Suivre le crucifié, non le Jésus américanisé

La relation de l’Église avec la culture générale est une problématique forte depuis que Jésus a commencé son ministère. Aujourd’hui, c’est la culture occidentale qui domine notre paysage. Et du fait que les États-Unis exercent une influence considérable — au travers du pouvoir économique et politique, du cinéma et de la musique, de la technologie et des communications — ils ont influencé la culture occidentale et le reste du monde dans une mesure disproportionnée.

« Américaniser » quelque chose, c’est « faire acquérir les caractéristiques américaines ou amener à s’y conformer » ou « amener quelque chose sous l’influence politique, culturelle ou commerciale des États-Unis »[1]. Au sein de l’Église, américaniser Jésus, c’est le suivre parce qu’il rend ma vie meilleure et plus agréable. Même si vous êtes d’un pays extérieur aux États-Unis, les traces de ce Jésus américanisé peuvent se retrouver dans les églises du monde entier, depuis l’Afrique jusqu’à l’Asie, en passant par l’Europe et l’Amérique latine, sans oublier le Moyen-Orient, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.

Le gros problème, c’est que la plupart d’entre nous, nous sommes tellement immergés dans la culture occidentale, voire américaine, qu’il nous est difficile de reconnaître à quel point notre vision de Jésus est véritablement américanisée. Ce qui le rend particulièrement difficile à repérer, c’est qu’il a l’air très bien, très bon, et qu’il fait beaucoup de bien. Du moins, c’est ce que nous pensons.

Suivre un Jésus américanisé, cela revient à quoi ? 

Jésus n’a ouvertement expliqué à ses disciples la centralité de la croix dans sa vie et dans sa mission qu’à mi-parcours de son ministère. L’Écriture rapporte la réaction horrifiée de Pierre : « Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre, et dit: À Dieu ne plaise, Seigneur! Cela ne t’arrivera pas. Mais Jésus, se retournant, dit à Pierre: Arrière de moi, Satan! tu m’es en scandale; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes » (Matthieu 16/22).

À ce stade, Pierre ne comprend que la moitié de l’Évangile. Comme beaucoup d’entre nous, il est centré sur le Christ, mais non centré sur la croix. Pierre a une immense estime pour Jésus comme Messie. Il est captivé par lui en tant que thaumaturge (qui fait des miracles), Sauveur triomphant. Pierre désire sincèrement suivre Jésus — d’ailleurs il a tout quitté pour le suivre. Mais il veut suivre un Jésus qui évite la croix, au lieu de la prendre sur lui [prendre la croix, finalement, signifie prendre le chemin de sa mort, marcher vers la mort].

Pierre s’accroche à des idées fixes, issues de sa culture, sur la façon dont l’action de Dieu dans le monde doit se dérouler — et ces idées ne laissent aucune place à l’exécution de Jésus. Néanmoins, Jésus veut emmener Pierre sur un parcours spirituel plus profond, même si tout chez Pierre résiste à la souffrance et à la douleur que cela implique.

Alors Pierre se positionne face à Jésus, lui intimant … d’arrêter de dire n’importe quoi. Jusqu’à ce jour, suivre Jésus a donné à Pierre une impression de puissance, de maîtrise des choses et d’influence supérieure sur les évènements et les gens. Il commence à comprendre que ça va changer. C’est pourquoi il reprend Jésus en lui disant ce qu’il a à faire.

La réaction de Jésus est viscérale et immédiate ; il dit à Pierre : « Arrière, Satan ! » Ensuite il choque encore plus les disciples quand il dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive » (Matthieu 16/24). Non seulement Jésus dit clairement que sa mort sur la croix est indispensable pour l’expiation de nos péchés, mais il appelle chaque disciple à adhérer à un mode de vie inspiré de la crucifixion.

Jésus recadre pour les Douze la nature de la réalité, la résumant dans cette affirmation : « Ce qui est en haute estime parmi les hommes, Dieu l’a en horreur » (Luc 16/15). « En horreur » est une expression extrêmement forte pour qualifier sur ce que Dieu ressent sur les choses que nous avons tendance à porter aux nues. Il sait que ce que nous comprenons de ses voies est non seulement trop minuscule et trop superficiel, mais également déplacé et inversé.

Cruci-centrés

La question devient alors : « Que signifie pour nous être cruci-centés, c’est-à-dire suivre Jésus crucifié, dans notre contexte et à ce moment de l’histoire »? Le meilleur moyen d’avoir une réponse à cela, est de mieux comprendre le contraste entre ce que Jésus a enseigné et montré de la vie de disciple, et ce que les religieux de son temps ont enseigné et montré. Autrement dit, faire la distinction entre la vie de disciple selon le monde et la vie de disciple selon Jésus. Elle se résume par une remise en question de quatre voies mondaines habituelles :

  • Être populaire,
  • Être important,
  • Avoir du succès,
  • Éviter la souffrance et l’échec.

Le disciple selon Jésus va récuser la popularité, récuser la soif de grandeur, récuser l’obsession de la réussite, et accepter la souffrance et l’échec.

Jésus a refusé d’agir afin d’être admiré ou aimé.

Le désir d’être populaire imprégnait si profondément les cultures populaires et religieuses du 1er siècle que Jésus a interpelé publiquement les pharisiens et les spécialistes de la Loi en disant : « Dans tout ce qu’ils font, ils agissent pour être vus des hommes » (Matthieu 23/5). Par ailleurs, les disciples de Jésus devaient rejeter radicalement une spiritualité de spectacle pour impressionner les gens — que ce soit dans leur manière de donner, de prier, de jeûner ou de servir Dieu de quelque manière que ce soit.

Je vais être aussi clair que possible : Jésus a dénoncé toute initiative que dénote peu ou prou la quête de l’approbation ou de l’admiration d’autrui. Nous devons laisser tomber toute démarche et toute aspiration à être remarqué de quelqu’un d’autre, que ce soit par l’édification d’une œuvre chrétienne plus grande et qui sorte du lot, par l’accumulation de plus d’argent ou de plus de biens matériels, ou par l’avancement d’un plan de carrière.

Jésus connaissait les faiblesses du cœur humain ; il savait que le désir d’impressionner les autres serait une tentation constante. Il disait aux leaders religieux : « D’ailleurs comment pourriez-vous parvenir à la foi, alors que vous cherchez à être honorés les uns par les autres et que vous ne recherchez pas la gloire qui vient de Dieu seul ? » (Jean 5/44). Il savait que le désir d’être renommé avait empoisonné leur foi et leur pouvoir. Il savait aussi qu’il avait le potentiel d’empoisonner aussi la vie de disciple de ses adeptes.

Nous nous plaisons à penser que nous sommes au-delà des aspirations à la popularité à laquelle tenaient les chefs religieux du temps de Jésus. Mais la plupart d’entre nous, nous attachons beaucoup plus de prix que nous l’imaginons à ce que pensent les autres.

Souvent, notre aspiration à être remarqué et à être bien vu par les autres est si ancrée et si inconsciente qu’il peut être difficile de la reconnaître pour ce qu’elle est. Et pourtant elle émerge sous des angles subtils mais reconnaissables. Par exemple dire oui quand on aimerait mieux dire non, refuser de s’exprimer ouvertement parce qu’on ne veut pas « mettre le bazar », ou garder le silence sur nos préférences et nos souhaits de peur de ce que les autres pensent.

Dans mes premières années de ministère, mon envie d’impressionner les autres m’a conduit à prendre des décisions bien en dehors des projets et de la programmation de Dieu pour notre église. Quand d’autres œuvres paraissaient se développer rapidement, je ne voulais pas qu’on me prenne pour un raté, et donc je lançais des projets et même des églises avant que nous soyons prêts. Et comme ces nouvelles initiatives avaient besoin de leaders, je lançais prématurément les gens dans des responsabilités (vous imaginez bien ce que ça a pu donner…).

… Il est cependant important de relever que Jésus ne dit rien contre l’aspiration humaine fondamentale à être bien vu, mais il la réoriente. Il veut que ce désir soit en nous redirigé vers le Père … Nous devons nous satisfaire d’être populaires aux yeux de Jésus seul.

Peter Scazzero, extrait de « Devenir un disciple émotionnellement sain », éditions Excelcis


[1] « Americanize », Merriam-Webster

18 comments On Suivre le crucifié, non le Jésus américanisé

  • « Jésus ne dit rien contre l’aspiration humaine fondamentale à être bien vu, mais il la réoriente ».
    Je crois que l’aspiration humaine a être bien vu aura toujours pour mobile sa propre gloire, car il parlera toujours de son propre chef tel est la nature humaine de l’homme et c’est a la croix que Jesus y a mit fin.
    « Celui qui parle de son chef cherche sa propre gloire; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, celui-là est vrai, et il n’y a point d’injustice en lui. » jn7v18
    Je crois que chercher la gloire de Dieu en vérité et sans injustice ne peut se faire que dans cette nouveauté de vie en Jesus que le Saint Esprit met en nous.

    • Bien vu, Michaël. Merci pour le commentaire.

      « Jésus ne dit rien contre l’aspiration humaine fondamentale à être bien vu, mais il la réoriente ».
      Je pense que c’est une phrase maladroite, et peut-être une traduction maladroite. Pourquoi ? parce que dans les lignes qui précèdent, l’auteur est parfaitement clair :

      « Jésus a dénoncé toute initiative que dénote peu ou prou la quête de l’approbation ou de l’admiration d’autrui. Nous devons laisser tomber toute démarche et toute aspiration à être remarqué de quelqu’un d’autre, que ce soit par l’édification d’une œuvre chrétienne plus grande et qui sorte du lot, par l’accumulation de plus d’argent ou de plus de biens matériels, ou par l’avancement d’un plan de carrière ». Limpide.

      Alors est-il possible d’essayer de comprendre quelle était la pensée ? Si je devais me livrer à cet exercice (toujours intéressant), je dirais que l’aspiration humaine à être bien vu correspond à quelque chose de normal, si on la consacre au besoin d’approbation divine, en abandonnant la recherche – en premier – de l’approbation des hommes. Mais ce n’est pas le sentiment qui est toxique, mais c’est l’objet. Enfants, nous avons cherché l’approbation des hommes (du père, de l’enseignant) et c’est de cette manière que nous avons appris l’obéissance et les valeurs.
      On est bien sûr d’accord pour dire que « chercher à être bien vu » correspond à une attitude charnelle souvent prête à tous les compromis, mais on peut avoir aussi le désir d’être bien vu sans que ce soit forcément impur. Par exemple, en cherchant à incarner un bon témoignage devant les hommes : « car nous recherchons ce qui est bien, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes » (2 Corinthiens 8:21). L’irréprochabilité à laquelle nous sommes appelés ne concerne pas que le regard de Dieu. Pour un chrétien, le fait d’être « mal vu » peut amener les incroyants à blasphémer le nom de Dieu.

  • Je suis bien évidemment d’accord avec ce que le frère a parlé, j’aurais du le préciser, mais ce que je relevais, c’était la source de l’aspiration.

  • Aspirer à être en accord avec notre Seigneur est très gratifiant , car la se trouve notre véritable identité…. ce qui devrait nous satisfaire pleinement , car quelle paix intérieure quand nous avons trouvé notre véritable identité. Ce que les supers stars de l’évangile recherchent c’est certes une reconnaissance mais surtout surtout de l’argent et d’ailleurs ils sont fanas de la théologie de la prospérité . Nous trouvons ce type de message surtout chez les pentecôtistes qui sont issus du système américain fort en bouche pour rester polie…C’est une culture populaire aux USA.

    En France la foi est marquée par nos anciens leaders protestants et donc plus centrés sur l’interlect que sur une démonstration de puissance de la foi…. Alors ensuite chercher à comprendre comment se vit la foi chrétienne biblique dans une démarche d’humilité ne veut pas dire pour autant que celui qui parait humble l’est vraiment ..La chair est faible et l’humain aime être aimé et honoré ….. ce qui met en évidence inévitablement le déficit identitaire de « l’artiste » en matière de démonstration de foi . Moi ça m’ amuse de provoquer ce type de personne ……..en principe les réponses à la provocation éclairent largement le déficit ce qui ne manque pas de piquant .

  • « La théologie de la prospérité se trouve surtout chez les pentecôtistes américains » : c’est la thèse développée par le film L’évangile américain, Christ seul. Mon expérience personnelle, plus dans les églises de l’évangile partiel que du plein évangile, m’a amené à penser que la théologie de la prospérité a envahi toutes les églises évangéliques. L’église catholique reste en dehors du fléau. La raison est logique : les églises sont avant tout des business, avec de lourdes charges à payer, bâtiment, salaire du pasteur et charges sociales. Faire peser de telles charges sur quelques dizaines de familles (au mieux) entraînent forcément des comportements manipulatoires. Je ne pense pas que Dieu agrée.

    • Bien sûr que non Dieu n’ agrée pas ces dérives ; l’argent reste la principale arme du prince des ténèbres pour continuer de tenir les chrétiens …Jésus lui ne faisait pas du business alors qu’ on utilise son NOM pour en faire. J’ai remarqué que le souci principal des responsables évangéliques, s’est de se faire connaître dans le monde entier , au lieu de transmettre et lever des petites assemblées qui devraient êtres le principal moyen de répandre l’évangile partout .
      C’est pareil pour les ministères de guérisons . En principe il faut le transmettre pour que tous les villages découvrent les charismes du Royaume de Dieu ….Au lieu de cela , ceux qui les reçoivent gardent jalousement les dons pour eux et leur réputation ..Ils se font payer pour venir prier pour les malades dans une assemblée en besoin de don , mais ils ne les transmettent pas à d’autre … C’est exactement le contraire que faisaient les Apôtres de Jésus ,,,,,ils levait des disciples avec tous les dons pour bénir les âmes partout …. Jésus est très sévère avec ce type de personnes qui disent être au service du corps, alors que c’est en fin de compte le corps qui est au service de certains GRAND ministères…
      Matthieu 7
      …21Ceux qui me disent: Seigneur, Seigneur! n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais celui-là seul qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux. 22Plusieurs me diront en ce jour-là: Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé par ton nom? n’avons-nous pas chassé des démons par ton nom? et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom? 23Alors je leur dirai ouvertement: Je ne vous ai jamais connus, retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité.

    • Bonjour Marc
      Merci pour votre témoignage. Je me penche de temps en temps sur la question de ce faux évangile et de ses dérives. J’ai vu passer une bande annonce de ce documentaire sur youtube mais en anglais. Savez vous si à tout hasard il serait disponible en Français ?
      Merci beaucoup.
      Soyez bénis.

    • « L’eglise catholique échappe au fléau », hola chevalier! n’oubliez pas dans votre chevauchée de préciser que l’Eglise catholique est d’abord et avant tout un Etat…

      • L’église catholique est aussi noyautée que les autres par la prospérité, mais pas de la même manière. Elle prêche la pauvreté mais elle est assise sur le plus gros trésor de guerre de toute l’histoire des religions. Recettes officielles exercice 2021 : 1,1 milliard d’euros, avec un déficit maîtrisé de 3 millions (parce qu’il était attendu à 33 millions !).
        Le Vatican tape dans son patrimoine immobilier chaque année à hauteur de 25-30 millions pour financer la train de vie de la Curie.

        • Julien bonjour, Et ce sont les états des nations qui doivent entretenir leur patrimoine …..Nous sommes bien loin de la réalité spirituelle de la bible, avec comme exemple révélateur les actes des Apôtres qui démontrent que ce royaume religieux n’est pas de Dieu mais de la mentalité de ce monde en perdition…. Que pouvons nous faire pour apporter la lumière de la vérité biblique quand le mensonge utilise la bible pour s’ imposer ? Encoure le mystère de l’iniquité en action ….C’est donc bien difficile de suivre Christ , il y a beaucoup d’obstacles qui se dressent pour nous voler notre liberté spirituelle plus précieuse que tout l ‘or de ce monde …………..Réjouissons nous quand le Saint Esprit nous révèle la vérité du Royaume de Dieu par son fils bien aimé , et tant pi pour les obsédés de la religion morte des hommes.

  • Et quand on voit le train de vie du Vatican…

    • « Les pauvres sont le trésor de l’Eglise », insistait le pape le 17 novembre 2019, à l’occasion de la Journée mondiale des pauvres. Ils ne seront certainement pas logés dans l’un des 49 appartements de luxe devant voir le jour dans le quartier londonien de Chelsea, au 60 Sloane Avenue . L’immeuble figure pourtant au patrimoine du Vatican, grâce à un investissement de 200 millions de dollars remontant à 2014. Un an après l’élection de François, qui promettait une « Eglise pauvre aux services des pauvres », la secrétairie d’Etat du Vatican renonçait à son projet d’investir dans le pétrole en Angola pour privilégier l’immobilier de luxe dans la capitale britannique.
      etc…
      https://www.lesechos.fr/finance-marches/banque-assurances/le-vatican-une-puissance-financiere-a-part-1163372

  • Ma remarque du 3 février n’était pas sur l’église catholique mais sur la théologie de la prospérité qui a envahi toutes les églises évangéliques, qu’elles soient du plein évangile ou de l’évangile partiel. Mais apparemment vomir sur l’église catholique intéresse plus…

    • Bonjour Marc
      Merci pour la précision. Dans ton commentaire du 3 février, tu disais « Mon expérience personnelle, plus dans les églises de l’évangile partiel que du plein évangile, m’a amené à penser que la théologie de la prospérité a envahi toutes les églises évangéliques. L’église catholique reste en dehors du fléau. La raison est logique : les églises sont avant tout des business, avec de lourdes charges à payer, bâtiment, salaire du pasteur et charges sociales. Faire peser de telles charges sur quelques dizaines de familles (au mieux) entraînent forcément des comportements manipulatoires. Je ne pense pas que Dieu agrée». 3 réflexions :

      1. Je pense que les lecteurs du Sarment sont ici largement gagnés à ta remarque sur le fléau de la Prospérité. Personne ne contestera.
      2. En disant « l’église catholique est en dehors du fléau », tu as évidemment raison, si on reste focus sur la doctrine de la Prospérité. Cependant, ne peut-on reconnaître que le catholicisme est aussi comme tu le dis « un business, avec de lourdes charges à payer, bâtiment, salaires et charges sociales  » … et que les comportements manipulatoires sont quelque peu avérés ? …
      3. Dans ton premier commentaire, tu dissocies les églises de l’évangile partiel et celles du Plein Évangile … et dans le second, tu parles de « toutes les églises évangéliques » : est-ce que cette évolution de ton analyse est le résultat d’un mouvement d’humeur, qui pousse à la généralisation, ou le fruit d’observations objectives ?

      Pour aller dans ton sens (et élever un peu le débat), il faut bien reconnaître que le dieu de ce siècle, Mammon, dont parle Jésus (Matthieu 6/24) semble être présent partout. La traduction de Mammon est : « les richesses », autrement dit « le pouvoir que donne l’argent », y compris dans le service religieux. Le fait de penser que les moyens financiers feront avancer l’œuvre de Dieu est au cœur d’une vraie question spirituelle : il y aurait beaucoup de choses à dire ! Et celui qui tentera d’y répondre devra renoncer à se tenir dans le blanc ou dans le noir.

      Nous avons raison d’être attristés ou en colère contre les effets du phénomène Mammon dans la sphère religieuse, c’est le signe que notre jugement n’est pas perverti. Mais sommes-nous tous personnellement bien au clair sur le principe ? Ou sommes-nous d’une manière ou d’une autre concernés par l’avertissement de Jésus « vous ne pourrez servir 2 maîtres, Dieu ou Mammon » … L’honnêteté et la droiture me poussent à reconnaître que la question n’est pas réglée dans ma vie : c’est une lutte, avec des victoires et des échecs. Et j’ai besoin chaque jour du Seigneur et de son conseil, pour l’entendre, et pour le suivre. Et je remarque que lorsque le sujet se trouve dans la zone de l’argent et de la sécurité matérielle, nous avons tous des problèmes d’audition, plus ou moins prononcés !

  • Bonjour Jérôme,
    Concernant l’évangile de la prospérité, je pense qu’il n’y a pas de différence entre les églises évangéliques du plein évangile et celles de l’évangile partiel. C’est vraiment mon expérience et j’ai démontré pourquoi.
    Au début de mon commentaire j’avais différencié les 2 types d’églises parce que je suis choqué que des tenants de l’évangile partiel aient eu le culot de diffuser plusieurs vidéos (L’Evangile américain) sur le sujet en faisant croire qu’ils n’étaient pas concernés par le sujet. Accuser d’autres dénominations chrétiennes devant le grand public ne me semble pas biblique.
    Concernant mon éventuel mouvement d’humeur, je ne suis pas énervé, mais plutôt las. Il y a plus de quarante ans j’ai été frappé par le message de l’évangile et je croyais naïvement que c’était ce que vivaient les chrétiens. Ma déception est similaire à l’organisation d’un voyage : vous faites une réservation dans un hôtel 5 étoiles mais en réalité l’hôtel est délabré et ne correspond pas à la description. Pourquoi distribuer la bible si on ne vit pas ce qui y est écrit ?

    • Bonjour Marc
      Merci pour ta réponse. Je te comprends ! Le constat d’échec de l’Église est sain (même s’il faudrait ajouter que dans bien des endroits, qui échappent au radar de ton expérience forcément limitée, il existe des églises conformes au cœur de Dieu — mais jamais à 100%, évidemment). Et la désillusion produite par ce constat d’échec est saine aussi : le croyant, appelé, élu (Israël) a échoué comme administrateur de l’héritage ou de la mission divine. Et le croyant de la nouvelle alliance (l’Église) a échoué dans son mandat de faire de toutes les nations des disciples. Et de devenir parfait lui-même.
      La désillusion est nécessaire pour qu’on comprenne que ce n’est pas la religion qui est la solution, et que ce n’est pas notre bonne volonté qui est le moyen, mais c’est le Seigneur — et une relation vivante et personnelle de chacun avec lui. Je ne t’apprends rien.

      Pour continuer de filer ta métaphore, Dieu t’a lancé dans un voyage vers son pays, et lorsque tu es entré, tu n’as pas découvert l’Eden que tu pensais découvrir, mais un pays avec un temple pas toujours bien entretenu, avec des sacrificateurs parfois bien à certaines époques, et parfois corrompus à d’autres, et une ville sainte qui nécessite beaucoup de discipline pour le rester, et un peuple, le peuple de Dieu, qui est centré sur son nombril, la satisfaction de ses besoins, et qui a un constant besoin de rappels à l’ordre. Etc, etc.

      Bon, ok. Une fois qu’on a fait ce constat, qui est juste, et qu’on comprend la complexité de cette situation (ce ne sont pas seulement ceux qui ont échoué qui sont fautifs, mais la nature humaine qui est en moi aussi), que fait-on ? Deux solutions :

      1. Je m’assois à l’écart sous un genêt en ruminant (et en distillant) mon dépit …
      2. Ou ? Je te laisse peut-être écrire l’option 2, selon ce que le Seigneur te montrera, parce que je ne pense pas qu’il choisisse l’option 1.

      Tu termines avec cette phrase : « Pourquoi distribuer la bible si on ne vit pas ce qui y est écrit ? ». Je ne veux pas approuver l’évangélisation contre-productive, bien sûr, celle de l’hypocrisie religieuse, ou celle des ignorants qui disent au monde comment il faut penser, mais en lisant ta phrase je me suis souvenu de plusieurs témoignages de conversions que j’ai entendu et qui ont eu lieu grâce à une bible trouvée sur un table de chevet et posée là grâce au ministère des Gédéon, que tu dois connaître. Peut-être que dans ton hôtel 5 étoiles délabré qui ne correspond pas à la description du prospectus, il y en avait une, qui sait ? Et peut-être que même dans ces circonstances peu glorieuses, Dieu peut encore agir. Et dans ce cas, la gloire lui revient, ce qui n’est pas possible quand c’est la religion ou l’Homme qui fait le travail.

  • Si effectivement sans Lui on ne peut rien faire, ne jamais oublier que Lui peut tout faire sans nous. C’est juste une grâce s’Il nous associe à son Oeuvre.
    L’Eglise que je fréquente est régulièrement rejointe par des jeunes convertis venant de nulle part.
    C’était mon cas aussi, je ne connaissais aucun chrétien, j’avais juste été poussé à lire la Bible.

    Cela devrait être une grande source d’humiliation pour l’Eglise, que le Seigneur décide de faire le travail Lui-même.
    Signe s’il en fallait encore un que les outils ne sont pas bons.

    Au lieu de ça, certains en profiteront sûrement pour se glorifier de la croissance de leur liste de membres…(je précise que ce n’est pas le cas dans mon église)

  • @Jonathan, il est possible de regarder une version de 58 minutes de American Gospel [inclus : les 40 premières minutes du documentaire, suivies d’une bande annonce et de témoignages, ainsi qu’une avant première de sa suite : « American Gospel : Christ crucified »] ici :
    https://pepscafeleblogue.wordpress.com/2022/09/02/watch-it-again-american-gospel-christ-alone/

    Et pour comprendre à quel point nos églises ont été polluées par le développement personnel, vous avez jusqu’au 25 février pour regarder « le business du bonheur » sur Arte : https://www.arte.tv/fr/videos/099779-000-A/le-business-du-bonheur/

    Bien fraternellement,
    Pep’s

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