef d’entreprise). C’est plus compliqué. Le principe d’autorité n’y a pas le même fondement ! Les techniques de management ne marchent pas. L’Eglise est l’épouse de Jésus-Christ. Ce n’est pas l’église du conseil presbytéral, ni de l’équipe pastorale, ni du pasteur senior, quand bien même il en serait le fondateur. Il faut bien garder cette notion en tête.

    Mon père était un homme Dieu et pas un homme d’église. Il était entré à plein temps dans le ministère pastoral en interrompant une belle carrière professionnelle au bout de 20 ans, marié avec 3 enfants. Les revenus du foyer ont été divisés par 5 du jour au lendemain. La famille inconvertie l’a alors traité de fou. C’est ce qu’on appelle la consécration. Il avait répondu à un appel très spécifique. La force mentale, l’autorité, indispensables pour être pasteur lui venait de l’onction qu’il avait reçue. Il a commencé dans une petite église dans un département rural. Là où Dieu avait décidé de l’envoyer. Il se verra plus tard confier une grande église qui, dans le temps de son ministère, connaîtra un essor spirituel et en un accroissement notable du nombre des paroissiens. Il n’était une exception. J’ai connu d’autres « serviteurs de Dieu » qui sortaient des meilleures écoles d’ingénieurs.
    Je ne sais pas si mon père aurait été heureux que je devienne pasteur à mon tour. Je ne crois pas. Mais peut-être, si j’avais prétendu avoir été appelé au service, j’aurais eu, grâce à son relationnel, la possibilité de faire des études de théologie dans les meilleures universités évangéliques. Mais j’avais d’autres projets, ce qui prouve que je n’aurais pas fait un bon pasteur. Probablement, je me serais planté de belle manière.
    Quand Dieu appelle un homme ou une femme, il ne lui confie pas un ministère sans lui offrir la boîte à outils qui va avec.
    Enfin, je ne peux m’empêcher de terminer sur un petit rappel étymologique. Le maître exerce un MAGIstère, l’esclave remplit un MINIstère. Un ministre (du culte ou autre) n’est qu’un serviteur, (au sens biblique c’est un esclave) qui rend des comptes au Maître. Dieu est souverain. Ne servons pas notre propre gloire en le servant. À lui seul le règne, la puissance et la gloire pour les siècles des siecles.

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