Les yeux de Guehazi

« Ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont contre nous » (2 Rois 6/16)

Guehazi, serviteur et disciple du prophète Elisée, en se réveillant un matin, a découvert que l’armée Syrienne avait dressé le siège autour de la ville dans laquelle ils résidaient, et l’angoisse l’a gagné. L’évidence du visible s’imposait à tous ses sens : l’armée ennemie était là et avait bloqué toutes issues de la ville, afin d’enfermer Elisée et de le capturer. Les Syriens étaient en grand nombre : « le roi de Syrie envoya des chevaux, et des chars et de grandes forces » (6/14).
La défaite était comme écrite avant même qu’aucun combat ne commence.

Guehazi aurait pu essayer de chercher une faille dans l’encerclement, une porte de sortie, un moyen de s’enfuir : il n’y en avait pas. Une analyse rationnelle de la situation ne faisait qu’accentuer les craintes et renforcer l’angoisse : le dénombrement de l’ennemi, l’examen des positions qu’il tenait, ainsi que chaque combattant identifié confirmait qu’il était raisonnable et plausible de craindre … et justifiait les inquiétudes.

L’apôtre Paul racontera un jour que lui et ses amis avaient « regardé leur mort comme certaine … » (Actes 27/20) … ce qui nous apprend que même ceux qui sont conduits par Dieu, marchant à Son service, peuvent parfois être amenés, par de grandes tensions, à éprouver les sentiments extrêmes qui se manifestent lorsque nous vivons des heures sombres, désespérantes, où tout paraît perdu. Des heures où le salut semble une notion lointaine, alors que la ruine apparaît, elle, comme certaine …

Prier ? oui, mais Dieu, voudra-t-il nous aider ? Le doute se présente, alimenté et nourri par une multitude de pensées : N’avons-nous pas déjà prié, cherché sa face ?… et Il n’a pas répondu…
Il ne répond pas, et de là à imaginer qu’Il ne répondra pas, il n’y a qu’un pas : en vérité, c’est ce que l’ennemi veut que nous croyions.

Dieu ne voulait pas rassurer Guehazi en desserrant l’étau de l’encerclement des Syriens, pour lui permettre de reprendre pied dans sa foi, ou lui donner l’opportunité de s’enfuir, comme ce dernier imaginait sans doute l’aide divine, mais l’Eternel voulait dissoudre entièrement cet étau. Il ne voulait pas simplement aider, mais Il voulait Se glorifier. Car la solution était là, mais les choses visibles la cachaient aux yeux de Guehazi.
C’est notre confiance en nous-mêmes, inhérente à notre nature, s’imposant systématiquement à notre pensée, qui nous masque littéralement la présence de Dieu, et les ressources célestes. Cette foi en l’homme aveugle les yeux de l’esprit, qui ne sont faits que pour être ouverts sur Christ, Sa grâce, Sa providence, Sa fidélité, Son amour inaltérable. Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ (Romains 8/39).

Ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont contre nous. Dieu connaît toutes choses, et elles concourent ensemble au bien de ceux qui se confient en Lui, et qu’Il aime (Romains 8/28).

Atteindre les profondeurs du vrai désespoir, c’est comme descendre au shéol (Jonas 2/3), et connaître cette heure où la fin est comme écrite, sentir les vagues et les assauts passer sur nous (Psaume 42/7), dépérir dans une solitude absolue, abandonnés par toute possibilité de nous confier dans les espoirs humains qui faisaient tous nos appuis … voilà quelques creusets dans lesquels seront consumées nos illusions sur nous-mêmes, sur les autres, et où notre religion se dissoudra lentement pour laisser la place à un vide … dans lequel germera la vraie foi. C’est là seulement que, assurée de la fidélité de l’Eternel, cette foi « verra » alors Ses armées entourant les armées ennemies.
Oui, la fin était écrite, mais ce n’était pas celle des enfants de Dieu, c’était celle du Mal !

Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous ? Et j’ai la conviction que ni la mort, ni la vie … (Romains 8/38), c’est-à-dire rien de ce qui compose le royaume de la mort et des ténèbres ne peuvent empêcher Dieu de nous saisir, de nous toucher, de nous parler, de nous sauver. Il est souverain sur toutes choses parce que nous lui avons remis toutes choses. Et de tout Son coeur, de toutes Ses forces, Il le désire. Il veut sauver. Si la mort de Ses saints Lui est précieuse (Ps . 116/15), quels doivent être Ses sentiments à propos de notre vie !?

Jérôme Prekel
2 mai 2008

1 comments On Les yeux de Guehazi

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