Le nom du Seigneur et la responsabilité intégrale

par T. Austin-Sparks
1) Le triomphe de la foi

Vous souvenez-vous de ce passage qui revient plusieurs fois dans les Actes: « par la foi en Son nom » — « la foi en Son nom »? C’est l’objet de la foi qui tient là tout entier dans ce nom suprême. Le nom qui est au-dessus de tout nom, le nom à la communion duquel nous sommes appelés, et qui est invoqué sur nous, est un nom qui contient un caractère spirituel, une nature. Il ne s’agit pas d’employer une formule, d’adopter une étiquette, et de dire: au nom de Jésus. Non. Il s’agit de vivre là, dans l’expérience du contenu pratique de ce nom, dans la sainteté de tous les jours, dans l’humilité authentique, habituelle, dans la foi pratique, dans l’amour vécu. Voilà le chemin de la victoire. L’amour? Mais Son Nom, c’est cela ! Si nous voulons que nos prières soient entendues et exaucées, que dit le Maître? — « Demandez en mon nom. » Il ne s’agit pas là d’une formule-passeport pour aller à Dieu. Il faut vivre dans ce nom, il faut être un avec le Seigneur Jésus sur cette croix qui a terrassé l’orgueil, l’impureté, l’incrédulité, la dureté de coeur; alors seulement, la prière prévaudra. Si nous prenons fait et cause pour le Nom et tout ce qu’il implique, la prière ne peut pas ne pas avoir le dessus; car le Nom, à lui seul, est une victoire. Témoignage, prédication, autorité, tout ce que nous sommes et tout ce que nous faisons en Son Nom suppose cet arrière-plan-là. C’est comme le terrain sur lequel se fonde notre vie spirituelle, la base de notre vie cachée en Lui.

Dans le domaine de la sainteté, la moindre lacune est un facteur de paralysie. Si nous nous lançons dans une activité d’ordre spirituel en laissant au-dedans de nous quelque faille sur laquelle Dieu a cherché sans succès à attirer notre attention, nous pouvons être sûrs que Satan a ses coudées franches. Si la puissance de Jésus est tenue en échec dans une circonstance donnée, on ne peut songer à user de son nom avec autorité que sur la base de la sainteté. Un péché secret peut compromettre tout une situation, comme le lingot d’or d’Acan: la faute d’un seul homme entraîna la défaite de tout un peuple.

Tout cela touche à une grosse, grosse question: la tragédie des ministères manqués, aussi bien ici, chez nous, que dans les champs missionnaires.

Revers, impuissance; triomphes et ricanements de Satan à la face de Dieu à cause de tant de déficits. Cependant, jamais aucune prière n’a manqué de son étiquette « au nom de Jésus ». Mais de quelle valeur était-elle?

Combien de missionnaires ont dû abandonner la partie et rentrer au pays, et combien d’ouvriers de Dieu, plus près de nous, ont dû, eux aussi, rendre les armes, vaincus, terrassés, brisés par un état de choses qui était plus fort qu’eux. Faut-il vraiment qu’il en soit ainsi? Qu’est-ce qu’il y a donc qui ne va pas ? Bien-aimés, dites-moi, le Nom de Jésus-Christ n’est-il pas aujourd’hui ce qu’il a toujours été ? Aurait-il perdu sa puissance ? Le Seigneur n’est-il pas maintenant encore élevé à la droite de la majesté de Dieu ? Non, ce n’est pas là qu’il faut chercher, c’est ici, c’est en nous. Dieu nous appelle, dans le domaine de la sainteté, de l’humilité, du désintéressement et de l’amour, à entrer dans une phase nouvelle de notre vie. Il nous appelle sur ces points-là à monter plus haut, dans la vie spirituelle, comme aussi à descendre plus bas. Qui sait si ce message n’est pas le clairon de Dieu qui nous appelle à la sainteté sous toute ses formes, pour que le Nom puisse être honoré et glorifié ? S’il n’en est pas ainsi, si Satan est encore capable, bien-aimés, de flétrir ce nom d’une façon quelconque, ce ne peut être que par suite d’une lacune dans la sainteté de notre vie, de quelque faille dans notre charité chrétienne, notre humilité ou notre foi.

C’est un appel missionnaire que je vous adresse. Qu’il s’agisse de notre pays ou des pays d’au-delà des mers, nous avons devant nous un état de choses qui n’est rien moins que désespéré. Nous devons nous donner à Dieu pour que la valeur du Nom aimé, en ce qui nous concerne, retrouve toute sa plénitude. Ce sera alors vraiment, au nom du Seigneur Jésus que nous vivrons; sa puissance sera notre nature, et nous manifesterons sa puissance.

La venue du Saint-Esprit fut une expression de la Royauté du Seigneur Jésus, dans toute la puissance de Son Nom.

2) Responsabilité intégrale

Il y a maintenant un troisième élément, qu’il nous importe de remarquer. Nous avons vu la Croix; ensuite, nous avons vu le témoignage; ensuite, nous avons vu le « Corps ». Quand Abel prit sur lui le témoignage du sang, il embrassa le témoignage tout entier. Je ne sais pas si vous saisissez la portée de ce que je vous dis là. Il prit en quelque sorte fait et cause pour le témoignage intégral. Le témoignage tout entier se trouva reposer sur sa personne; comme il en était l’unique représentant, il lui échut d’en devenir le « légataire universel », si j’ose m’exprimer ainsi, responsable de tout son contenu. C’est pour cela qu’il fut tué. Rien de partiel ni de fragmentaire dans les conséquences qu’il eut à supporter. Je répète donc: Abel prit sur lui le témoignage tout entier.

Or, souvenez-vous que le corps est un. — Quand je parle du corps, j’emploie ce terme dans son sens néo-testamentaire: « L’Eglise qui est son corps. » — « Nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps. » — Le Saint-Esprit est un comme le corps est un. Le témoignage aussi est un.

Faites un effort pour comprendre, bien-aimés. C’est le témoignage du Saint-Esprit dans le Corps (l’Eglise). L’un et l’autre sont un dans leur nature, par conséquent le témoignage aussi est un.

Il ne s’agit pas d’un certain nombre de fragments, soit du témoignage, soit de l’Esprit, soit du Corps. Il y a là un tout, il y a là une telle unité, que quiconque embrasse le témoignage, ou s’y associe, devient responsable du témoignage tout entier. Comprenez-vous?

C’est là, il faut le réaliser, une chose énorme: être responsable pour le témoignage tout entier. Il n’y a rien, absolument rien de local ou de partiel, dans quoi que ce soit qui touche au témoignage de Jésus, au Saint-Esprit ou au Corps de Christ. On ne saurait parler du Corps de Christ ici et du Corps de Christ là, du Corps de Christ en Afrique, ou ailleurs. C’est le Corps de Christ tout court. Il est un. De même, ce n’est pas le Saint-Esprit ici, le Saint-Esprit là; il n’y a qu’un Esprit. Ce n’est pas non plus le témoignage par-ci, le témoignage par-là, c’est le témoignage, le témoignage de Jésus. Il peut y avoir des degrés dans l’assimilation, mais son essence et son but suprême, c’est d’être un, et dépourvu de tout caractère local, ou partiel, ou personnel. Quiconque embrasse le témoignage de Jésus sous l’action du Saint-Esprit embrasse le témoignage intégral. Et s’il n’y a rien non plus de partiel, rien de fragmentaire, rien de local, rien de détaché, dans la vie de ceux qui adhèrent à ce témoignage, il s’ensuit que votre vie tout entière est impliquée, exactement comme l’est votre vie physique quand vous vous joignez à des enfants de Dieu dans une salle de culte ou n’importe quel autre lieu. C’est précisément pour cela que le Saint-Esprit insiste sur cet arrière-plan domestique et privé de l’Eglise. Bien plus, il le fait justement dans des épîtres adressées à des églises, et pas dans les autres. Je crois que toutes les épîtres sont destinées aux églises; dans un sens, je crois qu’on peut en dire autant de l’Ecriture tout entière, de la Genèse à l’Apocalypse; mais dans un sens plus restreint, ce sont les lettres dans lesquelles la question du Corps de Christ est traitée qui mettent le plus l’accent sur les relations de famille ou d’affaires: le mari et la femme, les enfants, les serviteurs. C’est comme si le Saint-Esprit voulait dire à tous ces croyants:

Vous progressez dans le témoignage de Jésus; vous entrez dans le vif de la mélée; la bataille fait rage; veillez sur votre arrière!

Votre arrière, ce sont vos affaires, votre foyer, votre gagne-pain; ils sont engagés, eux aussi, par votre témoignage. Quand vous vous lancez dans le ministère, n’est-ce pas précisément là que l’Ennemi vient vous frapper? Oui, votre foyer, votre travail. C’est là qu’il se montre.

Le témoignage de Jésus, semble dire l’Esprit, n’est pas confiné dans les limites de l’assemblée publique; il est pour la maison aussi, et pour le travail de tous les jours.

C’est un tout, il n’y a pas de distinctions possibles. Et quelle est la nature du conflit, en dernière analyse? Qu’avons-nous à redouter? — La mort. La puissance de la mort. Vous comprenez bien, naturellement, qu’il n’est pas ici simplement question de la mort physique, quoique l’Ennemi fasse bien tout ce qu’il peut, comme meurtrier, contre les enfants de Dieu. Et à cet égard, que de tragédies qui trouveraient là leur explication! Oh! connaître davantage la puissance du sang dans ce domaine ! Pouvoir tenir en échec la mort physique par la puissance du sang ! Quand c’est l’existence même du témoignage qui est en cause, certainement, Dieu intervient. Vous voyez à quoi nous voulons en venir: le Corps est un, le témoignage est un, l’Esprit est un; et quiconque s’y engage doit y entrer tout entier, jusqu’à la dernière parcelle de ce qui le concerne.

Or, c’est contre cet assaut mortel que nous nous débattons maintenant. Oui, un assaut mortel contre l’oeuvre de Dieu. Dans Sa pensée, nous avons embrassé le témoignage de Jésus, consciemment ou non, avec tout ce que son sang comportait pour l’avenir de guerre à outrance entre la vie et la mort; et puis, notre témoignage s’est effondré là où la puissance du sang de Christ aurait dû intervenir et vaincre la mort; l’oeuvre de Dieu entre nos mains s’est trouvée arrêtée, bloquée, paralysée. Mais qui sait, après tout, s’il n’en eût pas été autrement si nous avions délibérément regardé le sang comme le seul facteur de destruction de la puissance de la mort? Ne nous sommes-nous pas attardé à l’examen des causes secondes, incriminant ceci, puis cela, sans jamais être au clair? Certes, il a pu y avoir bien du vrai dans notre façon d’interpréter les choses. Mais au fond, c’était le témoignage qui était l’objet des assauts de l’Ennemi; dans sa fureur il a projeté contre lui ses miasmes de mort, et c’est de cela que nous avons été atteints. Est-ce là notre histoire? En tous cas, bien-aimés, c’est là l’histoire, dans la Parole de Dieu, de beaucoup de ceux qui nous ont précédés.

Souscrire à telle partie du témoignage, c’est embrasser la cause tout entière, car elle est indivise. On est dedans ou dehors. On ne peut pas s’y tailler un morceau et laisser le reste. Aussitôt que vous y entrez, par la foi et l’action du Saint-Esprit, en relation de fait avec le témoignage de Jésus, vous êtes engagés sans retour dans cette mêlée suprême; c’est désormais pour vous, à cause du sang versé, à la vie et à la mort. Quand vous êtes pris dans cette bataille, il n’y a plus qu’une ressource qui tienne: la foi du Fils de Dieu, tel sera désormais pour vous le nerf de la guerre. Dans ce domaine-là, aucune passivité n’est permise; et il ne s’agit pas de se perdre dans les généralités. Là, plus de répit. La prière ne peut être qu’une lutte, et nous avons besoin — oh! comme nous en avons besoin! — d’un renouveau de cette prière-là. Oh! pouvoir en finir, une bonne fois, avec ces prières d’ordonnance, ces récitals, tout pleins de digressions sans objet! Oh! savoir prendre à partie, au Nom de Jésus-Christ, les éléments capitaux de la résistance, et se frayer un chemin jusqu’au coeur de la place! Dans la vie de prière du peuple de Dieu, bien-aimés, la lutte devrait avoir plus de place. Demandez à Dieu de doter votre vie de prière de cette foi de combat du Fils de Dieu. Si vous voulez pouvoir tenir bon, il s’agira de prendre, dans cette foi « de première ligne », une position inébranlable, refusant de vous laisser émouvoir par les circonstances ou les apparences.

Le témoignage est-il pour vous d’une nature telle que s’il vous était enlevé il ne vous resterait plus rien? Etes-vous tellement un avec lui que son effondrement serait le vôtre?

S’il en est ainsi, bien-aimés, alors, ce que vous avez à faire, c’est de fermer résolument les yeux sur les apparences et de dire:

— Eh! bien, quelles que soient les apparences extérieures, il y a en tous cas une chose qui est pour moi une question de vie ou de mort, c’est le témoignage pour lequel j’ai pris fait et cause, le témoignage du Seigneur Jésus.

Et alors, vous heurtant de nouveau, par la force des choses, à toutes les apparences par lesquelles l’Ennemi cherche à obscurcir la réalité, examinant encore une fois la situation sous toutes ses faces, épuisant toutes les ressources de la logique, acculés enfin dans les derniers retranchements que les circonstances peuvent vous offrir, vous laisserez échapper ce cri:

— Cette fois, s’il faut que j’abandonne même ce terrain-là, je n’en ai point d’autre, c’en est fini.

Si c’est là vraiment votre suprême extrémité, alors vous êtes en plein dans le témoignage de Jésus; et une fois que vous y êtes, votre attitude doit être celle d’une foi qui livre bataille, qui se débat, qui dément les contradictions extérieures, s’inscrit en faux contre les apparences et tient bon, en dépit de tout. C’est le « Je ne puis autrement, que Dieu me soit en aide! » de Luther. C’est là l’impasse ultime. C’est quand vous en êtes là que vous vous rendez compte que cette affaire a établi un lien entre vous et le peuple de Dieu, et que tous ses intérêts sont les vôtres, parce que le témoignage est un. La relation, en effet, qui nous unit au Corps de Christ par l’organe de l’Esprit et du témoignage est de telle nature que si nous perdons pied, les effets s’en feront sentir jusqu’aux extrémités de la terre. Et si, d’autre part, ce sont les extrémités de la terre qui ont besoin de renfort, c’est à nous de nous tenir à la brèche pour qu’elles l’obtiennent, à cause de cette unité organique qui caractérise aussi bien le témoignage que le Saint-Esprit.

Avez-vous conscience qu’un souffle de mort est exhalé, ici ou là, contre quelque enfant de Dieu? L’Ennemi s’acharne-t-il, au près ou au loin, sur le corps, la pensée ou l’esprit de tel ou tel de nos compagnons de combat? L’oeuvre de Dieu est-elle menacée sur quelque point? Oh! bien-aimés, cela nous regarde, si nous avons revendiqué notre place dans le témoignage, c’est notre affaire! Sur ce chapitre-là, nous ne pouvons rien considérer comme personnel ou privé. Tout cela affecte le témoignage, dans son unité élémentaire. C’est pourquoi, quand un membre souffre, nous devrions tous intervenir et plaider la puissance du sang, pour qu’elle s’exerce contre celui qui avait la puissance de la mort, contre Satan.

« Ils l’ont vaincu, à cause du sang de l’Agneau et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort. »

 

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