Si la Croix a pu changer un homme tel que moi, que ne peut-elle pas faire pour vous !

Pour que l’homme comprenne à quel point la Croix est notre seule espérance, il faut qu’il voie à quel point il peut être trompé par son propre cœur, de quelle immense miséricorde il a besoin de la part de Dieu, et qu’il comprenne qu’à son égarement et à ses illlusions, il n’y a de remède que la mort. Laisser les autres voir un peu notre vie intérieure est mortel pour l’amour-propre ; c’est donc bien ce qu’il me faut. Il faut voir l’homme dans toute sa laideur pour le comprendre quand il parle de la beauté.

Au cours de mes années d’études, je n’avais qu’une passion : découvrir Jésus-Christ. Elle se matérialisa par un examen minutieux de la question du Saint-Esprit dans les Ecritures. Mais je découvris plus tard que le mobile secret de ce beau zèle, ce n’était pas de plaire à Dieu ou de servir Jésus-Christ, mais d’obtenir une puissance qui ferait de moi quelqu’un et me vaudrait la considération de l’Eglise. Je m’étais nourri des écrits de Finney, d’Asa Mahan et de MacConkey, et j’aspirais à prendre rang parmi eux. Le souci de faire valoir ma personnalité empoisonna toute ma vie sans que je m’en rendisse compte sur le moment, et me suivit dans tout ce que j’entrepris.

Ayant prêché un sermon d’exercice devant les autres étudiants, je me pris tellement au sérieux que ma harangue me valut une volée de bois vert, que m’administra sans ménagements le camarade chargé de la critique. Et le professeur ne m’épargna pas.

Je voulais décrocher les étoiles. Un jour je restai je ne sais plus combien d’heures à genoux pour attendre et recevoir la puissance du Saint-Esprit ; mais Dieu ne se mit pas à mon service et l’affaire n’eut pas de suite. Et cette piété s’accommodait des plus graves indélicatesses.

On parlait beaucoup, à l’époque, de Georges Muller et d’autres œuvres chrétiennes qui vivaient des miracles de la foi. Pendant des mois, je ne rêvai que de la fondation d’un établissement de ce genre, et de la notoriété que je lui attribuais d’avance.

Appelé plus tard à m’occuper d’une institution de charité, je n’y avais pas passé une année que je la quittais sans être regretté.

Entre-temps, pressé par des âmes bien intentionnées de terminer mes études, que j’avais abandonnées par dégoût de la théologie libérale, je me laissai persuader, et me retrouvai bientôt dans une autre faculté, tellement malmené par les démons qui ont partie liée avec le modernisme, qu’il me fallait trois jours de jeûne pour m’en débarrasser.

Une expédition missionnaire, dans une région de l’Afrique où l’évangile n’avait jamais encore été annoncé, et où j’entraînais ma jeune femme, servit surtout, sous ce ciel torride, à exaspérer mes ambitions. Je me voyais déjà à la tête d’une société missionnaire. L’aventure tourna court. Je dus travailler une année dans des factoreries pour payer notre rapatriement.

Mon inconscience m’entraîna à de graves inconséquences. Pendant de longues périodes, j’abusai outrageusement de l’hospitalité d’une assemblée chrétienne et de ma parenté. Un ministère qui m’avait été proposé révéla au bout de deux ans mon incapacité, face à une forte personnalité libérale, de faire triompher la vérité dans l’église. C’est moi qui dus partir. Ce fut tout pour le ministère à plein temps.

J’étais rentré dans le rang depuis longtemps, quand je dus abandonner une situation confortable par motif de conscience. J’avais pu réparer mes incongruités et dédommager mes principaux bienfaiteurs. Est-ce alors ou plus tard ? Je ne me souviens pas. J’ai frappé pendant quelque temps  à toutes les portes d’un grand district pour colporter, avec la bénédiction de Dieu, des cartes en faveur d’une institution d’entraide. Le grand homme dont j’avais rêvé apprenait l’humilité.

Nous allions en famille aux pives et au bois mort, et Dieu bénit le pain de régime dérivé des glanures de nos enfants.

Après la guerre, dans une autre fonction publique, je fus brusquement congédié pour n’avoir pas voulu me prêter à des écritures comptables irrégulières. Mais la fidélité de Dieu s’affirma une fois de plus.

Cependant le moi était lent à mourir. Dans l’assemblée chrétienne que je fréquentais, mon attitude et mes messages exercèrent longtemps la patience de mes frères. Mais le Seigneur se servait de toutes ces choses pour m’apprendre à mieux Le connaître. Il ne se lassait pas de crucifier la chair. J’appris à être outragé sans réagir, et à être frustré dans l’église de mes privilèges de chrétien sans cesser de bénir Dieu avec mes frères.

J’avais approfondi et je connaissais très bien la doctrine de la Croix, mais ce ne fut que petit à petit et à force de vouloir à tout prix atteindre le but que sa vraie portée entra dans ma vie.

Le sacrifice déterminant fut consommé le jour où je renonçai à faire paraître mon livre, et abandonnai tout désir d’être autre chose qu’un chrétien parmi beaucoup d’autres.

C’est alors seulement que je réalisai ce que Dieu attendait vraiment de moi : mettre au service de mes frères le don que j’avais reçu, qui était sous une forme moins spectaculaire que le vrai charisme, un don d’interprétation. C’est ainsi que je me suis mis à traduire des frères étrangers dont je comprenais la langue – et qui étaient, eux, de ces hommes exeptionnels que j’avais effrontément voulu devenir moi-même.

Si la Croix a pu changer un homme tel que moi, que ne peut-elle pas faire pour vous !

Témoignage de Roger JACOT extrait de « Le Charisme Suprême ».

R. Jacot fut le traducteur en France de Watchman Nee, deVern Fromke et T.A. Sparks

www.lesarment.com

 

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