Extrait du livre de J. Penn-Lewis et Evan Roberts « La Guerre aux saints », écrit dans le sillage du Réveil du Pays de Galle, et qui est le fruit de nombreuses observations et expériences spirituelles. Maintes fois décrits comme des ennemis du Réveil, comme des adversaires des manifestations spirituelles, les auteurs ont largement démontré par leur témoignage et leur service qu’il n’en était rien. Ces voix résonnent encore fort dans un domaine obscur, où l’ennemi trompe son monde trop facilement, et ces enseignements pourraient bien encore sauver un grand nombre de la séduction et de l’erreur.
Une croyance assez généralement répandue, c’est que seuls, certains chrétiens privilégiés peuvent s’occuper des cas de possession, et les guérir en chassant les démons. Est-ce là l’enseignement des Écritures ? N’est-ce pas à tous ses disciples que Jésus s’adresse lorsqu’il dit : vous chasserez les démons en mon nom.
Cependant, chasser les démons ne détruit pas la raison de leur pénétration chez l’homme ; il y a donc danger de les voir revenir à leur habitation : « Lorsqu’un esprit immonde est sorti d’un homme, il va par les lieux arides cherchant du repos, et il n’en trouve pas. Alors il dit je reviendrai dans ma maison d’où je suis sorti » (Mat. 12/44). Il faut donc traiter la cause qui, selon le genre de possession dont nous nous occupons, est toujours L’ERREUR, LES MENSONGES QU’ON A ACCEPTÉS COMME VÉRITÉS.
Lorsqu’il y a apparence de guérison, et qu’il semble que le mauvais esprit s’en est allé, il ne faut pas conclure à une délivrance radicale. Il n’y a peut-être que suspension momentanée des manifestations de sa présence. Ou bien, certains symptômes cessent ; mais d’autres se manifestent plus ou moins déguisés, et le regard non exercé ne pourra pas les discerner. Pour que la guérison soit parfaite, il faut que la racine du mal soit arrachée et le terrain d’occupation supprimé.
Lorsque la possession est si grave que la personnalité a presque disparu, il peut y avoir soulagement immédiat. Mais quand l’ennemi s’est artificieusement dissimulé dans le corps ou l’intelligence, de façon à mêler intimement son action aux fonctions de l’organisme, ou aux actions de la personne, cette délivrance n’est pas obtenue par le seul fait de chasser les démons. Il faut encore faire pénétrer la lumière de la vérité pour amener la volonté à refuser énergiquement toute ingérence de l’ennemi, et à supprimer en même temps les causes de son intervention.
Le tout premier pas sur le chemin de la liberté et de la délivrance, c’est la CONNAISSANCE DE LA VÉRITÉ, vérité sur la nature des expériences religieuses que le croyant a faites. Certaines expériences lui ont peut-être paru incompréhensibles, et elles l’ont jeté dans la perplexité ; ou bien il a cru à leur origine divine et il s’est laissé séduire. Pour être délivré de la séduction, il faut découvrir la vérité et se l’approprier. Or, regarder la vérité en face dans ces cas de « séduction spirituelle », c’est accepter que le bistouri taille à vif dans l’amour-propre et l’orgueil. Il faut un grand attachement à la Vérité – que Dieu désire voir régner dans les profondeurs de l’être – pour accepter que celle-ci tranche, blesse et humilie. Cet effondrement de la séduction est fort douloureux à la nature humaine. Quoi de plus pénible que de découvrir qu’on s’est laissé séduire, qu’on a été le jouet de l’ennemi alors qu’on se croyait si spirituel, si avancé dans les choses de Dieu, et qu’on était persuadé de n’obéir qu’au Saint-Esprit ?
La victime n’était-elle donc pas très avancée, spirituellement parlant ? – Elle était d’un degré au-dessus de « l’homme charnel » ; mais elle n’avait pas atteint le but. Le point d’arrivée de la première étape n’est que le point de départ de la seconde. En se croyant parvenue au but, elle a cru au mensonge : mensonge sur elle-même et mensonge à l’endroit de ses expériences spirituelles. Elle n’était pas aussi avancée qu’elle le croyait ; et la vérité se fait jour en elle, pénible, douloureuse. Il ne lui est pas facile de renier absolument ce à quoi elle a cru si absolument.
Ne marchait-elle pas selon l’esprit ? – Elle peut avoir fait des expériences spirituelles, mais ceci ne garanti pas sa spiritualité. L’homme spirituel vit selon l’esprit, peut lire les indications de son esprit, collabore avec l’Esprit de Dieu. Une expérience, un événement mémorable signalant l’entrée du croyant dans le monde de l’Esprit ne rendent pas celui-ci spirituel.
Le croyant revendiquait donc une position qu’il n’occupait pas en réalité. A mesure que la vérité pénètre en lui, il s’aperçoit qu’il n’était ni aussi spirituel, ni aussi avancé qu’il le croyait, et ses prétentions à l’infaillibilité s’écroulent. Il avait bâti à faux. Le doute, ce doute licite, nécessaire, qui pousse à examiner et analyser toutes choses, pénètre enfin dans sa pensée. Il voit que ce qu’il croyait être une expérience finale, connue de quelques rares privilégiés, n’est qu’un nouveau point de départ, et qu’il n’est que sur les confins de la connaissance.
La Vérité fait son oeuvre : elle chasse l’ignorance, la séduction et le mensonge, et fait pénétrer la connaissance. Ignorance, erreur, mensonge, passivité, voilà les assises sur lesquelles l’ennemi construit silencieusement ses châteaux forts et ses redoutes les plus avancées au sein de l’humanité.
A la lumière de la VÉRITÉ, l’homme doit être amené à reconnaître franchement sa condition et à dire :
Je crois qu’il est POSSIBLE qu’un chrétien soit séduit et possédé par les mauvais esprits ; il est donc possible que JE sois séduit ; pourquoi, comment suis-je séduit ?
Ensuite, il faut qu’il admette que quelque chose en lui a donné prise à l’ennemi, qu’il existe en lui un « terrain de séduction » et qu’il le découvre. Et d’abord, qu’est-ce qu’un « terrain » ? S’il n’est pas au clair sur ce point, il pourra se laisser séduire : attribuer à la possession ce qui relève de toute autre chose, et attribuer à quelque autre chose ce qui découle de la possession. Par exemple, il confondra le combat quotidien de l’esprit contre les puissances des ténèbres avec le conflit qui résulte de la possession.
Si la séduction et la possession existent depuis longtemps, les esprits mauvais amènent fréquemment la victime à prendre position contre ceux qui s’emploient à sa délivrance, donc à combattre elle-même contre sa délivrance et à empêcher que la séduction ne soit exposée au grand jour.
Un autre obstacle à la délivrance, c’est l’attitude prise antérieurement par le croyant : il lui répugne d’avoir à analyser et à rejeter les choses qu’il a si longtemps acceptées comme divines.
La base de la délivrance, c’est la Victoire de Christ, c’est la Croix du calvaire. EN CETTE VICTOIRE, TOUT CROYANT TROUVE PLÉNITUDE DE VICTOIRE ET DÉLIVRANCE, s’il veut s’approprier l’une et l’autre comme Dieu l’y convie. A mesure qu’il reconnaît les séductions de l’ennemi, et que, de toute sa volonté, il les rejette, il doit, se basant sur l’oeuvre expiatoire de Christ telle que l’exposent Rom. 6/ 6-13 ; 1 Cor. 2/15 ; Jean 3/8, et autres passages, réclamer sa délivrance.
Comme il y a des degrés de séduction et possession, il y a des degrés de délivrance qui correspondent à la compréhension du croyant, à son intelligence des faits, à LA BONNE VOLONTÉ QU’IL MET À SE PLACER EN FACE DE LA VÉRITÉ.
Pendant que s’opère la délivrance, il doit rester très particulièrement enté en Christ, être une même plante avec Lui en Sa mort, pour s’unir à Lui en Sa vie de résurrection et d’ascension (Eph. 1/19-23). Par une foi vivante, il restera uni au Chef – la Tête – puisque c’est le Seigneur qui, par Son Esprit, dispense la grâce et la force nécessaires (Col. 2/19 ; Héb. 4/16), pour reconquérir sur l’ennemi le terrain saisi dans le corps ou l’intelligence.
Il faut que l’homme AGISSE ; qu’il agisse pour briser la passivité ; qu’il agisse pour retirer le CONSENTEMENT autrefois donné aux puissances infernales, et que, PAR UN ACTE DE VOLONTÉ CONTINU, il supprime le terrain occupé par elles et les oblige à quitter la place (Eph. 4/27). L’homme doit s’acquitter de ce qui lui incombe. Dieu n’agira pas à sa place. La victime elle-même, solidement établie sur le ROCHER, Christ et Sa victoire, doit travailler à l’affranchissement de son âme et de son corps, de la domination de l’ennemi.
Maintenant qu’elle reconnaît l’oeuvre des esprits mauvais, il faut : 1° qu’elle voie de quelle séduction spéciale elle a été victime ; 2° qu’elle refuse ce à quoi elle a consenti ; 3° qu’elle combatte tous les résultats de la possession ; 4° qu’elle soit sur ses gardes contre les explications et suggestions de l’ennemi ; 5° qu’elle découvre tout ce qui, en elle, relève de la possession ; 6° enfin, qu’elle observe les résultats de la lutte. Il faut qu’elle apprenne à lire les signes de sa guérison, les signes de dépossession, aussi couramment que les signes de possession pour ne pas se laisser séduire à nouveau par l’Adversaire.
POUR BRISER LA PUISSANCE DE LA SÉDUCTION, il faut pour cela admettre la possibilité de s’être trompé, d’avoir fait fausse route. Le doute sur les expériences religieuses qu’on a faites, voilà le premier pas. Il ne faut jamais rejeter, jamais ignorer le premier doute sur les choses du passé : visions, manifestations, directions, communications qu’on a cru divines ; car ici, le doute, c’est la pénétration initiale de la Vérité, c’est le premier pas vers la DÉLIVRANCE.
Bien des chrétiens étouffent le premier doute qui s’élève en eux, craignant de douter de Dieu. Et ce faisant, ils ferment leur intelligence au premier rayon de lumière. Ils pensent que le doute est une tentation, et ils lui résistent, ne sachant pas discerner le doute nécessaire, licite, juste, autorisé, commandé, du doute mauvais. Dans leur pensée, le mal est associé aux mots : juger, critiquer, douter ; à la haine, à l’inimitié, à l’incrédulité, mots qui suggèrent des dispositions ou des actions qu’ils croient toujours mauvaises, alors qu’en réalité elles sont mauvaises ou bonnes, selon leur provenance – la chair ou l’esprit – et leur objet. Dieu Lui-Même veut l’inimitié contre Satan (Genèse 3/15) ; Il veut la haine du péché, le doute de certaines manifestations spirituelles (1 Jean 4/1).
Douter de Dieu, ce qui signifie ne pas croire en Lui, est péché ; mais le doute concernant certaines manifestations du surnaturel est un acte de simple prudence, auquel sont conviés tous les croyants spirituels. Ce doute-là n’est pas une tentation, le Saint-Esprit Lui-Même le met au coeur de l’homme. L’homme spirituel juge – c’est à dire examine – toutes choses (1 Cor. 2/15), et ce faisant, il discerne spirituellement celles qui viennent de Dieu.