« Je me suis converti en 1983. Jésus m’a saisi et j’ai vécu une conversion radicale. J’étais chef de gang dans le milieu des punks – la drogue, les armes, etc… – au cours d’une rixe, j’ai reçu un coup de batte de base ball en pleine tête, et je me suis retrouvé à l’hôpital.
C’est Jésus qui m’a arrêté … On m’y a parlé de Dieu et quelques mois plus tard, je me suis retrouvé pour la première fois de ma vie dans une église ; ça a été un choc culturel ! Et quelques semaines plus tard, j’ai fini par capituler et j’ai prié : je me suis donné à Jésus, et comme cadeau de bienvenue, Il m’a complètement délivré de la drogue, et je suis devenu dans l’église « le punk qui s’était converti ».
On me sortait de ma boîte pour donner mon témoignage, parce que mon cas n’était pas ordinaire. Sept mois plus tard, j’ai reçu le baptême dans le Saint-Esprit, c’était le 31 juillet 1984, et j’ai rencontré celle qui allait devenir ma femme.
Dans la suite, le feu a continué de croître dans ma vie, jusqu’en 88 où j’ai commencé à Le servir. J’étais responsable d’un groupe de jeunes et je tournais dans une équipe d’évangélisation, jusqu’en 1995, où j’ai été appelé à être Pasteur, et à fonder une oeuvre.
Nous nous sommes donc retrouvés à Poitiers, et tout allait merveilleusement bien. En une année, nous avions une église, une école biblique, une seconde église naissante, et j’ai commencé à vivre les prophéties qu’on m’avait données auparavant. Mais à l’intérieur de moi, j’avais une insatisfaction, mais que je contenais et que je faisais taire.
J’ai commencé à écrire des livres qui ont bien marché (un autre miracle car je n’avais pas les capacités pour faire ces choses). Et le 31 décembre 2001, alors que nous faisions une veillée à l’église, j’ai reçu un verset (Amos 4/12) qui a résonné très fort en moi « Prépare-toi à rencontrer ton Dieu ».
J’avais eu des paroles auparavant qui semblaient aller dans le même sens mais je n’y prêtais pas plus d’attention.
Le début de l’année a commencé très vite, et j’ai démarré sur les chapeaux de roues : j’ai accepté les invitations, les conférences en France et à l’Étranger ; je préparais mes cours de l’école biblique et en même temps j’écrivais un livre … j’avais commencé à travailler la nuit, et je me livrais à une sorte d’hyperactivité.
Puis j’ai été invité pour une semaine d’enseignement sur « la guérison » ; il y avait six ou sept heures d’enseignement par jour à assurer, et le soir une réunion plénière qu’il fallait conduire.
Le premier jour où je suis arrivé, j’ai commencé à souffrir d’une infection urinaire, mais le contexte dans lequel je me trouvais (prêcher la guérison) m’imposait de garder le silence sur mon état. Les choses ont empiré très vite, car je ne me suis pas soigné. J’ai passé nuit blanche sur nuit blanche, et le vendredi matin, je me sentais très mal.
J’étais fiévreux, je tremblais, et brutalement, alors que j’étais en train d’enseigner, mon corps a commencé à être secoué, mais ce n’étais pas l’onction du Saint-Esprit. Je faisais tout ce que je pouvais pour tenir le choc de cette dernière journée. Encore cette ligne droite, et après je pourrai me reposer. Mais tout s’est précipité : je tremblais, mes dents s’entrechoquaient et je ne parvenais plus à parler. J’ai interrompu la réunion et j’ai demandé à changer de pièce.
Là, je me suis couché au sol, et j’ai été saisi de convulsions violentes. On a découvert plus tard que la cause était que je souffrais d’une septicémie aigüe. L’infection avait gagné tout mon corps et j’avais un empoisonnement du sang, et j’ai senti que les choses allaient très, très mal. Certaines fonctions de mon corps ne répondaient plus, et je commençais à prier pour ma femme et pour mes enfants : je sentais que j’étais en train de partir, et que la mort m’envahissait. Je suis arrivé au moment le plus critique, celui où on passe « de l’autre côté », et soudainement Jésus m’a touché, je me suis senti saisi.
Ce moment où mon corps est resté comme suspendu entre la vie et la mort a duré ¾ heure.
Je me suis retrouvé avec Lui, je n’étais plus dans mon corps. J’ai comparu devant Lui.
Vous savez, cela faisait dix-neuf ans que je priais « Seigneur, fais-moi voir Ta face ». Je VOULAIS voir Sa face. Mais dans ma « petite tête » de chrétien, j’avais prévu un autre scénario que celui que j’étais en train de vivre.
Je me suis retrouvé devant Lui, et je L’ai vu comme je vous vois. La Bible dit « Nul ne peut voir Sa face et vivre » … et de L’avoir vu, ça m’a complètement tué. Ça a tué d’une certaine manière mon ministère tel qu’il était, ça a tué ma vision, la vision que j’avais de l’Église, ça n’a rien laissé d’intact. J’ai été complètement laminé. Tout a été comme détruit.
Je veux vous dire avec force que Jésus existe. Peut-être trouvez-vous bizarre que je vous le dise, mais j’ai besoin de l’affirmer : Il existe vraiment. Ce n’est pas une carotte pour faire avancer les ânes chrétiens. Cela ne relève pas des contes et légendes charismatiques : Il existe VRAIMENT. Il est amour comme la Bible le dit, et Il est saint comme la Bible le dit.
J’étais devant Lui, et je savais que j’étais sauvé. L’assurance de mon salut était avec moi, cette question était réglée, et je sentais Son amour qui sortait de Lui d’une manière extraordinaire. C’était tellement fort. J’ai senti aussi Sa sainteté comme jamais je ne l’avais sentie dans ma vie, et elle me brûlait. Et j’ai fait l’erreur de Le regarder dans les yeux … et je ne parvenais plus à détacher mon regard : Ses yeux ne sont pas « comme » des flammes de feu, mais Ses yeux SONT des flammes de feu. Au moment où Il vous regarde, tout est brûlé à l’intérieur, et vous savez qu’Il voit tout.
Et quand Il parlait, j’entendais Sa voix à l’extérieur, et en même temps Sa voix résonnait puissamment à l’intérieur de moi, où tout était ébranlé.
Et là, Jésus a commencé à me montrer ma vie chrétienne. Il ne m’a pas montré toutes les bêtises que j’ai fait avant de le connaître : je m’étais repenti et ces choses étaient mises en oubli. Mais Il m’a parlé de ma vie chrétienne. Il m’a montré tout ce que j’ai fait pour Lui, en me faisant écouter les motivations de mon coeur, mes desseins secrets, et je voyais que pas une oeuvre n’était pure. Il m’a montré tout ce que j’ai fait pas orgueil, tout ce que j’ai fait par esprit de compétition, y compris dans le ministère, pour avoir la reconnaissance des autres, pour attirer la gloire sur moi, et ce moment a été terrible.
Sur la terre, je récoltais beaucoup d’applaudissements, mais là, le jugement était tout autre. J’espérais que certaines choses seraient oubliées, mais Il n’a rien oublié. Je pensais que certaines oeuvres seraient agréées, mais aucune ne l’a été. A chaque fois qu’Il me montrait, je disais « oui, c’est vrai ».
A ce moment, je savais que j’étais sauvé, mais j’ai vu ma récompense partir en fumée. Je me souvenais que la Bible dit qu’il faut bâtir avec de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, et bien sûr j’avais construit pas mal de choses, mais je voyais que c’étaient des oeuvres de paille dont il ne resterait que des cendres lorsqu’elles passeraient par le feu.
Oui, bien sûr, il y avait des gens qui avaient eu leur vie transformée au travers de moi … mais le Seigneur est capable d’utiliser un âne pour parler à quelqu’un, alors ce n’est pas cela qui pouvait faire que je reçoive une récompense là-haut.
Je découvrais qu’en fait, je m’étais servi de Lui, mais je ne L’avais pas servi. Et voir cela a été terrible. Tout est passé au crible. Il m’a montré que j’avais exercé le ministère en servant une idole. Et Il m’a montré « quelle » idole. Si un chrétien m’avait dit çà, je me serai mis en colère, mais là c’était Jésus et je ne pouvais que l’accepter.
Depuis mon enfance, j’étais toujours malade, continuellement faible, et j’avais idéalisé et idolâtré la puissance et la force, au point de haïr la faiblesse. Je me menais la vie très dure. Je haïssais la faiblesse chez moi, mais pire : je la haïssais chez les autres. J’avais du mal à avoir une communion fraternelle avec quelqu’un parce qu’il sentait tout de suite une exigence de ma part. Je n’épargnais personne et j’étais très dur.
Le Seigneur m’a délivré de cette idolâtrie, et je peux me présenter devant vous libre de tout besoin de performance. Pendant dix-neuf ans, mon service pour Dieu a été charnel, entaché de mauvaises motivations. La Bible dit que nous allons comparaître devant Christ, et les desseins des coeurs seront révélés et c’est ce qui m’est arrivé. Esaïe dit «malheur à moi parce que je L’ai vu », et au moment où je comparaissais devant Lui, je ne savais pas que j’allais revenir sur terre. (Dans ma douleur) je pensais « j’ai sacrifié ma vie de famille, j’ai traité rudement mon corps, mais comme un spartiate, pas comme quelqu’un de spirituel ». Je n’étais pas comme un fils, j’étais comme un serviteur, j’étais un mercenaire.
Certaines personnes me demandent parfois si Dieu ne m’a pas révélé des choses bonnes … oui, bien sûr il y a eu des choses bonnes, mais mes yeux se sont fixés sur ce qui n’allait pas, et il y en avait tant que cela cachait tout le reste. Cela m’a brisé. Je me sentais comme ces personnes qui s’approchent du Seigneur à la fin et qui Lui disent « N’avons-nous pas prophétisé en ton Nom ? N’avons-nous pas chassé des démons et fait beaucoup de miracles ? » et auxquels Il répondra « Retirez-vous de moi, ouvriers d’iniquité ; je ne vous connais pas ».
Vous savez, ces gens ont vraiment prophétisé et fait des miracles authentiques, ils ont vraiment chassé des démons, mais la réponse de Jésus est implacable. Savez-vous pourquoi ? Parce que ces gens n’avaient pas pris le temps de faire connaissance avec Lui.
Et je me suis rendu compte que j’étais passé moi aussi à côté du but.
Le Seigneur me disait qu’Il était fier de moi, du temps que je passais avec la Parole de Dieu. Je n’en tire aucune gloire parce qu’il m’est plus dur de prier que d’étudier la Parole. Je peux passer plusieurs heures par jour et je ne vois pas le temps passer car vraiment je me régale. Et le Seigneur m’a dit « J’ai été honoré de la manière dont tu as recherché la Vérité en tant que Parole ; et j’aurais voulu que tu déploies le même zèle à rechercher la Vérité … en tant que Personne ».
Je me suis rendu compte que l’oeuvre la plus importante de la vie chrétienne, c’est de Le connaître. Ce n’est pas « faire », mais c’est « Le connaître ». Ce n’est pas connaître des choses sur Lui, mais c’est Le connaître Lui. On peut passer à côté de l’essentiel, faire plein d’oeuvres, s’appeler « apôtre », « prophète des nations » et s’inventer tout un tas de titres bidons en pure perte. Dieu n’est pas impressionné par nos cartes de visite, ni par nos titres ; ce qu’il veut, c’est qu’on Le connaisse Lui. La chose la plus importante, celle que nous allons emporter de l’autre côté, c’est ce que nous aurons connu de Lui. « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé », c’est l’apôtre Jean qui le rapporte. Vous pensez avoir la vie éternelle ? C’est cela la vie éternelle.
Ma vie chrétienne était occupée et remplie de choses à faire pour Lui, plutôt que de Le connaître Lui. Ce n’est pas pour rien que le plus grand commandement c’est « tu adoreras l’Eternel ton Dieu de toutes tes forces, de toute ton âme, de toute ta pensée … et tu Le serviras Lui seul ». D’abord l’adoration, d’abord la communion, d’abord le contact, puis le service.
Et moi, j’avais mis tout à l’envers. J’avais mon identité dans ce que je faisais pour Lui ; non dans ce que j’étais, mais dans ce que je faisais.
Un des buts recherchés par Dieu n’est pas de nous écraser ou de nous prouver que nous sommes nuls (si nous sommes honnêtes avec nous-mêmes, nous pouvons le voir seuls) et ce n’est pas non plus de former en nous une image négative de nous-mêmes, mais son intention c’est que nous ayons une prise de conscience, qui nous amènera dans un brisement. Dieu cherche des coeurs brisés. Dieu cherche des gens qui n’ont plus d’illusions sur eux-mêmes.
Pour ma part, le fait d’avoir comparu devant Lui a consumé mes illusions.
Si vous m’aviez connu avant le 1er mars 2002, vous auriez rencontré un homme sûr de lui. Maintenant je ne suis plus sûr de moi, je suis sûr de Lui. Car j’ai été tellement déçu par ce que j’ai vu. Je me suis rendu compte que rien de bon n’habite dans l’homme. Cela fait vingt ans que je connais le Seigneur, et j’ai passé beaucoup de temps en prière, en jeûnes, en lecture de la Parole, en discipline spirituelle … eh bien tout cela n’a pas amélioré ma chair ; elle est toujours aussi pourrie.
Ce que j’ai appris lorsque j’étais en face de Lui, c’est que quand Il est mort sur la croix, ce n’était pas pour rafistoler nos vies. Je me suis rendu compte que pendant les quinze années où j’ai prêché, j’ai prêché un faux évangile ; car j’ai prêché un Jésus qui est mort sur la croix uniquement pour que nous soyons guéris, uniquement pour que nos péchés soient pardonnés, uniquement pour que nous soyons sauvés des conséquences du péché, et je m’en repens sincèrement et amèrement.
En réalité, Il nous a englouti dans sa mort afin que nous soyons morts avec Lui et qu’Il puisse vivre au travers de nous. Il n’est pas intéressé à ce que nous ayons une belle vie, Il n’est pas intéressé à ce que nous soyons guéris et que nous menions une vie indépendante de Lui, Il n’est pas intéressé de rafistoler nos vies. Ce qu’Il désire, c’est que nous soyons morts avec Lui afin de ressusciter avec Lui. Il nous veut en Lui, le connaissant intimement.