Ravi Zacharias : retour sur un séisme

Ravi Zacharias, apologète et pasteur chrétien évangélique canadien-américain est mort d’un cancer le 19 mai 2020 à Atlanta (Géorgie), à l’âge de 74 ans. Il avait été ordonné en 1980 par l’Alliance Chrétienne et Missionnaire. Ses états de service sont impressionnants.

En 1989, peu après la chute du mur de Berlin, RZ a été invité à prêcher à Moscou. Il s’est adressé entre autres aux étudiants de l’Académie Militaire Lénine ainsi qu’aux dirigeants politiques du Centre de stratégie géopolitique. C’est la première fois qu’il s’est adressé au monde politique.

En octobre 2007, il s’est adressé sur plusieurs soirées successives aux étudiants et professeurs de l’université Virginia Tech, puis la communauté de Blacksburg (Virginie) sur la thématique du mal et de la souffrance après le massacre de Virginia Tech (voir sa page wikipedia).

RZ est l’auteur d’une trentaine de livres, dont 4 seulement sont traduits en français[1]. Il avait fondé le RZIM (Ravi Zacharias International Ministries) dans le but de porter son appel d’évangéliste dans les milieux intellectuels les plus hostiles à l’évangile et de former de nouveaux apologètes.

Chute

Le 23 décembre 2020, 7 mois après son décès, l’organisation RZIM a publié une annonce déclarant officiellement que les allégations d’inconduites sexuelles de la part du fondateur, portées par plusieurs victimes, s’avèraient vraies, d’après le rapport intermédiaire d’une enquête interne toujours en cours. Celle-ci démontre qu’il s’était produit plusieurs alertes dans le passé, dont l’une s’était soldée par un accord amiable en 2017 avec une plaignante, mais sans avoir établi de réelle culpabilité de RZ. Aujourd’hui, les charges réunies par les enquêteurs privés au travers d’autres cas ne laissent aucune place au doute : la conduite de Ravi Zacharias apparaît comme inexcusable et son comportement (caché) avec certaines femmes totalement condamnable. 

Analyse et devoir d’inventaire

La colère et l’indignation sont des sentiments légitimes, pour les victimes parce qu’elles ont subi des abus, mais aussi pour les proches, les collaborateurs ou les simples lecteurs, pour avoir été trahis et trompés. Mais nous ne devons pas confondre la condamnation de comportements répréhensibles avec la diabolisation du coupable. La colère et l’indignation sont des sentiments légitimes, mais ils ne peuvent jamais constituer la base de notre jugement-discernement : car c’est la Parole de Dieu, et le conseil de Dieu, qui doivent fonder notre jugement.

Mais comment de telles choses peuvent-elles se produire, à un tel niveau d’engagement ?

C’est sans doute le moment de citer ici un extrait d’un vieux livre de 1973, « LA VISION » de David Wilkerson :

« Le divorce et l’immoralité seront des choses plus courantes chez les ecclésiastiques. Un nombre croissant de prêtres seront impliqués dans des affaires sexuelles et quitteront la prêtrise. D’autres y resteront, mais continueront d’entretenir en secret des relations coupables. Le divorce chez les pasteurs cessera d’être regardé comme une tache. Un nombre toujours croissant de pasteurs protestants vont tomber dans le péché sexuel, dont la majeure partie sera pratiquée dans la clandestinité. Parmi eux se trouvent quelques-uns des chrétiens les plus fervents et connus … ils déplorent leur péché … mais semblent incapables de résister à cette débâcle morale personnelle. À moins qu’ils n’en soient délivrés miraculeusement, cela les conduira au naufrage de leur vie, de leur foyer et de leur église » (P. 59 et 60).

C’est peu de le dire : nous avons été les témoins, durant les 4 dernières décennies, d’une augmentation et même d’une multiplication de scandales sexuels qui sont d’autant plus inacceptables qu’ils sont commis par ceux qui devraient être des exemples de sainteté et de justice — et qui ont fait croire à tout le monde qu’ils l’étaient. David Wilkerson désignait de toute évidence des « affaires sexuelles » liées à la « prêtrise », et donc anticipait la vague de scandales liés à des pratiques pédocriminelles dans l’église catholique.

Il est impossible de trouver les mots pour décrire l’abjection de ce péché impensable, une sorte d’abomination établie dans le lieu saint, pour emprunter une certaine expression biblique

Les temps difficiles

Dans les derniers jours, dit l’apôtre Paul, il y aura des temps difficiles (2 Timothée 3/1). Pour chacun d’entre nous, et a fortiori pour les leaders, toute concession faite au détriment de la sainteté intérieure, de la consécration (dont la circoncision était une préfiguration) entraînera un affaiblissement qui pourra mener potentiellement à la ruine de la vie spirituelle. Raison pour laquelle le livre de l’Apocalypse s’achève sur cette exhortation : que celui qui se sanctifie, se sanctifie encore (22/11).

L’isolement dans lequel se retrouvent certains leaders, l’exercice d’un pouvoir de décision sans aucune redevabilité ni soumission à aucune autorité, le culte de la personnalité, nourrissent une attitude d’élévation qui est fondamentalement incompatible avec l’Esprit de Jésus. Contrairement au caractère du Seigneur, il s’installe un sentiment de toute-puissance qui ne dit pas son nom, évidemment, et qui se dissimule derrière tout un verbiage rassurant, mais factice.

« Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d’autre chose que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par qui le monde est crucifié pour moi, comme je le suis pour le monde !»

Galates 6/14

Le monde et l’esprit du monde sont des concepts dont on a tort de ne pas parler davantage. Les convoitises spirituelles et les ambitions religieuses peuvent en faire partie.

Faut-il brûler les livres des serviteurs de Dieu qui sont tombés ?

L’éditeur chrétien des livres de Ravi Zacharias, HarperCollins, a annoncé retirer de la vente les ouvrages existants dans son catalogue. De leur côté, les éditions Ourania en Suisse (Maison de la Bible) retirent de la vente le livre « Jésus et Bouddha ». Mais ils continuent de vendre le best seller de Sarah Young « un moment avec Dieu », pourtant bien analysé comme toxique et étant plus proche de la confiserie religieuse que du recueil de pensées de Jésus, ce qui constitue une authentique escroquerie spirituelle. Passons !

Quelques responsables chrétiens américains ont été interrogés par Christianity Today sur cette question : que doit-on faire des œuvres des leaders qui ont chuté ?

Leith Anderson, président de l’Association nationale des évangéliques répond :

« Le roi David a commis un adultère et un meurtre, mais les Psaumes n’ont pas été supprimés de l’Ancien Testament. David a subi les conséquences de son péché, mais nous gardons les vérités de sa poésie. Les églises dont les pasteurs ont échoué pourraient trouver des moyens de conserver les enseignements tout en dénonçant les transgressions ».

Kurt Fredrickson, doyen associé, Fuller Theological Seminary :

« Lorsque les dirigeants s’éloignent du ministère en raison d’un échec moral, leurs enseignements écrits et enregistrés devraient être suspendus pendant une saison. Une fois rétablis – changés et humiliés – dans le ministère, leurs enseignements peuvent redevenir disponibles, racontant l’histoire de la bonté et de la restauration de Dieu ».

Daniel L. Akin, président et responsable de la prédication au Séminaire théologique baptiste du sud-est :

« Si nous cherchons des ressources parfaites à consulter dans notre étude, la seule disponible est la Bible. Cela dit, certains pasteurs ont péché de telle manière qu’il est difficile d’utiliser leurs ressources une fois leur péché révélé. Cela est vrai aussi bien sur le plan historique que dans le contexte contemporain. Parfois, nous pouvons séparer la merveilleuse vérité d’une œuvre de son auteur déchu. Parfois, nous ne le pouvons pas. C’est une décision de sagesse et un appel au jugement. »

Extraits publiés sur le SARMENT

La question a été posée au SARMENT à propos des textes ou extraits de livres de Ravi Zacharias mis en ligne sur le site. Je pense que dans le cas présent, ce serait une erreur de faire disparaître le travail de toute une vie, parce que certaines choses qui sont venues de Dieu et qui ont transité par des instruments imparfaits, impurs, et séductibles, ne nous appartiennent pas mais appartiennent à Dieu.

Comme le dit Leith Anderson, Dieu n’a pas brûlé les psaumes de David, et nous pouvons ajouter : ni les proverbes de Salomon, bien qu’il ait lui aussi transgressé la sagesse dont il s’était fait le porte voix et méprisé le conseil de Dieu.

Il peut arriver qu’un ouvrier perde toute légitimité, et la tentation de se débarrasser de tout souvenir peut effectivement se présenter, mais ce que Dieu a communiqué au travers du ministère, dans son histoire, ne devrait pas être perdu. Ce serait une trop belle revanche pour l’ennemi, qui a été malmené dans ses bastions par tout le travail qui a été fait sur le terrain de l’apologétique. Et puis, comment suivre le conseil biblique RETENEZ CE QUI EST BON (1 Thessaloniciens 5/20), si nous pratiquons la politique de la terre brûlée ?

www.lesarment.com/©JeromePrekel2021


[1]  « Les cris du cœur » (2000), « L’homme peut-il vivre sans Dieu ? » (2005), « Jésus et Bouddha » (2012), « Jésus et les autres divinités » (2009)

16 comments On Ravi Zacharias : retour sur un séisme

  • 1. Ne pas confondre péché occasionnel (David) et permanent / à répétition / en toute conscience (Ravi)
    2. Si Paul devait parler de ce cas dans une de ses lettres, je ne pense pas qu’il serait clément avec Ravi

    • @Michel
      1. Ce que vous appelez un péché occasionnel (David) est un adultère qui s’est transformé en meurtre, savamment dissimulé par une hypocrisie XXL. Je vous trouve donc bien clément avec David ! Prenons garde de ne pas trop relativiser ce qui s’est passé dans la vie de «cet homme selon le cœur de Dieu» (Actes 13/22, citant 1 Samuel 13/14). Et je me demande personnellement si sa repentance aurait jamais existé si Dieu ne lui pas avait envoyé Nathan avec un message puissant de réprobation directe et sans appel.
      Ce que nous pouvons en déduire, c’est la patience de Dieu (l’enfant était né lorsqu’il a envoyé Nathan reprendre le roi), Dieu a donc attendu un long temps avant d’agir … et sa miséricorde, mais aussi sa justice (parce que l’enfant est mort). Cette histoire est pleine de sens, et si nous savons la laisser nous parler et nous éclairer, elle nous dira beaucoup de choses sur les principes spirituels en action dans la vie (et la chute) des hommes de Dieu de premier plan. Mais aussi dans la nôtre. La tentation de David, la convoitise, l’élan vers le péché, le mépris des conséquences, la faute en pleine connaissance de cause, l’erreur totale sur le silence de Dieu, l’endurcissement … toutes ces choses sont nôtres, à des degrés divers, vous ne pensez pas ? Et vous savez comme moi que le fait de ne pas tomber dans le péché, de ne pas passer à l’acte, ne signifie pas qu’il ne nous sera pas compté.

      2. Vous dites : « Si Paul devait parler de ce cas dans une de ses lettres, il ne serait pas clément avec Ravi ».
      Vous avez raison. mais nous n’avons pas besoin de faire parler Paul sur un nouveau cas, il suffit de se plonger dans ses lettres. Beaucoup considèrent surtout le versant tranchant de ses enseignements et établissent leur théologie de la justice à cet endroit. Ils approuvent que Paul ait livré un homme pécheur à satan (dans la première lettre aux Corinthiens 5/5), mais n’intègrent pas le fait qu’il demande ensuite à l’église de pardonner à un tel homme, afin qu’il ne soit pas affligé à l’excès (dans la seconde lettre 2/6).
      Dans un cas comme dans l’autre, c’est toujours l’apôtre Paul qui parle.
      Il y a un temps pour trancher, et un temps pour soigner. Nous avons besoin d’apprendre l’un et l’autre.

      • L’Église d’aujourd’hui s’imagine que le salut est simplement l’octroi de la vie éternelle sans être nécessairement la libération, pour le pécheur, du joug de l’iniquité.
        Nous annonçons aux autres que Dieu les aime et qu’il a un plan merveilleux pour leur vie – mais cela ne constitue qu’une demi-vérité.
        Il est également vrai que Dieu hait le péché et punira les pécheurs impénitents par un tourment éternel.
        Aucune présentation de l’Évangile n’est complète si elle évite ces faits ou les cache.
        Tout message qui ne définit pas et ne fait pas voir la gravité du péché personnel est un Évangile dénaturé.
        De plus, tout « salut » qui n’a pas pour résultat un nouveau style de vie et une transformation du coeur du pécheur n’est pas le salut présenté dans la Parole [écrite] de Dieu.
        John MacArthur, En Jésus seul, p. 71

  • « Il est également vrai que Dieu hait le péché et punira les pécheurs impénitents par un tourment éternel. »

    – le chrétien est un pêcheur pénitent c’est vrai, mais qui reste malheureusement pêcheur !

    « De plus, tout « salut » qui n’a pas « pour résultat un nouveau style de vie et une transformation du coeur du pécheur n’est pas le salut présenté dans la Parole [écrite] de Dieu. »

    – Est ce que ce nouveau style de vie, cette transformation du coeur nous « protège » de certains péchés? doit-on hiérarchiser le péché?
    Jésus a dit que si nous convoitions une personne, nous sommes adultère !
    Tout brisement de sa loi nous mène en enfer.
    Seule sa grâce nous sauve.
    Ce genre de péché visible est sale, honteux et doit nous indigner; mais je crois que le péché caché étant tout autant sale, honteux et méprisable fait bien plus de dégâts dans nos vies et nos Eglises.
    Soyons je crois, ferme et intransigeant sur le péché quel qu’il soit car la Bible l’est.
    Mais soyons également prudent dans nos jugements car nous ne connaissons pas les décrets de Dieu.
    Dieu jugera avec toute justice.

    • N’oublions pas cependant Jacques 2:18-19 quelqu’un dira: Toi, tu as la foi, et moi, j’ai les oeuvres. Montre-moi ta foi sans les oeuvres, et moi, je te montrerai la foi par mes oeuvres. Tu crois qu’il y a un seul Dieu, tu fais bien – les démons le croient aussi, et ils tremblent, et Tite 1:16 ils font profession de connaître Dieu, mais ils le renient par leurs oeuvres.

  • « Dieu jugera avec toute justice. »
    Amen!

    • Une réponse à Michel de la part d’un internaute anonyme, dont la réponse s’est perdue dans l’incendie du data Center de l’hébergeur du Sarment la nuit dernière (OVH). Heureusement nous avions une sauvegarde (Merci Aurélien) et le webmaster a pu réinstaller le site sur un autre serveur. Je reposte donc manuellement les commentaires que j’avais reçus par mail, mais il est possible que certains soient perdus :

      @ michel
      Je crois que sur le fond nous sommes d’accord , c’est sur la forme qu’il y a divergence.
      L’ancienne Alliance administrait des sanctions temporelles au péché de l’homme qui pouvait aller jusqu’à la mort de l’individu. Ces sanctions pointaient vers sanction bien plus grave qui était (sera) la séparation finale d’avec notre Créateur.
      La nouvelle Alliance incarnée par Jésus peut paraitre moins « dure » que l’ancienne au regard des sanctions temporelles qui ne sont plus applicables tel quel!
      En revanche les « sanctions » de la nouvelle Alliance sont une séparation de l’individu du corps (Eglise) ( Matt, 18) qui lui signifie que si il ne renonce pas à son péché et change de comportement, il manifeste qu’il n’est pas enfant de Dieu et donc son apostasie et par conséquent les conséquences sont beaucoup plus graves !!
      Les punitions de l’ AT ne signifiaient pas la mort éternelle, par contre le pouvoir des clés de Matthieu 18 donné à l’Eglise par Christ à une portée spirituelle beaucoup plus importante !
      Ce qui pose problème à mon avis c’est que des personnes comme RZ sont un peu hors circuit ecclésiastique et ne sont pas forcément soumis à une Eglise (info à vérifier) ou une autorité qui aurait un droit de regard sur leur vie .
      Christ à voulu que nous soyons dépendant les uns des autres pour s’édifier, s’encourager, s’aimer, se supporter et aussi se surveiller (dans le bon sens du terme).
      Un électron libre à plus de chance de se perdre.

      Dieu jugera avec toute justice ! Amen 🙂

  • Aux dernières nouvelles, le « Ravi Zacharias Ministries » est en train de retirer le contenu de Ravi Zacharias de son site Web et de ses plateformes de médias sociaux, y compris des publications, des vidéos et d’autres formes de contenu, et a l’intention de changer le nom de l’organisation.

    Source: https://www.infochretienne.com/ravi-zacharias-ministries-annonce-un-changement-de-nom/

  • Désolé j’avais zappé de mettre mon nom!

    @ michel
    Je crois que sur le fond nous sommes d’accord , c’est sur la forme qu’il y a divergence.
    L’ancienne Alliance administrait des sanctions temporelles au péché de l’homme qui pouvait aller jusqu’à la mort de l’individu. Ces sanctions pointaient vers sanction bien plus grave qui était (sera) la séparation finale d’avec notre Créateur.
    La nouvelle Alliance incarnée par Jésus peut paraitre moins « dure » que l’ancienne au regard des sanctions temporelles qui ne sont plus applicables tel quel!
    En revanche les « sanctions » de la nouvelle Alliance sont une séparation de l’individu du corps (Eglise) ( Matt, 18) qui lui signifie que si il ne renonce pas à son péché et change de comportement, il manifeste qu’il n’est pas enfant de Dieu et donc son apostasie et par conséquent les conséquences sont beaucoup plus graves !!
    Les punitions de l’ AT ne signifiaient pas la mort éternelle, par contre le pouvoir des clés de Matthieu 18 donné à l’Eglise par Christ à une portée spirituelle beaucoup plus importante !
    Ce qui pose problème à mon avis c’est que des personnes comme RZ sont un peu hors circuit ecclésiastique et ne sont pas forcément soumis à une Eglise (info à vérifier) ou une autorité qui aurait un droit de regard sur leur vie .
    Christ à voulu que nous soyons dépendant les uns des autres pour s’édifier, s’encourager, s’aimer, se supporter et aussi se surveiller (dans le bon sens du terme).
    Un électron libre à plus de chance de se perdre.

    Dieu jugera avec toute justice ! Amen ?

  • Tôt ou tard, le Seigneur finit par mettre en évidence les péchés dissimulés sans distinction de personnes. Le Dieu de vérité que nous servons n’acceptera jamais le mensonge. La chute de certains « généraux » nous rappelle, il est vrai, combien nous avons à veiller sur notre propre coeur, en le sondant sans relâche et dans une pleine honnêteté envers nous-mêmes. Maintenant, de faire tomber le couperet sur ceux qui sont tombés ne nous grandira pas ni ne nous préservera de certains péchés. Oui il y a un jugement à exercer et le Seigneur finit par trancher lui-même. Le plus dommageable, je crois, ce n’est pas forcément pour celui qui s’est conduit odieusement mais qui peut être pardonné en raison d’un repentir profond et sincère, mais l’occasion de chute pour les plus faibles des brebis : « si quelqu’un scandalisait l’un de ses plus petits qui croient en moi, il vaudrait mieux qu’on lui suspendit une meule de moulin autour du cou et qu’on le jette au fond de la mer ». Matthieu 18:6

  • Ne reçois point d’accusation contre un ancien, si ce n’est sur la déposition de deux ou trois témoins. Ceux qui pèchent, reprends-les devant tous, afin que les autres aussi éprouvent de la crainte.
    1 Tim 5:20.

    « Ceux qui pêchent  » : s’agit-il des anciens ou bien de ceux qui accusent les anciens ?

  • Bonsoir  » Anonyme »…une identité, c’est plus sympa 🙂
    Pour répondre à cette question nous avons un exemple manifeste dans l’épître aux Galates ( Gal 2: 11-14) lorsque Paul reprend devant tous le « grand apôtre Pierre », lui ancien parmi les anciens (1 Pi.5:1) et le place devant son hypocrisie du moment. Il aurait pu le prendre en aparté, régler la chose discrètement, ménager ‘sa sphère d’influence’ mais rien de cela. Paul démontre ainsi que personne, absolument personne ne reçoit un chèque en blanc du Seigneur et qu’il n’y aucun passe droit. Ce qui est remarquable est tout autant la non réaction de Pierre qui semble se laisser confondre sans regimber, sans faire jouer sa notoriété ou l’autorité liée à sa fonction. Quelle belle démonstration d’humilité !
    C’est en vertu de cette humilité ,si précieuse pour le Seigneur, que Pierre pourra demander aux conducteurs du troupeau d’être de véritables modèles. (1 Pi.5:3)
    Nos réactions face à la correction révèlent à merveille notre niveau d’orgueil ou d’humilité. Or, l’Ecriture le révèle avec force : « l’humilité précède la gloire mais l’orgueil précède la chute. »(Prov.18:12)
    L’orgueil, voilà l’explication de toutes les chutes. L’orgueil qui nous rend imperméable à la correction des autres; l’orgueil qui nous donne une assurance disproportionnée; l’orgueil qui nous convainc que nous sommes devenus ‘quelqu’un’ d’important; l’orgueil qui finit par nous aveugler sur nos propres défaillances et nous endurcit quant à la réalité du péché, de notre péché; l’orgueil qui nous empêche d’écouter Dieu et les signaux d’avertissement intérieur de l’Esprit de Dieu; l’orgueil qui rend capable d’exhorter les autres sans rien mettre en application des exhortations données.
    Et quand quelqu’un, quel que soit son ‘grade’ ou sa fonction dans l’Eglise, pense avoir totalement réglé le problème de l’orgueil, c’est qu’il ne connait pas suffisamment le coeur humain qui, comme le disait Blaise Pascal, est toujours prêt à se glorifier de la moindre chose.

  • Bonjour Jean-Louis,

    Merci pour cette réponse pleine de sagesse.
    Un nom n’apportera rien au débat. Je me rappelle un temps où les serviteurs de Dieu qui écrivaient des livres ou des chants n’osaient pas signer de leur nom afin que la gloire reste à Dieu. Ceux là étaient en général vraiment inspirés… Autres temps…

    • Bonjour Anonyme-qui-échange-avec-Jean-Louis-Bulté

      Oui, il y a eu un temps où les serviteurs de Dieu qui écrivaient des livres ou des chants n’osaient pas signer de leur nom afin que la gloire reste à Dieu, mais ça ne faisait pas forcément d’eux des gens davantage inspirés. Non. Disons que pour certains d’entre eux, la reconnaissance leur était indifférente, ou qu’ils y renonçaient. Mais vous savez, il n’est pas impossible non plus que dans cette catégorie, qui force le respect, on trouve quelqu’un qui refuse de signer de son nom … par orgueil spirituel ;).

      « Un nom n’apportera rien au débat » : sans doute. Mais on pourrait aussi inverser la proposition et faire émerger un principe spirituel tout aussi intéressant et pertinent : est-ce que l’apparition de mon nom dans cette affaire (pour la vérité, pour le royaume de Dieu, pour l’évangile) me coûte quelque chose ? Si oui, alors pas d’hésitation, il faut vite l’écrire :).

      Ceci étant dit, les temps ont changé effectivement et sur les forums de discussions et d’échanges, les anonymes se sont multipliés. Ceux qui comme vous ne souhaitent pas participer sous leur véritable identité ne me dérangent pas, aussi longtemps qu’ils savent conserver leurs propos dans une mesure convenable.
      Mais les anonymes bien élevés sont en voie de disparition, remplacés par d’autres aux noms ronflants et héroïques (Vérité, GloiredeDieu, ÉpéedelEsprit, Yeschoua74, Schekina-nanère, etc) qui peuvent tout se permettre derrière leurs identités secrètes puisqu’ils n’auront jamais rien à assumer. C’est un nouveau concept de témoins, qui ne risquent aucune persécution, ça c’est sûr. C’est même à ça qu’on les reconnaît. Ils ne vous lisent pas, en général, et vous répondent sans se relire non plus. Il faut aller vite, l’essentiel est souvent simplement de se soulager. On les voit arriver ici de loin, sur leur cheval blanc devant, et noir derrière. Ils ne le savent pas, mais ils sont tous formatés. De purs produits de ce que le religieux en solde peut mettre sur le marché, maquillés comme des voitures volées, mais pas grand chose sous le capot 🙂 Je précise que je ne parle pas de vous, mais j’ai quelques pseudos en tête, dans l’histoire de ce forum.
      Il vaudrait mieux en rire, mais ce n’est pas toujours possible, hélas.

  • Je ne crois pas qu’ il soit possible d’utiliser les fautes sexuelles de David et sa réhabilitation, pour justifier qu‘il ne faut pas jeter les écrits des serviteurs actuels qui ont fauté dans ce domaine.

    Vous remarquerez que dans le nouveau testament Jésus place la barre de jugement sur les fautes graves beaucoup plus haute !
    Souvenez- vous dans Matthieu 5
    27Vous avez appris qu’il a été dit: Tu ne commettras point d’adultère. 28Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. 29Si ton œil droit est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier ne soit pas jeté dans la géhenne.…

    La question qu‘il faut se poser est la suivante : Pourquoi aucun des disciples de Jésus ont commis ce type de péché sexuel ?
    Comment expliquez -vous que les 11 disciples de Jésus (sauf le fils de perdition) n ‘ont pas commis de fautes graves répréhensibles par la loi de Moïse ?

    Entre le 1er testament et le 2ème testament , il y a un changement de comportement pour le croyant en Jésus .

    Après sa conversion et son baptême du Saint Esprit , le croyant devient une nouvelle créature, car il est né d’en haut, à savoir qu‘il a reçu une puissance en lui, celle du Saint Esprit qui transforme l’être humain en serviteur du Dieu trois fois Saint .

    Si dans la 1ère alliance la foi était possible par révélation , il n’ en demeure pas moins que celui qui était visité par Dieu, n ‘était pas converti au Fils de Dieu pour régler ses problèmes de la faute originelle. I
    Il manquait l’œuvre de la croix pour crucifier la puissance du péché d’une part (sans la croix pas de pardon définitif) et d’autre part , l‘œuvre de l’Esprit Saint qui n’a pu venir habiter chez les convertis en Jésus  qu‘une fois la résurrection accomplie, pour que le Seigneur nous envoie son Esprit Saint pour nous transformer , car la bible dit ceci : Ce n’est plus moi qui vit mais c’est Jésus le Messie qui vit en moi .
    Galates 2:20
    20 J’ai été crucifié avec Christ; ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi; et ce que je vis maintenant dans mon corps, je le vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est donné lui-même pour moi.

    Ceci nous permet de comprendre la dureté des paroles de Jésus contre les disciples du Christ, dans Matthieu 5 , 27 et suivant .

    Aussi non nous ne pouvons pas aller chercher des textes dans la 1ère alliance , pour régler les fautes graves sous l’autorité de la 2ème alliance .

    Sous l’autorité de Jésus le péché ne peut être toléré , car le corps du disciple de Jésus est consacré tout entier à Jésus par la présence du Saint Esprit en lui . Ce qui fait que pécher dans ces conditions , c’est souiller l’Esprit Saint qui nous habite par la foi en Jésus le Saint .

    Quel est le vrai croyant en Jésus qui pourrait se laisser aller à faire de telles choses , de tels compromis , tout en continuant de servir Dieu et enseigner…. se disant sous l’autorité du Saint Esprit, alors qu’il ne l‘habite plus ?

    2 Corinthiens 6:16
    Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit: J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.

    Apocalypse 21:8
    Mais pour les lâches, les incrédules, les abominables, les meurtriers, les impudiques, les enchanteurs, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang ardent de feu et de soufre, ce qui est la seconde mort.

    Apocalypse 22:15
    Dehors les chiens, les enchanteurs, les impudiques, les meurtriers, les idolâtres, et quiconque aime et pratique le mensonge!

    • Bonjour Parole
      La pertinence de votre objection repose sur le postulat qu’il existe des péchés plus graves que d’autres, ce qui est à mon avis théologiquement contestable. Et aussi sur la visibilité du péché : le péché est une nature, qui s’exprime ou pas, mais la nature est là.

      Le problème qui a été posé par l’article, et par le drame de la chute du Ravi Zacharias, pose une double question : celle de la dimension spirituelle et celle de la dimension morale. Ceux qui veulent effacer jusqu’au souvenir du ministère s’inscrivent dans la dimension morale, un peu comme le wokisme, et le but de cet article et de ces échanges parfois éclairés était d’aider à discerner entre les deux. Et surtout pas d’excuser les fautes, évidemment.

      Sur le plan spirituel, l’être humain est de toute façon pécheur par nature, je ne vous apprends rien (Rom. 3/4). Que l’arbre soit couvert de fruits ou seulement de quelques-uns : il est perdu. Et c’est la nature du péché qui est cause de perdition. De plus en plus de chrétiens aujourd’hui n’ont pas compris la question du péché. Ils considèrent que s’ils ne pèchent pas avec gravité, ils ne sont pas vraiment pécheurs.

      Comme chacun sait, l’Écriture dit que tout homme est menteur, par nature (Rom. 3/4). Et mentir, ce n’est pas seulement dire ce qui est faux, mais c’est aussi ne pas dire la vérité ou la déformer. C’est « retenir la vérité captive » (Romains 1/18). Vous avez raison de citer le verset qui dit que les menteurs n’hériteront pas du royaume de Dieu (Apocalypse 21/8) : sa portée est terrible. Car « celui qui dit: Je l’ai connu, et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur, et la vérité n’est point en lui » (1 Jean 2/4). C’est valable pour Ravi Zacharias, mais aussi pour vous et pour moi. Jacques ajoute que « Quiconque observe toute la loi, mais pèche contre un seul commandement, devient coupable de tous » (Jac. 2/10). La loi de l’amour est bien plus exigeante et plus rigoureuse que la loi de Moïse.

      Pour un enfant de Dieu, pour vous et moi, le combat contre le péché, la guerre contre les convoitises, est quotidien :

      « Quiconque est né de Dieu ne pratique pas le péché, parce que la semence de Dieu demeure en lui; et il ne peut pécher, parce qu’il est né de Dieu » (1 Jean 3:9) … « Mes petits enfants, je vous écris ces choses, afin que vous ne péchiez point. Et SI QUELQU’UN A PÉCHÉ, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste » (1 Jean 2/1).

      J’aime cette démonstration parce qu’elle laisse montre la coexistence du péché ET du pardon, évitant aux religieux de se confiner dans le déni, comme c’était le cas des pharisiens. C’est audacieux et courageux d’écrire de telles choses, et consolateur. Ça en justifie pas le péché, et ça ne l’excuse pas.

      Comme déjà exprimé dans les échanges et commentaires à la suite de cet article, la question de la mise au ban des écrits de Ravi Zacharias est à mon avis plus morale que spirituelle. Et le pic émotionnel constitué par le scandale, la trahison nous pousse naturellement à nous détourner du pécheur, C’est biblique. Mais il y a aussi l’esprit du siècle, qui est là, présent dans cette histoire.
      Et pour ce qui est d’effacer les gens, leur œuvre, leur souvenir, comme ce que fait le wokisme avec les personnages de l’Histoire qui ont quelque chose à se reprocher, je crois que nous devrions avoir une objection, à la fois morale et spirituelle. Sinon, nous devons être prêts à être mesurés avec la mesure dont nous nous servons pour mesurer les autres.

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