avenir de la culture : harcèlement postal

Les armes d’Avenir de la culture : lobbying et harcèlement postal
Libération, 12 août 1998, par Blandine Grosjean.

[Résumé]
A Matignon arrivent des dizaines de milliers de lettres, peut-être plus d’une centaine de milliers, contenant une prose similaire de lettres en lettres pour dénoncer le Pacte civil de solidarité (accordant des droits a deux individus vivant ensemble, sans distinction de sexe) sur le ton de la dénonciation de la décadence sodomite. Après un tour d’horizon des associations liées aux catholiques traditionnalistes impliquées dans ce lobbying – mentionnant au passage que le président de l’UNAF (Union Nationale des Associations Familiales) compose avec ce mouvement, au grand désarroi des familles laïques – Blandine Grosjean s’attarde sur l’imposante logistique d’Avenir de la culture, émanation de la secte Tradition Famille Propriété.
Sa première campagne de lobbying sur une grande échelle (130.000 lettres) fut pour protester contre la série documentaire TV de Karlin et Lainé,  » L’amour en France  » diffusé en 1989 sur Antenne 2. Après des hésitations quant à la prolongation de la diffusion de la série, celle-ci sera « seulement » programmé plus tard dans la soirée, perdant un tiers d’audience. Mais comme Avenir de la Culture incite à des dons financiers tout en recrutant des personnes pour protester par écrit à Antenne 2, des chèques au porteur arrivent à la chaîne :  » On s’est empressé d’aller gueuletonner à leurs frais « , se rappelle Daniel Karlin.

Avenir de la Culture est également responsable de la défection de grands sponsors lors de la Gay Pride 97, et des principales campagnes contre le Pacs et le Cus (Contrat d’Union Sociale, ancêtre du Pacs). Ces campagnes reposent sur un mailing intensif et couteux, relayé par des appels parus dans « Flash »,  » distribué dans les milieux bourgeois et catholiques, ce qui fait penser à l’épiscopat français que ses fichiers ont été détournés « . L’épiscopat a d’ailleurs dès 1992 mis en garde les catholiques contre  » les procédés malhonnêtes d’Avenir de la Culture « , cette association se réclamant de la religion chrétienne dans ses courriers de protestation contre les médias, alors que, comme l’a estimé officiellement Mgr Di Falco, alors porte-parole de la Conférence des évêques de France :  » cette association n’est pas habilitée à parler au nom de l’Eglise « .

De plus, il a également émis publiquement, à plusieurs reprises, des doutes sur la destination des fonds collectés lors de ces opérations. Cela lui a valu des plaintes déposées par le responsable d’alors d’Avenir de la culture, le très fortuné Michel Verspieren, devant des tribunaux écclésiastiques : l’association fut déboutée. Blandine Grosjean conclut en rappellant que les liens de l’association avec une secte d’extrême-droite ne sont pas les seules causes de cette méfiance des autres mouvements défendant pourtant les mêmes valeurs catholiques traditionnalistes : Avenir de la Culture  » fait preuve d’une stupéfiante efficacité pour récolter des dons que d’autres estiment leur revenir « .

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