La vie dans l’Esprit doit nécessairement porter cette marque d’authenticité : que la nature de Dieu soit reproduite dans la personnalité qui lui est livrée, car se livrer ainsi implique une totale immersion dans l’Esprit de Dieu et une prise de possession par cet Esprit pour être rendu semblable à Lui, et Il est Dieu. La nature de Dieu présente une caractéristique essentielle : Il se donne totalement. Dieu se répand en un torrent éternel de bénédictions sur toute sa création. Il est la volonté éternelle de tout souverain bien. Il se retrouve en se perdant.
Or, si cet Esprit demeure en moi, il doit forcément m’orienter dans une direction semblable. L’Esprit qui a conduit le Sauveur au Calvaire pour le monde, et l’a « poussé » à s’offrir lui-même sans tache à Dieu ne peut que me pousser de la satisfaction de moi-même au don de moi-même, de la jouissance au sacrifice, de la préoccupation de soi-même au souci des autres.
Être poussé ainsi, soit dit en passant, est la gloire de l’Évangile. Cela signifie que nous ne dirons pas à celui qui est réticent, craintif, égoïste, mou (ce que nous sommes tous par nature) de devenir ceci ou cela pour Dieu : de s’oublier eux-mêmes, d’abandonner certaines choses, d’endurer des privations – ce qu’ils ne peuvent et ne veulent pas faire – mais nous leur demanderons une seule chose : reconnaître franchement toute leur faiblesse et leur mauvaise volonté, et se laisser gouverner par le Saint-Esprit ; c’est tout. Il n’est même pas nécessaire qu’ils désirent le faire, mais qu’ils le fassent. Car s’ils le font, une Personne entre en eux, une Personne toute-puissante. Elle est plus puissante que notre volonté, elle a la nature-même de Dieu. Et si nous Lui confions sincèrement, une bonne fois, la possession de notre être, elle se met à l’oeuvre pour nous transformer. Elle change notre volonté, fait fondre notre opposition, la dirige vers un nouveau sens : vouloir ce que Dieu veut et aimer le vouloir, jusqu’à ce que cela devienne chez nous une passion dévorante, jusqu’à ce que nous aimions réellement mieux mourir que de désobéir à Dieu.
Il modifie notre point de vue. Ayant enfin trouvé un fondement à notre vie, la satisfaction du coeur, une lumière pour notre esprit, un sentier pour nos pas, nous découvrons que nous avons rejoint les rangs de ceux qui ont une contribution à apporter au monde, au lieu d’en tirer simplement parti comme d’une marchandise. Nous passons du nombre des « receveurs » à celui des « donneurs », et c’est par la nouvelle direction intérieure donnée par le Saint-Esprit que ce changement se produit.
Tandis que nous rayonnons de la joie du Seigneur, que Jésus subvient à tous nos besoins, de quelque manière, une pensée se fait jour en nous, comme chez les lépreux affamés qui avaient découvert de bonnes choses dans le camp abandonné par les Syriens : « Nous n’agissons pas bien ! Cette journée est une journée de bonne nouvelle, et nous gardons le silence … Venez maintenant, et allons informer la maison du roi » (2 Rois 7/9).
De plus, le sens de notre responsabilité s’éveille. Nous étions en grand danger sans le savoir ; nous étions esclaves et avions abandonné tout espoir de libération. Maintenant la liberté est notre partage ainsi que la nourriture, le vêtement, une maison accueillante. Et ce n’est pas seulement pour nous-mêmes, mais aussi pour le monde, s’il voulait seulement le croire. Quelques uns le savent et se moquent. Autour de nous, des milliers ne le savent pas, se faisant une idée fausse de ce qu’est la Bonne Nouvelle. Des milliers d’autres n’ont encore jamais eu l’occasion de l’entendre. Nous sommes en dette. Nous sommes débiteurs de notre voisin de palier, aussi bien que du plus éloigné des hommes, nos frères. Par degrés, une passion nouvelle nous embrase et Sa gloire commence à luire sur nous. Pouvoir, tels que nous sommes, non seulement hériter la vie éternelle, mais la transmettre ! Nos lèvres peuvent apporter le ciel à une âme vouée à l’enfer ! Nous sommes captivés par une mission nouvelle, nous sommes transformés, c’est bien certain.
Mais pour accomplir cela, il y a un prix à payer. Dans un monde qui manifeste sa vraie nature en montrant les dents dès qu’il se trouve amené trop près de Dieu, ce n’est jamais chose facile que de parler de Christ. C’est anormal, c’est du fanatisme ! Il faut rompre la glace, dépasser les banalités, traverser la périphérie des vagues commentaires religieux et atteindre le centre de la personnalité pour la provoquer. Il faut employer utilement le temps qu’on gaspille habituellement en bavardages ou en distractions. Il faut faire un effort au moment où, d’ordinaire, on se repose. L’Esprit a commencé à nous conduire dans la voie qui mène au Calvaire.
Norman Grubb
extrait de « la loi de la foi », édition Mission Prière et Réveil »