Faites-vous un coeur nouveau

Cet extrait trouve son origine dans la publication d’un pamphlet intitulé : la nouvelle mise à l’épreuve divine, de Asa Rand. Finney fit une réponse et critiqua les positions théologiques exprimées dans le pamphlet. Finney rapporta que l’action divine était d’enseigner et de persuader, et que cette influence était de type morale et non physique. Le président Edward, ainsi que monsieur Rand, tint le contraire, en prétendant que l’action divine exerçait une régénération physique et un changement de nature au lieu d’être un changement volontaire d’attitude et de préférence de l’âme.

« Monsieur Rand jugea mon point de vue sur ce sujet comme hors de propos, écrivit puis fit publier un petit article très sévère alors que je m’opposait à ses vues. Il y avait également d’autres points de doctrine sur lesquels il s’étendit d’une manière critique, comme, par exemple, mon opinion sur l’aspect volontaire de la dépravation morale, et la participation active du pécheur dans la régénération ». C. G FINNEY

En accord avec G. Rosell et A.G. Dupuis, Finney se sentit concerné par la publication d’extraits peu clairs, écrits semble t-il par des « preneurs de notes et des scribes », qui selon lui, auraient entièrement déformé la pensée de ses sermons. Aussi, en 1834, écrivit-il une nouvelle version intitulée: « des pécheurs condamnés à changer leurs propres coeurs » ( Rosell et Dupuis, Mémoires de C. Finney, édition annotée et critiquée, page 350).

« Faites-vous un coeur nouveau et un nouvel esprit ; pourquoi mourriez-vous, O maison d’Israël? » Ezéchiel chapitre18: verset 31.

Le mot coeur a de nombreux sens dans la bible. Quelquefois le coeur est utilisé comme un synonyme de l’âme ou de l’esprit. Quelquefois il représente la pensée toute entière, quelquefois la compréhension ou encore la conscience. A quelques endroits, il rappelle cette tendance constitutionnelle qui appartient à la nature humaine, qu’elle soit sainte ou pécheresse; quelquefois le mot coeur correspond aux affections sociales ou relationnelles; souvent, il exprime toutes les affections ou l’exercice de la pensée; et en beaucoup d’endroits, on en parle comme d’une source d’où proviennent nos actes; comme « l’homme bon qui puise dans le trésor de son bon coeur, »etc.
Dans de tels cas, le coeur représente la source qui régit nos actes moraux, et devrait par conséquent correspondre à nos choix de règle de vie ou aux principes qui gouvernent notre esprit.
Voilà, je le pense, la signification du mot coeur, sens que l’on retrouve dans tous les passages où il est question de compréhension, de recommandations divines, et d’une manière générale, des devoirs de l’homme. Voilà le sens de ce texte, qui requière des pécheurs, et comme ils n’en ont jamais été invités auparavant, un changement radical des principes qui les gouvernent, de choisir pour leurs vies un nouvel objectif.

1. Ce que ne signifie pas ce commandement.
Il n’est pas demandé au pêcheur de se faire une « nouvelle » âme ou un « nouvel » esprit; bien que le mot esprit fût employé dans ce texte, et bien que le terme coeur représente quelquefois l’âme. Chaque homme possède une âme pour pouvoir aimer et servir Dieu comme il lui est demandé. Et les chrétiens ne reçoivent pas une nouvelle âme à leur conversion; par conséquent, une « nouvelle » âme n’est pas nécessaire, et cela n’est ni requis dans ce texte, ni dans la bible.
Il n’est pas demandé non plus au pécheur d’acquérir une quelconque nouvelle faculté d’âme ou d’esprit. Il n’a pas besoin d’une nouvelle faculté.
Et d’ailleurs le chrétien n’en reçoit aucune, mais il consacre seulement à Dieu toutes celles qu’il avait depuis le commencement de sa vie. De même, il ne se s’agit pas d’acquérir un quelconque nouveau principe moral qui correspondrait à une modification permanente de son caractère; cela ne signifie rien d’autre qui ne soit distinct ou antérieur à l’exercice moral. Rien qui n’agisse derrière la volonté de l’homme (ou à sa place), pour lui donner la capacité de vouloir. Il ne lui est pas demandé d’avoir un nouveau goût des choses, ni de nouvelles dispositions.
Cela ne devrait pas être, comme quelques uns le prétendent, quelque chose qui appartienne à la nature d’une personne, ce qui est impossible. La nature ne peut être sainte. La nature d’Adam à sa naissance n’était pas sainte. Qu’est-ce que la sainteté ? C’est une vertu, c’est l’action morale d’un être intelligent dirigée vers le bon but. Il est absurde donc de parler de sainteté ou de vertu comme une chose inhérente à sa nature.

2. Ce qui est attendu dans ce texte.
Ce que l’on attend du pécheur, c’est qu’il change l’objectif, le but directeur de sa vie. Un homme résolut d’être avocat. Il dirigea tous ses efforts et planifia sa vie pour atteindre cet objectif, sans se laisser distraire par toutes les choses qui auraient pu le faire dévier du but ultime. Après un temps, il changea d’avis et voulut être marchand. Il dirigea donc tous ses efforts vers ce nouveau but terrestre, et changea son coeur ou l’objectif qui le faisait vivre.
Les pécheurs, de même, ont choisi comme sens à leur vie la recherche de leur bien-être, dans leur propre intérêt, et ont vécu sans Dieu dans ce monde. Il leur est demandé de se détourner d’eux même et de choisir de servir Dieu: et quand ils s’exécutent, ils se font eux même un coeur nouveau, selon le sens que leur donnent les écritures.
Dieu est infiniment saint; non pas parce que sa nature est sainte mais parce que le but de sa vie est infiniment saint ou vertueux. Il est immuablement saint parce que son objectif est infiniment fort. Il connaît également toutes choses et cela depuis toute éternité. Il ne peut donc avoir aucun autre nouvel objectif et par conséquent pas de nouvelle motivation. Pour les temps à venir, il ne peut être conduit à changer le but de sa vie. Adam ne fut fait avec une nature ni sainte ni pécheresse. Quand il commença à agir, il choisit, comme but ultime pour sa vie, de servir Dieu. Il a été, après coup, dévié de son but initial par Satan, qui lui a suggéré qu’il pourrait devenir comme Dieu.
Souhaitant connaître cette position, il choisit de se faire plaisir. En faisant cela, il transgressa le commandement divin et devint un être égoïste, et par conséquent un pécheur.
Ainsi résolvons-nous aisément les questions qui ont longtemps empoisonnés les théologiens: « Comment Adam, qui était saint, pu devenir un pécheur? Comment le péché a pu entrer dans l’univers, sur la terre et au paradis, alors que Dieu a fait toutes ses créatures à sa ressemblance? » Adam changea son coeur ou le but de sa vie, en passant du bien au mal.
Maintenant imaginons qu’ après la transgression, Dieu, lorsqu’il est venu réprimander Adam, lui est aussi intimé de se repentir et de se faire un coeur nouveau. Et qu’Adam lui ait répondu:  » Je ne puis me faire un nouveau coeur ». Dieu lui aurait alors dit:
« Pourquoi ne pourrais-tu pas? C’est justement ce que tu viens de faire. Tu as changé ton coeur, ou le but de ta vie, en passant du but de me servir moi, à celui de satisfaire tes intérêts égoïstes. Maintenant, changes-en encore et reviens à moi ».

Notre capacité à ne pas changer le but de notre vie dépend de la force et de la permanence de cette intention. Les anges n’ont pas transgressé ce but, ni ne se sont révoltés, en raison de leur entière dévotion à aimer Dieu et à le servir. La nouvelle dévotion du jeune converti est bien un objectif de vie, mais elle est faible. Il sera bientôt parfait, s’il adhère complètement à cet objectif, en avançant résolument dans la vie chrétienne. Mais s’il l’abandonne cet objectif, il vivra de manière inconstante. Cela explique l’instabilité de nombreux chrétiens.
Il apparaît que le changement maintenant décrit, effectué par la simple volonté du pécheur sous l’influence de ces motifs, est un changement suffisant; et c’est tout ce que la bible demande. Voilà ce qui est nécessaire pour faire d’un pécheur un chrétien. C’est là tout le changement qui peut-être fait sur un agent moral. Je garantis que le changement est très différent pour les pécheurs qui ont été habitués à attendre quelque chose d’autre, et cela conformément aux enseignements qu’ils ont pu recevoir. Ils ont attendu sans bouger, oubliant par là qu’ils avaient à changer leur coeur; ils ont attendu que Dieu vienne soudainement et fasse sur leur âme une sorte de travail merveilleux, comme un homme qui va être électrocuté pour la première fois. Il doit tenir le câble électrique et attendre avec crainte ce choc soudain et indescriptible, qui va le changer sans qu’il sache comment. Un pécheur peut ainsi attendre jusqu’à la fin des temps sans jamais être converti. Le sentiment qui conduit à un tel enseignement et à cette attente passive est ainsi calculé pour envoyer les âmes à la mort et en enfer.

3. Ce commandement est raisonnable.
1. Parce qu’il demande aux hommes d’utiliser leur force d’une manière raisonnable. S’il est juste que Dieu requière des hommes qu’ils lui obéissent, il est donc juste qu’il leur en fixe l’objectif.

2. Parce que les hommes ont actuellement le contrôle de leurs facultés mentales et morales.

3. Parce qu’ils ont constamment l’habitude de contrôler leurs facultés et parce qu’ils changent chaque jour le but et l’objectif de leurs vies. Ce qui serait très étrange alors, c’est que les raisons de ces changements soient infinies, sans que les pécheurs en aient la capacité.

4. Parce qu’il est aussi facile de se fixer comme but le bien que le mal. Et l’un, lorsqu’on y pense, infiniment plus que l’autre. Comment viens alors la pensée que les hommes n’ont pas la capacité de faire le bien ? La réalité, c’est qu’il serait infiniment impossible de ne pas le faire, si les hommes ne résistaient pas sans cesse aux injonctions de vouloir le bien.

5. Parce que c’est indispensable à leur bien ; et qu’il leur est demandé, en d’autre terme, d’être heureux.

REMARQUES
1. Comme Adam l’a fait, les pécheurs se sont faits eux-mêmes un mauvais coeur, sans l’intervention de l’influence divine. Les enfants, quand ils commencent à agir, se font un coeur mauvais, en choisissant comme but ultime leur propre gratification. Recherchant leur propre bien-être, ils ont très tôt violé le commandement de Dieu et sont devenus pêcheurs.

2. L’idée que l’être du pécheur est passif dans sa régénération est une idée qui détruit les âmes. Elle conduit à l’absurdité suivante: une volonté passive.

3. Chaque pécheur impénitent est infiniment coupable de ne pas s’être fait un nouveau coeur. De ne pas avoir fait tout ce travail lui-même.

4. Dire « je ne peux pas aimer Dieu et me repentir » c’est se servir devant Dieu d’un péché pour excuser tous les autres.

5. Cette vue illustre de quel ordre est la dépendance du pécheur et de l’Esprit de Dieu. La seule nécessité de son aide ou de son influence se trouve dans l’obstination pernicieuse du pécheur. Et quand il convertit le pécheur, il vient seulement à bout de cette obstination.

6. L’Esprit use de moyens pour produire la conversion. Il ne vient pas et ne prend pas le contrôle du coeur pour exécuter une quelconque opération sur lui. Mais il lui présente des arguments par le moyen de la foi. L’Esprit le persuade et le pécheur se soumet à cette persuasion. Beaucoup ont supposé que l’Esprit agit par une action directe et immédiate, en agissant à la fois sur les motivations, pour leur donner de l’efficacité, ou pour faire en sorte que l’esprit de l’homme veuille ce que Dieu veut. Mais il n’y a ici aucun mystère.
Chaque chrétien sait comment il a été conduit à changer de conduite, de but de vie, ou de coeur. Il a été convaincu, persuadé, et amené à donner librement et sans contrainte son coeur à Dieu.
Et je ne sais pas qui est le plus grand infidèle, celui qui dénie l’action de l’Esprit lors de la conversion ou celui qui croit que Dieu a donné des moyens qui ne sont pas adaptés au but pour lequel ils sont employés.

7. Il y a un sens où les pécheurs se font vraiment un nouveau coeur.
Il y un sens où c’est Dieu qui le fait. Un autre où c’est le prédicateur. Et enfin un autre où c’est la vérité ou la Parole de Dieu qui le fait.
La bible, pour parler de la conversion, emploie ces quatre assertions.
La conversion peut-être imputée au sujet – le pécheur – qui change son propre coeur. Ou à l’instrument – le prédicateur – qui convertit les pécheurs et sauve les âmes de la mort.
Elle peut l’être également au moyen – la Parole -; les hommes sont engendrés par la parole de la vérité. Et enfin, elle peut être imputée à Dieu ou à l’Esprit. Ils sont nés de nouveau par l’Esprit.
Prenons un exemple.
Une personne se promène près des chutes du Niagara. Elle aperçoit devant elle un homme insouciant, perdu dans ses pensées, et qui marche vers les chutes.
Sans prendre garde où ses pas le mènent, il avance directement vers le précipice, inconscient du danger. Il va pour basculer dans le vide lorsque l’autre personne, voyant le danger, lui crie « Stop ! ». Il sort subitement de sa rêverie, et se détourne promptement du précipice et est sauvé. La foule l’entoure, et l’homme qui vient d’être sauvé, en proie à une très grande agitation, relate l’événement. « Cette personne que voilà m’a sauvé; elle a sauvé ma vie ». « Mais comment ? » Oh !, elle a crié stop ! au moment où j’allais passé par-dessus le parapet; et ce mot, stop, m’a arraché de la destruction. Oh ! si je n’avais pas détourné mes pas à cet instant, j’aurais été mis en pièce; Oh! c’est la miséricorde de Dieu qui m’a gardée d’une mort horrible ».
Cela illustre l’utilisation des quatre sortes d’expressions que l’on trouve dans la bible, en rapport avec la conversion des pécheurs, avec seulement une exception.
Dans le cas précédent, il n’y a eu que la voix de la personne qui donna l’alarme; mais, en ce qui concerne la conversion, il y a à la fois la voix du prédicateur et celle de l’Esprit. Le prédicateur crie « Stop » et l’Esprit crie également « stop ».

8. Si les pécheurs ne se soumettent pas à la vérité, ils sont inévitablement perdus.

9. Nous voyons la pertinence d’utiliser les moyens appropriés pour la conversion des pécheurs.

10. Il est plus probable que le pécheur soit converti par le prédicateur au moment où il lui parle, qu’après un temps de réflexion. Quelques uns ont supposé que presser le pécheur à se repentir sans délai serait plus difficile, et qu’il pourrait en résulter un faux espoir. Ils ont pensé qu’il valait mieux le laisser s’en retourner réfléchir et prier chez lui, pour lui laisser donner avec plus de libéralité son coeur à Dieu.
Mais comment fait l’avocat, lorsqu’il s’attache à changer le coeur des jurés et qu’il veut les gagner à sa cause ?
Est-ce qu’il dit: « Je leur parlerai pendant une demi-heure ou trois quarts d’heure, j’exposerai la loi, les faits, les arguments, et je les renverrai dans leurs foyers pour qu’ils puissent bénéficier d’une délibération plus calme? » Non. Il portera tous ses efforts pour changer leurs coeurs pendant qu’il leur parle. Ainsi en devrait-il être des prédicateurs, lorsqu’ils plaident devant des pécheurs.

11. Quand les ministres du culte ne comprennent pas ce sujet, ils utilisent des moyens pour la conversion des pécheurs qui sont soit trop faibles, soit inadaptés.

12. Si vous vous attendez à d’autres actions, que celles qui accompagnent les moyens, vous attendez en vain.

13. Comme vous êtes capable de changer votre propre coeur, vous en portez toute la responsabilité.
Changer vos coeurs vous sauvera; et rien d’autre ne le pourra.
C’est sur ce point que se joue votre destinée éternelle.

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