Le document présenté ici est couramment utilisé comme preuve que l’église catholique a été animée d’une volonté de rétention à l’égard de la Bible, et opposée à sa lecture par le plus grand nombre. Il s’agirait d’extrait de conseils donnés par des cardinaux au pape Jules III, à l’occasion de son accession au saint siège, en 1550 :
«La lecture de l’Evangile ne doit être permise que le moins possible surtout en langue moderne et dans les pays soumis à votre autorité. Le très peu qui est lu généralement à la messe devrait suffire et il faudrait défendre à quiconque d’en lire plus. Tant que le peuple se contentera de ce peu, vos intérêts prospéreront, mais dès l’instant qu’on voudra en lire plus, vos intérêts commenceront à en souffrir.
Voilà le livre qui, plus qu’un autre, provoquera contre nous les rebellions, les tempêtes qui ont risqué de nous perdre. En effet, quiconque examine dilligement l’enseignement de la Bible et le compare à ce qui se passe dans nos églises trouvera bien vite les contradictions et verra que nos enseignements s’écartent souvent de celui de la Bible et, plus souvent encore, s’opposent à celle-ci. Si le peuple se rend compte de ceci, il nous provoquera jusqu’à ce que tout soit révélé et alors nous deviendrons l’objet de la dérision et de la haine universelles. Il est donc nécessaire que la Bible soit enlevée et dérobée des mains du peuple avec zèle, toutefois sans provoquer de tumulte » (Feuille Bibliothèque nationale 1089 – Volume II).
La réponse suivante provient de la Bibliothèque nationale de France :
« La B.N.F. est fréquemment sollicitée au sujet du texte précité qui circule depuis de très nombreuses années. Celui-ci, connu couramment sous le titre de « Lettre des trois évêques », est un faux, rédigé à des fins satiriques par Paolo Pietro Vergerio (1498-1565), évêque de Modrusch, puis de Capo d’Istria, qui passa ensuite à la Réforme vers 1549.
Ce texte fait partie des nombreux opuscules publiés par Vergerio lors de la violente polémique qui l’opposa à la papauté après sa rupture avec l’Eglise catholique. Il y met en scène trois évêques conseillant le pape Jules III sur la manière de rétablir l’autorité pontificale. Parmi ces conseils figurent l’introduction de nouvelles cérémonies fastueuses minutieusement décrites ainsi que la destruction de bibles traduites en langues vivantes. Il a été publié en 1553 sous le titre « Consilium quorundam episcoporum Bononiae congregatorum quod de ratione stabiliendae Romanae ecclesiae Iulio III Pont. Max. datum est ».
Il a ensuite été utilisé dans les nombreux débats opposant catholiques et protestants. C’est ainsi que des extraits plus ou moins altérés de la traduction française en ont été publiés, entre autres par Paul Besson, sous le titre de : « Consultation de trois évêques sur les moyens de soutenir l’Eglise romaine, présentée au pape Jules III en 1553 », Rouillac, au bureau du « Témoin de la vérité », 1884, 11 p. (cote BnF : 8-H PIECE-329 et MICROFICHE M-5526).
Paul Besson donne comme référence à la Bibliothèque nationale de France « in folio B, n° 1038, p. 641-650 », qu’il faut lire comme la cote ancienne B. 1038, devenue aujourd’hui B-341 (2), et qui renvoie au deuxième volume de l’ouvrage intitulé « Fasciculus rerum expetendarum et fugiendarum… », Londini, impensis R. Chiswell, 1690 ().
La référence donnée en fin de l’article pré-cité, « Feuille Bibliothèque nationale 1089 – Volume II », très approximative, doit sans doute se comprendre B. 1089, maintenant B-5445 ; dans le volume qui porte cette cote dans les collections de la BnF, la quatrième pièce est bien « Le Conseil des trois evesques sur la détermination du Concile général de Trente, envoyé au Pape Paul troisième et trouvé en son palais après sa mort… », traduction française de ce texte publiée en 1564 (http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb333227600/ISBD).
Cette édition a d’ailleurs été numérisée et est consultable dans Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF, à l’adresse : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k654951/f1.pagination.
Le passage cité se trouve à :
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k654951/f19.pagination, mais on peut constater que le texte en a été considérablement reformulé ».
Il est important de ne plus faire circuler ce document, que les chrétiens protestants et/ou évangéliques emploient pour démontrer la volonté de rétention de la lecture de la Bible par l’église catholique. Il existe suffisamment de preuves irréfutables et de traces historiques incontestables des libertés qui ont été prises par la Vatican avec les principes les plus élémentaires des Saintes Écritures, sans avoir besoin de faire usage d’un faux (témoin). On citera brièvement quelques versets, tels que :
« N’appelez personne sur la terre votre père; car un seul est votre père, celui qui est dans les cieux » (Matthieu 23:9) … En contradiction avec les habitudes ecclésiastiques qui exigent qu’on s’adresse aux prêtres en les appelant « mon père » ;
Autre citation biblique :
« car Dieu est un, et il y a un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus- Christ l’homme» (1 Timothée 2:5) … En contradiction avec l’intercession et la médiation attribuée à Marie.
Autre citation biblique :
« Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Éphésiens 4:5) … En contradiction avec la déférence exigée par les évêques, cardinaux et divers prélats, qui se font appeler (encore aujourd’hui en 2007) : « Monseigneur ».
Pour respectable qu’il soit, l’ecclésiastique est davantage le serviteur de tous que le seigneur de tous. Et le serviteur n’est pas plus grand que son maître (Christ). Il refusera de se faire appeler « mon père » ou « mon seigneur » par les hommes. La pensée biblique ne laisse aucune place à une caste religieuse dominatrice, et surtout pas aisée, alors que le monde alentours souffre de pauvreté.
Nul besoin donc de se servir d’un faux pour démontrer que l’église catholique est construite sur le mensonge, et n’est pas restée fidèle à la vérité. « Quiconque [vous] mène en avant et ne demeure pas dans la doctrine du Christ, n’a pas Dieu. Celui qui demeure dans la doctrine, celui-là a le Père et le Fils » (2 Jean 1:9).