Les heures sombres

Luc 22:31
Et le Seigneur dit: Simon, Simon, voici, Satan a demandé à vous avoir pour vous cribler comme le blé; mais moi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas; et toi, quand tu seras revenu, fortifie tes frères.

Certaines choses doivent malheureusement arriver dans notre vie. Sans doute aurions-nous préféré ne jamais avoir à passer par là, et comme Pierre, aurions-nous souhaité ne jamais avoir à connaître ce moment-là. Il y a plusieurs heures de vérité dans notre marche. Autour de ces heures, planent des ombres et des desseins malfaisants, c’est vrai, mais on y trouve surtout la veille attentive du Père pour ceux qui espèrent en Lui, une veille  qui fixe au mal des limites précises :

« Tu viendras jusqu’ici et tu n’iras pas plus loin, et ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots… »(Job 38:11).

Pour nous qui sommes les spectateurs privilégiés de l’histoire du reniement de Pierre, c’est un enseignement qui nous rassure, parce que nous voyons que toutes les choses qui se sont produites étaient parfaitement encadrées, et que l’intensité de « l’orage », la violence de « la tempête », ont été assujetties, subordonnées à la prière de Jésus. Rien n’a pu dépasser les limites fixées, et tout était déterminé pour assurer une transformation positive : Il ne dit pas « … si tu reviens un jour [de cette épreuve]… », mais il dit « Quand tu seras revenu … ».

Oui, pour nous aussi, la tempête se calmera, et la paix reviendra. Et c’est le fruit de toute cette expérience (1) (y compris les erreurs) qui fortifiera nos frères lorsque nous témoignerons de la bonté de l’Eternel, qui ne se lasse pas de nous faire du bien, qui ne nous abandonne pas et continue de nous travailler pour que nous soyons amenés à la ressemblance de Christ (2).

Nous savons tous aujourd’hui que Pierre devait connaître cette heure sombre où il allait faire le constat de ses limites, afin qu’apparaissent à ses yeux toutes les illusions qu’il entretenait sur lui-même, sur sa valeur humaine, sur sa vie spirituelle et son service. Et le Seigneur a dû laisser Pierre se rendre à ce douloureux rendez-vous sans pouvoir vraiment le préparer, sans pouvoir le prévenir de la nature des difficultés qu’il allait affronter. Pierre ne savait pas où devait s’arrêter « l’orgueil des flots », parce que s’il l’avait su, il aurait été capable de gérer cette situation par lui-même. Or, le but de cette sorte d’épreuve est justement de nous placer dans une situation, durant un moment plus ou moins long, où nous sommes absolument insuffisants, désorientés, et où toute notre expérience, toute notre connaissance, toutes nos victoires, ne nous sont d’aucun secours. Il n’y a plus que des questions douloureuses, et une solitude pesante, écrasée par le silence de Dieu.

Après sa chute et son reniement, Pierre n’a pas trouvé le courage de revenir et de remonter la pente, mais c’est bien le Seigneur qui s’est rapproché de son disciple humilié (Jean 21/7) et prisonnier de son abattement. Après son échec et l’évidence de sa lâcheté aux yeux de tous et à ses propres yeux, Pierre a été rempli d’amertume face à sa culpabilité (Luc 22/62), et il a vraisemblablement envisagé de tout abandonner. Mais il ne pouvait pas, il était retenu. Toute sa raison lui disait pourtant qu’il valait mieux retourner pécher, qu’il n’était plus digne, et que Dieu ne pouvait pardonner une telle trahison publique : il avait abandonné l’Agneau dans son adversité, abandonné le Prince de la Vie à l’heure la plus sombre.

Au plus fort de son amertume, Il ne lui était pas possible de concevoir d’être un jour réhabilité après une telle faillite, et quand bien même Dieu pourrait lui pardonner, lui-même ne pouvait se pardonner.

Quelquefois, la connaissance de la Justice de Dieu que nous portons en nous, dans notre propre conscience du Bien et du Mal, non seulement nous condamne, mais nous condamne irrémédiablement. Seule la Grâce de Dieu peut nous sauver de la condamnation. Parce que si nous ne parvenons pas à nous pardonner notre faute, Lui peut nous pardonner (3), et non seulement nous pardonner, mais aussi nous réhabiliter.

« J’avais péché, et j’ai perverti la droiture, et Il ne me l’a pas rendu. Il a délivré mon âme pour qu’elle n’aille pas dans la fosse, et ma vie verra la lumière ! Voilà, Dieu opère toutes ces choses deux fois, trois fois, avec l’homme, pour délivrer son âme de la fosse, pour qu’il soit illuminé de la lumière des vivants (Jésus) » (Job 33/27).

C’est Lui qui a le pouvoir de nous affermir (Romains 16/25), et nous devons apprendre par l’expérience que nous sommes entièrement entre ses mains, comme son disciple Pierre, et qu’Il ne nous abandonnera jamais. L’apprentissage de cette leçon, au travers de laquelle nous constatons la puissance et la détermination de Son amour, de nous aimer malgré ce que nous sommes et en dépit de ce que nous ne sommes pas, est irremplaçable, et elle ne peut s’acquérir que dans des moments très sombres d’échecs et de doutes, qui détruisent l’orgueil et font naître le fruit précieux de l’humilité.

Ésaïe 45:3
et je te donnerai les trésors des ténèbres et les richesses des lieux cachés; afin que tu saches que moi, l’Eternel, qui t’ai appelé par ton nom, je suis le Dieu d’Israël.

lesarment
Jérôme prekel

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(1) « Or aucune discipline, pour le présent, ne semble être [un sujet] de joie, mais de tristesse; mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle » (Hébreux 12:11).

(2) « Mes enfants, pour l’enfantement desquels je travaille de nouveau jusqu’à ce que Christ ait été formé en vous » (Galates 4:19)

(3) « si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur et il sait toutes choses » (1 Jean 3:20).
« Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité »
(1 Jean 1:9).

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