Seul ce qui est vrai est véritable

Ce qui est vrai est véritable[1]. Pour qu’une chose soit vraie, il faut qu’elle soit par essence invariable, intangible, qu’elle n’ait ni commencement, ni fin. Car si elle est vraie un tant soit peu, elle n’est pas la vérité. La vérité est une et non multiple. Elle est exclusive. Elle est hors du temps et de l’espace. Elle ne peut se mesurer, car elle n’a point de repère puisque c’est elle qui est le repère de toutes choses. La vérité est unique, éternelle et absolue. Elle est parfaite. La vérité n’est pas une abstraction, mais elle n’est pas non plus saisissable dans son entier. La vérité est autre. Et pourtant elle n’est pas loin de chacun d’entre nous ! Paradoxe …

« À chacun sa vérité ! »

À chacun son illusion, oui !

« Il n’y a pas de vérité ! »

C’est faux ! Car ce que tu viens de dire doit être vrai pour qu’il n’y ait pas de vérité !!

La vérité nous dépasse, elle est transcendante, elle n’a pas été conçue par l’homme qui, se vantant d’être sage, en est devenu fou. La vérité n’appartient à personne. Ce n’est pas une idée, ni même un idéal ou une illusion utopique.

La vérité n’est pas seulement véridique, mais elle est véritable. C’est-à-dire qu’elle ne produit pas seulement des faits exacts (« qui ne mentent point »), mais qu’elle est par essence, origine et contenu, entièrement et exclusivement vraie. La vérité est vraie, et c’est plus qu’une simple idée abstraite, ce n’est même pas seulement un fait ! C’est plus qu’un état ou une chose.

La vérité a une essence, une conscience et une expression. La vérité est autonome et a une personnalité. La vérité est une personne.

C’est même LA personne par excellence ! LA personne parfaite, éternelle, absolue. LA personne vraie dans son essence et son apparence. LA personne qui ne dit pas seulement la vérité, mais qui est la vérité. Ce n’est pas la personnification d’un principe. Ce n’est pas non plus une image anthropomorphique d’un concept. C’est bien plus, bien autre : la vérité, c’est plus que la réalité perçue, c’est plus qu’un fait prouvé, patent, observable. La vérité est une personne.

Ponce Pilate demandait un jour à un condamné[2] : « Qu’est-ce que la vérité ? »

Il n’eut pas de réponse.

Celle-ci avait déjà été donnée et manifestée, mais peu l’avaient reçue. Ce condamné était venu pour rendre témoignage à la vérité. C’était son seul crime, qu’il a payé de sa vie. Il a été torturé, insulté, supplicié parce que non seulement il disait la vérité, mais il était la vérité. Il ne disait pas seulement des choses vraies, il ne vivait pas seulement de vraies relations, il n’avait pas seulement une cause juste. Il était la vérité.

« Je suis la vérité et la vie »… avait-il déclaré quelque temps plus tôt.

À Golgotha, sur une croix — supplice pour les crimes les plus graves — maudit sur le bois, il y a bientôt 2000 ans, mourait un homme qui était la vérité.

Jésus-Christ le Juste, Jésus-Christ le Vrai. Jésus-Christ le Dieu véritable[3]. Dieu, et la vérité. Dans son essence , Il est le seul vrai. Il n’y a personne de vrai en dehors de Lui.

Nous ne sommes pas vrais ! Nous changeons constamment. Les philosophes pourraient dire que nous sommes vrais dans notre invraisemblance, mais cela ne résoudrait pas le problème que nous ne sommes en fait qu’une vapeur qui s’évanouit dans la nuit du temps qui passe. Nous ne sommes pas ce que nous paraissons !

Le présent n’existe pas, car quand je le réalise, il est passé, et quand je l’espère, il est futur. Rien n’est vrai, nous ne faisons que passer d’une vraisemblance à une autre. Nous ne sommes sûrs de rien. Nous construisons sans cesse notre perception de la vérité, mais la vérité n’est point en nous, elle est autre. Elle est ailleurs…

Nous sommes naturellement séparés de la vérité. Nous n’aimons pas la vérité, nous préférons l’illusion, le mensonge, le fantasme. Quelqu’un a dit qu’il est plus facile de vendre le mensonge que de donner gratuitement la vérité ! C’est pourquoi nous avons condamné et tué la vérité. Mais Dieu lui a rendu la vie. La vie éternelle. La vérité ne meurt point, elle ne change point.

Seul, celui qui est la vérité est vrai. Il est le début et la fin de toutes choses, l’alpha et l’oméga, Lui-même n’ayant ni commencement, ni fin. Il est le repère de toutes choses qu’il a créées !

C’est Lui le créateur par qui et pour qui le monde que nous voyons, et celui que nous ne voyons pas, existe. Que l’on y croie ou non, qu’on le comprenne ou non, nous le verrons un jour dans sa réalité. Et tout genou fléchira devant lui[4].

Connaître Dieu, c’est connaître la vérité, et connaître la vérité, c’est connaître Dieu. Non pas connaître l’image du dieu que l’on s’est fabriqué en prolongement de notre imagination et de notre angoisse existentielle, mais connaître LA personne qui est la Vérité.

Connaître c’est d’abord recevoir, et non pas seulement comprendre. Recevoir ce que la Vérité nous a donné. Elle s’est donnée Elle-même au monde en la personne de Jésus-Christ.

Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle[5].

Jésus-Christ est le seul moyen de connaître la vérité. Tout ce qui existe, toute la connaissance, toutes les sciences, tout prend sens en Lui. Il est le mystère dans lequel est caché le sens de toutes choses[6].

Nous pouvons raisonner, déduire, induire, sans toutefois parvenir à la connaissance. Non pas à la connaissance qui enfle, mais à celle qui transforme. Non pas aux vrais mensonges qui vont nous donner des explications, mais à la vérité qui change la qualité de notre perception et de notre vie. Vraiment !

(extrait de « Changez de solution et vous changerez de problème » de Patrick Lascombe, édition La Maison de la Bible)


[1] Alethinos — verus en latin — véritable. C’est la vérité dans son essence, et pas seulement dans son apparence. Ce n’est pas non plus le sens de vrai par rapport au faux, mais alethinos exprime le plus souvent ce qui est substantiel comme opposé à ce qui n’est qu’une ombre, une ébauche.

[2] Jean 18/38

[3] 1 Jean 5/20, Apocalypse 3/7.

[4] Philippiens 2/10

[5] Jean 3/16

[6] Colossiens 2/3

Leave a reply:

Your email address will not be published.

Site Footer