Le tiers de l’humanité

par Jérôme Prekel

Le croisement de trois chiffres importants a attiré mon attention au début de l’année 2024 : un tiers de l’humanité souffre de la faim, tandis qu’un autre tiers souffre de surpoids et que dans les pays industrialisés, un tiers de la nourriture produite est jetée. Explication détaillée : 

En 2024, un tiers de l’humanité souffre de la faim

Dans la plupart des régions du monde, la souffrance de la faim continue d’augmenter selon le dernier rapport sur l’insécurité alimentaire publié par l’agence des Nations Unies. Il y est indiqué qu’environ 29,6% de la population mondiale (soit 2,4 milliards de personnes), ne bénéficie pas d’un accès constant à des aliments. Parmi ces personnes, quelques 900 millions se trouvent en situation d’insécurité alimentaire grave. Ce chiffre implique que malgré les efforts des agences de santé gouvernementales, et des ONGs, 9 millions vont mourir de faim dans l’année, c’est-à-dire l’équivalent de la population d’un pays comme la Suisse, qui sera rayée de la carte, dans un silence médiatique assourdissant. Pendant ce temps, certains conflits et leurs souffrances (comme l’Ukraine et le Moyen-Orient) polarisent l’attention, avec beaucoup trop de victimes certes, mais un volume qui est a minima inférieur de 8,5 millions… Les émotions et les indignations du Monde sont très sélectives, dans une logique pas toujours cohérente. 

Un autre tiers de l’humanité souffre de surpoids

Les excès de l’abondance : paradoxalement et dans le même monde, l’OMS dévoile que plus de 2,5 milliards d’adultes (un autre tiers de l’humanité) se retrouvent … en surpoids et que parmi eux, plus de 890 millions souffrent d’obésitéavec des indicateurs irréguliers selon les régions : 31 % (un tiers) dans les régions pauvres de l’Asie du Sud-Est et de l’Afrique, et de 67 % (deux tiers) dans la région des Amériques. Avec une accélération inquiétante du phénomène : la prévalence mondiale de l’obésité a presque triplé entre 1990 et 2022.

Et même si l’obésité est considérée par l’OMS comme une maladie multifactorielle, impliquant parfois des causes génétiques, la plupart des agences de santé l’incluent globalement parmi les conséquences de troubles du comportement alimentaire, d’une alimentation trop riche, trop abondante, et d’une activité physique insuffisante. 

Un troisième tiers…

Le troisième tiers qui s’invite dans ce tableau est celui du gaspillage. En effet, dans un autre rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), il a été dévoilé début 2024 que près d’1,3 milliard de tonnes de nourriture produite chaque année (sur 4 milliards) passe à la poubelle[1]. Il s’agit donc d’un tiers de la nourriture destinée à la consommation humaine qui est jetée, ce qui représente en même temps chaque année des quantités considérables d’énergie, d’eau et d’engrais (qui ont été nécessaires pour produire, conditionner, transporter) qui s’ajoutent au bilan de la perte. À l’échelle mondiale, ce phénomène produit davantage de gaz à effet de serre que n’importe quel pays, Chine et Etats-Unis exceptés. Pour rien.

Que signifient ces chiffres ?

Ils représentent premièrement une incroyable somme de souffrance, dans l’alternance des effets de la pauvreté et des excès de l’abondance, à l’échelle planétaire. On pourrait presqu’imaginer lire ces « tiers d’humanité » dans des prophéties bibliques, tant ces chiffres font penser à des jugements, alors qu’ils ne sont que les conséquences d’injustices sociales et politiques, générées par l’humanité elle-même. Ces chiffres nous rappellent que nous vivons dans un monde dysfonctionnel, duquel la vraie justice est absente, et sur lequel domine l’égoïsme. Ils sont des preuves de l’impuissance de l’homme à trouver des solutions pour guérir de lui-même, de ses maux et triompher de ses démons. En dépit des efforts qui sont faits, les processus qui sont en marche se développent à une échelle tellement importante qu’ils semblent avoir quelque chose d’irréversible. 

Il ne s’agit (surtout) pas de tirer de tout cela une conclusion moralisatrice, en incriminant les riches par rapport aux pauvres, ou les puissants par rapport aux faibles — ce que les raisonneurs simplistes ne manqueront pas de faire, comme toujours. Mais de regarder les choses en face : malgré un déni omniprésent, cette humanité a besoin d’un Sauveur. Car le constat de la faillite est évident, quelles que soient les politiques, idéologies ou religions.

La Bible dit que le monde entier est en souffrance, depuis la Chute : « Or, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement » (Romains 8/22), dans l’attente du rétablissement de toute chose, de l’avènement du Seigneur. C’est notre prière : « Que ton règne (de justice) vienne, que ta volonté soit faite sur la terre, comme au ciel ».


[1] En France, chaque individu jette 25 kg de nourriture chaque année, selon Too Good to go.

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