Certains prêchent aujourd’hui dans le but de divertir. Tant qu’il peut assembler les foules, leur chatouiller l’oreille et les renvoyer ronronnantes de suffisance, l’orateur se réjouit et se félicite.
Paul ne cherchait pas à plaire au public ni à assembler une foule. Susciter l’intérêt n’avait pour lui aucune utilité si cela n’amenait pas les hommes au salut. Si la vérité ne perçait pas les cœurs, n’affectait pas les vies et ne créait pas des hommes nouveaux, Paul se lamentait : “Qui a cru à ce qui nous était annoncé ? Qui a reconnu le bras de l’Eternel ?”.
On pense aussi que l’effort chrétien devrait servir à éduquer les hommes. L’éducation en elle-même revêt une très grande valeur et les chrétiens devraient se réjouir d’avoir aujourd’hui les moyens d’en bénéficier de manière générale. L’Église de Christ n’a jamais été engagée dans la promotion de l’ignorance mais dans le soutien de la connaissance. Mais si sa mission se résume à former les facultés mentales de nos semblables, elle commet une très grave erreur.
Jésus-Christ vint dans le monde pour chercher et sauver ce qui était perdu. Il a donné cette même mission à son église. Elle trahit son Maître si elle se laisse séduire par les beautés et les merveilles de cette vie, au point d’oublier que sa seule raison d’être parmi les fils des hommes consiste en la proclamation de Christ et de sa crucifixion. L’Église a le salut des âmes pour vocation.
Le serviteur de Dieu doit employer tous les moyens pour le salut. Il ne sert pas vraiment Christ si ce n’est pas là le grand désir de son cœur. Les missionnaires tombent bien au-dessous de leur place légitime lorsqu’ils se contentent de promouvoir la culture. Leur objectif suprême doit être le salut …
Paul n’essaie pas de promouvoir (non plus) la moralité. L’Évangile en est le meilleur promoteur. Une fois sauvé, l’homme devient moral et grandit dans l’expérience de la sainteté. Mais celui qui vise la moralité manque complètement la cible. Même s’il l’atteignait (chose impossible), il n’a pas touché le but pour lequel il est envoyé dans le monde. Le docteur Chalmers prêchait la moralité dans sa première paroisse, mais il ne vit aucun bien sortir de ses exhortations. En revanche, dès qu’il proclama Christ crucifié, un bourdonnement et une agitation survinrent (ainsi qu’une grande opposition). Mais la grâce remporta la victoire.
Celui qui désire obtenir du parfum doit planter des fleurs. Quiconque veut la moralité doit amener les hommes au salut. Le cadavre ne bouge pas à moins de recevoir la vie, et une vie ordonnée provient d’un renouvellement initial intérieur opéré par le Saint-Esprit. Ne nous satisfaisons pas d’enseigner aux gens leurs devoirs envers leur prochain, ou même envers Dieu, ce qui n’est que simple légalisme.
Nous allons beaucoup plus loin en amenant les hommes à ce qu’ils devraient être par la puissance de l’Esprit de Dieu. Nous ne plaçons pas devant des aveugles ce qu’ils devraient voir, mais nous leur ouvrons les yeux au nom de Jésus. Nous ne disons pas au captif de quelle liberté il devrait jouir, mais nous ouvrons la porte et enlevons ses fers. Montrons aux hommes comment Jésus-Christ offre gratuitement tout ce qui est essentiel à la vie éternelle à quiconque vient et place sa confiance en lui.
Charles Spurgeon/ Gagner des âmes