« L’homme sans torah » des temps de la fin

Dans son roman (inachevé) à caractère autobiographique « le premier homme », Albert Camus évoque son père, qui fut combattant dans les rangs de l’armée française en Afrique du Nord[1]. Pendant cette guerre, celui-ci découvrit, horrifié, durant une garde de nuit, l’un de ses camarades égorgé et également terriblement mutilé. Confronté à cet acte de barbarie profondément choquant, il ne put réprimer une réaction indignée : « Un être humain ne peut pas faire des choses pareilles — un homme ça s’empêche !». Lucien Camus perdra la vie en 1914, dès les premiers jours de la grande guerre.

Plus tard, cette histoire sera rapportée par un ami de son père à Camus, et elle a continué de résonner dans toute sa vie. Il existe diverses variantes de cette citation, dont celle-ci : « L’homme civilisé est celui qui se retient ».

Camus était philosophe, et il est normal qu’il nous invite à réfléchir à cette affirmation qui nous renvoie à notre attitude et à nos devoirs face à la notion de Bien et de Mal, et à celle de civilisation, c’est-à-dire d’humanité. Il s’agit donc d’une réflexion profondément morale — mot qu’on emploiera ici dans son sens judéo-chrétien. 

Lorsque Dieu a parlé aux hommes sur le mont Sinaï, il n’a pas dit autre chose que « un homme ça s’empêche ». En effet, la parole divine qui a été révélée pour amener Son peuple dans une société à Son image (sainte, consacrée), contient justement ce présupposé : l’homme de l’Esprit est celui qui se retient (de faire le mal) : « … tu ne tueras point, tu ne convoiteras pas, tu ne déroberas pas … ». Et si ces commandements ont été donnés, c’est parce que la nature humaine déchue a besoin de les entendre et de les appliquer, car  « le cœur de l’homme est désespérément mauvais »(Jérémie 17/9)[2]

Dieu lui-même se révèle comme Celui qui s’empêche

En incarnant la justice absolue, la sainteté absolue, la perfection absolue ET en pardonnant, Dieu se révèle comme Celui qui se retient. En se définissant comme Celui qui est « lent à la colère » (Exode 34/5)[3], il montre à ceux qui ont été créés à son image le modèle d’un caractère supérieur, et témoigne de l’un des fruits de l’Esprit les plus importants : la maîtrise de soi (la tempérance, Galates 5/22). C’est ce qui ressort clairement de l’un des dialogues entre Moïse et l’Éternel :

 « Et l’Eternel dit à Moïse : Jusqu’à quand ce peuple me méprisera-t-il? Jusqu’à quand ne croira-t-il pas en moi, malgré tous les prodiges que j’ai faits au milieu de lui ? Je le frapperai par la peste, et je le détruirai ; mais je ferai de toi une nation plus grande et plus puissante que lui.

Moïse dit à l’Eternel : Les Egyptiens l’apprendront, eux du milieu desquels tu as fait monter ce peuple par ta puissance, et ils le diront aux habitants de ce pays. … Maintenant, que la puissance du Seigneur se montre dans sa grandeur, comme tu l’as déclaré en disant : L’Eternel est lent à la colère et riche en bonté, il pardonne l’iniquité et la rébellion; mais il ne tient point le coupable pour innocent, et il punit l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et la quatrième génération. Pardonne l’iniquité de ce peuple, selon la grandeur de ta miséricorde, comme tu as pardonné à ce peuple depuis l’Egypte jusqu’ici. Et l’Eternel dit : Je pardonne, comme tu l’as demandé. Mais, je suis vivant ! et la gloire de l’Eternel remplira toute la terre ». Nombre 14 /11 à 14 et 17 à 21

La Bible révèle la gloire de Dieu, et les justes exigences de la pureté et la sainteté absolue. Elle révèle aussi son amour, et nous voyons co-exister la justice avec la grâce, la sanction avec le pardon, dans le cœur de Dieu. Il démontre, en l’incarnant, que la perfection et la gloire ce n’est pas d’aimer seulement ce qui est aimable (ceux qui nous aiment, par ex) — comme le rappelle Jésus à ses disciples (Matthieu 5/46). Dieu s’applique à lui-même cette règle. L’amour est un choix qui implique le pardon, la retenue, qui n’est pas une marque de faiblesse, mais au contraire celle d’une puissance plus grande : « il y a pardon auprès de toi, afin que tu sois craint » (Psaume 130/4).

Les gens faibles se vengent. Les plus forts pardonnent

Albert Einstein

L’homme d’iniquité est l’homme sans retenue

Dans la Bible, on parle « d’iniquité » qui signifie « extrême injustice ». L’auteur de l’épître aux Hébreux dit que Jésus « a aimé la justice, et haï l’iniquité » ou : la non-torah, selon version Chouraqui (Hébreux 1/9). La non-torah, la non-loi, c’est justement la non-retenue, le refus de toute contrainte limitative à la liberté, refus qui produira inéluctablement l’injustice et le chaos. Accepter et adopter les limites de la torah de Dieu, c’est une manière de reconnaître que nous ne sommes pas Dieu. L’inverse est également vrai : refuser les limites de Dieu, c’est se faire dieu.

Les hommes sans frein, sans retenue, sont appelés « ouvriers d’iniquité », parce qu’ils contestent le principe de la nécessité d’une loi (d’une saine contrainte) qui condamne leur nature corrompue ; et ils ajoutent à ce péché celui de faire l’apologie de cette contestation. 

Matthieu 13/41 : « Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui arracheront de son royaume tous les scandales et ceux qui commettent l’iniquité (tous les fauteurs de non-torah): et ils les jetteront dans la fournaise ardente, où il y aura des pleurs et des grincements de dents ».

Sans torah : c’est le chemin suivi par l’homme naturel qui cherche à devenir la mesure de toutes choses, d’une manière plus ou moins consciente. Son monde est sans limite. L’apothéose de ce fonctionnement sans frein (sans torah) consiste logiquement à s’élever « au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu », et en entraînant l’humanité à faire de même. À construire une tour pour atteindre le Ciel (la divinité). Cet homme-là de cette société-là, est « l’homme du péché », c’est-à-dire « l’homme sans-torah » (V. Chouraqui, 2 Thess. 2/3). 

Être la mesure de toutes choses, c’est vouloir avoir raison sur tout, vouloir diriger tout, prétendre contrôler tout, commander tout, imposer ses choix, ses désirs, ses goûts, etc. C’est un trait de caractère universel. Il rend l’être humain toxique, dominateur, qu’il soit athée ou religieux. 

La réponse spirituelle à cette volonté implantée profondément dans l’âme humaine ne peut être que le renoncement à cette énergie, en suivant la direction de l’Esprit, qui pointe vers une croix, la nôtre. Car il ne sera pas possible de devenir un disciple du Seigneur sans renoncer chaque jour à cette mentalité (Matthieu 16/24). Lui-même a montré cet exemple : « Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, qui, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes » (Philippiens 2/7).

Le résultat de l‘abandon de la retenue est l’anomie[4]

 « Le péché est couché à ta porte, mais toi, domine sur lui » (Gen. 4/7) : lorsque Dieu s’adresse à Caïn, Il lui révèle qu’un nouveau rapport de force s’est installé consécutivement à la Chute, mais qu’il est possible de résister — et qu’il FAUT résister, parce que la victoire commence par la résistance : « Résistez au diable, et il s’enfuira loin de vous »(Jacques 4/7).

Le meurtre d’Abel n’était ni accidentel, ni inévitable. L’homme DOIT se maîtriser. L’homme civilisé devra s’empêcher. C’est donc à une forme de lutte constante que l’humanité est appelée, et la Loi a été donnée pour l’y aider ; elle ne peut amener personne à la perfection, mais elle joue un rôle de garde-fou indispensable. Sans elle, c’est le règne du chaos et de l’anomie (« l’état d’un être ou d’une société qui ne reconnaît plus de règles ») : ce que la société des hommes sans Dieu définit comme la liberté sans frein et sans limite. Toute la Parole de Dieu est un puissant plaidoyer à reconnaître le besoin et la nécessité de limites (à cause de la Chute), et d’entrer dans une sagesse supra-humaine : et c’est la crainte de l’Éternel[5]qui est commencement de cette sagesse.

« À la loi et au témoignage ! Si l’on ne parle pas ainsi, il n’y aura point d’aurore pour le peuple »

Esaïe 8/20

Sans loi — sans la loi divine (et on ne parle pas que de commandements, mais de révélation — il n’y a pas d’aurore, mais un crépuscule (une fin). Tout va vers la nuit, tout va dans la nuit du néant éternel. Sans cette révélation, cette vision, le peuple est sans frein[6] et meurt faute de connaissance[7].

L’anomie est un signe de la fin des temps

Dans ses prophéties de la fin, Jésus explique que l’un des signes est le refroidissement de l’amour du plus grand nombre (Matthieu 24/12). Il parle de l’amour de la vérité — l’amour de la sagesse révélée, l’amour du sacré, l’amour de toute parole de Dieu, dont le refroidissement entraîne une dégradation de la foi, puis de la société en même temps que de l’être humain. C’est le premier commandement, duquel découlent toutes choses : lui tourner le dos, c’est embrasser le néant.

Chaque croyant authentique, chaque pasteur, doivent être des lumières dans ces temps dramatiques, mais on ne doit laisser espérer à personne que nous pouvons, de quelque manière que ce soit, empêcher que la nuit vienne. Pour Paul, et sur la foi de la révélation de l’Esprit, l’apostasie de l’Église est une étape qui précède l’avènement de l’antichrist et qui provoquera le retour du Seigneur. 

L’anomie est une conséquence de ce que l’apôtre Paul appelle l’apostasie et ce dernier ne parle PAS d’un processus réversible. Les enseignants de l’Église doivent faire face à cette vérité et l’autoriser à modeler leur vision, et leur message, plutôt que de se confier dans des espérances eschatologiques vaines, qui entretiennent la léthargie de l’Église. L’enjeu est immense, parce que le message fera de nous des vrais ou des faux prophètes (Jérémie 28/15). 

Pour Paul, l’apostasie est une étape certaine qui précède le retour du Seigneur. C’est un des signes de la fin des temps, comme si on revenait dans cette mentalité initiale de Caïn, transgressive et égocentrée : la voie de Caïn ?[8]

La voie de Caïn

L’anomie, la mentalité de Caïn, se retrouve dans la fin des temps avec cette injonction à ne se retenir de rien, à se libérer de toute entrave, ce que le slogan soixante-huitard a résumé par le fameux « il est interdit d’interdire ». Il a sonné la fin de la retenue, jugée comme une faiblesse alors qu’elle est une force, comme l’ont exprimé plusieurs : « La vraie grandeur consiste à être maître de soi-même »[9].

Renverser toutes les barrières, céder à toutes les pulsions, donner accès à toute tentation : c’est le chemin large et facile. Il ne réclame aucun effort, ne sollicite aucune énergie, et ne nécessite aucune force morale. C’est même tout le contraire. Il cultive la recherche du plaisir qui produit la faiblesse par l’absence de volonté, ne formant que de la lâcheté devant le plus élémentaire devoir familial, civil ou moral. 

C’est peut-être une manière de comprendre un verset mystérieux qui dit que « le mystère de l’iniquité agit déjà : il faut seulement que CELUI QUI LE RETIENT encore ait disparu » (2 Thess. 2/7) : c’est l’existence de la loi qui retient le développement exponentiel du mal. C’est le respect de la Loi divine qui retient la folie, en influençant positivement la société et les nations. Lorsque l’esprit de la retenue disparaît parmi les hommes, alors c’est le temps de l’anarchie, qui voit l’avènement logique de l’antichrist — c’est-à-dire pas seulement son apparition, mais son couronnement. 

Avènement et généralisation du nihilisme

Cette dégradation de la société a bien été anticipée par le philosophe Nietzsche à la fin du 19è siècle, qui a vu à l’avance l’émergence et la normalisation du nihilisme (=inversion de toutes les valeurs) qui mènerait à l’effondrement. 

Le nihilisme est une idéologie qui est le produit du rejet de toute croyance, qui refuse toute contrainte sociale et qui est une négation des valeurs dominantes (entendre : judéo-chrétiennes). Pour Nietzche, le nihilisme est une étape sociologique inévitable, et sa généralisation annoncera la fin de la civilisation. 

« Ce que je raconte (il écrit ses notes vers 1888), c’est l’histoire des deux siècles qui vont venir. Je décris ce qui va venir : la montée du nihilisme. Cette page d’histoire peut être contée dès maintenant : car, dans le cas présent, la nécessité elle-même est à l’oeuvre. Cet avenir parle déjà par la voix de cent signes et présages, cette fatalité s’annonce partout; pour entendre cette musique de l’avenir toutes les oreilles sont déjà tendues. Notre civilisation européenne tout entière s’agite depuis longtemps sous une pression qui va jusqu’à la torture, une angoisse qui grandit de dix ans en dix ans, comme si elle voulait provoquer une catastrophe : inquiète, violente, emportée, semblable à un fleuve qui veut arriver au terme de son cours, qui ne réfléchit plus, qui craint de réfléchir »[10].

Certaines de ses phrases sont totalement visionnaires :

« Lorsque les déshérités n’ont plus de consolation, ils détruisent pour être détruits. Détachés de la morale (d’inspiration judéo-chrétienne), ils n’ont plus de raison de se soumettre à d’autres maîtres qu’eux-mêmes. Ils se placent sur le terrain du principe opposé, et veulent aussi de la puissance de leur côté, en forçant les puissants à être leurs bourreaux ».

« Il y aura une méfiance grandissante à l’égard de la force organisatrice de la volonté d’ensemble (les gouvernements, les élus des sociétés démocratiques) »

« On assistera à une transformation de l’inconscient collectif où toutes les appréciations  » intuitives  » viennent, les unes après les autres, au premier plan, comme si par elles on pouvait obtenir une direction dont on est privé autrement » : voilà une bonne définition des mécanismes du conspirationnisme, et du remodelage de la pensée populaire ; chacun suit son intuition et sa vérité.

« Il y aura une augmentation paroxysmique de la force relative comme force violente de destruction et de changement » : c’est l’émergence du populisme et l’instrumentalisation des émotions de la foule pour provoquer des poussées révolutionnaires et déstabilisatrices.

Dans ce grand mouvement de déconstruction des mentalités du 20è siècle (opposé au travail de Dieu qui œuvre à la construction d’une pensée divine dans l’homme, une pensée du bien et du mal, « jusqu’à ce que Christ soit formé dans vos cœurs »), l’être humain sans Dieu s’éloigne de la position où ses pulsions naturelles devaient être retenues. Rien d’étonnant à ce que ce siècle ait été le plus sanglant de tous ceux qui l’ont précédé, avec une émergence de la barbarie sous diverses formes : celle que pointait Camus dans sa réflexion, ou encore Hanna Arendt (« C’est dans le vide de la pensée que naît le mal »).

Conclusion

Le grand mouvement de déconstruction des mentalités du 20è siècle (opposé au travail de Dieu qui œuvre à la construction d’une pensée divine dans l’homme, une pensée du bien et du mal, « jusqu’à ce que Christ soit formé dans vos cœurs »), repose sur le rejet de la gouvernance divine, du conseil divin, et de toute vérité absolue. Et il conduit dans le chaos, la perdition et le néant éternel.

Le diable est le père du mensonge et meurtrier dès le commencement (Jean 8/44).  En lui se trouve la racine du nihilisme, le rejet et l’inversion des valeurs du Créateur. Et sa semence sont « les fils du diable » (Matthieu 13/38) appelés aussi « les fils de la désobéissance », dont nous faisions partie autrefois (Colossiens 3/6 et Ephésiens 2/2). Pour un peu de temps, il est encore possible de sortir du mensonge qui est le point de départ de tous les maux : le mensonge sur Dieu et le mensonge sur son Christ.

L’anomie, l’anarchie, la violence incontrôlable, le barbarisme découlent tous du mensonge. Et ce sont les développements et les mutations de ce virus qui ont débordé la nature humaine jusqu’à provoquer le Déluge, ainsi que l’emballement de Babel. Et qui provoquent à la fin une nouvelle répétition de l’Histoire, un ultime jugement. 

www.lesarment.com©jeromePrekel2023


[1] 1905, durant son service actif au Maroc.

[2] Laisser derrière soi ce vieil homme, accepter qu’il doive mourir, le livrer à la mort, est le seul chemin du Salut de la nature humaine et diabolique, celui du revêtissement du nouvel homme c’est-à-dire Christ.

[3] Exode 34/5 : « L’Eternel descendit dans une nuée, se tint là auprès de lui, et proclama le nom de l’Eternel. Et l’Eternel passa devant lui, et s’écria: L’Eternel, l’Eternel, Dieu miséricordieux et compatissant, lent à la colère, riche en bonté et en fidélité, qui conserve son amour jusqu’à mille générations, qui pardonne l’iniquité, la rébellion et le péché, mais qui ne tient point le coupable pour innocent, et qui punit l’iniquité des pères sur les enfants et sur les enfants des enfants jusqu’à la troisième et à la quatrième génération! »

[4] L’anomie (du grec ἀνομία / anomía, du préfixe ἀ- a- « absence de » et νόμος / nómos « loi, ordre, structure ») est un concept sociologique désignant l’état d’un être ou d’une société qui ne reconnaît plus de règle.

[5] Respect, considération, déférence

[6] Proverbes 29/18

[7] Osée 4/6 : « Mon peuple est détruit, parce qu’il lui manque la connaissance ».

[8] Jude 1/11 : « Malheur à eux ! car ils ont suivi la voie de Caïn, ils se sont jetés pour un salaire dans l’égarement de Balaam, ils se sont perdus par la révolte de Coré ».

[9] Daniel Defoe, écrivain, Homme politique, auteur de « Robinson Crusoe »

[10] « La Volonté de puissance. Essai d’inversion de toutes les valeurs », fragments posthumes.

[11] Ecclesiaste 10/16 : « Malheur à toi, pays dont le roi est un enfant »

11 comments On « L’homme sans torah » des temps de la fin

  • Bonjour Jérôme,

    Vraiment un sacré angle de réflexion. Merci beaucoup pour ce partage. Si tu m’autorises, je pense (ou plutôt « je veux ») le citer sur une de mes pages.

  • Bonjour Jérôme,
    Tu n’as pas cité entièrement Einstein : «Les gens faibles se vengent. Les gens forts pardonnent. Les gens intelligents ignorent. »
    Je comprend que tu aies omis de citer la 3ième partie: elle est plus difficile à expliquer et peut-être moins biblique !?

    • Salut Marc
      Merci pour le complément de la citation d’Einstein : « …les gens intelligents ignorent » : je l’ignorais 😉
      Mais c’est vrai que sa première partie venait opportunément compléter mon propos, avec cette association faiblesse/vengeance et force/pardon.
      C’est puissant je trouve. Bon, on reste sous un angle psychologique – qui est très vrai – mais l’angle spirituel considèrera la choses à partir de l’orgueil et de l’humilité : les gens orgueilleux se vengent, les humbles pardonnent. Aux yeux du monde, la force et l’orgueil sont associés, tandis qu’au regard du royaume de Dieu, c’est l’humilité qui est la vraie force.
      Mais on ne nait pas humble, on le devient (pour paraphraser une autre citation célèbre), et c’est au prix de souffrances et de la perte … de soi-même (et là, on a perdu nos amis psychologues, qui lèvent les yeux au ciel). David dit « il est bon pour moi que j’ai été humilié, abaissé, afin que j’apprenne tes statuts » (Ps. 119).
      C’est tout le but de l’école de Dieu, de l’éducation de ses enfants, et de toute la discipline qui y est associée : « un fils que le Père aime, il le discipline » (Heb 12). On démarre tous de très haut, et il nous faut accepter et apprendre une autre loi que la nôtre, la soumission, l’abaissement et rejoindre le Seigneur tout en bas : c’est aussi ça « jusqu’à ce que Christ soit formé dans nos cœurs » (Galates).

  • Le Point : La violence des émeutiers est-elle le signe d’une décivilisation ?

    Boris Cyrulnik : Oui. On a reproché l’emploi de ce mot à Emmanuel Macron, en l’accusant d’utiliser une notion issue de l’extrême droite. Pour moi, il est évident que le terme vient de La Civilisation des mœurs, de Norbert Elias. Le président a utilisé ce mot au sens de déritualisation. Si la plupart des jeunes des quartiers s’intègrent extrêmement bien, contrairement à ce qu’on dit, une minorité d’entre eux est décivilisée. Autrement dit, elle n’a pas appris les rituels d’interaction, n’a ni éducation, ni école, ni famille, ni travail, ni projets. Comment voulez-vous qu’elle soit civilisée ? Ces cas sont très minoritaires, mais, comme l’a montré Serge Moscovici dans ses travaux sur les minorités actives, 3 % d’une population peuvent très bien provoquer des phénomènes sociaux.

    En 1929, Germaine Tillon, de retour d’Allemagne, alerte ses amis allemands sur la menace nazie. Ces derniers éclatent de rire. Dix ans plus tard, le parti nazi a dépassé les 90%. Ce que les nazis ont accompli en dix ans, un réseau social peut le faire aujourd’hui en quelques minutes.
    Ils ont des rituels archaïques et claniques. Un chef, un gourou, impose sa loi avec un mot d’ordre : « on attaque cet endroit, les nantis sont arrogants ». Ce rituel repose sur l’initiation violente, qui exige de prouver sa force en affrontant la police. Les garçons – plus que les filles, même si certaines recourent aujourd’hui à la violence – sont fiers de les accomplir. […] C’est le signe que la culture, qui est sensée forunrir un relais entre la famille et la société, n’arrive plus à modeler ces enfants. […] La haine des élites […] est toujours un signe annonciateur du fascisme.

    https://www.lepoint.fr/politique/emeutes-boris-cyrulnik-ces-enfants-sont-desesperes-car-ils-ne-sont-pas-tutorises-06-07-2023-2527640_20.php#11

  • Compliment , car c’est bien ce qui est en train d’arriver et cette réflexion est bien à-propos.
    MERCI pour ce travail qui nous éclaire et nous permet (en tout cas moi même) d’accepter de perdre et d’être rejeté par ceux qui ne savent pas que leur rejet les poussera vers l’abîme sans en comprendre le véritable sens . Une chose cependant peut nous réjouir dans ces temps de grandes violences ….le Messie est à la porte, Gloire à Dieu.

  • Bonjour Jérôme,

    A partir de votre angle de vue de la retenue, vous présentez le Seigneur d’une manière si belle et si excellente et vous expliquez si bien ce qu’est l’homme sans torah, mais vous auriez pu vous retenir d’y ajouter votre vérité à vous, la vôtre, en commentant les phrases visionnaires de Nietzsche. Les gouvernements démocratiques savent aussi très bien manipuler les émotions des foules et sont passés maitres dans l’art de la désinformation, par les éléments de langage par exemple, qui transforment l’inconscient collectif. D’autre part, c’est bien à l’ONU dans une session de l’assemblée Générale, que quelqu’un était monté à la tribune et avait déclaré annoncer une très bonne nouvelle à savoir que les dix commandements avaient été abolis. Et il y avait eu un tonnerre d’applaudissements par presque tous les représentants des nations. Un député LR, récemment à l’Assemblée nationale a rappelé le triste bilan de la corruption des marconistes ayant des responsabilités dans le gouvernement : 17 condamnations, 8 mises en examen et 13 enquêtes en cours … Comment peut-on avoir confiance dans de tels dirigeants ? Ils sont des mensonges ambulants. Rien n’est cohérent et on marche constamment sur la tête. On voit bien dans l’Ancien testament que quand le roi abandonnait les lois de l’Eternel, tout le peuple suivait.

    Concernant l’embrasement de la France, c’était prévisible et c’était même souhaité par Macron qui veut mettre en place la censure des réseaux sociaux. En douce, sous de bons prétextes, des lois de plus en plus liberticides (la loi sur la surveillance biométrique intelligente de reconnaissance faciale, la loi sur l’activation à distance des smartphones, GPS, la nouvelle loi sur la programmation militaire …) sont adoptées.

    Je ne renverserai pas le gouvernement, mais je n’écouterai ses communications qu’avec défiance. Mon appel, c’est de suivre le Seigneur, de Le voir couronné de gloire et d’honneur. Le chemin de mort à moi-même qu’Il me propose est le chemin qui me permettra de mieux le contempler, de mieux Le comprendre, d’entrer en Lui.

    • Bonjour Lilli,
      Merci pour votre commentaire.
      Les choses que vous décrivez à propos des gouvernements, et dont vous parlez souvent, ne sont que les symptômes de la maladie. Dans mon texte, j’ai essayé d’entraîner le lecteur dans les rouages des causes profondes. Et lorsqu’on comprend les causes, on comprend Dieu, son dessein et le sens de sa volonté, la valeur de sa parole … et par voie de conséquence, la nécessité pour l’être humain de s’y soumettre.
      C’est un exercice qui a quelque chose de prophétique, dans le sens que la méditation nous entraîne dans une vision qui réunit dans une seule logique les origines et la fin. Tout est conforme, tout se tient, et on ne peut qu’approuver tout ce que Dieu fait, même dans cette période de la fin, où les jugements se manifestent. Comme pour Israël lorsque Nébucadnetsar était à la porte de Jérusalem, c’est le temps de boire la coupe, pour tout le monde, même pour des gens comme Daniel et ses amis, qui étaient sans défaut spirituel. Le chaos s’installe et la chose doit être consommée, et ce sont les conséquences d’un péché qui remonte à bien plus loin que cette génération-là. Et le bouleversement a lieu parce que le Seigneur a appuyé sur le bouton. Et ce que nous voyons aujourd’hui, c’est une ville attaquée, des brèches dans les murs, et l’ennemi qui est entré. Il y a donc un compte à rebours qui a été lancé: on commence à compter les jours.

      Et quant au désarroi d’une partie de la population, qui se met à accuser les puissants et les pouvoirs, à salir les autorités, à se placer dans une opposition et une contestation violente, c’est là l’aboutissement et le chef d’œuvre du diable. Et c’est ce que Nietzsche a vu, et dont il témoigne encore aujourd’hui. Je prie que que ce texte soit lu et partagé afin que le plus grand nombre comprenne qu’il ne faut pas faire partie de ce corps-là.

      • Bonjour Jérôme,

        Nietzsche était un homme sans torah. Il a développé l’idée d’un nihilisme actif réservé aux élites et aux esprits libres de toutes croyances et préjugés, qui eux peuvent se réinventer et évoluer. Pour les autres, l’existence n’a aucun sens.

        Le chef d’œuvre du diable à mon sens, c’est d’avoir réussi à faire croire aux hommes que l’on peut remplacer la notion du bien et du mal inscrite par Dieu dans la conscience de chaque homme et plus précisément définie dans les dix commandements par la notion de valeurs humanistes très fluctuantes. D’ailleurs les églises évangéliques elles-mêmes, en ont été influencées puisqu’elles se définissent par leurs valeurs ou par leur ADN pour être dans le langage pertinent du monde d’aujourd’hui.

        Ensuite, un autre coup de génie du diable, c’était de faire croire aux hommes que la démocratie, le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple était la garantie d’avoir enfin une société plus juste.

        Ce que j’ai beaucoup de mal à encaisser, c’est que tandis que le monde occidental est en train de s’effondrer (et la France à la vitesse grand V), la plupart des chrétiens évangéliques continuent de vivre comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes : le Seigneur nous protègera. Certainement, mais n’est-ce pas le moment de faire sortir de notre vie tout ce qui est futile et profane ?

        Vous avez cité Jér 28:15et j’y ajoute le verset 14 : “ Car ainsi parle l’Éternel des armées, le Dieu d’Israël : Je mets un joug de fer sur le cou de toutes ces nations, pour qu’elles soient asservies à Nebucadnetsar, roi de Babylone, et elles lui seront asservies ; je lui donne aussi les animaux des champs. Et Jérémie, le prophète, dit à Hanania, le prophète : Écoute, Hanania ! L’Éternel ne t’a point envoyé, et tu inspires à ce peuple une fausse confiance. “

        Si un joug de fer va nous tomber dessus, c’est le moment de suivre l’exemple de Daniel qui a vécu toute sa vie en captivité. La signification du nom de Daniel est : l’Eternel est mon juge. Deux sens à ce nom : -Le premier, c’est que ce qui importait à Daniel, c’était la manière dont Dieu le jugeait. C’est pourquoi, il a vécu dans la pureté et la sainteté et qu’il priait Dieu trois fois par jour. – Le deuxième, c’est que c’est Dieu qui rendait justice à Daniel. Il ne se rendait pas justice lui-même. Ensuite, Daniel avait compris que c’est le Très -Haut qui domine sur le règne des hommes. C’était un homme de vision. Il regardait aux réalités invisibles. Dan5 :11-12″ Il y a dans ton royaume un homme qui a en lui l’esprit des dieux saints ; et du temps de ton père, on trouva chez lui des lumières, de l’intelligence, et une sagesse semblable à la sagesse des dieux. Aussi le roi Nebucadnetsar, ton père, le roi, ton père, l’établit chef des magiciens, des astrologues, des Chaldéens, des devins, parce qu’on trouva chez lui, chez Daniel, un esprit supérieur, de la science et de l’intelligence, la faculté d’interpréter les songes, d’expliquer les énigmes, et de résoudre les questions difficiles.” Nous aussi, nous avons l’Esprit de Dieu en nous qui nous révèle les mystères contenus dans la Bible interprétée par la Bible.

        N’empêche que ce défi lancé par le livre de Daniel me parait bien inatteignable : faire reconnaitre aux puissants qui veulent contrôler les pensées et les actions de chaque être humain la souveraineté absolue de Dieu par un témoignage de pureté, de consécration et de sagesse supérieure. Da 4:25” jusqu’à ce que tu ( Nebucadnetsar)saches que le Très Haut domine sur le règne des hommes et qu’il le donne à qui il lui plaît. “

        En tout cas, le Seigneur s’est engagé pour que je le relève avec brio. Luc21:15 “ Je vous donnerai une bouche et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront résister ou contredire.”

        • Bonsoir Lilli,
          Oui, Nietzsche était un homme sans torah, mais cela n’altère en rien la pensée que j’ai citée, et son caractère prophétique. Ne détournons pas l’attention que mérite la vision, vers son auteur. C’est un peu comme si on disait que ls prophéties de Balaam (Nombres 24 et 24) ne sont pas fiables, parce qu’il était un faux prophète…

          Nietzsche dit : « Il y aura une méfiance grandissante à l’égard de la force organisatrice de la volonté d’ensemble (les gouvernements, les élus des sociétés démocratiques) »
          « Il y aura une augmentation paroxysmique de la force relative comme force violente de destruction et de changement »

          Sa description de la société de notre siècle, et du moteur de son déséquilibre est frappante. Et s’il a raison, il y a là une explication à la violence des mouvements sociaux tels que nous les connaissons depuis quelques décennies, et qui augmentent de manière incontrôlable. Spirituellement parlant, cette violence est condamnable, mais également l’esprit qui l’anime, et si nous entrons dans le jeu de l’excuser, ou de la justifier, nous la rejoignons.

          Vous dites très justement que la démocratie est une séduction: c’est probablement une des moins mauvaises solutions parmi les mauvaises solutions, et elle ne peut pas mener à une société juste. Vous disiez dans votre message précédent « comment peut-on faire confiance à de tels dirigeants ? » : mais je ne comprend pas comment des chrétiens authentiques pourraient d’un côté identifier que tous les systèmes sont injustes, et d’un autre côté leur reprocher leur injustice. Une source amère peut-elle donner autre chose que de l’amer ? Dieu ne nous demande assurément pas de faire confiance aux autorités, mais de respecter le principe d’autorité qu’il a instauré, ce n’est pas la même chose. Le Seigneur a aimé les hommes pour lesquels il a donné sa vie « mais il ne se fiait à aucun d’eux » (Jean 2/24).

          Je vous rejoins dans votre espérance (et votre volonté) de vivre une vie consacrée, en donnant un témoignage de pureté comme Daniel l’a fait. En y réfléchissant, je me dis que contrairement à nous — ou aux chrétiens que vous décrivez et qui font comme si tout allait bien — contrairement à nous, Daniel n’avait plus rien. Plus de pays, plus de biens personnels, plus de rang social, plus de nom (on lui a donné un nom païen), plus de fierté, plus de dignité, écrasé par le fardeau traumatisant et par l’infinie tristesse d’avoir été abandonnés par Dieu et livrés à leurs ennemis, un peuple qu’ils considéraient comme inférieur à eux…
          Et c’est bien l’ensemble de son drame personnel, familial et communautaire qui a forgé sa détermination, son positionnement spirituel et sa consécration. Il n’avait plus rien et Dieu est devenu véritablement son seul espoir. Sa foi est devenue son temple, et sa fidélité personnelle est devenue son service, son sacrifice.

          Pour revenir à l’Église actuelle, elle n’est pas encore dans la phase où elle a tout perdu, mais dans la phase intermédiaire où elle prétend qu’elle est vivante, qu’elle est riche et qu’elle n’a besoin de rien. C’est un déni spirituel. Parce que nous nous accrochons à tout ce que nous pouvons, jusqu’au dernier moment, jusqu’à ce que la dernière fibre de notre force nous fasse défaut. C’est une puissance qu’il y a en nous, invincible, et dont seule, la croix peut triompher. Dans sa grâce, le Seigneur maintient encore et toujours la porte de la repentance ouverte : chacun peut prendre conscience de l’erreur de ce déni, et faire face à la vérité vraie, toujours très difficile à accepter. Je crois que c’est avant tout une question personnelle. Bénédictions/JP

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