Pourquoi est-il difficile d’exercer son discernement en situation de crise ?

Les textes en rouge sont des liens qui renvoient à des sources, la plupart du temps des références bibliques.

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L’apôtre Paul parle de la nécessité, pour le chrétien, de prendre l’armure complète de Dieu « afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, et ensuite tenir ferme après avoir tout surmonté » (Ephésiens 6). Il ne s’agissait pas pour l’apôtre de donner une recette de résilience en temps de crise, mais de pousser les croyants à être prêts AVANT, afin que le pire moment ne les surprenne pas, grâce à « l’armure » portée de manière continue. 

Paul parle dans ce passage bien connu « des traits enflammés du malin », et nous pouvons penser que ce dernier va nous cibler en toutes circonstances, et particulièrement dans les moments où notre garde sera baissée. Raison pour laquelle cette exhortation se retrouve un grand nombre de fois dans le Nouveau Testament : Veillez. Soyez toujours prêts. Ne faites pas partie de ceux qui dorment. Ne vous relâchez pas. Saisissez toutes les occasions pour vous exercer à la piété. Priez en tout temps. Soyez remplis de l’Esprit. C’est une question vitale.

« Nous savons que quiconque est né de Dieu ne pèche point; mais celui qui est né de Dieu se garde lui-même, et le malin ne le touche pas. » 

1 Jean 5/18.

  La pensée de l’apôtre Jean va dans le même sens. Nous aurons toujours besoin de la protection et de la grâce divine, mais ceux qui marchent sur le chemin de la consécration (et je ne parle pas ici de légalisme) vivent vraiment « à l’ombre du Tout-Puissant », comme dit le Psaume 91 — qui n’est ni un mantra, ni un gri-gri, mais qui est un résultat des choix de foi que nous faisons. 

La crise est souvent un révélateur de la vraie nature de nos révélations

Lorsque la crise survient, il est trop tard pour se préparer, trop tard pour acheter de l’huile. Cela ne signifie pas qu’on ne pourra pas traverser cette crise, mais que nous allons le faire avec des moyens spirituels insuffisants. La foi n’étant pas assise dans les lieux célestes, elle est posée dans l’émotionnel. Notre référentiel est alors premièrement terrestre, avec un visible et une actualité qui dictent leur tempo à notre lecture spirituelle des évènements.

La pression de la crise révélera donc la véritable nature de notre christianisme et de nos connaissances bibliques : Laodicée croyait vraiment n’avoir besoin de rien, et Sardes n’imaginait sans doute pas quelle était spirituellement morte, puisqu’elle se sentait bien vivante. Comment expliquer cette distorsion de la vérité, chez des gens qui croient vraiment la posséder ? 

… Nous tenterons de répondre à cette question dans un autre article : «Quand tout est vrai, plus rien n’est vrai».

Comment l’huile s’achète

La foi en Christ est une action, née d’une révélation, qui nous poussera invariablement dans le service. Je sais que beaucoup parlent de la contemplation et de l’intériorisation, qui ne sont pas dénuées d’intérêt mais qui seront stériles au regard de ce que nous allons examiner dans ce paragraphe.

Les enfants de Dieu sont appelés hors du monde, à une séparation d’avec le péché, afin d’entrer au service du Maître (et de ne pas servir deux maîtres) : c’est la constante biblique depuis « Laisse aller mon peuple afin qu’il me serve » (Exode 7). C’était le but de Dieu pour ceux qui sont au bénéfice de la révélation, et ça l’est toujours « Vous serez POUR MOI un royaume de sacrificateurs » (Exode 19/6, extraordinaire vision jamais accomplie) — puisque cet appel se prolonge sous la nouvelle alliance  : « À celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang, et qui a fait de nous un royaume, des sacrificateurs pour Dieu son Père, à lui soient la gloire et la puissance, aux siècles des siècles! Amen! » (Apocalypse 1/5).

Si vous n’êtes pas encore engagé dans le service de la Maison, et que vous vous inscrivez dans une croyance qui ne vous coûte rien, qui ne dérange pas le rythme de votre existence, qui ne vous déroute pas (ou si peu) de vos circuits habituels et qui ne défie pas votre zone de confort, il faut probablement vous interroger. Et ce n’est pas cet article qui vous interpelle aujourd’hui, mais c’est la Parole de Dieu.

Le Saint-Esprit est formel : la connaissance vivante du Seigneur Jésus-Christ vient en nous par l’action et par le service et non par la contemplation.

« Comme sa divine puissance nous a donné tout ce qui contribue à la vie et à la piété, au moyen de la connaissance de celui qui nous a appelés par sa propre gloire et par sa vertu, lesquelles nous assurent de sa part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe dans le monde par la convoitise, à cause de cela même, faites tous vos efforts pour joindre à votre foi la vertu, à la vertu la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, à la piété l’amour fraternel, à l’amour fraternel la charité. Car si ces choses sont en vous, et y sont avec abondance, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles pour la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ. Mais celui en qui ces choses ne sont point est aveugle, il ne voit pas de loin, et il a mis en oubli la purification de ses anciens péchés. C’est pourquoi, frères, appliquez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre élection; car, en faisant cela, vous ne broncherez jamais. C’est ainsi, en effet, que l’entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera pleinement accordée » (2 Pierre 1/3 à 11)

Ce n’est pas dans les séminaires, ni sur les réseaux sociaux qui sont remplis de promesses de « révélations », ou en écoutant le nouveau prophète ou le dernier enseignement à la mode que les enfants de Dieu grandissent dans la connaissance vivante du Seigneur Jésus-Christ, mais dans l’engagement concret, en mettant en pratique ses enseignements sans écarter ceux qui sont les plus difficiles, parce que pour ceux-là, nous ne pourrons compter sur nos ressources : il nous faudra les Siennes.

La foi qui ne coûte pas grand chose ne vaut pas grand chose

Ce qui nous fait grandir dans la foi — ou qui fait grandir notre foi — cette foi dont nous avons besoin pour ne pas être aveugles, et donc bénéficier d’un sain discernement, ce sont les choix difficiles que nous aurons accepté de faire dans les temps où tout allait bien. Pour les disciples du temps de Paul il était évident que c’était par beaucoup de tribulations qu’ils entreraient dans le royaume de Dieu. Les temps de persécution passent l’engagement pour Christ à l’épreuve du feu. Nos convictions sortent épurées.

Mais en temps de paix et de facilité, la foi ne trouve plus ce feu. Le confort de l’homme naturel devient le cercueil de l’homme spirituel.

Nous devons retrouver les anciens sentiers, si nous voulons retrouver les fruits de l’Église de la première foi. L’honneur des premiers disciples était de marcher sur un chemin difficile, où l’exercice de la foi était coûteux. C’est par l’Esprit qu’ils faisaient mourir les œuvres de la chair, ils suivaient en cela l’exemple de leur Seigneur. Et si Paul était crucifié au monde, c’est parce qu’il avait accepté que s’établisse une séparation irréversible, qu’il faisait sienne sans revenir en arrière.

Aujourd’hui on trouve facilement 10 messages/articles/livres sur l’appel à sortir de Babylone/l’Église, mais on peine à trouver 1 livre/message/article sur l’appel à sortir de Babylone/le Monde. Parce que l’Église moderne a peut-être cédé trop de terrain à l’esprit du monde, dont elle a parfois adopté certaines méthodes de développement, de communication, ou de gestion.

Ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin

Le philosophe chrétien Kierkegaard disait que ce n’est pas le chemin du croyant qui est difficile, mais que «c’est le difficile qui est le chemin», et c’est de cette manière que peut se mesurer notre amour de la vérité. Parce que la vérité a des demandes qui sont contraires aux intérêts de notre âme, et que c’est lorsque nous cédons à l’Esprit que la marque du Seigneur vient sur nous, celle de l’amour de la vérité. Les marques de Jésus, que Paul s’enorgueillissait de porter, étaient les marques de l’obéissance à la volonté d’un autre que lui-même. 

C’est lorsque nous cédons à l’Esprit que la marque du Seigneur vient sur nous, celle de l’amour de la vérité. 

Peu importe ce que nous interpréterons ici et aujourd’hui en termes d’actes de foi ; une chose est certaine : la foi que le Seigneur cherche est celle qui se forge dans la confiance de l’obéissance — ou dans une obéissance confiante. Et qui se met au service. Elle sera vivante par ce qu’elle aura coûté quelque chose : « je te conseille d’acheter DE MOI de l’or éprouvé par le feu » (Apocalypse 3/18). Et elle sera toujours en lien avec le témoignage de Jésus.

La foi est inutile dans les choix faciles qui n’ont pour but que de favoriser notre sécurité, ou entretenir notre ronron religieux. Je pense que c’est un critère recevable. Et c’est en nous examinant avec lucidité que nous verrons si nous sommes vraiment dans la foi non-facile. Cette foi que Jésus doute de retrouver à son retour. Ce qui nous fait grandir et qui fait grandir « la connaissance de Christ en nous », ce sont des choix difficiles, ceux des chemins irrationnels, parfois déraisonnables, où nous ne comprenons pas la volonté de Dieu et où elle peut même être interprétée parfois comme ne venant pas de lui — comme d’offrir son fils sur une montagne, par exemple. Des choix aussi impossibles que de marcher sur l’eau.  

Si nous voulons que notre discernement spirituel soit éclairé en temps de crise, et que cette lumière rare et précieuse soit partageable, alors il nous faut une nouvelle foi, vivante et dynamique, avant que survienne le mauvais jour. Après, il sera trop tard.

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JérômePrekel2021©www.lesarment.com

6 comments On Pourquoi est-il difficile d’exercer son discernement en situation de crise ?

  • Salut Jérôme…
    juste un mot pour dire que le terme ‘sages’ attribuées à 5 des 10 vierges dans Matthieu 25 : 2 selon la version Segond est rendu dans certaines autres versions par prévoyantes, avisées, prudentes. Comme tu le soulignes avec force, il est bon de s’enraciner encore plus profondément dans notre foi pour faire face aux vents violents et aux courants puissants qui s’annoncent.
     » Si tu cours avec des piétons et qu’ils te fatiguent, comment pourras-tu lutter avec des chevaux ? Et si tu ne te crois en sûreté que dans une contrée paisible, que feras-tu sur les rives orgueilleuses du Jourdain » Jérémie 12:5

  • Un autre verset m’est revenu dans le sens de ta réflexion :  » si tu faiblis au jour de la détresse , ta force n’est que détresse .  » Prov. 24:10

  • Bonjour,
    Entièrement d’accord. Amen.

  • Bonjour Jérôme,
    J’aimerais faire quelques remarques sur cette belle exhortation à mettre notre foi en action, à exercer pleinement notre vocation céleste d’être des sacrificateurs pour Dieu ce qui nous permettra aussi d’avoir une lecture non plus émotionnelle mais spirituelle des évènements actuels et d’être armés pour faire face aux temps à venir.
    Il me semble que la principale faiblesse de cet appel à choisir le difficile comme chemin est qu’il y manque le levier essentiel qui pourra nous faire bouger dans cette voie : C’est l’AMOUR pour notre Seigneur qui doit être le mobile profond qui fera que nous accepterons de tout perdre pour Lui.
    L’apôtre Paul en est l’exemple type. Ce qui le faisait avancer c’était cette attirance d’une force inouie qu’exerçait sur lui la Personne du Seigneur Jésus. Il voyait en Christ quelque chose de si extraordinaire, si excellent que tous les renoncements, tout l’impossible, tout le difficile, tous les efforts demandés pour avancer ne lui semblait finalement n’être que des fétus de paille à déplacer de son chemin.
    En ce qui concerne la connaissance de Dieu je pense qu’elle vient tout d’abord d’une orientation de tout notre être vers Dieu dans la lecture de Sa Parole, dans la prière, dans les réunions d’églises. “Nous tous dont le visage découvert reflète la gloire du Seigneur, nous sommes transformés de gloire en gloire par l’Esprit du Seigneur.” 1 Cor3:18 Et cette foi s’exprimera en action, qui comme
    vous le dites, nous poussera invariablement dans le service.

    Ensuite je ne comprends pas quelle est la différence entre sortir de Babylone / Eglise et sortir de Babylone / Monde. Pour moi, c’est la même chose : c’est faire sortir de l’église tout ce qui vient du monde. Par ex faire sortir de l’église cette idée que la louange c’est un groupe de musique qui entraine l’assemblée dans de beaux chants, gérer une union d’églises sur le modèle d’une entreprise commerciale appelée à se développer, s’habiller de façon dénudée dans l’église etc..

    Je terminerais en disant que dans ma vie personnelle ce n’est pas le confort de l’homme naturel qui a été le cercueil de l’homme spirituel, mais c’est bien cette église faite “d’animateurs “, de frères et sœurs engagés dans l’église et qui étaient intouchables sous peine de se voir traité de querelleur et destructeur, qui a été pour moi un tombeau pendant de très longues années

  • Rectificatif
    Je suis un peu bête : sortir de Babylone/le monde veut tout simplement dire que nous ne devons plus vivre comme les non chrétiens vivent. « N’aimez point le monde,ni les choses du monde..car tout ce qui est dans le monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie , ne vient point du Père, mais vient du monde. » 1 Jn2:15. « Fuis les passions de la jeunesse » 2 Tim2:22 « Heureux l’homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, qui ne s’arrête pas sur la voie des pêcheurs et qui ne s’assied pas en compagnie des moqueurs » PS1:1
    Concrètement,cela signifie que je ne regarderai plus n’importe quel film, que je n’écouterai plus n’importe quelle musique parce que je sais que cela va déteindre sur moi et imprimera des marques de corruption sur mon âme. Je ne cautionnerai plus par le silence les conversations douteuses des gens du monde et si je ne veux pas m’exprimer,je peux au moins quitter le groupe..

  • Ne faudrait il pas prendre conscience que nous habitons à Sodome et Gomorrhe et que certaines églises don l’église réformée de France a cédé aux chants des sirènes politiques pour accepter, par esprit de conciliation , en ses murs , le mariage homosexuel ….Nous avons quitté cette institution en raison de leur choix ….. avec larmes , car c’est dans ce lieu qu’en 1973 nous nous sommes convertis et avons reçu la baptême du Saint Esprit avec les charismes nécessaires à la pratique de la foi !!! Apres avoir connu la vie de l’Esprit , ils se sont détournés de la vérité ceci par crainte, pour préserver leur fausse paix .
    Les volcans crachent du soufre et du feu !!!!
    Selon les textes, Sodome et Gomorrhe sont considérées comme des lieux où régnaient débauche et dépravation, synonymes d’offenses envers Dieu. De nombreuses pratiques, notamment sexuelles, y étaient librement observées.
    Dieu envoya deux anges constater les faits, qui lui rapportèrent ainsi : « […] leurs péchés sont énormes ». En conséquence de quoi, il fit tomber sur Sodome et Gomorrhe une pluie de soufre et de feu. https://www.nationalgeographic.fr/histoire/2020/04/sodome-et-gomorrhe-du-mythe-la-realite

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