Beaucoup de questions demeurent sans réponses lorsque nous abordons le thème de la souffrance.
Ce sujet mystérieux contient des richesses cachées qui ont été mal comprises par certains croyants, pensant mieux trouver Dieu en s’infligeant toutes sortes de souffrances. Ces exagérations et dérives ne doivent pas altérer le fait que la souffrance demeure effectivement un instrument entre les mains de Dieu pour établir en nous certaines vérités profondes. Il nous est dit que Jésus lui-même a souffert, car il fallait, nous le savons, que l’expiation de nos péchés soit réalisée et accomplie, mais aussi que soit amené en Lui un sens de perfectionnement (Hébreux 5:8). Pourquoi ? Jésus n’avait pas besoin d’être rendu parfait, puisqu’il l’était déjà en tant que Fils de Dieu. S’il a été touché par la souffrance, ce n’est donc pas pour que son caractère devienne parfait, mais pour qu’il devienne réellement humain. C’est là le véritable sens, paradoxalement, de son perfectionnement. Esaïe 53/10 nous le dit.
Avant d’avoir souffert, en tant que Fils de Dieu, il pouvait éprouver de la pitié pour les hommes, mais maintenant, après la souffrance, il a compassion, parce que son humanité est devenue entière, totale et accomplie. C’est pour cette raison que nous avons maintenant dans les lieux célestes quelqu’un qui peut intercéder pour nous parce qu’il nous comprend parfaitement.
Mais nous pouvons aller plus loin, en affirmant que la dimension de la souffrance se trouve, de toute éternité, dans le coeur-même de Dieu. Car si Dieu est Dieu, alors Il savait dès avant la fondation du monde que Satan allait le trahir, qu’Adam allait faillir et que l’humanité entière se détournerait de Lui … mais Il a quand même et malgré tout créé le monde ! Dieu savait pourtant que la rédemption serait au prix de son Fils (Ephésiens 1/4).
Nous comprenons donc que pour ces raisons, la souffrance n’était pas absente du coeur du Père, parce que la pleine dimension du véritable amour contient, dans sa nature-même, la souffrance.
Nous voyons dans le chapitre 11 de l’épître aux Hébreux, la traduction de l’inévitable expérimentation de la souffrance, parmi les héros de la foi, au milieu de leurs réussites, de leur gloire et du triomphe : … ils fermèrent la gueule des lions, éteignirent la puissance du feu … nous trouvons également une autre facette, plus obscure: … dénués de tout, errants çà et là, eux dont le monde n’était pas digne. Ce sont là deux côtés de la même vérité : joie et tristesse, gloire et brisement, vie et mort.
Nous sommes aujourd’hui tellement formés au combat spirituel ! Entraînés par la prière, par l’intercession, par l’exercice des dons spirituels, à ajouter, à multiplier, à bâtir en Christ. Ces choses sont bonnes, mais leur sens positif, constructif, ne représente qu’une facette de la vérité, et nous savons bien par ailleurs que l’acte le sarment est un geste divin qui atteint profondément, d’abord dans un sens de retranchement, pour mieux aller dans le sens d’ajouter. La souffrance a sa place dans cette bénédiction, induisant de durables et profonds changements dans le coeur de l’homme. Le fait de diminuer pour qu’Il croisse n’est-il pas une forme de souffrance pour notre âme ?
Pourquoi trouvons-nous tant de vies en échec dans l’église, autant dans le corps des responsables que parmi les chrétiens ? Pourquoi nombres d’enfants de familles converties sont-ils aujourd’hui dans le monde alors que certains ont été baptisés du Saint-Esprit ? Parce qu’ils ont connu l’onction, ils ont goûté au don céleste, mais leurs caractères n’ont pas été changés.
Nous sommes forcés d’admettre que la souffrance est un facteur d’accomplissement dans cette oeuvre de nettoyage de notre orgueil inconscient, et contribue à nous amener à la perfection. Nous cherchons toujours instinctivement à fuir la souffrance : c’est normal et naturel; mais nous devrions aussi chercher le message de Dieu qui se trouve caché dans cette souffrance (ce terme étant à comprendre dans son sens le plus large).
La souffrance dans nos vies est permise, parfois, comme une discipline pour nous ramener à la réalité divine. La souffrance, c’est donc aussi un moyen de préparation à l’éternité (2 Corinthiens 4:17) et nous souffrons avec lui, nous régnerons aussi avec lui (2 Tim. 2:12). Ces paroles semblent signifier que si la souffrance produit la gloire, alors il n’y aura pas de gloire là où il n’y a pas eu de souffrance … Souffrance avec Christ, pour l’amour de Son nom, souffrance avec ceux qui souffrent, souffrances enfin dans cette guerre qui oppose en nous la chair et l’esprit, en un mot la dimension de la croix dans nos vies.
Lorsque nous regardons à la construction du temple de Jérusalem, nous constatons que les pierres qui le constituaient étaient préparées et taillées dans la carrière, pour être ensuite assemblées sur le lieu où se dresserait l’édifice. Aucun bruit, aucun coup n’était plus porté sur ces pierres, hors de la carrière. De même, dans l’éternité, il ne pourra plus y avoir de travail sur notre caractère.Dieu se sert de notre vie, sur cette terre, avec toutes ses réalités humaines, pour nous travailler, nous préparer.
Sans nous en rendre compte, au service du Seigneur, nous nous laissons parfois prendre à travailler, entreprendre et construire pour cette terre. Mais son but à Lui, c’est la Jérusalem céleste, c’est la mesure de Christ – de la nature de Christ, -de l’amour de Christ dans nos coeurs.
Cet amour est la priorité totale de Dieu. Son but n’est pas le degré d’avancement de notre oeuvre ici-bàs, mais la mesure de l’amour, dans nos coeurs, qui seule nous garantit notre place plus près de lui : (Éph. 1:4).
Un article de Pierre Truschel
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