Qu’est-ce que le service chrétien dans la pensée de Dieu ? Se mesure-t-il à la densité de notre programme ? Pas nécessairement. Faut-il être constament occupé de ce que nous appelons «les choses de Dieu» ? Non pas. Le service chrétien ne dépend ni du temps qu’on lui consacre, ni de l’énergie qu’on y déploie, ni de l’enthousiasme dont on fait preuve à l’égard du royaume de Dieu. L’ingéniosité de nos méthodes n’y ajoute rien, pas plus que l’ampleur de nos entreprises.
La pierre de touche du service, bien-aimés, sous quelque forme qu’il se présente, est celle-ci : quels sont les mobiles qui nous font agir ? Les mobiles ! S’inspirent-ils, depuis a jusqu’à z, du désir de mettre Christ au premier rang, de voir Christ tout en tous ?
Vous connaissez bien les tentations du ministère, et du service chrétien en général, la fascination qu’il peut exercer, le piège d’une activité inlassable, qui vous entraîne dans toutes sortes d’à-côtés, vous lie à un programme d’une ampleur invraisemblable, vous inspire nombre de projets et d’entreprises nouvelles, vous absorbe sans répit. Il y a un danger là, et nombreux sont les serviteurs de Dieu qui s’y sont laissés prendre : le danger pour l’homme de paraître au premier plan, et de faire sienne une oeuvre qui ne lui appartient pas. Il n’y voit plus que ses intérêts à lui, et sa satisfaction augmente dans la mesure où il peut développer sa mainmise et faire marcher «son affaire».
Non. Se dépenser à journée faite dans une oeuvre chrétienne pour le simple plaisir d’une activité à exercer, céder à la fascination du travail à accomplir, supputer les avantages qu’on en pourra retirer, jouir de toutes les satisfactions, petites et grandes, qui s’offrent à la chair sur le chemin de «l’activisme», tout cela c’est une chose. C’en est une toute autre de vouloir Christ au centre de notre activité afin qu’Il soit tout en tous et en tout. Il faut parfois être mis de côté pour voir cette pensée prendre corps. Et c’est alors que nous pouvons apprécier nos mobiles à leur juste valeur : est-ce la même chose pour nous, sommes-nous également satisfaits de voir le travail s’accomplir sans nous ? Cela nous plaît-il que notre mise à l’écart contribue davantage à la gloire de Dieu que notre collaboration ?
Mais s’Il peut, Lui, atteindre son objectif, qu’importe, je vous le demande, qu’on nous voie et qu’on nous entende – ou qu’on nous ignore totalement ? C’est une grâce de Dieu quand on peut en venir à accepter de bon gré, pour que le Seigneur Jésus ait la voie libre, une place où personne ne prend plus garde à notre présence ou à notre absence. Nous avons si bien pris le pli que nous nous imaginons le plus sincèrement du monde que le Seigneur Jésus ne peut arriver à ses fins que si c’est nous qui sommes son instrument.
Bien souvent, c’est une question de rivalité : rivalité de chaire, rivalité d’église, questions de préséance qui touchent à des points sensibles, réactions charnelles parce que l’intérêt s’est concentré sur un message plutôt que sur un autre, parce que toutes les remarques favorables ont pris la même direction … Nous connaissons bien tout cela, n’est-il pas vrai ? Après tout, quel était donc notre objectif ? Le triomphe de notre sermon ou le triomphe de notre Seigneur ? Il y a une grande différence entre l’un et l’autre. Le Seigneur Jésus tire quelquefois plus de profit que nous ne croyons de nos expériences douloureuses, tandis qu’au contraire il peut nous sembler que tout est bien allé, alors qu’en réalité il n’y a eu que peu de résultats spirituels, parce que le Seigneur n’a pas eu tout son compte. De là, pour nous, la nécessité d’être mis de côté, et maintenus dans la faiblesse et l’humilité, pour que le Seigneur Jésus demeure, lui, au premier rang.
L’explication du service chrétien, tel que Dieu le considère, tourne toute entière autour de cette question : Quel est, au fond, notre but ?
Est-ce le travail pour lui-même ? Est-ce la satisfaction de tenir les rênes de quelque chose ? Est-ce le besoin de nous occuper ? Ou bien est-ce uniquement et sans arrière-pensée le désir de voir le Seigneur Jésus arriver à ses fins ?
Si c’est bien l’objectif de Dieu que nous avons en vue; si notre attitude signifie clairement qu’Il peut nous reprendre à Lui, s’il doit plus facilement, par ce moyen, devenir tout en tous; si nous pouvons dire, en toute vérité «…Pourvu que Christ soit glorifié dans mon corps, soit par ma vie, soit par ma mort», alors très bien. Mais est-ce bien le cas ?
Voilà ce que c’est que le service, du point de vue de Dieu.
un article de T.A. Sparks