Le réveil, et la mise en pratique du réveil

Premier discours de Charles Finney

[La religion, dans le discours et la terminologie de C. Finney, c’est la pratique d’une vie de foi, la mise en pratique de la Parole de Dieu, par des hommes et des femmes qui disent, confessent, chantent, qu’ils croient en Dieu et en Sa parole. On emploiera aujourd’hui les expressions « la vie chrétienne » ou « la vie de la foi »].

  1. La religion est L’ŒUVRE DE L’HOMME. C’est quelque chose que l’homme doit faire. La religion consiste à obéir à Dieu. Il est vrai que c’est Dieu qui porte l’homme à ce devoir, par Son Esprit, à cause de la grande méchanceté de l’homme et de sa répugnance à faire le bien. Si cette influence de Dieu n’était pas nécessaire, et que les hommes soient disposés d’eux-mêmes à obéir à Dieu, nous n’aurions pas de raison de nous écrier « Seigneur, ranime ton oeuvre ! » (Habakuk 3/2). Mais il est certain que si Dieu retirait Son Esprit, il n’y aurait pas sur toute la terre un seul homme qui obéirait à la loi de Dieu.

Un réveil religieux suppose qu’il y a eu déclin dans la piété. Presque tout ce qu’il y a de religion dans le monde a été produit par des réveils. Dieu a décidé de profiter de la sensibilité des hommes pour produire chez eux des émotions puissantes avant qu’Il puisse les amener à obéir. Les hommes sont tellement paresseux dans ce domaine, il y a tant de choses qui détournent leur esprit de la religion et s’opposent à l’influence de l’Évangile, qu’il est nécessaire de susciter chez eux une émotion intérieure telle que la marée monte et balaie tous les obstacles. Les hommes ont besoin de ce stimulant pour rompre avec les influences contraires, sans quoi ils ne sont pas disposés à obéir à Dieu.
Considérez l’histoire des Juifs, et vous verrez que Dieu avait l’habitude de maintenir la religion parmi eux au moyen d’occasions spéciales ; quand le peuple se trouvait profondément ému, il revenait à l’Eternel. Après un réveil semblable, il ne s’écoulait jamais beaucoup de temps avant que de nouvelles influences contraires ramènent un déclin de la piété, déclin qui allait croissant jusqu’à ce que Dieu, par Son Esprit, ait pour ainsi dire le temps de convaincre Son peuple de péché et de le châtier par Sa Providence. Ainsi Dieu attirait l’attention des masses sur le grand sujet du salut, de manière à produire un réveil étendu. Puis les causes adverses agissaient à nouveau, la religion déclinait et la nation était emportée dans le tourbillon du luxe, de l’idolâtrie et de l’orgueil.

Il y a si peu de principes, dans l’Église, si peu de fermeté et de stabilité dans les intentions, qu’à moins d’un zèle extraordinaire, elle quittera le sentier du devoir et ne fera rien pour la gloire de Dieu. Le monde est encore le même, et il le restera probablement jusqu’au millénium : la piété doit être stimulée par des réveils. Combien souvent on a cherché à garder l’Église éveillée dans l’action sans ces réveils périodiques. Plus d’un homme de bien a pensé et pense encore que le meilleur moyen de faire progresser la vie religieuse est de marcher, d’un pas égal, pour rassembler les impies graduellement et sans bruit. Mais, même si cet argument paraît fondé en théorie, les faits en démontrent la futilité. Si l’Église était assez avancée dans la connaissance, et avait assez de stabilité de principe pour restée éveillée, la marche ci-dessus suffirait. Mais l’Église est si peu éclairée, et il y a tant d’influences contraires, qu’elle ne peut pas travailler avec persévérance sans stimulant.[l’ennemi est trop rusé].

Il est très désirable que l’Église avance par elle-même dans l’obéissance. Notre système nerveux est tel que toute excitation puissante prolongée nuit à notre santé et nous rend incapables d’accomplir notre devoir. Si jamais la piété doit avoir une influence pénétrante sur le monde, il faut en finir avec cette religion spasmodique. Quand le millénium sera venu, on n’aura plus besoin de ces efforts extraordinaires. Alors on ne verra plus les chrétiens dormir la plus grande partie du temps pour se réveiller à l’occasion, se frotter les yeux, déblatérer, faire un peu de bruit, et se rendormir encore. Alors les pasteurs fidèles ne seront plus obligés de se tuer à la peine pour repousser le torrent d’influences mondaines qui ne cesse d’assaillir l’Église. Mais, pour le moment, l’état du monde chrétien est tel qu’il serait absurde de s’attendre à faire progresser la religion sans ces stimulants. Les nombreuses agitations politiques et mondaines qui troublent la chrétienté sont toutes hostiles à la piété, et détournent l’esprit des intérêts véritables de l’âme. Et jusqu’à ce qu’il y ait assez de principes religieux pour vaincre ces excitations irréligieuses, c’est en vain que l’on essayera de développer la piété si ce n’est par des efforts en sens contraire. Ceci est vrai en philosophie, c’est aussi un fait historique.

Il est impossible que la religion fasse jamais de progrès parmi les païens sans réveils religieux. On essaye aujourd’hui d’obtenir ces progrès par l’éducation et par d’autres améliorations douteuses et progressistes. Mais aussi longtemps que les lois de l’esprit humain resteront ce qu’elles sont, on n’y arrivera pas. Il faut une émotion suffisante pour réveiller les forces morales, et pour refouler le flot de dégradation et du péché. A mesure que nos contrées chrétiennes se rapprochent du paganisme, il est impossible à Dieu et à l’homme de faire progresser la religion, précisément parce que Dieu a toujours agi de cette manière. Ce n’est pas pour rien et sans raison qu’Il le fait, les hommes n’obéissant à Dieu qu’à contre-coeur. Par exemple, combien nombreux sont ceux qu’ils savent qu’ils devraient être religieux, mais qui ont peur des railleries. Beaucoup sont devenus un avec leurs idoles ; d’autres attendent pour se repentir de s’être assuré une situation dans cette vie, ou procuré quelqu’avantage mondain convoité. Ces personnes ne se départiront jamais de leur fausse honte ou ne renonceront jamais à leur projet ambitieux avant d’être saisies du sentiment poignant d’un danger inévitable, sentiment qui les amènera à se rendre.

La suite de ce discours se trouve dans le livre « les Réveils religieux »

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