Suite d’extraits du livre de J. Penn-Lewis et Evan Roberts « La Guerre aux Saints ». Les auteurs partagent leurs observations d’un immense Réveil (Pays de Galle), et appellent chacun à la plus grande vigilance en ce qui concerne les « expériences spirituelles ». Non qu’il soit demandé de s’en défier, mais de faire preuve de prudence, mettant en action les moyens de vérification et de confirmation que Dieu a mis à la disposition de chacun : la Parole de Dieu, le conseil, le bon sens, et la confirmation intérieure de l’Esprit.
Nous avons vu précédemment que l’époque du baptême du Saint-Esprit est une saison tout particulièrement pleine de dangers pour le croyant ; et que d’autre part, l’essence même d’un réveil, c’est le Baptême de l’Esprit. L’aurore d’un réveil est très spécialement le moment favorable à l’action des esprits séducteurs ; celui où il leur est le plus facile de pénétrer dans le croyant, à couvert de séductions qui aboutissent souvent à la possession.
Les époques de réveil sont des temps de crise, et de catastrophe possible. De crise, dans la vie des individus comme dans la vie d’une contrée, d’une église ou d’une région. Temps de crise pour l’homme irrégénéré, où se décide sa destinée éternelle, selon qu’ il accepte ou refuse de se tourner vers Dieu et se donner à Lui. Temps de crise aussi pour les croyants, pour ceux qui reçoivent la plénitude de l’Esprit, et pour ceux qui la refusent. Pour ceux qui se laissent attirer, fléchir, et qui reçoivent le Saint-Esprit, c’est la jour de la visitation du Très-Haut ; pour d’autres, pour ceux qui n’ont pas atteint un même degré de croissance, c’est l’heure unique de décision : deviendront-ils spirituels, ou resteront-ils charnels ? (1 Cor. 3/1). Choisiront-ils d’être toujours vaincus ou de rester stationnaires, ou bien iront-ils de l’avant en vainqueurs ?
Peu nombreux sont ceux qui traversent cette période sans être plus ou moins victimes de séductions de l’ennemi ; et ceux-là seuls qui ne craignent pas d’exercer raisonnement et jugement peuvent espérer échapper à l’activité subtile des puissances surnaturelles du mal. Si, au moment du baptême du Saint-Esprit, le croyant se laisse séduire par les mauvais esprits, il commencera à descendre vers l’abîme presqu’aussitôt après avoir atteint le point culminant de son expérience chrétienne ; et, à moins que ses yeux ne s’ouvrent, à moins qu’il ne rejette la séduction, il s’enfoncera toujours plus profondément dans l’erreur et l’esclavage de Satan. De sorte qu’il deviendra inutile pour le service du Maître.
Le Réveil est l’heure de la puissance de Dieu ; et c’est aussi l’heure que choisit le Diable pour travailler ici bas avec une ardeur redoublée. La visitation de la puissance divine provoque inévitablement une attaque des puissances spirituelles mauvaises. Le Réveil met en effervescence le royaume de Satan; il sonne en quelque sorte le branle-bas des légions adverses ; il est comme le signal de leur mobilisation générale. Le Réveil en soi, c’est l’heure de Dieu. Alors les cieux s’ouvrent et la puissance divine se manifeste au sein de l’humanité. Puis elle diminue, elle disparaît ; et les puissances mauvaises s’affirment chez les individus, dans une église ou une région ; et le monde s’étonne de voir les oeuvres du diable se développer, là même où Dieu avait agi de façon si manifeste. On ignore que le diable semait à profusion et faisait son oeuvre dès l’aurore du Réveil.
Lors des Réveils, on croit généralement, on dit, on écrit que Satan a disparu ; qu’il n’a plus que faire. En réalité, il n’a jamais été si actif. Cette époque est celle de ses plus vastes semailles, de ses plus fructueuses moissons. Il tend ses filets autour de ses victimes, il entremêle son activité avec celle de Dieu et séduit les saints de façon plus réelle, plus effective, qu’il n’avait jamais pu le faire avec les tentations du péché. Il imite, il contrefait, il ment. Il recourt à ses anciennes méthodes avec les nouveaux convertis, qui, ayant remporté la victoire sur le péché, celui dont ils ont conscience, s’imaginent n’avoir plus rien à faire avec l’ennemi, ni rien à redouter de lui. Ils le croient bien loin, parce qu’ils ne le connaissent pas ; or son absence n’est qu’apparente. Jamais Satan n’a été aussi actif parmi les enfants de Dieu.
Le but que poursuit le diable, c’est d’arrêter le Réveil, d’enrayer la puissance divine à l’oeuvre dans le monde ; et jusqu’ici, tous les réveils qui ont visité l’Église endormie ont cessé après un laps de temps plus ou moins long : 1° parce que l’Église ignore les lois spirituelles de la collaboration avec Dieu ; 2° parce qu’elle ne discerne pas l’action perfide, subtile, rampante des puissances des ténèbres. L’ennemi a donc le champ libre et il réussit à atteindre les enfants de Dieu. Ceux-ci, baptisés de l’Esprit, ont pénétré dans le monde spirituel, où ils entrent en contact avec des êtres spirituels mauvais, dont ils ignorent jusqu’à l’existence ; ils sont seulement conscients de forces spirituelles et de choses qui, pensent-ils, doivent être de Dieu (puisqu’ils ignorent que les esprits mauvais peuvent contrefaire l’action divine) et ils tombent dans les pièges de l’ennemi. C’est pourquoi les réveils qui raniment et vivifient l’Église, en même temps qu’ils font éclater aux yeux du monde la Puissance régénératrice de Dieu, sont cependant l’occasion de déformations, de déviations spirituelles chez bien des chrétiens. Il arrive que même ceux qui sont vraiment nés de l’Esprit, deviennent alors fanatiques, extrémistes, et le monde les traite de déséquilibrés ou les dits atteints de folie religieuse. C’est pour cela que les réveils s’arrêtent, qu’ils sont discrédités, que leur témoignage aux yeux des incrédules est détruit, tandis que les chrétiens restés sobres et pondérés sont terrifiés par les résultats constatés.
Pour le dire sans ambages, les époques de réveil donnent aux mauvais esprits l’occasion de pénétrer chez les chrétiens spirituels et des les posséder ; et le réveil cesse à cause des cas de possession. Les plus consacrés, les mieux qualifiés, peuvent être séduits et possédés en acceptant comme divines les contrefaçons de Satan. Ceux qui ne sont pas absolument abandonnés à l’Esprit, peuvent échapper à la possession à forme aigüe, mais ils seront exposés à certaines formes de séduction moins caractérisées où ils tombent aisément.
Par exemple, ce qu’on appelle l’esprit fanatique, ce fanatisme qui se développe toujours de façon plus ou moins accentuée après les réveils, résulte directement de l’action des mauvais esprits. Au début des réveils, les ignorants désirent être enseignés dans les choses de Dieu ; mais lorsqu’ils sont passés par leurs « expériences spirituelles », ils deviennent absolument réfractaires à tout conseil, à tout enseignement. La simplicité première fait place à une infaillibilité satanique ou à un esprit d’obstination. L’entêtetement opiniâtre, intraitable, chez l’homme qui est passé par le réveil, ne vient pas de l’homme lui-même, mais des esprits mauvais ; c’est parce qu’ils ont séduit sa pensée et qu’ils tiennent son esprit en leur puissance, que le chrétien est devenu intraitable et déraisonnable.
Dès qu’un réveil éclate, le but que se proposent les puissances des ténèbres, C’EST DE POUSSER AUX EXTREMES LE VRAI. Leur action est d’abord imperceptible : elle consistera en suggestions ou en impulsions à faire telle ou telle chose, à peine contraires à la raison ; mais comme l’impulsion est suivie, que la voix de la raison est ignorée, et même avec le temps réduite au silence, ceux qui sont ainsi séduits tombent par la suite dans l’extravagance et le fanatisme. Il arrive que leur jugement s’élève contre les actions déraisonnables qu’ils sont poussés à commettre, et que leur raison proteste contre les choses qui leur sont commandées de façon surnaturelle ; et cependant, ils sont incapables de résister à cette force surnaturelle qui les contraint à l’action, et qu’ils croient être divine.
Tout ceci, et l’histoire des époques qui ont suivi les réveils de tous les temps, nous montre que le réveil, sans une guerre acharnée contre Satan et les esprits mauvais, doit infailliblement aboutir, en apparence, à un échec partiel, à cause des contrefaçons de l’ennemi.
Prier pour le Réveil lorsqu’on ignore l’ennemi, lorsqu’on ne sait pas que le Réveil est, pour Satan et ses armées, l’heure de la mobilisation générale, c’est ne pas savoir, ne pas comprendre, ce qu’on demande à Dieu ; c’est ignorer ce qu’il faudra faire quand l’exaucement aura été accordé ; c’est n’être pas armé pour faire face à l’opposition satanique que soulève généralement la prière pour le Réveil (voir ch. 3, Danger des réunions dites d’attente).
Pourquoi un Réveil universel n’est-il pas accordé en réponse à des prières universelles ? Parce que le Réveil commence à décliner dès ses débuts ; parce que les réunions de prière sont arrêtées, et que pour une cause ou une autre, elles finissent dans l’impuissance ; parce que ce qui fait obstacle et entrave n’est pas discerné, donc pas combattu.