On entendait dire il y a quelques années que dans certains endroits de culte et à certains moments, le Seigneur se manifestait par des odeurs. On rapportait des odeurs d’encens dans certaines réunions, ou la présence de parfums indéfinissables qui attestaient de la visitation de Dieu, aux dires des participants. On a beaucoup parlé également d’huiles, de plumes, de poudres d’or, mais aussi de « saint rire », et on parlera sans doute à l’avenir de bien d’autres choses encore.
L’Église est-elle entrée dans un nouveau temps de surnaturel, ou bien ces choses ont-elles déjà existé ? Elles peuvent rappeler ce que jadis les mystiques catholiques ont connu, sans que nul ne soit jamais parvenu à les expliquer. Certains d’entre eux en effet portaient les stigmates du Christ, saignant continuellement ; d’autres voyaient leurs larmes transformées en huile, en sang, certains riaient sans raison, parlaient aux oiseaux, jeûnaient durant plusieurs années, se flagellaient, s’enchaînaient dans des grottes afin de démontrer leur foi, disaient-ils.
On raconte que Giuseppe Desa (1603/1663) s’élevait dans les airs, parfois à 15 mètres de hauteur, devant des centaines de témoins, dont le pape Urbain VIII. Plus près de nous, le Dr Protti, de l’hôpital de Padoue, a eu l’occasion d’observer (et de filmer) le cas d’une chrétienne dont le corps devenait luminescent à certaines occasions (en 1934). Il y aurait encore bien d’autres cas étranges à répertorier, dans le domaine de l’inexpliqué religieux, ou simplement mystique.
Sans préjuger de l’origine exacte de ces phénomènes — c’est très compliqué — nous pouvons cependant constater que certains signes sont manifestés par des «instruments» d’origines très diverses. Le célèbre médium Stanton Moses, par exemple, au cours de séances de spiritisme, exhalait des parfums, le fait ayant été à maintes reprises constaté et analysé : aldéhydes, alcools, phénols. Pour les uns, c’était le résultat d’hypnoses collectives et pour d’autres, le fruit d’un travail médiumnique exceptionnel.
Quant au gourou Bhagwan Shree Rajneesh, on raconte qu’il lui suffisait de paraître devant ses disciples préparés par des assistants et soigneusement conditionnés pour qu’ils commencent à pleurer et à rire d’une manière incontrôlable. Ils pouvaient aussi se mettre à danser, à sauter, ou à tomber inconscients, par sa simple présence.
Tout ce qui est surnaturel et inexpliqué est-il d’origine divine ? Nous serions bien imprudents d’interpréter ainsi tout ce qui nous semble «merveilleux». Car il existe une différence fondamentale entre le surnaturel et le merveilleux. Un raisonnement trop sommaire voudrait que l’on confonde les deux, parce qu’ils participent tous deux du mystère. Mais le mystère n’est pas encore le merveilleux. C’est seulement quand l’incompréhensible, le sensationnel et le surnaturel ont résisté à un certain nombre de tests, et qu’ils sont passés – pour nous, disciples de Christ – au filtre de la parole de Dieu et de la prière, qu’alors, et alors seulement, ils peuvent revêtir le caractère du merveilleux. La femme prophétesse qui suivait l’apôtre Paul à Philippes, par exemple, donnait toutes les apparences du merveilleux dans l’exercice de son don, mais Dieu était d’un autre avis, et le faux fut finalement démasqué (Actes 16:16) à la plus grande surprise de tous.
Dans le christianisme moderne, face à certains phénomènes surnaturels, certains ont pris le parti d’attribuer systématiquement à Dieu tout ce qui est inexplicable, souvent simplement par crainte de blasphémer contre le Saint-Esprit. Cette attitude condamnera le croyant à accepter tout ce qu’il ne peut expliquer, ce qui est dangereux. Si l’apôtre Jean nous conseille «d’éprouver les esprits pour vérifier qu’ils viennent bien de Dieu» (1 Jean 4:1), c’est parce que «beaucoup de faux prophètes sont sortis dans le monde».
La peur du blasphème contre le Saint-Esprit ne peut qu’inhiber les conditions d’exercice du discernement spirituel par rapport à un phénomène inexplicable. Car ce n’est pas celui qui se trompe qui blasphème contre le Saint-Esprit, mais celui qui s’oppose à l’oeuvre de Dieu en pleine connaissance de cause. Par exemple, les hommes qui disaient que Jésus chassait les démons par la puissance de satan : ils agissaient par jalousie, cherchant à diminuer sa notoriété en semant le doute dans les esprits.
Il est frappant de constater que l’on peut admettre facilement avec la Bible que dans les derniers temps, l’humanité verra se manifester des signes et des prodiges «mensongers» (2 Thessaloniciens 2:9), mais que la confrontation personnelle avec le surnaturel fait disparaître comme par enchantement notre capacité de juger (dans le sens de discerner) : on s’empêche de penser, de réfléchir, qui va nous confiner dans la superstition.
Il semble bien que le contact avec le signe, le miracle et le prodige trouble l’esprit de l’homme, le subjugue et lui ôte une partie de son discernement, à l’image de Pierre lorsqu’il vécut l’expérience de la nuée sur le mont Tabor : «il ne savait plus ce qu’il disait», nous est-il rapporté (Marc 9:6). Sa théologie s’est trouvée emportée au-delà des limites du connu, dans un grand n’importe quoi, puisqu’il était prêt à adorer les trois personnages de sa vision : «faisons trois tentes (tabernacles) pour Moïse, pour Elie, et pour Jésus» ! Ce ne sont plus les Écritures qui comptent, mais la densité de l’émotionnel qui bouleverse tout. Et qui conduit dans toutes les erreurs, au premier rang desquelles on trouve la sacralisation des instruments, comme ce fut le cas pour le serpent d’airain.
Théologie du surnaturel
Devant les phénomènes surnaturels incompréhensibles, on a parois entendu prêcher un abandon des garde-fous, un grand « lâcher prise » afin de faciliter le travail « de l’Esprit » (dit-on) ce qui n’est pas juste, évidemment. Le peuple de Dieu a toujours besoin d’être exhorté pour un retour à la simplicité (des enfants), mais pas au simplisme (Matthieu 10/16). Nous pouvons toujours encourager à une approche innocente, mais pas infantile. Cette exhortation à «ne pas résister à la venue du Saint-Esprit en nous», à «s’abandonner dans l’onction» favorisera effectivement un contact de notre esprit avec «le monde spirituel» – exactement comme le pratiquent les médiums – mais elle ne tire pas sa légitimité de la prédication biblique de la vérité.
On l’aura compris, le but de ces lignes n’est pas de jeter une ombre sur l’importance du surnaturel dans la vie chrétienne. Les miracles font toujours partie intégrante de la vie de la foi, et nous sommes encouragés à aspirer aux dons spirituels les meilleurs, mais nous voyons, dans les derniers temps, que l’ennemi sait s’emparer du « miraculeux » comme d’un moyen de trouble et de séduction atteignant jusqu’aux élus de Dieu, c’est pourquoi cette délicate interrogation ne doit pas être laissée en suspens : jusqu’à séduire les élus, si c’était possible (Matthieu 24:24; 2 Thessaloniciens 2:9; Apocalypse 13:13; 13:14; 16:14). Il est donc important d’englober dans notre vision de la vérité (et spécialement les parties difficiles à comprendre et discerner) toutes ses composantes.
Faut-il prêter attention aux odeurs dans les églises ? On pourrait avoir quelques surprises, car il y flotte parfois une «odeur» nauséabonde (et tenace) de vieil homme … Et puis enfin, Dieu serait-Il plus présent … parce qu’on Le sent ? ou parce qu’on Le voit ?
Un homme en Christ
En matière de partage d’expérience spirituelle sensationnelle, intéressons-nous quelques instants à un «homme en Christ» dont vous avez certainement entendu parler, qui a été emmené jusqu’au troisième ciel, qui a entendu des choses ineffables, et qui en est revenu … pour nous les raconter ? Pas du tout. Pour «tourner» dans les églises et faire des émules ? Pas davantage. Mais plutôt pour nous montrer que l’on ne se sert pas de ses expériences personnelles surnaturelles pour se faire un nom : «je connais un homme en Christ»… Pour Paul, ce n’était pas Paul qui avait fait cette expérience, mais «un homme en Christ». Et il ne se permettra même pas de répéter ce qu’il a entendu (2 Cor. 12/4).
Voilà un homme qui a pourtant trouvé «la recette» pour parvenir jusqu’au 3ème ciel, mais il n’en a pas fait un livre, un séminaire ou une peinture inspirée chargée d’onction, pas plus que sur la gloire qu’il a vue ou entendue. Le surnaturel fait pourtant à l’évidence partie de son quotidien, mais pourquoi n’a-t-il pas développé ce thème tellement en vogue aujourd’hui ?
Parce qu’il sait que la recherche d’acquisition du surnaturel en tant que mobile premier est fondamentalement malsaine, c’est pourquoi ses enseignements mènent davantage au sacrifice, au don de soi-même et à la croix parce qu’il sait que le surnaturel sera «automatiquement» le fruit de l’esprit de résurrection qui vient sur le disciple dès qu’il meurt à lui-même et aux éléments du monde.
Paul ne met pas la chair en scène, il ne se positionne pas dans cette «révélation», et il ne se sert pas de cette révélation pour exercer une influence quelconque, en tant qu’instrument privilégié. Il ne se sert pas de Dieu. Cela s’appelle l’humilité.
À ce regard des autres, l’apôtre est capable de renoncer. Pour Paul, les paroles ineffables, le troisième ciel, les odeurs, sont toujours des choses «extérieures»; ce qui est quelque chose, c’est d’être une nouvelle créature (Galates 6/15), c’est-à-dire que notre caractère soit changé, converti, revêtant le Seigneur, exhalant la bonne odeur de Jésus-Christ.
Jérôme Prékel@le Sarment
www.lesarment.com
*Matthieu 24:24
Car il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes; et ils montreront de grands signes et des prodiges, de manière à séduire, si possible, même les élus.
2 Thessaloniciens 2:9
duquel la venue est selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge,
Apocalypse 13:13
Et elle fait de grands miracles, en sorte que même elle fait descendre le feu du ciel sur la terre, devant les hommes.
Apocalypse 13:14
Et elle séduit ceux qui habitent sur la terre, à cause des miracles qu’il lui fut donné de faire devant la bête, disant à ceux qui habitent sur la terre de faire une image à la bête qui a la plaie de l’épée et qui a repris vie.
Apocalypse 16:14
car ce sont des esprits de démons faisant des miracles, qui s’en vont vers les rois de la terre habitée tout entière, pour les assembler pour le combat de ce grand jour de Dieu le Tout-puissant.
Apocalypse 19:20
Et la bête fut prise, et le faux prophète qui était avec elle, qui avait fait devant elle les miracles par lesquels il avait séduit ceux qui recevaient la marque de la bête, et ceux qui rendaient hommage à son image. Ils furent tous deux jetés vifs dans l’étang de feu embrasé par le soufre;
1 comments On Différence entre surnaturel et merveilleux
Bonjour, j’ai apprécié de lire cette analyse profonde et empreinte de vérité, mais malheureusement toujours d’actualité. Vous avez raison de dire (et redire au fil de vos posts) qu’il faut éprouver ce qu’on voit et ce qu’on entend au filtre de la parole de Dieu, car celui qui le fait se protége. N’est pas là agir avec Sagesse (celle d’en haut) ?
Je suis béni par votre ministère !
Que Dieu vous bénisse !