Quand nous renonçons au bonheur extérieur et aux plaisirs du monde, nous sommes enclins à croire que la croix a mis la dernière main à l’oeuvre de grâce accomplie dans notre vie.
Nous ne réalisons pas que l’annulation en nous de l’ancienne création exige une oeuvre complémentaire : c’est cette Croix-là qui nous attend.
Dieu désire nous voir mourir à Sa joie et vivre pour Sa volonté. Même si nous nous sentons heureux à cause de Dieu et de la proximité de Sa personne (par contraste avec la joie que nous procuraient les choses charnelles et terrestres), l’objectif de Dieu n’est pas de nous rendre participants de Sa joie, mais serviteurs de Sa volonté.
Il y a une grande différence entre la volonté de Dieu et la joie de Dieu. La première est toujours présente, car nous pouvons contempler la pensée de Dieu dans Ses arrangements providentiels; tandis que la seconde n’est pas toujours là puisqu’on ne l’expérimente que dans certaines circonstances et à certains moments. Quand un chrétien recherche la joie de Dieu, il choisit la partie de Son dessein qui le satisfait; il ne désire pas toute Sa volonté!
Mais celui qui trouve sa vie dans la volonté de Dieu, celui-là obéira sans s’inquiéter de ce que Dieu peut lui faire ressentir ou non. Aussi bien dans la joie que dans la souffrance, il peut discerner dans ses circonstances un arrangement voulu de Dieu.
Lorsque le chrétien a fait quelques progrès spirituels, Dieu entreprend de lui retirer la consolation et la joie qu’Il avait coutume de lui accorder à l’heure de la souffrance ou de l’obéissance. Désormais il doit accepter la souffrance sans rien avoir qui puisse stimuler l’intérêt qu’il porte à la volonté de Dieu. Tout est aride et quelconque. Par cette manière de faire, Dieu cherche à découvrir le mobile exact qui pousse le chrétien à souffrir pour Lui et à Lui obéir. C’est comme s’Il lui demandait : « Es-tu prêt à te soumettre à une activité qui n’a absolument rien pour te plaire? Peux-tu le faire, simplement parce que c’est Mon plan ? Seras-tu capable de mettre la main à mes affaires quand tu te sentiras déprimé, dévitalisé et sec ? Peux-tu l’accepter parce que c’est Moi qui te le demande ? »
C’est là, sur le plan pratique, une épreuve par laquelle Dieu nous demande si nous vivons pour Lui par la foi, ou si nous vivons pour nous-mêmes par ce que nous ressentons. Vivre pour le Seigneur, c’est vivre pour Sa volonté, pour Son intérêt, pour Son royaume. Sous ce régime-là, il n’est fait aucune concession à notre bien-être, à notre satisfaction personnelle, à notre prestige. Celui qui peut tout accepter avec joie de la main du Seigneur, y compris les ténèbres, la sécheresse, la langueur, complètement dépréoccupé de lui-même, c’est celui-là qui vit pour le Seigneur.
Une vie de foi, c’est une vie vécue en croyant Dieu en toute circonstance. « Quand même Il me tuerait, dit Job, je croirais encore en Lui ». C’est cela, la foi. Dans la vie des chrétiens les plus avancés, il semble que cette apparente désertion de Dieu ne leur a pas été épargnée. Notre foi en Dieu pourrait-elle restée inébranlée si nous nous trouvions un jour dans semblable extrémité? Connaissez-vous cette proclamation de John Bunyan, auteur du « Voyage du pèlerin », au moment où les hommes s’apprêtaient à le pendre ? « Si Dieu n’intervient pas, je ferai le saut dans l’éternité avec une foi aveugle, vienne le ciel ou l’enfer! » Quel héros de la foi!
A l’heure désespérée, pouvons-nous dire, nous aussi : « O Dieu, quand même tu m’abandonnerais, je persisterais à Te croire! » Le coeur commence à douter quand tout est obscur pour lui, mais la foi tient ferme en Dieu, même en face de la mort.
Comme il y en a peu qui atteignent ce niveau ! Comme notre chair s’insurge contre un régime dans lequel Dieu est notre unique compagnon de route !
Porter sa croix inspire à l’homme une répulsion instinctive, qui a compromis bien des vies spirituelles, parfois irrémédiablement.
La tendance est de se réserver quelque menu plaisir pour la satisfaction de notre coeur naturel. Si les chrétiens avaient le courage du sacrifice total, dans l’ardente fournaise de Dieu, ils avanceraient à pas de géant dans leur chemin spirituel.
Des hommes qui se mettent intégralement entre les mains de Dieu, sans aucune considération pour leurs réactions émotives, voilà le besoin criant de l’heure présente.
Il ne faudrait surtout pas donner à l’exposé qui précède un sens qu’il n’a pas. Signifierait-il que la joie n’a plus droit de cité chez nous, qu’elle va perdre sa place dans nos vies?
Mais non ! « La joie par le Saint-Esprit » n’est-elle pas une des plus grandes bénédictions du Royaume de Dieu (Rom.14.17)?
Le Saint-Esprit n’a-t-Il pas la joie pour fruit (entre autres)? Mais s’il en est ainsi, comment expliquer cet apparent illogisme? Il suffit de constater qu’il y a une joie que nous perdons dans notre vie émotive, mais celle que nous gagnons dans notre vie spirituelle est l’effet d’une foi devenue pure; elle ne peut être détruite. Une foi de cette qualité déploie ses effets en nous à une profondeur inaccessible à notre vie psychique.
En devenant spirituels, nous voyons s’éteindre la vieille attraction du plaisir, et tous les anciens appâts de la félicité terrestre. Mais la paix et la joie de l’Esprit, engendrées par la foi, subsiste à toujours.
Pour marcher selon l’esprit, le chrétien doit être aveugle au scintillement de sa vie émotive. C’est la foi qui doit inspirer tous ses mouvements. Les béquilles que sont les sensations merveilleuses dont la chair est si friande ont été mises au rebut. Quand il obéit à l’esprit, le croyant n’éprouve aucune crainte s’il n’a plus le concours de ses sens, ou si ses sens le contrecarrent. Mais le sentiment remplace l’intuition chaque fois que sa vie spirituelle est en baisse. Sans la foi, personne ne peut vraiment avancer.
ARTICLE DE WATCHMAN NEE
1 comments On L’oeuvre de la croix
merci pour les échange d’enseignement