Un soir, je devais parler dans une église pentecôtiste d’une ville américaine; j’arrivai là dans mon état habituel : affaibli, épuisé, vide. Je montai sur l’estrade : je n’avais absolument rien à dire à ces gens. Quelle assemblée ! Jamais je n’avais vu de groupe aussi débordant de santé. Quand la chorale eut chanté quelques cantiques, le pasteur me présenta avec tant de brillant, tant de raffinement, que je n’arrivais pas à croire que c’était de moi qu’il parlait.
Il n’en finissait pas; et plus son introduction volait haut, plus mon propre moral baissait. Pendant qu’il parlait, je me rendis compte, je ne sais comment, qu’à un moment donné de sa vie, cet homme avait cessé d’être un honnête serviteur de Dieu, pour devenir un professionnel de la religion. Et il n’avait même pas eu conscience, alors, de franchir une ligne de démarcation invisible en passant d’une condition à l’autre.
Pour conclure, il déclara : «La chorale va chanter encore une fois, après quoi le frère Katz nous donnera un message». Je pensai : «Ah Seigneur, je n’ai rien à leur dire. J’ai bien plutôt besoin de m’asseoir à leurs pieds pour les écouter, eux».
La chorale chanta une dernière fois. D’un ton mielleux, les choristes chantèrent une mélodie pour enfants de l’école maternelle : «J’ai besoin de Jésus; tu as besoin de Jésus; nous avons besoin de Jésus …» Rayonnants, ils continuaient de chanter. A chaque strophe, mon cœur se serrait un peu plus.
Si vous choisissez d’être comme Elie, vous aurez parfois le sentiment d’être un marginal. Vous aurez des impressions bizarres, alors que tous les autres seront à la fête. Dieu vous donnera de percevoir des signaux étranges que personne d’autre ne capte. Au plus profond de mon cœur, je me sentais de plus en plus mal, et pourtant tous les signes extérieurs contredisaient ce que ressentait mon homme intérieur.
Tout ce que percevaient l’œil et l’oreille charnels, c’était une assemblée rayonnante, débordante de santé, et une chorale qui louait Dieu de toutes ses forces.
Le chant terminé, les choristes quittèrent leur galerie et regagnèrent leurs places.Tout le monde était dans l’expectative. Beaucoup avaient mis en marche leurs magnétophones pour enregistrer les joyaux qui allaient tomber de mes lèvres. Je me levai et me traînai jusqu’au pupitre. Ce qu’alors j’entendis sortir de ma bouche, fut : «J’ai be-soin de Jé-é-sus …».
Je mis la main sur ma bouche et pensai : «Ça y est, cette fois j’ai complètement perdu les pédales. Ça devait m’arriver».
Je me confondis en excuses, demandant pardon de ne pas avoir commencé par prier. Je priai à haute voix : «Seigneur, pardonne-moi, lave-moi, saisis-moi, sers-toi de ma bouche pour parler toi-même à cette assemblée. Je suis navré de cette gaffe. Prends les choses en main, et décharge le fardeau de ton propre cœur, par le saint nom de Jésus, Amen».
J’ouvris la bouche une fois de plus et ce qui en sortit fut : «J’ai be-soin de Jé-é-sus …». Cette parodie moqueuse fut suivie de trois mots tout simples : «Vraiment ? Pourquoi faire ?».
Alors l’épée de Dieu pénétra au plus profond des entrailles.
Cette assemblée s’était crue riche, mais Dieu la dépouilla et lui montra sa nudité. La soirée se prolongea jusqu’à une heure du matin. Le pasteur resta prosterné sur l’estrade, tel un homme mort, face contre terre, pendant deux heures. Lorsqu’il se releva, il avait changé de visage. Il était passé de la mort à la vie.
L’un des anciens de l’assemblée, qui allait donner son témoignage à une rencontre d’hommes d’affaires chrétiens cette semaine-là, s’approcha du micro et confessa qu’il vivait dans l’adultère permanent.Ce ne fut que le début d’un déluge de confessions qui sortirent de cette assemblée apparemment si innocente. Ils apportaient un vivant témoignage de la véracité des paroles de Jésus : «Vous, pharisiens, vous purifiez le dehors de la coupe et du plat, et à l’intérieur, vous êtes pleins de rapine et de méchanceté» (Luc 11:39).
Aussitôt les confessions terminées, on vit se manifester l’œuvre de guérison et de libération du Saint-Esprit.
Arthur Katz