Du point de vue spirituel, le jour de noël est un jour comme les autres jours, surtout quand on sait ce qu’on doit savoir sur cette fête (date erronée, syncrétisme païen). Mais voilà : même si noël est devenu une institution culturelle, elle reste porteuse de valeurs chrétiennes, quand bien même le sens véritable a été complètement dépouillé de sa réalité. Au moins pouvons-nous encore espérer que cette commémoration, même si elle est devenue un simple prétexte de la consommation (voire surconsommation), relie encore certaines catégories de la population à l’existence historique de Jésus, ce qui est quand même mieux qu’Halloween, par exemple …
ENCOURAGEMENT
Comment établir un lien spirituel entre le croyant de 2010 et la naissance de Jésus ? Nous pouvons rappeler une pensée que Dieu veut que nous prenions en considération : le Sauveur de l’humanité est apparu dans la forme la plus faible et la plus vulnérable, celle d’un nouveau-né. Dieu n’a pas fait apparaître Son Sauveur comme un homme tout formé, plein de force et d’autorité, surgissant de nulle part (comme Elie, par exemple).
Dieu a donné un Sauveur sous une forme fragile, reconnu par certains (les bergers et les mages), mais aussi identifié par d’autres comme une menace à venir (Hérode). Dès les premières heures de sa vie, le Sauveur est exposé à l’honneur … et à la haine : beaucoup de bébés de son âge ont été assassinés parce qu’on cherchait à le tuer, lui, à effacer son nom et son destin, éteindre sa lumière.
Et on a dû le cacher, pour le soustraire à la haine de ses ennemis, en le dissimulant en Egypte. Pourquoi Dieu n’a-t-il pas envoyé des armées d’anges pour faire rempart et tenir éloignés tous les dangers ? Mais c’est plutôt par des moyens naturels, des personnes simples, des chemins où il fallait marcher, porter, résister, que le Sauveur de l’humanité a été préservé, pour qu’il puisse grandir, entrer dans son appel, accomplir sa mission. Le trésor a été porté par des vases de terre[1], déjà.
QU’EN EST-IL DE NOUS ?
La promesse qui a été placée en nous est l’objet de la même haine de la part du même antagonisme que Jésus a subi. Ceux qui représentent le corps de Christ en devenir seront poursuivis[2], réduits dans leur liberté, empêchés de grandir, et si possible annihilés[3]. Car ils sont destinés à prendre une place qui est déjà occupée. Et dans cette guerre qui est menée contre les saints de Christ, beaucoup sont vaincus[4], malheureusement.
Derrière la venue du Sauveur, et dans le contexte spirituel qui entoure la manifestation des fils de Dieu[5], il y a cet état de fait, et nous devons en tenir compte.
CE QUI EST PETIT EST APPELÉ À GRANDIR
“Dieu a choisi les choses faibles du monde pour confondre les fortes; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant celles qui sont afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu ». (1 Corinthiens 1/26 à 30).
La promesse qui a été placée en nous est de la même nature que celle qui était en Christ. Et cette promesse représente un potentiel immense, qui doit passer par un processus de croissance. Christ doit grandir, et le danger de mort spirituelle[6] est parfaitement réel. C’est l’espérance de la gloire qui est attachée à notre appel[7], et nous avons un Dieu qui a le pouvoir de mener pour nous les choses à bonne fin, si nous demeurons en Lui.
Dieu aime ce qui est petit. Il préfère un petit rempli qu’un grand à moitié plein. D’ailleurs sa notion de la grandeur est assez éloignée de la nôtre : dans Matthieu 11 il dit “Prenez mon joug sur vous, car je suis petit de cœur”[8]. Pour le Seigneur, la vraie grandeur consiste à rester proche de ce qui est petit, alors que pour l’Homme, la grandeur consiste à s’élever au-dessus de ce qui est petit — et de s’en éloigner le plus possible. Ce qui est petit est humble, et le Seigneur, qui porte en Lui ce trait précieux de caractère, aime ce qui est humble, c’est-à-dire ce qui est (ou a été) brisé[9] :
“Car ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint: j’habite dans les lieux élevés et dans la sainteté; mais je suis avec l’homme contrit et humilié, afin de ranimer les esprits humiliés, afin de ranimer les coeurs contrits” (Ésaïe 57:15).
Oui, Dieu aime à prendre de la poussière pour en faire un homme à Son image, et à partir des “balayures du monde[10]” façonner Ses apôtres et serviteurs. Il fait naître des prophètes de matrices stériles (Anne/Samuel et Elisabeth/Jean-Baptiste) et il donne un enfant à celle qui n’a pas connu de mari. Les choses, faibles, les choses folles, les choses qui ne sont pas …
“Ne méprisez pas les petits commencements” (Zacharie 4/10)
[1] 2 Corinthiens 4/7 : “Nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous”.
[2] 2 Timothée 3/12 : “Or, tous ceux qui veulent vivre pieusement en Jésus-Christ seront persécutés”.
[3] Psaume 83/4 : “Ils ont dit : venez, et détruisons-les, en sorte qu’ils ne soient plus une nation, et qu’on ne fasse plus mention du nom d’Israël”.
[4] Apocalypse 13/7 : “Et il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre”.
[5] Romains 8/19 : “Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu”.
[6] Apocalypse 3/1 : “Ecris à l’ange de l’Eglise de Sardes: Voici ce que dit celui qui a les sept esprits de Dieu et les sept étoiles: Je connais tes oeuvres. Je sais que tu passes pour être vivant, et tu es mort”.
[7] Colossiens 1/27 : “Dieu a voulu faire connaître quelle est la glorieuse richesse de ce mystère parmi les païens, savoir: Christ en vous, l’espérance de la gloire”.
Ephésiens 1/18 : “et qu’il illumine les yeux de votre coeur, pour que vous sachiez quelle est l’espérance qui s’attache à son appel, quelle est la richesse de la gloire de son héritage qu’il réserve aux saints”
[8] version Chouraqui
[9] Psaume 34/18 : “L’Éternel est près de ceux qui ont le coeur brisé, et il sauve ceux qui ont l’esprit abattu”
Ésaïe 66:2 : “Toutes ces choses, ma main les a faites, Et toutes ont reçu l’existence, dit l’Eternel. Voici sur qui je porterai mes regards: Sur celui qui souffre et qui a l’esprit abattu, Sur celui qui craint ma parole”.
[10] 1 Corinthiens 4:9 et 13