L’apôtre Jean a entendu cette injonction de l’Esprit alors qu’il se trouvait en exil sur l’île de Patmos (Apoc. 4/1), parce qu’il était devenu gênant pour le pouvoir politique de l’époque, qui voulait ainsi réduire son influence en l’isolant des assemblées d’Asie Mineure. La décision de l’empereur Domitien était l’aboutissement de multiples menaces exercée contre l’apôtre, qui les avait certainement dédaignées : son confort, sa sécurité et sa vie avaient moins d’importance que le message dont il était porteur. Alors ce pouvoir politique anti-christ l’a coupé de tout, dans le but d’éteindre ce ministère, tout simplement.
Et le Seigneur a laissé faire. Pourtant, les besoins de l’Église naissante étaient grands, tout comme les enjeux spirituels, et le rôle que jouait Jean était de première importance auprès des assemblées. Tellement de faux enseignements circulaient déjà ! Mais le Seigneur a laissé faire, ce que les croyants ont vraisemblablement vécu comme un drame, un échec. Et pour l’ennemi, c’était une victoire.
Pour nous qui connaissons la suite de cette histoire, il est facile d’épiloguer en disant que Dieu s’est en fait servi de ces circonstances pour quelque chose de glorieux. Mais tous ceux qui vivaient ce temps étaient dans des interrogations douloureuses.
Le sens caché des choses
Nous le savons : il fallait que « le disciple que Jésus aimait », alors avancé en âge, se trouve ainsi coupé de tout, pour qu’il puisse retrouver cette entière disponibilité dont l’Esprit avait besoin pour lui parler. On dit quelquefois que le premier risque d’un ministère c’est de servir davantage l’œuvre du Seigneur, que le Seigneur de l’œuvre. Ce n’est pas que le service de l’œuvre soit une mauvaise chose, mais il peut parfois entraîner à une subtile inversion de priorités. Et lorsque cette inversion est installée, alors la dérive peut nous entraîner loin du but de Jésus, tout en poursuivant des buts pour Jésus. Paradoxal, et difficile à discerner lorsqu’on se trouve au cœur de l’action.
C’est un homme banni, coupé de tout, lié, prisonnier, réduit au silence, un homme sans église, qui est devenu celui qui a finalement adressé à toutes les églises de son époque, et à l’Église de toutes les époques, le plus grand message prophétique de tous les temps.
Une chose est certaine : l’île de Patmos et sa solitude désolée est devenue pour l’apôtre la porte du Ciel, le lieu où il fallait être, alors qu’il aurait mille fois préféré être ailleurs. C’est dans cet isolement-là — dans ce confinement — en dehors de toute possibilité de communication, que le ciel s’est ouvert. Et c’est un homme banni, coupé de tout, lié, prisonnier, réduit au silence, un homme sans église, qui est devenu celui qui a finalement adressé à toutes les églises de son époque, et à l’église de toutes les époques, le plus grand message prophétique de tous les temps.
Face à un tel exemple, comment ne pas penser que les circonstances importent peu, ni le lieu, la bonne ou la mauvaise église, la communion ou les solitudes désolées : car toutes choses concourent vraiment ensemble au bien de ceux que Dieu aime, de ceux qui sont appelés selon son propos.
Ce n’est pas là une justification pour nos échecs, mais l’espoir que Dieu, qui sait changer le mal en bien, les sublimera, pour sa gloire, SI nous sommes en train de chercher premièrement son royaume dans nos vies, et sa justice.
On ne cherche pas le désert, jamais. Mais quand il nous trouve, alors il ne faut pas le fuir
Les temps de désert ne sont jamais faciles à vivre. Personne n’aime le désert. Ce sont des lieux arides que les démons connaissent bien (Luc 11/24). Mais c’est dans le désert, au milieu des buissons d’épines, que Moïse a reçu son appel ! C’est dans le désert que le prophète Elie s’est réfugié pour être restauré. On ne cherche pas le désert, jamais. Mais il nous est sans doute indispensable. Et ce qu’on ne peut éviter, il faut l’embrasser ! (Shakespeare)
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