«Et Elie le Thischbite, d’entre les habitants de Galaad, dit à Achab : L’Éternel, devant qui je me tiens, est vivant, qu’il n’y aura ces années-ci ni rosée, ni pluie, sinon à ma parole» (1 Rois 17/17).
On a coutume de penser que c’est l’Éternel qui avait décidé qu’il ne pleuvrait plus en Israël, jusqu’à nouvel ordre, et qu’il chargea son prophète d’en informer le roi Achab. C’est la conclusion qu’on peut tirer naturellement de ce passage. Mais un examen attentif, à l’aide d’autres sources bibliques, va nous conduire dans une autre interprétation. C’est l’épître de Jacques qui nous apporte un éclairage complémentaire important :
« Élie était un homme ayant les mêmes passions que nous, et il pria avec instances qu’il ne plût pas, et il ne tomba pas de pluie sur la terre durant trois ans et six mois ; et il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit » (Jac. 5/17).
Élie a donc préalablement prié, ce qui n’apparaît pas dans le passage du livre des Rois. C’est un complément que nous apporte Jacques, et puisque nous pensons que «toute Écriture est inspirée de Dieu» (2 Timothée 3/16), alors nous pouvons intégrer ce complément comme une réalité digne de foi.
Une question s’impose donc : si Dieu avait souverainement décidé de l’opportunité d’une famine afin de faire plier le roi Achab et sa femme Jézabel, il aurait effectivement (et simplement) chargé Élie d’une commission pour informer le roi apostat. Une sorte de coursier. Mais dans ce cas pourquoi Elie aurait-il eu besoin de prier ? À quoi sert-il de prier, quand un décret divin a été prononcé ?
Cette histoire contient donc un enseignement caché, prophétique, très important pour les héritiers de l’esprit d’Élie.
Le verset complet de 1 Rois 17 dit exactement ceci : «Et Elie le Thischbite, d’entre les habitants de Galaad, dit à Achab : L’Éternel, devant qui je me tiens, est vivant, qu’il n’y aura ces années-ci ni rosée, ni pluie, sinon à ma parole. Puis la parole de l’Eternel vint à lui, disant : Va-t-en d’ici, et tourne-toi vers l’orient, et cache-toi au torrent de Kerith, qui est vers le Jourdain».
Chaque détail des Écritures est important : ceux qui apparaissent explicitement dans le Texte, mais également ceux qui brillent par leur absence. Et nous pouvons également être édifiés et renseignés (curieusement) … par ce qui n’est pas écrit. Je m’explique : l’auteur nous dit que «la Parole de Dieu» n’est pas venue à Élie AVANT sa déclaration à Achab, mais APRÈS.
Rien n’empêchait le narrateur, sous l’inspiration de l’Esprit, de préciser les choses différemment. Car nous voyons dans la suite du récit que la précision est donnée fidèlement et régulièrement : «La Parole de Dieu vint à lui …» (ch. 17, versets 2, 8 et ch. 18, verset 1).
Si nous respectons le Texte, nous pouvons donc penser qu’Élie, poussé par sa jalousie pour l’Éternel, a pris position publique devant Achab, parce que le prophète représente l’autorité divine du lieu et du moment. Élie est parfaitement dans sa délégation, il est comme l’ange de l’Éternel. Il a prié (signe de son initiative) pour qu’il ne pleuve pas, et aussi longtemps qu’il ne changera pas le décret spirituel, celui-ci demeurera valide.
Nous avons une illustration de ce principe dans cette parole de Jésus à ses disciples : «En vérité, je vous dis : Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. Je vous dis encore que si deux d’entre vous sont d’accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu’ils demanderont, elle sera faite pour eux par mon Père qui est dans les cieux ; car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux» (Matthieu 18/18 à 20).
Il ne s’agit pas ici de dégager un enseignement qui illustre une indépendance de l’Homme par rapport à Dieu : la dépendance à l’Esprit est une règle intangible. Mais nous voyons que l’unité avec Christ aura vocation d’entraîner une participation si étroite – une collaboration — au fardeau de Dieu qu’elle fera du disciple un prolongement de la présence de Dieu, car Il a délégué Son autorité : c’est le sens de la prière «au nom de Jésus», qui n’est pas une formule, mais qui signifie : «je suis ici et je parle comme si c’était Christ qui était présent et qui parlait».
Cet enseignement nous parle bien sûr de la puissance de la prière, mais également de l’Autorité spirituelle, celle qui peut faire dire à un apôtre : «j’ai jugé, dis-je, de livrer un tel homme à Satan pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé dans la journée du Seigneur Jésus…» (1 Corinthiens 5/5). Redoutable autorité et terrible responsabilité, qui ne doivent jamais être envisagées – ou pratiquées – avec légèreté, et qui font partie des prérogatives des ministres authentiques de Christ, disciples accomplis.
Car nous sommes certes des ambassadeurs[1] d’une bonne nouvelle, répandant partout la bonne odeur de Christ, mais le ministère et l’annonce du Salut est également composé d’une autre partie : «aux uns une odeur de vie, aux autres une odeur de mort»[2], tout comme le premier prédicateur de la justice, Noé, en entrant dans l’arche qu’il avait construite, condamna le monde[3].
[1] 2 Corinthiens 5/20 : «Nous sommes donc ambassadeurs pour Christ, — Dieu, pour ainsi dire, exhortant par notre moyen ; nous supplions pour Christ : Soyez réconciliés avec Dieu !»
[2] 2 Corinthiens 15/16
[3] Hébreux 11/7 : «Par la foi, Noé, étant averti divinement des choses qui ne se voyaient pas encore, craignit et bâtit une arche pour la conservation de sa maison; et par cette arche il condamna le monde et devint héritier de la justice qui est selon la foi».
9 comments On 1-ELIE : Un aspect peu abordé de l’autorité
J’aime ….. Matière à reflexion .. Il y a du « lourd » 🙂 je vais sûrement partager sur fb ..
Bon, y a du boulot en ce qui me concerne .. et pourtant en tant que petits » Christ nous sous estimons bien souvent l’autorité que Dieu nous donne .. ^^
Bonjour Myriam,
Oui, il ne faudrait en fait ni sous-estimer ni surestimer, signes qui trahissent la pensée encore trop bien établie du vieil homme …
Il faut le dépouiller, lui retirer la possibilité de faire ces incessants sondages qui ne servent qu’à vérifier qu’on nous aime.
La polarité « sous-estimer/surestimer », ce n’est que le symptôme de l’orgueil caché. Il faut le juger, condamner son système, l’abandonner, et entrer dans le jugement de l’Esprit : «L’homme spirituel, au contraire, juge de tout, et il n’est lui-même jugé par personne» (1 Cor. 2/15). Vaste programme !
Bonjour Jerome .. oups le terme sous estimer n’était pas le meilleur ^^ !!
Incessants sondages, non non ..
T’inquiète pas, notre vieil homme, il y en a Un qui s’en occupe très bien 😉
Bonne journée et bonnes fêtes de Noël à toi et à ta famille !
Myriam
Bonjour Jérôme,
J’ai besoin d’éclairage concernant la phrase ci-dessous:
« Mais dans ce cas pourquoi Elie aurait-il eu besoin de prier ? À quoi sert-il de prier, quand un décret divin a été prononcé ? »
Ceci voudrait-il dire que lorsque le SEIGNEUR a décrété quelque chose nous n’avons pas besoin de prier?
Par ailleurs, DIEU est CELUI qui opère en nous le vouloir et le faire selon SON bon plaisir, selon SA volonté. Il ne sera donc pas toujours évident de distinguer ce qui est à l’initiative de DIEU et ce qui est strictement de notre initiative (mis à part ici la révélation que DIEU donne ou le caractère évident d’une œuvre contraire à la justice de DIEU). De plus, l’article rapporte que « Élie a donc préalablement prié » , serait-ce avant de publier ce décret ? Auquel cas, n’aurait-il donc pas reçu le témoignage d’être dans la volonté de DIEU et d’être exaucé avant de proclamer ce décret ?
Je partage par ailleurs le point dans ton post, il est impératif de rester dans un certain équilibre, et il n’y a que la communion avec le SEIGNEUR et SON ESPRIT, avec la tempérance que bâtit la communion fraternelle, les enseignements,…. qui nous assurent d’être dans SA volonté ; nous sommes SON ouvrage, crées pour les œuvres bonnes qu’IL a préparées d’avance afin que nous les pratiquions.
Bonjour Ingrid,
Lorsque certaines choses sont décrétées par Dieu, la prière n’est pas rendue inutile, bien sûr, mais elle sera forcément d’une nature autre.
Ce que cet article veut dire, c’est en définitive qu’il y a une différence entre le fait d’être conduit par l’Esprit au travers de directives (Va, Fais-ceci, etc) et le fruit d’une unité de cœur avec Dieu. Cette dernière attitude pouvant conduire à prendre des initiatives, dans le cadre d’une inspiration qui fonctionne différemment.
Pour le dire autrement : je peux dire à mon fils ce que je veux qu’il fasse, pour des détails comme pour des choses importantes, jusqu’à ce qu’il sache qu’il peut se déterminer lui-même par rapport à toutes choses. Parce qu’il connaît ma volonté, mes attentes, et aussi les moyens à mettre en œuvre. Il peut même retransmettre des choses qui viennent de moi, son père, sans nécessairement avoir à me le demander. Il le fait parce qu’il est dans son mandat d’héritier et de représentant.
Bien sûr, ce que tout cela décrit relève de la MATURITÉ, qui est finalement un état d’équilibre. Les enfants luttent sans cesse pour trouver l’équilibre, qui reste assez fragile même lorsqu’il sont en station debout. Mais un adulte n’a plus à chercher l’équilibre. La maturité n’interdit pas la prière, mais l’abordera et la pratiquera d’une manière nouvelle.
Merci, je comprends mieux.
Autre chose, Il y’a un passage qui m’a toujours « surprise » (le mot est modéré), faisant référence au fait que « face à des choses décrétées par DIEU la prière prend une autre nature » :
Hb 5 : 5-7, insistant sur les versets 7 et 8
5 De même aussi Christ ne s’est point glorifié lui-même pour être fait souverain Sacrificateur, mais celui-là [l’a glorifié] qui lui a dit : c’est toi qui es mon Fils, je t’ai aujourd’hui engendré.
6 Comme il lui dit aussi en un autre endroit : tu es Sacrificateur éternellement selon l’ordre de Melchisédec.
7 Qui durant les jours de sa chair ayant offert avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort et ayant été exaucé de ce qu’il craignait,
8 Quoiqu’il fût le Fils [de Dieu], il a pourtant appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes.
Ces 2 versets me surprennent d’autant plus que JESUS étant FILS, DIEU, SAVAIT avant de venir parmi nous ce par quoi IL passerait et que l’issue serait pour LUI la résurrection. On se serait attendu a des prières d’actions de grâces comme pour la plupart des miracles qu’IL a accompli, mais là, c’est avec « de grands cris et avec des larmes ». LE PERE ne pouvait pas seulement LE sauver de la mort, mais IL le voulait pleinement et malgré tout JESUS a prié avec instance…
Comment mettre tout ceci ensemble…
Ingrid,
Je mets en ligne votre commentaire pour que quelqu’un puisse éventuellement vous répondre …
Ingrid
Je crois personnellement que nous ne pouvons pas tout comprendre. La lumière vient cependant, dans une certaine mesure, et le Saint-Esprit qui en nous connaît toutes choses, ne nous communique cependant pas tout, comme vous avez remarqué.
Il y a des raisons à ça, qui tiennent entre autres choses au niveau moral et spirituel dans lequel nous acceptons de vivre encore, les uns et les autres : «Je vous ai donné du lait, non de la nourriture solide, car vous ne pouviez pas la supporter; et vous ne le pouvez pas même à présent, parce que vous êtes encore charnels» (1 Cor. 3/2).
Il y a aussi d’autres raisons qui tiennent plus simplement à notre capacité de saisir pleinement un domaine de l’Esprit, ou encore à notre maturité spirituelle.
Bref, la question demeure, donc ! Pour qu’elle s’éclaire, il faudrait que Dieu vous montre ce que signifie exactement la divinité de Christ, et l’absolue nécessité qu’il évolue dans une chair semblable à la nôtre, afin qu’il soit accessible à l’angoisse, à la tristesse extrême et que la mort soit réelle. C’est là tout le mystère.
Et ce que nous voyons de Lui, dans ces moments intenses qui précèdent les souffrances et l’humiliation de la Croix, nous font prendre conscience qu’il a vraiment souffert, qu’il est vraiment mort de douleur. Et qu’il est vraiment ressuscité.
Merci Jérôme.