Le peu de vie avec lequel prêchent certains ôte toute probabilité d’impact à leur propos. J’assistai un jour à un culte où le pasteur pria Dieu de bénir le message qu’il s’apprêtait à donner. Je ne désire certainement pas limiter la toute-puissance divine, mais je vois mal comment le Seigneur pouvait bénir ce sermon … à moins d’en faire comprendre le contraire à l’auditoire.
J’appelle cela des « sermons d’opérette ». Comme ces épées flamboyantes et brillantes dont on se sert au théâtre, ils ressemblent aux vrais messages mais toucheraient davantage un extra-terrestre que l’auditoire qui doit les endurer. De tels messages n’ont pas la force d’écraser une blatte ou une araignée, sûrement pas d’amener une âme de la mort à la vie. Leur auteur risque plus de faire obstacle au ciel que d’en pointer le bon chemin au pauvre pécheur qui les écoute, dans l’espoir de voir le salut. Et plus vous y pensez, et moins vous en pensez.
Vous amènerez les gens à comprendre la vérité si vraiment vous le voulez. En revanche, il est peu probable qu’ils montrent de l’intérêt si vous ne manifestez pas d’ardeur. Si on frappait à ma porte au milieu de la nuit pour me chuchoter tout calmement, avec détachement : « votre maison est en feu », ce n’est pas sur le prétendu feu que j’aurais envie de vider un seau d’eau !
Certains prêchent de la sorte : « Nous sommes dimanche matin, j’ai passé ma semaine en préparation et j’espère que vous écouterez ce que j’ai à dire. Non pas qu’il y ait dans mes paroles quoi que ce soit qui vous concerne. Mais il me faut vous annoncer que Jésus-Christ a accompli quelque sorte d’action, qui, d’une façon ou d’une autre, a un rapport avec le salut … bla … bla … et il est possible que … bla … bla… »
C’est en résumé le contenu de beaucoup de messages, et ce genre de choses ne convient pas du tout. Nous ne sommes pas là pour gâcher notre temps de la sorte, ni celui des autres ! J’espère que vous êtes né pour un but plus élevé.
Il est des pasteurs continuellement à la limite de l’épuisement … à ne rien faire. Il prêchent deux sermons par semaine, et l’effort les tue presque. Quelques visites pastorales leur permettent de déguster les biscuits de plusieurs foyers et de répandre des commérages. Mais il n’y a pas d’ardente agonie pour les âmes, aucun « malheur à moi ! », pas de consécration ni de zèle pour le service de Dieu. Faut-il alors s’étonner si le Seigneur balaie ces encombreurs de sol ?
Le Seigneur Jésus-Christ pleura sur Jérusalem, et il vous faudra pleurer sur les pécheurs si vous voulez servir à leur salut. Mes amis, soyez ardents et mettez toute votre âme dans la tâche, ou bien laissez tomber.
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Croyez en la puissance de ce message à sauver les âmes. Croyez ce que vous croyez, ou vous ne persuaderez personne à le croire. Dieu se sert de la foi de ses serviteurs pour la reproduire chez leurs semblables. La proclamation de vos doutes et de vos remises en question ne poussera jamais une âme à s’approcher de Christ (« Je pense que cela pourrait être la vérité; excusez-moi de vous demander pardon; je ne fais que suggérer … »).
Croyez que le message à proclamer est la Parole de Dieu. Mieux vaut croire une demi-douzaine de vérités avec intensité, qu’une centaine sans conviction. Vous ne retiendrez jamais tout, votre main n’est pas assez grande, mais empoignez fermement ce que vous pouvez et serrez-le avec force.
Charles Spurgeon, extrait du livre « Gagner des âmes, oui, mais comment ? » Editions Europresse (www.europresse.org)