L’anniversaire du second millénaire de la mort et de la résurrection de Jésus approche (2033), et sa préparation va résonner d’un appel à l’unité de toutes les familles chrétiennes, qui va monter crescendo, dans les huit prochaines années. Objectif : une Pâque du millénaire qui marque les esprits.
Du côté de Jeunesse en Mission, on y travaille déjà depuis 10 ans … l’intention est de faire réfléchir le monde sur la résurrection de Jésus, et de faire parler du sujet, de la manière la plus large possible, ce qui est très bien.
En même temps, il y a le potentiel rassembleur chrétien de cet évènement, avec son côté inter-dénominationnel qui n’échappe à personne : la volonté de capitaliser sur cette opportunité va s’imposer naturellement, et il va être difficile de trouver des gens qui ne souhaitent pas être sur la photo.
L’unité des chrétiens
Le plan de com’ catholique a commencé lui aussi et le pape Léon XIV a pris la parole lors d’un voyage récent en Turquie pour donner rendez-vous « à tous les chrétiens » à Jérusalem, en 2033. Il souhaite réunir toutes les confessions chrétiennes pour célébrer « les deux mille ans de la mort et de la résurrection du Christ ».
Cette invitation adressée aux plus hauts responsables des différents courants chrétiens vers la ville sainte sera précédée d’un « voyage spirituel » (une croisade pour la paix) qui permettra d’accélérer la « pleine unité » des chrétiens pendant les huit années à venir. Ce qu’il faut comprendre, c’est que le pape a fait de ce projet une priorité de son mandat, comme le confirme sa devise pontificale, qu’il rappelle souvent : « In illo uno unum » (En Celui qui est un, soyons un). Comme si l’ambition de ce disciple de saint Augustin, dont il tire cette devise, était de devenir le pape de l’unité retrouvée des chrétiens[1]. (source).
Le principe d’unité à l’épreuve du réalisme
Rechercher l’unité est une bonne chose, surtout lorsqu’on a compris l’incurable tendance humaine à ne travailler que pour son propre camp (l’esprit de parti, que déplore Paul).
St Augustin (encore lui) a tenté de définir le bon cadre de l’unité religieuse d’une manière pratique et réaliste : « Unité pour l’essentiel, liberté pour le non-essentiel, charité en tout ». En d’autres termes, l’unité est le produit d’un consensus, qui fait de l’unité un sous-produit de l’union. Mais qu’importe, la maxime fait l’unanimité (!) puisque qu’elle a été adoptée par l’Union Européenne : « Unité dans la diversité ». Avec le résultat qu’on connaît.
L’unité des croyants selon les Écritures
Jean 17/21 : « … afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en nous, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. 22Je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un comme nous sommes un, – 23moi en eux, et toi en moi, -afin qu’ils soient parfaitement un, et que le monde connaisse que tu m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé ».
C’est bien la gloire que Jésus leur a donnée (c’est-à-dire sa vie, suivie du don de l’Esprit pour une marche par l’Esprit) qui a pu les conduire dans une forme d’unité qui n’était pas une façade, mais une réalité profonde :
Actes 4/32
« La multitude de ceux qui avaient cru n’était qu’un coeur et qu’une âme. Nul ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais tout était commun entre eux ».
L’unité spirituelle montre ici son caractère surnaturel : elle est hors de portée de l’imitation religieuse, au-delà de l’unité des intérêts (des consensus). Ici, on marche sur l’eau. C’est l’union personnelle avec Christ qui seule, peut produire l’unité — ne serait-ce qu’avec une seule personne (« si deux d’entre vous s’accordent pour demander une chose, quelle qu’elle soit, elle leur sera accordée » Matthieu 18/19).
Il n’existe pas de formation, parmi le catalogue pourtant fourni du christianisme moderne, qui puisse apprendre aux croyants à partager tout, au nom de Jésus. Au niveau le plus commun, c’est même à grand peine que nous faisons participer à (un peu) de nos biens temporels ceux qui nous enseignent (Galates 6/6). Alors ne nous y trompons pas : les appels qui nous exhortent à « rechercher l’unité », comme on l’entend parfois, et comme on va l’entendre de plus en plus fort d’ici 2033, ont bel et bien un parfum de superficialité, qui vient parfois tout simplement de l’ignorance des principes spirituels profonds : on ne cherche pas plus loin que ce que propose l’évangile du vieil homme.
Ce qui nous est rappelé ici dans le livre des Actes, et que Paul prêche dans Romains 12, n’a jamais été destiné à susciter de l’imitation charnelle, mais de nous amener à reconnaître que nous ne sommes peut-être pas encore prêts à rejoindre le Seigneur sur ce terrain, en tant que disciples; ce qui signifie finalement que l’objectif principal de Dieu, ce n’est pas l’unité des croyants, mais c’est de régler notre problème personnel d’unité avec lui.
En attendant, l’Église est bien le corps de Christ, mais dans une vision virtuelle, dont la pleine réalisation attend après nous, comme le dit Paul : « jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ, afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction, mais que, professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ … » (Ephésiens 4/13) .
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[1] Cette communion est pourtant perdue depuis 1054 avec la branche orthodoxe et, depuis 1517, avec la branche protestante.