Qu’est-ce qu’un culte agréable à Dieu ?

par Pascal Denault, paru sur le site Le bon combat

Ceci est une réflexion basée sur Hébreux 12.28-29.

Mon épouse et moi avons été en voyage noce pendant deux mois en Floride. Dans chaque ville où nous sommes allés, il y avait plusieurs Églises chrétiennes. Comme nous nous sommes déplacés pendant ces deux mois, nous avons visité une Église différente chaque semaine. Nous avons visité des Églises méthodistes, presbytériennes, baptistes, etc. Comme l’offre de différentes Églises était si grande, celles-ci rivalisaient pour attirer les adorateurs. Souvent, l’enseigne de l’église indiquait également le genre d’adoration de manière à cibler une clientèle d’adorateurs. « Notre adoration est contemporaine. » « Nous chantons des hymnes classiques et des chants contemporains. »

De toute évidence, pour plusieurs de ces Églises, l’adoration était surtout vue comme une affaire de style qui varie selon les goûts et les « besoins » de la clientèle. Lorsqu’on aborde la question de l’adoration et du culte dominical, certaines questions sont incontournables. Pour qui est le culte : pour Dieu ou pour l’homme ? Dieu est-il indifférent au « style » d’adoration ou cela l’importe-t-il ? Qu’est-ce que Dieu veut comme adoration et comment peut-on le savoir ?

Si nous croyons que tous les styles d’adoration sont une bonne chose, puisqu’ils permettraient à tous les adorateurs d’y trouver leur compte, c’est probablement que nous concevons l’Église comme existant d’abord pour répondre au besoin des différentes communautés des hommes. Cela fait effectivement partie des buts de l’Église, mais ce n’est pas sa première raison d’exister. En se faisant « tout à tous » (1 Co 9.22), l’Église ne doit pas se convertir au monde, mais bien chercher la conversion du monde à la Parole de Dieu.

L’Église existe premièrement pour servir Dieu, le glorifier et l’adorer (Ep 1.12 ; Tt 2.14). En voulant exister premièrement pour rejoindre les perdus, certaines Églises en sont venues à voir le culte comme un moyen pour évangéliser. Le culte dominical serait donc la porte d’entrée dans le salut pour les non-croyants. Conséquemment, il devient nécessaire d’établir un culte qui intéresse les inconvertis. Il faut leur offrir un endroit, une ambiance, un message qu’ils trouveront pertinents et agréables et il faut laisser de côté ce qui pourrait être ennuyeux et repoussant. Une Église que je connais a récemment décidé de ne plus chanter de chants qui parlent du sang de Jésus ou de la croix, car ces « concepts » ne veulent plus rien dire pour nos contemporains et peuvent même les choquer (Ga 1.10, 5.11).

Une sœur que je respecte beaucoup me disait récemment que son Église avait pris cette direction. Elle me racontait comment la musique en particulier avait changé. Elle ne semblait pas certaine que ce changement soit une bonne chose, mais elle m’a dit : « En tous les cas, je n’aurais vraiment pas honte d’inviter des jeunes à l’Église, car c’est sûr qu’ils aimeraient notre musique. » Je me demandais intérieurement : « Aurais-tu honte d’inviter Jésus à votre Église ? Est-ce certain qu’il aimerait votre musique et votre culte ? Pour qui vous réunissez-vous, pour Dieu ou pour les hommes ? »

Le culte ne sert pas à évangéliser, mais bien à édifier. L’édification vient lorsque l’Église adore Dieu conformément à sa Parole. Bien entendu, plusieurs pécheurs se convertissent en entendant l’Évangile prêché lors du culte dominical. Cependant, nulle part dans la Bible ne retrouvons-nous l’idée d’un culte d’évangélisation, mais dans toute l’Écriture sainte il est question du culte d’adoration par lequel les croyants sont édifiés et des pécheurs sont convertis. Nous devons certainement inviter des non-croyants au culte d’adoration, mais ils ne peuvent rendent un culte véritable à Dieu avant d’être sauvés. Nous réussirons peut-être à attirer les foules en offrant un culte qui leur plait, mais attirer les foules et amener des pécheurs au salut sont deux choses différentes. Examinons ce que l’Écriture enseigne concernant le culte dominical, c’est-à-dire le culte du Seigneur. Nous utiliserons le texte d’Hébreux 12.28-29 pour diriger notre réflexion.

«C’est pourquoi, recevant un royaume inébranlable, montrons notre reconnaissance en rendant à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec piété et avec crainte, car notre Dieu est aussi un feu dévorant.»(Hébreux 12.28-29)

LA RECONNAISSANCE À DIEU POUR NOTRE SALUT SE DÉMONTRE PAR LE CULTE EN ÉGLISE

Si pendant un repas je vous demande de me donner le sel, il sera normal que je vous dise merci lorsque vous me le donnerez. Un seul merci suffira à exprimer toute la gratitude due pour m’avoir donné le sel. Par contre, si je vous demande de l’aide pour déménager et que vous me donniez une journée entière et beaucoup de sueur, probablement que pour démontrer ma reconnaissance plusieurs mercis devront être exprimés ainsi qu’une promptitude à vous rendre service. Si vous me sauviez la vie en me faisant don d’un organe ou en me secourant in extremis, je vous devrais une reconnaissance perpétuelle que les mots ne suffiraient pas à exprimer.

Quelle reconnaissance croyez-vous que nous devons à Dieu pour avoir livré son Fils à la mort sur la croix afin de nous délivrer d’une condamnation éternelle et de nous donner une vie impérissable dans la gloire de son royaume éternel ? Nous n’achèverons jamais et nous ne nous lasserons jamais de lui rendre grâce et de l’adorer pour sa bonté infinie envers nous. Chaque jour et plusieurs fois par jour nous le remercions et il en sera ainsi éternellement.       « C’est pourquoi, recevant un royaume inébranlable, montrons notre reconnaissance en rendant à Dieu un culte. »

Dans ce texte, cependant, il n’est pas question de n’importe quel culte en reconnaissance à Dieu, mais du culte dominical en Église. Le culte dominical sert à exprimer perpétuellement notre gratitude à Dieu pour son salut. Refuser d’y participer est une forme d’ingratitude puisque le culte est voulu par notre Seigneur qui nous a sauvés.

Plusieurs éléments du texte inspiré démontrent qu’il est ici question du culte dominical en Église et non de n’importe quelle forme de remerciement. Premièrement, le verbe utilisé est latreuo; ce verbe n’exprime pas simplement la piété de façon générale, mais bien l’adoration liturgique. Deuxièmement, chaque fois que ce verbe ou les mots de même famille sont employés dans l’Épître aux Hébreux c’est pour désigner le culte dominical de l’Ancienne ou de la Nouvelle Alliance (Hé 8.5, 9.9, 14, 10.2, 13.10). Troisièmement, la conjugaison à la première personne du pluriel indique qu’il n’est pas question d’une adoration privée, mais commune.

Le culte en Église sert donc à montrer notre reconnaissance envers Dieu pour sa si grande bonté envers nous. Le fait que le verbe montrer est conjugué au présent indique que l’action doit être répétitive. « Montrons continuellement notre reconnaissance en rendant à Dieu un culte en Église. » Est-ce que n’importe quel culte fera l’affaire ? Après tout, si la reconnaissance doit venir de nous, n’est-il pas normal que nous décidions comment lui rendre un culte pour qu’il soit sincère ?

Imaginez que je veuille utiliser l’anniversaire de mon épouse pour lui exprimer ma gratitude d’être une si bonne compagne. Afin de lui montrer la sincérité de ma reconnaissance, je l’invite dans mon restaurant préféré, j’invite mes propres amis et je lui offre en cadeau une boite de livres de théologie en lui disant : « Tu vois ma chérie comme je t’aime et comme je suis reconnaissant d’être marié avec toi… » Que pensera-t-elle de l’expression de ma gratitude ? Elle pensera que je voulais me faire plaisir et que je n’ai pas pris le temps de réfléchir à ce qui lui plairait. Et elle aurait parfaitement raison !

Il en va de même avec Dieu. Lorsque nous partons du principe que le culte est pour l’homme et que nous cherchons des moyens de le rendre agréable aux hommes et, qui plus est, à des hommes non régénérés, nous oublions le principal intéressé : Dieu. Notre texte ne dit pas simplement que nous devons montrer notre reconnaissance à Dieu en lui rendant un culte, mais en lui rendant un culte qui lui soit agréable. Dans le prochain article, nous verrons quel culte est agréable à Dieu.

 

 

Pascal Denault

Pascal Denault est pasteur de l’Église réformée baptiste de St-Jérôme. Il est titulaire d’une Licence (BA) et d’un Master en théologie (ThM) de la Faculté de théologie évangélique de Montréal. Pascal est l’auteur des livres Le côté obscur de la vie chrétienne (2019, Éditions Cruciforme) – Une alliance plus excellente (2016, Impact Académia) – Solas, la quintessence de la foi chrétienne(2015, Cruciforme) – The Distinctiveness of Baptist Covenant Theology (2017 Revised Edition, Solid Ground Christian Books).

 

5 comments On Qu’est-ce qu’un culte agréable à Dieu ?

  • LE CULTE DOMICAL ?OU C’EST ÉCRIT DANS LA BIBLE QU’IL FAUT CÉLÉBRER LE DIMANCHE UN CULTE À DIEU…VOUS SUIVEZ L’ÉGLISE CATHOLIQUE VOTRE MÉRE D’OU VOUS SORTEZ.!JÉSUS LUI MÊME À RESPECTÉ LE SABBAT ET NON LE DIMANCHE…!

    • Bonjour,
      Merci pour votre réflexion. Certains adorent le samedi, d’autres le dimanche, d’autres encore tous les jours : «Tel fait une distinction entre les jours; tel autre les estime tous égaux. Que chacun ait en son esprit une pleine conviction. Celui qui distingue entre les jours agit ainsi pour le Seigneur. Celui qui mange, c’est pour le Seigneur qu’il mange, car il rend grâces à Dieu; celui qui ne mange pas, c’est pour le Seigneur qu’il ne mange pas, et il rend grâces à Dieu» (Romains 14/5).
      Je ne vois donc pas matière à dispute.

      • Bonjour!
        Ah vaste sujet que le Shabbat. Moi aussi je répondais il y a quelques temps qu’il n’y a pas de jour plus spécial qu’un autre, que le shabbat de toute façon c’était pour les juifs…
        Bon je vous le dit en vérité j’avais tord, le shabbat a existé depuis la création en génèse 2 et subsistera jusqu’à la fin du monde.
        Genèse 2 : 2 « Dieu acheva au septième jour son oeuvre, qu’il avait faite: et il se reposa au septième jour de toute son oeuvre, qu’il avait faite. Dieu bénit le septième jour, et il le sanctifia, parce qu’en ce jour il se reposa de toute son oeuvre qu’il avait créée en la faisant. »
        Esaie 66 : 22 « Car, comme les nouveaux cieux Et la nouvelle terre que je vais créer Subsisteront devant moi, dit l’Eternel, Ainsi subsisteront votre postérité et votre nom. A chaque nouvelle lune et à chaque sabbat, Toute chair viendra se prosterner devant moi, dit l’Eternel. »

        En réalité le shabbat est une bénédiction que Dieu a fait pour l’homme. Il est tout sauf un fardeau/joug comme je le pensais auparavant.

        Voici une vidéo qui parle du sujet plus en détails ( je vous conseil vivement de regarder et de prier à ce sujet pour que le Seigneur vous montre comment Lui il considère ce jour).
        Le verset que vous avez cité est hors contexte, Paul parlait ici des jours de jeûnes, d’où l’histoire de manger ou de ne pas manger mentionné dans le verset. Il n’est pas question ici de remettre en question le sabbat.
        D’ailleurs Jésus ne nous a t’il pas dit en Matthieu 24 de prier pour que notre fuite n’arrive pas un jour de shabbat? 🙂

        https://www.youtube.com/watch?v=i1Qrm5CKiUM

        Soyez béni.

  • Bonsoir,

    En même temps le culte agréable, est-ce la rencontre communautaire ou le sacrifice vivant offert corps âme et esprit à Dieu quotidiennement ?
    C’est sûr qu’envisagé de cette façon (par ailleurs pleinement en phase avec la pensée biblique ) on entrerait dans le vif du sujet qui dépasse complètement les ombres et formes pour nous faire entrer dans la réalité du « Repos » en Jésus: « l’autre jour » d’Hébreux 3, conçu comme une obéissance non pas à notre propre volonté mais à celle de Celui dont nous sommes censés porter le joug.
    Enfin je veux dire selon l’esprit ces textes
    -Hébreux 3/7 – l’obéissance totale à Sa voix dans l’Aujourd’hui (le sacrifice vivant quotidien).
    -Esaïe 58/13: ne pas faire sa propre volonté mais la Sienne.

    Ce que j’en dis? c’est qu’on peut se focaliser sur la forme (le jour visible matériel) et rater l’essentiel fondamental et par conséquent passer complètement à côté du vrai Repos dans lequel nous sommes appelés à rentrer.
    Car en réalité à quoi me sert de savoir que je dois me réunir tel jour plutôt que tel autre si mon souci n’est pas de porter quotidiennement le joug le Christ du dimanche au samedi ?

    Sinon c’est un peu dommage que le débat se cantonne au culte communautaire; il me semble que le culte agréable dont question, est avant tout personnel individuel ce que chacun amène pour être consumé sur l’autel; du reste n’est ce pas de cela aussi que dépendra le culte communautaire ?

    Je ne suis pas tout à fait sûre que le texte d’Hébreux 12/28 pris à l’appui de ce texte parle spécifiquement ou exclusivement du culte communautaire. N’empêche l’auteur soulève des points intéressants, notamment lorsqu’il dit que le culte ne sert pas à évangéliser mais à édifier.
    Il y a malheureusement dans les faits un glissement en ce sens. Mais quand on y réfléchit, amener un inconverti au culte communautaire n’a pas de sens car le culte est ce qu’on offre collectivement à Dieu. L’inconverti peut-il participer à l’adoration du Corps alors qu’il ne fait pas parti du corps? A vouloir amener des incroyants dans les temps de culte communautaires on risque de concevoir les réunions du culte communautaire comme des temps de spectacle à destination d’un public, ce qui ne devrait pas être le cas.
    Selon la pensée biblique, il est dit que le Saint Esprit rajoute à l’église l’ensemble de ceux qui sont sauvés. ça veut dire que c’est après qu’ils aient été sauvés qu’ils deviennent participants du Corps et donc du culte communataire pas avant.
    Maintenant, il ne devrait pas être interdit d’inviter un incroyant lors d’un culte communautaire si on y est conduit, tant qu’il est clairement admis que bien que présent’de corps il ne pourra pas participer au culte dans la mesure où il n’a pas en lui l’esprit qui permet d’adorer Dieu en esprit et en vérité; fredonner 2 ou 3 chants chrétiens en chœur dans une assemblée tout le monde peut le faire, ce n’est pas ce qui fait un chrétien. S’il n’est pas touché en son esprit il repartira comme il est venu. Il ne faudrait surtout pas considérer que tous ceux qui sont au culte communautaire sont des sauvés, c’est devenu ça peu à peu. Mais c’est l’Esprit qui marque ceux qui appartiennent à Dieu et c’est pas le registre de l’église qui l’indique mais celui des cieux.

    Cependant il est au moins un passage dans la bible qui laisse penser que des inconvertis peuvent être convaincus de péché lors d’un rassemblement du culte communautaire alors que l’Esprit se meut au sein du Corps pour l’édification commune : 1 Corinthiens 14/ 23? 24 et 25.

    Pour revenir à ce que je disais au début (et un peu au milieu) je crois que le culte agréable à Dieu est aussi en rapport avec Romains 12/1 et 2. C’est ça qui nous fait entrer dans le Sabbat divin du repos en Christ qui sanctifie notre esprit et purifie notre cœur et renouvelle notre intelligence jour après jour .

  • Désolée un oubli :
    j’ai cité Hébreux 3/7 concernant l’obéissance à sa voix dans l' »Aujourd’hui »pour rentrer dans Son repos, mais j’avais aussi en tête Hébreux 4/7 qui se situe dans le même esprit : « le nouveau jour fixé par Dieu pour notre repos et qui est l' »Aujourd’hui », le « quotidiennement » en Lui.
    C’est quand même mieux quand on se relit :-))

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