Qu’est-ce que relativiser un événement ? C’est en diminuer consciemment la portée, la gravité, l’incidence, les conséquences.
A l’heure où notre amour correspond pour beaucoup à du sentimentalisme, nous avons bien du mal à nous prononcer de façon catégorique, tant sur les agissements des personnes, que sur les événements ou même sur les courants de doctrines qui circulent.
En réalité c’est certainement la Parole de Dieu que nous avons relativisé dans ses affirmations : «Bien sûr, c’est écrit, mais tu comprends … aujourd’hui dans ce monde …avec notre culture …». C’est ainsi que nous nous permettons de façon très arbiraire d’adapter les Ecritures selon nos bonnes résolutions et nos bons sentiments. Nos émotions ont pris une place considérable dans notre jugement, tant et si bien que nous en avons perdu l’aiguillon de la Parole de Dieu et que nous sommes dépourvus de toute véritable autorité spirituelle.En effet, à moins que nous ne considérions les choses telles que Dieu les considère, nous ne saurions manifester beaucoup d’autorité. Nous maîtrisons si bien l’art de tout relativiser, de tout atténuer, qu’il n’est plus de bon goût de dire d’une chose qu’elle est blanche ou qu’elle est noire, mais plutôt qu’elle est plus ou moins grise (et bien sûr nous appelons cela de la sagesse).Le problème majeur, c’est qu’à la lecture des Ecritures, nous ne percevons pas du tout que Dieu ait cherché à relativiser, à atténuer ou à temporiser quoi que ce soit.
Si nous avions été à la place du prophète Samuel, aurions-nous réagi avec la même formule, en face des excuses d’un roi ?
– «le peuple a épargné les meilleures brebis pour les offrir en holocauste à l’Eternel …»
– «Saül, ce n’est pas vraiment ce que Dieu avait demandé de toi, mais ton intention est louable, et Dieu pardonnera …»
Seulement voilà, ce n’est pas tout-à fait ce que Samuel a répondu, mais plutôt :
– «Puisque tu as rejetté la Parole de l’Eternel, l’Eternel te rejette».
Nous connaissons également l’histoire des deux fils du sacrificateur Eli, et comment ils mangeaient les viandes destinées aux sacrifices : ils avaient un comportement très libéral. Bien sûr, nous aurions conseillé à Eli de les reprendre – quoi que, à la réflexion, nous aurions pu considérer qu’il s’agissait là d’affaires privées … Mais nous lisons que puisqu’Eli montra de la faiblesse à l’égard de ses fils, non seulement il fut jugé lui-même sans circonstances atténuantes, mais Dieu résolut de faire périr ceux qui L’outrageaient de façon si ouverte. Si cela n’avait pas été écrit, nous aurions été bien incapables de voir la main de Dieu dans le fait qu’ils tombèrent tous deux au combat un même jour.
Nous pourrions multiplier les exemples où l’homme est tenté de substituer ses sentiments au radicalisme divin, et cela entraînerait certainement une nouvelle traduction de la Bible …
Bien sûr qu’il faut faire preuve de compassion, de miséricorde, de douceur, de patience, mais arrêtons de relativiser ce qui est grave aux yeux de Dieu !
Si un prophète parle, et qu’il dise vrai, c’est bien; mais s’il se trompe une fois, deux fois, dix fois, on ne dit pas qu’il est un faux prophète, mais que Dieu a changé Ses plans … Après tout, dit-on, l’erreur est humaine.
Ces raisonnements signalent la présence du recul de la Parole de Dieu.Osons dire nettement et fermement que la fausse prophétie est une des choses les plus graves aux yeux de Dieu car ce sont autant de mauvaises directions données à Son peuple.
Dieu ne badine pas avec la fausse prophétie, mais la juge comme un vrai crime, car la vraie prophétie reflète le vrai caractère de Dieu, tandis que la fausse attribue à Dieu un caractère qui n’est pas le Sien.
– «Mais nous ne sommes plus au temps des prophètes de l’Ancien Testament.Dans le Nouveau Testament, les choses sont différentes».Et on relativise et relativise encore, au risque de devenir aveugle et sourd.
Lisons attentivement les paroles que Jésus adresse aux sept églises d’Asie Mineure aux chapîtres 2 et 3 de l’Apocalypse, afin de nous convaincre, si besoin est, que le Seigneur ne relativise rien.Il voit les choses telles qu’elles sont, les juge sans détours, avertit sans nuance et prévient avec fermeté et autorité de ce qu’il fera s’il n’y a pas de changement à la situation décrite.
Ah, si la responsabilité avait reposé sur nous, pour ce qui concerne la question de la circoncision au concile de Jérusalem, je ne suis pas sûr que l’évangile de la grâce et de la justification par la foi seule aurait été sauvegardé.
– «Après tout, on ne doit pas discuter les opinions !» aurions-nous peut-être dit; «l’un pense qu’il doit être circoncis, l’autre non : que chacun fasse ce qui lui semble bon, pourvu qu’il confesse le Seigneur Jésus».
Heureusement que les apôtres étaient d’une autre trempe que la nôtre, car Paul dit clairement que celui qui se fait circoncire anéantit l’alliance de grâce établie par le sang de l’Agneau.
Il faut bien reconnaître que Paul n’excellait pas dans l’art de tout relativiser ! Souvenons-nous de ces termes employés pour qualifier les faux apôtres, et remarquons avec quelle vigueur il s’oppose à toute déviation de l’Evangile, dénonçant chaque fausse doctrine avec force.
Et aujourd’hui ? Aujourd’hui nous nous cherchons au point de ne plus trop savoir quelle position prendre.On discute, on échange, on partage, on délibère, et pour finir chacun est libre d’en penser ce qu’il veut. On ne voudrait pas courir le risque de se tromper.
Mais en réalité le mal est plus grave, la faille plus profonde : on ne sait plus discerner ce que Dieu en pense. Alors on tâtonne; p’têt bien qu’oui, p’têt bien qu’non ! Et pendant ce temps la multitude perd pied faute d’avoir des repères solides.Ceux qui devraient donner – et maintenir – la direction ne la donnent plus, de peur de se tromper, et plutôt que devoir se prononcer, on essaie tout bonnement de biaiser, de noyer le poisson.
On pourrait encore relativiser cet état de fait et prétendre que cela n’empêchera en rien le grand réveil prophétisé par nos prophètes de venir. Mais je crois que nous nous leurrons. A moins que nous ne reconnaissions notre état déplorable et que nous cessions de nous gargariser en étant pleinement satisfaits de nos exercices de « relativisation », nous ne verrons rien venir, sinon des circonstances qui éprouveront la qualité de la foi à laquelle nous prétendons.
Le remède ? « Seigneur, donne-nous enfin de vrais prophètes comme Michée, libres de toute influence écclésiastique, de toute pression, et capables de faire entendre la voix de Dieu, même si elle s’oppose à la voix de la multitude.
Seigneur, donne-nous des enseignants capables de réveiller nos consciences endormies, et qui sauront nous secouer par la force que donne ton Saint-Esprit ».
Voilà qui, à mon humble avis, correspond au plus grand besoin de notre heure, qui n’est certes pas dénuée d’instruments consacrés, mais qui souffre, d’une manière disproportionnée, d’un grand manque de vérité.
article de Jean-Louis Bulté/paru dans le n°30 du Sarment