Tout don doit être volontaire, effectué sans pression, avec joie : «Que chacun [fasse] selon qu’il se l’est proposé dans son coeur, non à regret, ou par contrainte, car Dieu aime celui qui donne joyeusement» (2 Cor. 9:7). Toute obligation, officielle ou non, transforme le don en impôt, en un dû.
Certaines formes de collectes utilisent des «techniques» pour obtenir davantage des participants : par une pression sentimentale, par une avalanche de promesses dans la rétribution céleste, chatouillant l’amour-propre des gros donateurs, qui sont alors mis en évidence, etc. Tout ceci ne fonctionne pas selon les principes du Royaume et ne participe pas à sa construction.
PAR AMOUR
La charité envers le prochain est active, ou morte.Le désintérêt de nous-mêmes, et l’amour du prochain, nous amène à un investissement substanciel en sa faveur. «La charité ne cherche pas son intérêt» (1 Corinthiens 13:5).
Jacques stigmatise la foi insensible et inactive (Jac. 2:14/17), et Jean lie l’action de la charité à la vérité : «N’aimons pas en parole et avec la langue, mais en actions et avec vérité. Par là nous connaîtrons que nous sommes de la vérité» (1 Jean 3:18-19).
Mais le texte le plus connu et le plus stimulant se trouve dans la bouche de Jésus lui-même : «Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire …» (Mat. 25:35).
Tous engagement réel est aussi un engagement financier; or, si Christ lui-même en est le bénéficiaire dans la personne de mon prochain, comment pourrais-je en négocier le montant ?
POUR LE ROYAUME DE DIEU
Après avoir démontré l’inutilité et l’injustice des soucis pour les biens matériels, Jésus conclut : «cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu …» (Mat. 6:33).Lui-même, notre modèle, n’a jamais calculé en pourcentage son engagement.
UNE DIRECTION SPIRITUELLE
Au sujet de la gestion des dons faits à l’Eternel, Moïse a démontré une grande maturité spirituelle lors de la construction du tabernacle. Un appel avait été proclamé devant toute l’assemblée pour des offrandes volontaires en argent et en nature (voir Exode 35:4-9). «Tous ceux qui furent entraînés par le coeur et animés de bonne volonté vinrent et apportèrent une offrande à l’Eternel pour l’oeuvre de la tente d’assignation, pour tout son service, et pour les vêtements sacrés» (Exode 35:21). Et les offrandes dépassèrent rapidement les besoins ! Alors Moïse fit stopper les dons ! «Moïse donna l’ordre de faire passer dans le camp une proclamation en ces termes : Que personne, homme ou femme, ne travaille plus en vue de l’offrande prélevée pour le lieu saint. On empêcha ainsi le peuple d’en apporter» (Exode 36:6).
En laissant se prolonger l’afflux des offrandes, Moïse aurait obtenu bien davantage. Il aurait alors couru le risque de l’employer hors de la direction de Dieu: construction d’annexes, de presbytères, de sacristie, tapis pour le sol, etc … Il aurait ainsi corrompu le plan de Dieu et l’image prophétique de tout ce que représentait cette habitation de Dieu.
Aurions-nous aujourd’hui la maturité d’arrêter les dons ? Cette question peut faire sourire peut-être, tant l’éventualité où les offrandes dépasseraient les besoins semble inimaginable. Toutefois, il arrive que des serviteurs de Dieu, à la direction d’oeuvres ou d’églises, récoltent beaucoup d’argent, grâce à l’onction attractive de Dieu dans leur ministère, et grâce aussi quelquefois à leur propre attraction personnelle. On peut supposer que, parfois, certains obtiennent malheureusement au-delà de l’oeuvre précise que Dieu a placée dans leur vie. Ils sortent alors du plan réel de Dieu, bien que ceci soit rarement perçu comme tel.
Même si cette situation s’avère rare, la leçon essentielle de cet épisode de l’histoire du peuple hébreu demeure : la direction financière dans l’oeuvre de Dieu exige des qualités spirituelles. L’argent n’est pas un but en lui-même. Il doit être géré et employé sur des directions de Dieu. D’ailleurs, dans l’église de Jérusalem, les apôtres présidaient à la question financière : «Tous ceux qui possédaient des champs ou des maisons les vendaient, apportaient le prix de ce qu’ils avaient vendu, et le déposaient aux pieds des apôtres» (Actes 4:34-35).
Article de Jean-Marie Ribay/extrait du livre du même nom/paru dans le n°31 du Sarment