Ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort

Voilà une parole pleine d’Apocalypse. 12.11 d’une détermination admirable, cette détermination qui animait les trois amis de Daniel : Shadrac, Meschac et Abed-Nego, lorsqu’ils eurent le courage de dire à la face du roi Nebucadnetsar : «Voici notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise ardente et Il nous délivrera de ta main, ô roi. SINON, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux et que nous n’adorerons pas la statue d’or que tu as élevée !» Daniel 3 : 18.

La Bible nous dit que Nebucadnetsar fut fou furieux devant une foi si audacieuse et il fit chauffer la fournaise sept fois plus que nécessaire pour essayer certainement d’effrayer ces hommes courageux. Mais aucun de ces derniers ne se rétracta, aucun ne demanda grâce, aucun ne sembla trembler, aucun ne fléchit dans son assurance. Ils allèrent jusqu’au bout de leur engagement. Leur consécration devait pouvoir aller jusque là, pas moins. Il devenait évident que le fait d’honorer Dieu et de Lui rester fidèle coûte que coûte incluait l’idée de pouvoir donner leur vie. Ils avaient osé défier l’ordre du roi, parce que celui-ci était contraire au commandement de Dieu «Tu n’adoreras pas d’autres dieux devant ma face». Ils étaient l’exemple vivant de cette parole que Jésus prononça : «Ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps mais qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt Celui qui peut jeter l’âme et le corps dans la géhenne».

Shadrac, Meschac et Abed-Nego n’étaient pas de ces hommes qui sont prêts à se rétracter à la moindre opposition ni même de ceux qui, sans se rétracter ouvertement -et bien que cela revienne au même- sont prêts à nuancer leurs propos, à arrondir les angles, à trouver une solution intermédiaire, un «petit» compromis, un terrain d’entente. Cette tentation ne sembla même pas les avoir effleurés tant ces hommes étaient prêts à faire don de leur vie pour affirmer jusqu’au bout leur foi dans le seul vrai Dieu. Aucune ambiguïté possible, aucune discussion inutile mais une fermeté inébranlable découlant d’une connaissance de Dieu tout aussi véritable que profonde. Il n’est pas étonnant que Daniel écrivit par l’Esprit que ceux du peuple qui connaitront
leur Dieu agiront avec fermeté (Daniel 11: 32).

Quelle leçon de courage pour nous qui, bien souvent, faisons preuve de faiblesse dès que la pression se fait un peu forte, voire même dès les premières railleries : «Non ! Il ne fallait pas l’entendre comme cela, vous m’avez mal compris ! Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire !». Pensez donc ! Il ne faudrait surtout pas passer pour des fondamentalistes intégristes. Mais à vrai dire, si nous avons la Bible pour seul fondement de notre foi, et si notre appartenance à Christ est vécue dans une intégrité totale, nous serons tôt ou tard, à des degrés divers, engagés dans une confrontation. Cette confrontation demeure depuis le commencement : elle concerne l’opposition qui existe entre les ténèbres et la lumière, entre le mensonge et la vérité, entre le père du mensonge et Celui qui EST la vérité, entre le prince de ce monde et Celui qui est le prince de la Vie et le Roi des cieux. «Ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort».

Nebucadnetsar prit la parole et dit : «béni soit le Dieu de Shadrac, Meschac et Abed-Nego, lequel a envoyé son ange et délivré ses serviteurs qui ont eu confiance en Lui, et qui ont violé l’ordre du roi et livré leurs corps plutôt que de servir et d’adorer aucun autre dieu que leur Dieu !» (Daniel 3 : 28). Voilà ce qui est parvenu à confondre le roi Nebucadnetsar ! Ce ne sont pas les multitudes de discours mais une détermination absolue, une foi inébranlable qui brille comme le joyau le plus pur.

Il aurait certainement suffit à Etienne d’atténuer ses propos et de faire quelques concessions pour avoir finalement la vie sauve. Mais Etienne, premier martyr de l’Eglise, est allé jusqu’au bout en raison de l’amour de la Vérité qui l’animait… comme un feu qu’il ne pouvait contenir, tel Jérémie qui pouvait dire : «Si je parlais comme eux, je trahirai la race de tes élus».

Pierre ne semblait pas beaucoup s’inquiéter pour sa vie lorsqu’il dormait en prison et que sa mort semblait pourtant arrêtée. Si un ange n’avait été envoyé pour le délivrer miraculeusement, l’apôtre aurait sans nul doute payé de sa vie le prix de sa consécration totale… et il le paya d’ailleurs quelques années plus tard comme Jésus le lui avait annoncé.

L’apôtre Paul pouvait dire : «Je ne fais pour moi-même aucun cas de ma vie comme si elle était précieuse» et encore «Christ est ma vie et la mort m’est un gain». Paul vivait ce détachement qui paraît si essentiel dans la vie de tous ceux qui se sont engagés à suivre Jésus envers et contre tout. Nous connaissons certainement le récit de nos frères des premiers siècles qui parvenaient encore à chanter alors qu’ils étaient crucifiés ou jetés en pâture aux lions : «Ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort».
Avons-nous le souvenir, à l’heure de l’oecuménisme et du syncrétisme religieux, des souffrances endurées par nos frères huguenots aux temps des dragonnades ! Ceux qui n’étaient pas massacrés sur place ou pendus ou brûlés ou décapités étaient envoyés aux galères dont ils ne reviendraient jamais. Qu’est-ce qui les a fait tenir au sein de la fournaise ? La vie de Christ en eux soutenue par la force du Saint-Esprit ? assurément ; la vision céleste du Royaume et de la gloire à venir ? Très certainement ; la crainte d’être trouvés parmi les lâches qui seront un jour rejetés par Dieu ? peut-être aussi. Quoi qu’il en soit, ils ont concrétisé cette réalité spirituelle que l’Eglise est bel est bien la colonne et l’appui de la Vérité (1 Tim. 3 : 15).
L’est-elle encore de la même manière ? C’est bien sûr au seigneur Jésus, chef suprême de l’Eglise, d’en juger mais nous devons admettre que bien des questions se posent : où en suis-je par rapport au témoignage de cette nuée de témoins cités en Hébreux 11 prêts à être dépouillés de tout pour mieux revêtir Christ ? «Celui qui voudra sauver sa vie la perdra mais celui qui la perdra à cause de Moi la conservera pour la Vie éternelle» (Mat. 10 : 39).

CE QUE LA FOI PEUT ENDURER
«Nous vivons dans un monde de souffrance. Quelle grâce que la souffrance soit, sur notre route, non pas comme un obstacle, mais comme un appel tout spécial de Dieu, à nous confier en Lui et à Le glorifier ! A la vue des exploits de tous ces héros de la foi, plus d’un chrétien pense à ses circonstances défavorables, à son peu de forces ; jamais sa foi ne pourra produire les actes glorieux de ces hommes qui lui sont proposés en exemple. Mais rappelons-nous que toute souffrance, quelle soit grande et déprimante, ou petite et harcelante, peut être une école de foi pour nous apprendre à faire de Dieu notre tout et à donner la preuve que par amour pour la volonté de Dieu, et par soumission à cette volonté, nous sommes prêts à tout supporter. La foi transfigure la souffrance ; elle la rend transparente, et, au travers de cette souffrance, nous voyons l’amour de Dieu, la présence de Jésus, la beauté de la sainteté, la félicité du ciel.
Aussi longtemps qu’on vit sous l’influence du monde et de la chair, tout cela n’apparaît que comme une pensée magnifique, mais irréalisable. Notre épître s’adresse à ceux qu’elle a amenés dans le Lieu Très Saint, qui marchent dans le chemin nouveau et vivant de la volonté de Dieu, de l’obéissance de Jésus, de Son sacrifice de soi-même et de Sa mort. C’est quand nous demeurerons en la présence de Dieu, et que nous rechercherons, par-dessus toute chose, Sa sainteté et Sa volonté, que nous considérerons tout comme Dieu le fait, et que nous verrons la souffrance à sa lumière.
Que ce soit là notre but. Ce passage vient donc confirmer à nouveau la leçon par excellence : Par la foi seulement ! Voulez-vous plaire à Dieu, triompher du péché et du monde, être parfait et saint, vivre ici-bas comme héritier du ciel et de l’éternité, -vivez comme un homme de foi, acceptez chaque épreuve dans un esprit de foi joyeuse en Dieu, alors chaque épreuve vous rapprochera de Lui et vous rendra plus capable de vivre en Sa présence» (Tiré du livre «Le voile déchiré» de Andrew MURRAY).

article de Jean-Louis Bulté/paru dans le n°36 du Sarment

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