«Après 20 ans de lutte, des militantes féministes juives ont été autorisées à prier vendredi 10 mai pour la première fois en toute liberté (mais en présence de la police) devant le Mur des Lamentations à Jérusalem où des ultra-orthodoxes qui ont tenté d’entraver leur action ont été arrêtés.
Le porte-parole de la police Micky Rosenfeld a déclaré à l’AFP que 1000 extrémistes avaient été tenus à l’écart d’un grand groupe de l’association « Femmes du Mur » qui faisaient leur prière mensuelle en portant notamment le châle de prière.
Les protestataires ont tenté de forcer le passage, certains qualifiant les policiers de « nazis », d’autres lançant des insultes aux militantes. Ils ont jeté des bouteilles d’eau, des sacs de poubelles, des chaises en plastique et des oeufs aussi bien sur les policiers que sur les femmes. Deux policiers ont été légèrement blessés, selon un correspondant de l’AFP sur place.
La police a interpellé cinq ultra-orthodoxes pour « désordres publics », a précisé le porte-parole. Une fois les prières terminées, les policiers ont escorté les femmes vers un bus qui les a transportées hors de la Vieille ville, après avoir été visé par des jets de pierres.
Des phylactères et la kippa
Pendant plus de 20 ans, ces militantes avaient demandé à être autorisées à prier comme elle l’entendaient sur ce site: à haute voix, en portant le châle de prière, des phylactères et la kippa et en lisant la Torah, une manière de prier traditionnellement réservée aux hommes jusque-là. Les femmes avaient jusqu’alors le droit de prier au pied du Mur des Lamentations, mais en silence et à l’écart. Et celles qui agissaient autrement étaient arrêtées par la police ou importunées par les ultra-orthodoxes.
Mais le mois dernier, un tribunal a jugé que le comportement de ces femmes qui priaient comme elles l’entendaient ne causait aucun désordre et que c’était en revanche ceux qui les attaquaient qui posaient problème. Il a alors décidé que les « Femmes du Mur » pourraient prier sur le site selon leurs rites.
L’association militait pour que l’accès au Mur des Lamentations soit assuré à tous, y compris les courants libéraux et conservateurs du judaïsme, très minoritaires en Israël, qui assurent aux femmes une place égale à celle des hommes. Mais pour leurs adversaires ultra-orthodoxes, cela viole les préceptes religieux juifs et constitue une « provocation ».»
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Commentaire du Sarment : Le mur des Lamentations est le seul vestige qui demeure du temple d’Hérode, qui a été détruit en 70. L’esplanade du Mur occidental (qui permet de prier devant le Mur) est considérée comme une synagogue à ciel ouvert. On y célèbre nombre de fêtes (comme Soukkot par ex), et chaque vendredi on y accueille une foule nombreuse pour le début du shabbat. Il n’est pas rare que des parents juifs viennent à cet endroit pour célébrer une Bar-Mitzva, et on y organise des cérémonies militaires solennelles.
Elle comporte une section au nord réservée aux hommes et une autre plus petite réservée aux femmes. Il est permis aux visiteurs non-juifs d’y accéder et de s’approcher du Mur, à condition de ne pas être musulman.
L’esplanade actuelle du Hakotel (le Mur) a été construite au lendemain de la guerre des Six Jours, sur l’emplacement du quartier magrebin qui se trouvait là, et qui a été rasé.
Il n’y a plus de temple aujourd’hui, ni même de ruine temple, puisque ce Mur n’a que peu de choses à voir avec le temple d’Hérode : il ne s’agit en fait que d’une partie du mur de soutènement de l’esplanade sur laquelle se dressait l’édifice. Mais on lui accorde cette valeur de sainteté, on a sacralisé ces pierres, et certains sont prêt à mourir pour elles.
En dépit du manque de noblesse de ces éléments, les Juifs leur appliquent néanmoins certaines des règles qui régissaient le temple : la zone la plus sainte est réservée aux hommes (la plus proche, en fait), la femme doit rester en retrait. Le sacerdoce est réservé au masculin. Pour comprendre cette règle, il faut se replonger dans toute l’organisation sacerdotale originelle qui est décrite dans la thora. Le problème, c’est que plus rien ne correspond à l’origine, … et que finalement, c’est Dieu lui-même qui y a mis un terme. Il est d’ailleurs frappant de constater que la seule chose qui ait survécu à la destruction du cadre religieux judaïque de cette époque soit un mur. Pour prier, le juif doit venir devant un mur, se prosterner devant un mur … quelle image !
Quelque chose dans cette actualité vient alimenter une réflexion plus générale : on retrouve ici le même conflit que dans d’autres domaines sociétaux, où le féminisme se saisit d’un emblème pour faire reculer et tomber un tabou religieux. Le féminisme a mené et mène encore des combats importants et justifiés, mais on entend ici son action dans le cadre d’une revendication égalitaire dans un espace religieux qui est encore régit par des articles ancestraux et fondamentaux.
La véritable question, contrairement aux apparences, ne consiste pas à tenter de mettre un terme à une sous-condition de la femme par rapport à l’homme (matérialisée ici par un droit à prier, et au droit de la faire à un certain emplacement) mais bien d’ébranler quelque chose de plus général, qui se trouve derrière les formes : c’est-à-dire le FOND. Car le fond qui a assigné au féminin et au masculin leur place est inspiré, si l’on en croit l’apôtre Paul[1]. En faisant reculer la forme, on touche au fond. Et derrière le fond, il y a Dieu. Et la poussée qui est en action ici est la même qui agit dans les rouages de l’esprit du GENDER : il s’agit de déplacer ou de renverser une borne ancienne[2].
Ce n’est pas à une domination masculine qu’on tente de mettre un terme, mais à l’inspiration qui l’a établit [3]. Ce faisant, c’est tout l’édifice biblique qui peut être remis en question, car si les autorités séculières imposent aux croyants de reculer sur les articles de leur religion, de leur culte, alors cela signifie que tout peut être redessiné par la main de l’homme (ou plutôt ici : de la femme).
[1] 2 Timothée 3/16 : « Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne oeuvre. »
[2] Proverbes 22/28 : « Ne déplace pas la borne ancienne, Que tes pères ont posée».
[3] On comprend bien le parti que peut tirer le machisme d’une telle vision, et l’énergie que peut lui opposer le féminisme en retour. Mais en réalité, ni l’un ni l’autre ne doivent nous intéresser. Dieu est autant opposé au machisme qu’au féminisme.
2 comments On Mur des Lamentations : la victoire des Femmes du Mur
» il s’agit de déplacer ou de renverser une borne ancienne[2]. »
Bonjour cher frère, j’ai beaucoup à apprendre sur la vie actuelle en Israël. Je ne savais pas qu’il existait aussi des « féministes » chez eux. Elles font le même travaille de destruction des bases posées par Dieu et c’est un des signes, je crois, de la fin. Je suis d’accord avec ton analyse au sujet des bornes anciennes et pas seulement en Israël bien sûr mais le fait que cela se passe sur la terre d’Abraham d’Isaac et de Jacob est très significatif je le crois.
Le diable tente par tous les moyens de creuser de nouveaux lits pour le fleuve de ses abominations mais nous savons bien que c’est le Seigneur qui aura le dernier mot.
Merci pour cette analyse, sois béni et fortifié en LUI.
affectueusement
Roseline
Bonjour Roseline,
Oui, le Seigneur aura le dernier mot. Mais dans l’intervalle, que de souffrances …