Il faut enseigner dans l’église à rechercher dans la religion, non ce qui est agréable, mais ce qui est utile. Il se trouve dans les Églises un grand nombre de jouisseurs spirituels qui passent leur temps à chercher les moyens d’être heureux, et non d’être utiles. Ils aiment mieux chanter de joyeux cantiques, répandre leur joie spirituelle comme un torrent d’exaltation et de triomphe, que d’employer leur temps dans l’agonie de la prière pour les pécheurs, ou à aller arracher du feu les hommes qui périssent. On dirait qu’ils pensent être nés pour jouir de la vie, mais leurs fruits montrent bien que leur exemple n’est pas à imiter. Ce n’étaient pas là les dispositions des apôtres ; ils travaillaient pour les âmes, ils étaient dans la fatigue, dans la peine, dans la mort même, pour sauver les pécheurs (2 Cor. 11/25).
D’ordinaire les chrétiens ne sont pas faits pour boire à longs traits à la fontaine de la joie. Le plus souvent une profonde agonie de prière est plus profitable pour les âmes que les élans les plus vifs de la joie. Qu’on enseigne ouvertement aux nouveaux convertis à ne pas compter sur une vie de joie et de triomphe. Ils peuvent être appelés à passer par des épreuves ardentes. Satan peut les cribler comme le blé. Mais ils doivent aller de l’avant, comptant moins être heureux qu’être utiles, ne parlant pas de bien-être, mais de devoir ; ne désirant pas de transport de joie et de triomphe, mais ayant faim et soif de justice ; et s’exerçant à connaître la volonté de Dieu et à la faire. Ils seront assez heureux dans le ciel ; là ils chanteront le cantique de Moïse et de l’Agneau. Ils jouiront en réalité d’un bonheur plus solide et plus vrai ici-bas en n’y pensant pas, mais en s’adonnant avec persévérance à faire la volonté de Dieu.
On doit les former à avoir du courage moral et à ne pas avoir peur d’avancer sur le chemin du devoir. La Bible insiste beaucoup sur la hardiesse chrétienne et sur le courage en action, comme étant un devoir. Ce n’est pas qu’ils doivent se complaire dans des bravades, comme Pierre, disant ce qu’ils feraient, ou se glorifiant de leur courage; le fanfaron a généralement le coeur lâche. Mais je parle de ce courage moral – résolution d’intention humble et inébranlable qui ira de l’avant dans son devoir sans mécontentement et sans fausse crainte avec la douceur et la fermeté du Fils de Dieu.
Extrait du livre « les réveils religieux »
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