Prenez garde de vous plaindre d’une prédication trop franche, incisive, même quand elle s’attaque à vous. L’Eglise oublie trop facilement qu’un pasteur n’est responsable qu’envers Dieu; elle voudrait lui inspirer ses prédications, pour que celles-ci lui conviennent à elle. S’il insiste et lui dévoile son péché, on appellera cela «faire des personnalités» [viser les gens], et on se révoltera contre la vérité.
Ou bien l’on dit : «il ne devrait pas prêcher si franchement devant le monde, car cela ridiculise la religion; il devrait prendre à part les membres de l’église pour leur parler, ne prêcher qu’à son troupeau et ne pas faire entendre aux pêcheurs combien les chrétiens sont mauvais». Mais il y a des cas où un pasteur ne peut faire moins que de montrer à la Maison de Jacob ses péchés.
Cessez donc de blâmer les pasteurs lorsqu’ils estiment de leur devoir de réprimander ouvertement l’Eglise, devant le monde. Si vous êtes si fiers, et que vous ne puissiez le supporter, ne vous attendez pas à un réveil. N’accusez pas la prédication d’être «trop franche» pour la seule raison qu’elle dévoile les fautes de l’Eglise; on ne peut jamais prêcher trop franchement.
Quelquefois des chrétiens s’alarment à la pensée que le pasteur pourrait faire du mal aux inconvertis en prêchant trop franchement. Ils le mettent en garde et lui demandent s’il ne serait pas mieux de modifier un peu sa prédication, de manière à éviter de blesser, etc. Cette crainte se manifeste surtout quand un membre de l’Eglise, riche, influent, a été froissé; on a peur qu’il ne se retire et ne verse plus sa cotisation pour le traitement du pasteur, et qu’ainsi la charge soit plus pesante pour les autres. Mais une pareille église n’aura jamais de réveil. L’Eglise ne doit-elle pas désirer avant tout que la vérité vienne comme du feu sur les indifférents ? Et s’ils sont offensés, eh bien ! Christ saura parfaitement se passer de leur argent.
Ah ! ne blâmez pas votre pasteur, et ne lui demandez pas de prêcher autrement pour plaire aux incrédules, et pour se les rendre favorables. Il est inutile pour lui de prêcher aux impénitents, s’il ne peut pas dire la vérité. Que leur servirait-il, à eux, de donner de l’argent pour soutenir l’Evangile, si cet Evangile ne leur est pas prêché de manière à ce qu’ils soient sauvés ?
Charles Finney, 1830