« La seule condition au triomphe du mal, c’est l’inaction des gens de bien » (Edmund Burke [1]).
Un des signes des temps spirituels que nous vivons est la multiplication des fausses doctrines, petites ou grandes, localisées ou généralisées [2]. Nous sommes appelés à être attentifs, pour nous-mêmes et pour nos frères, et la Parole de Dieu nous exhorte à éprouver les esprits pour savoir s’ils viennent de Dieu [3], ce qui implique davantage qu’une simple écoute, ou une analyse superficielle. Les sens spirituels des enfants de Dieu doivent être en alerte, et chacun a le devoir personnel, à la manière des disciples de Bérée [4], de vérifier si ce qui est prêché est juste ou pas. Cette attitude de prudence élémentaire ne doit cependant pas se confondre avec une attitude systématiquement soupçonneuse, telle celle des hommes de Bélial (5) qui creusent sans cesse à la recherche du mal et dans la bouche desquels se trouve un feu brûlant (Proverbes 16/27).
Dieu rend hommage à ceux qui ont exercé sainement et saintement le discernement spirituel et qui, par ce moyen, ont écarté de faux ouvriers :« Je connais tes œuvres, et ton travail, et ta patience, et que tu ne peux supporter les méchants; et tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres et ne le sont pas, et tu les as trouvés menteurs » (Apocalypse 2:2)
L’exercice et l’expression (la mise en application) de ce discernement n’est pas une option, mais un devoir. La responsabilité de ceux qui ont été appelés à la surveillance du troupeau [6] est plus grande encore que celle de la brebis. Si les disciples doivent veiller à l’enseignement qu’ils reçoivent (tels ceux de Bérée), les surveillants doivent exercer une protection plus grande encore. Ils sont « les hommes faits [7]» qui ont les sens exercés à discerner ce qui est bien et mal.
Par le conseil de Dieu et des frères, il peut donc arriver que nous estimions juste de rejeter telle ou telle doctrine, ou d’exprimer des réserves sur telle ou telle intention, sans prendre en considération les conséquences que cela engendre. La Bible va même jusqu’à proscrire certaines fréquentations [8], et à préconiser dans certains cas des censures publique s[9].
Est-il vraiment nécessaire de réagir à toutes les dérives du monde ?
Nous ne sommes pas appelés à une croisade contre toutes les erreurs du monde. Mais cette question est parfois posée de manière spécieuse par les partisans de l’immobilisme. Il est vrai qu’il ne nous est pas demandé de concentrer notre énergie à combattre le mal, mais de manifester la bonne odeur de Jésus-Christ. Il serait cependant illusoire d’imaginer que le témoignage en faveur de la Vérité se réduit seulement à témoigner du Bien, car il faudrait renoncer au « reprends, censure, exhorte » (note 9) et à un grand nombre de pages prophétiques de nos Bibles. C’est donc à l’équilibre qu’il faudra viser, entre ce qui est tolérable et ce qui est intolérable. Dans l’église de Thyatire, on « laisse faire », en laissant s’exprimer des ministères spirituellement réprouvés, ce qui sera dénoncé par Dieu comme un comportement coupable (Apoc. 2/20).
Les doctrines qui nous sont exposées, les exemples auxquels nous pouvons être confrontés, nous et nos enfants, sont des semences. Et c’est à nous qu’il appartient d’avertir lorsque « la mort est dans le pot », afin que le Corps dans son ensemble puisse réagir et chercher la solution qui vient de Dieu. Ceux qui ont été établis par le Saint-Esprit pour être des protecteurs du troupeau ne doivent pas rester silencieux car nous avons été appelés non seulement à nous séparer du monde et du mensonge, mais à veiller sur les lignes de séparation, parce que d’une part nous sommes un corps (vis-à-vis des croyants), et que d’autre part nous sommes la lumière du monde (vis-à-vis du reste de la création). L’Esprit Saint que nous avons reçu est fondamentalement un Esprit de séparation.
Celui qui pense, face à l’erreur ou au mensonge, qu’il est préférable de se taire, et que c’est à Dieu de s’occuper de protéger, de censurer, de témoigner, est déjà séduit. Il devient malgré lui complice du destructeur [10]. Il a peur pour sa sécurité, sa notoriété, en un mot : sa vie [11].
Nous sommes environnés d’une grande nuée de témoins qui eux, sont sortis en leur temps du camp des compromis, faisant ainsi reculer les lignes de l’erreur, du mensonge et de la timidité. Ce sont donc nos choix, nos engagements, et notre acceptation de la croix (pas seulement dans les chants, mais dans les faits personnellement impliquants) qui déterminent les reculs ou les progrès de la lumière du témoignage de Christ sur la terre.
« La seule condition au triomphe du mal, c’est l’inaction des gens de bien ».
Jérôme Prekel
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[1] homme politique et philosophe
[2] car il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement; mais, ayant des oreilles qui leur démangent, ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises » (2 Timothée 4:3)
[3] « Bien-aimés, ne croyez pas tout esprit, mais éprouvez les esprits [pour voir] s’ils sont de Dieu, car beaucoup de faux prophètes sont sortis dans le monde » (1 Jean 4:1).
[4] « et ils reçurent la parole avec toute bonne volonté, examinant chaque jour les écritures [pour voir] si les choses étaient ainsi » (Actes 17:11).
[5] « L’homme de Bélial creuse, [à la recherche] du mal, et sur ses lèvres il y a comme un feu brûlant » (Proverbes 16/27).
[6] « Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau, au milieu duquel l’Esprit Saint vous a établis surveillants pour paître l’assemblée de Dieu » (Actes 20:28)
[7] « mais la nourriture solide est pour les hommes faits, qui, par le fait de l’habitude, ont les sens exercés à discerner le bien et le mal » (Hébreux 5:14).
[8] « mais, maintenant, je vous ai écrit que, si quelqu’un appelé frère est fornicateur, ou avare, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, vous n’ayez pas de commerce avec lui, que nous ne mangiez pas même avec un tel homme » (1 Corinthiens 5:11).
« Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez pas, car celui qui le salue participe à ses mauvaises œuvres » (2 Jean 1:10).
[9] « Ce témoignage est vrai; c’est pourquoi reprends-les vertement, afin qu’ils soient sains dans la foi » (Tite 1:13)
« Annonce ces choses, exhorte et reprends, avec toute autorité de commander. Que personne ne te méprise » (Tite 2:15).
[10] « Celui-là aussi qui est lâche dans son ouvrage est frère du destructeur » (Proverbes 18:9).
[11] « car quiconque voudra sauver sa vie la perdra; et quiconque perdra sa propre vie pour l’amour de moi et de l’évangile la sauvera. » (Marc 8:35)