Il y a quelque temps, lors d’une réunion de prière à quelques uns, et alors que je ne m’y attendais absolument pas et que rien ne prédisposai mon esprit à avoir une telle interpellation, la voix de Dieu a retentit clairement dans mon esprit : « Appelle mon jugement sur Babylone et proclame mon jugement sur Babylone », ce fut un véritable coup de semonce. Je comprenais bien que cet appel, tout à fait surprenant et loin d’être ordinaire, dépassait de loin le cadre des milieux religieux chrétiens dits traditionnels et s’étendait jusqu’aux tentes de nos églises évangéliques quelle qu’en soit la dénomination.
Oui, Dieu a en horreur Babylone et au-delà du jugement terrible d’apocalypse 17 sur Babylone la grande, la mère de toute les prostitutions, le Seigneur veut purifier son peuple de tout esprit babylonien. Je comprenais alors brutalement que c’est l’une des priorités de notre Seigneur. L’esprit de Babylone, en effet, corrompt et souille ce qui devrait être une habitation de Dieu en esprit, un édifice bien coordonné qui s’élève à sa gloire.
Le Seigneur lance un appel sans équivoque qui dépasse de loin le cadre de l’église des Corinthiens : «Sortez du milieu d’eux et séparez-vous ! dit le Seigneur. Ne touchez pas à ce qui est impur et je vous accueillerai ; je serai pour vous un père et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout puissant » 2 Cor. 6: 17-18.
Mais qu’est ce que Babylone ? Qu’est ce que l’esprit babylonien dont le Seigneur de gloire a tant horreur ? Babylone, c’est une construction qui, comme Babel, à la prétention de toucher le ciel mais dont le but est surtout de «se faire un nom» (Genèse 11:4). Se faire un nom, avoir du succès, des résultats qui attirent l’attention, la reconnaissance de tous. « Allons, bâtissons-nous… », l’homme prend les choses en main, pour son intérêt. Il construit avec ses « briques », et tout s’organise autour de ce grand projet qui doit toucher le ciel mais qui en réalité ignore et méprise de façon inconsciente Celui qui est dans le ciel.
Babylone, c’est l’homme au centre
L’esprit babylonien c’est tout ce qui s’organise pour la satisfaction de l’homme pour lui-même. Si le Seigneur dit — et il le dit avec force et autorité — que l’heure de son jugement est venu sur l’esprit de Babylone, dont il veut purifier son peuple, c’est qu’effectivement, peu à peu, subtilement, la dérive a pris place pour mettre les intérêts de l’homme au centre de nos préoccupations : l’homme à la recherche continuelle de son bonheur, de son plaisir, de son épanouissement, de sa jouissance. Nous sommes loin des intérêts de Jésus-Christ et de son royaume qui passe par le dépouillement et le renoncement à soi.
Frères et sœurs, le constat est sans appel, l’hédonisme a pris place parmi nous. Tout s’organise pour notre satisfaction, pour notre plaisir, plutôt que dans une recherche désintéressée de l’approbation divine.
Il n’est pas compliqué de constater que bien des activités sont mises en place aujourd’hui, non sous la pression et l’inspiration de l’Esprit, mais pour la satisfaction de l’homme en lui-même. On va donc organiser des activités sportives pour Jésus, des concerts pour Jésus, du théâtre pour Jésus, des soirées évènementielles pour Jésus, des week-ends du surnaturel pour Jésus.
Beaucoup réagiront en mettant en avant les ponts nécessaires pour attirer les perdus afin d’en gagner le plus grand nombre. C’est dire que les apôtres et les premiers chrétiens n’avaient rien compris sur la façon de bien évangéliser. Le sport existait déjà, la musique aussi, le théâtre aussi, les faux apôtres déguisés en apôtres de Christ, promettant monts et merveilles, aussi.
Le problème n’est pas de faire un sport – activité très saine – ni de la musique qui pourra accompagner nos cantiques, mais de mettre en place des activités en demandant au Saint-Esprit de venir « se greffer » dessus. Mais le Saint-Esprit ne vient pas « se greffer ». Il a été envoyé pour conduire l’Église et la diriger dans les œuvres justes et parfaites.
La priorité des apôtres était la prière et le ministère de la parole, c’est tout (Actes 6:4). Il y avait eu la Pentecôte, l’évènement-clé promis par Jésus, l’effusion du Saint-Esprit qui allait permettre aux disciples de Jésus d’être ses témoins partout et jusqu’aux extrémités de la terre. Grâce à cet équipement, les disciples marchaient par l’Esprit, étaient conduits par l’Esprit, ce qui demandait d’être à l’écoute de l’Esprit dans une conscience totale de l’incapacité naturelle de l’homme à faire l’œuvre de Dieu.
L’Eglise allait se reposer sur le ministère glorieux du Saint-Esprit. C’est au travers de son action et de son rayonnement que la Parole serait prêchée et confirmée. Ce n’était pas : « Allons, levons-nous et bâtissons avec nos briques », mais soyons rempli de l’Esprit afin que l’Esprit nous amène à faire toutes choses pour la gloire de Dieu. Lui qui sonde les profondeurs de Dieu, lui qui seul est en mesure de nous mettre en phase avec la volonté parfaite de Dieu.
Paul demandait qu’on prie pour lui afin qu’il annonce la Parole comme il devait l’annoncer (Eph.6:19 ; Col.4:3). Surpenant, non ? Il n’a pas demandé qu’on prie pour lui afin qu’il trouve les bons moyens ou les bonnes méthodes pour propager l’évangile. Paul n’avait pas en vue de faire des sympathisants ou des prosélytes mais de vrais disciples de Jésus, ayant en vue d’amener tout homme à la stature parfaire de Christ (Col.1:28), ce qui, petit rappel, est le but premier des cinq ministères (Eph.4:12-13).
Nous sommes parvenus à croire que si nous parlons d’autres langues, voire que nous chantions en langues, et que nous pratiquons quelques dons spirituels de temps à autre, nous honorions la Pentecôte. En réalité, nous méprisons la Pentecôte. Je ne parle pas ici de ceux qui pensent que cette effusion de l’Esprit et tout ce qui en a découlé ne concernait que l’église primitive, car là, c’est plus que désespérant. En effet pour adhérer à une telle position doctrinale, il faudra sans cesse faire le tri en lisant les épîtres pour séparer le passé du présent. Comme si l’on pouvait toucher la Parole de Dieu impunément.
À l’heure de l’enlèvement de l’épouse, posséder un peu d’huile ne suffira pas ; de s’en contenter « c’est de la folie » dit Jésus. Revenons à la raison, frères et sœurs avant qu’il ne soit trop tard, car même sans attendre l’heure de l’enlèvement, que beaucoup d’entre nous ne connaîtront pas, que se passera t-il lors de la comparution devant le tribunal de Christ, lorsque chacun rencontrera Jésus face à face, les yeux dans les yeux ?
Tous nos arguments, nos justificatifs savants et bien théologiques, ne tiendront pas. C’est avec un coeur déchiré, brisé, que j’écris ces lignes, mais je le répète, nous méprisons la Pentecôte. L’esprit babylonien a bel et bien pris place parmi nous. Pire, il a trouvé un bel enracinement et il s’épanouit avec la bénédiction de tous… ou presque.
Oui, je veux croire qu’il y a sept mille hommes cachés quelque part, et un peu dans chaque église, qui n’ont pas fléchi le genou et refusent de le fléchir au risque d’être considéré comme vieux jeu, réactionnaires, conservateurs. Il est réconfortant de considérer que les quelques hommes qui avaient refusé de souiller leurs vêtements dans l’église de Sardes étaient connus de Jésus, qui leur rend un témoignage incroyable (Apocalypse 3:4). Non, ils ne suivaient pas le mouvement. Oui, c’étaient certainement des empêcheurs de tourner en rond dans une église qui avait tout pour passer comme bien vivante alors qu’aux yeux du Seigneur elle était morte. Morte en raison de la qualité de ses œuvres jugées non parfaites devant Dieu et de son éloignement par rapport au modèle reçu : « rappelle toi donc comment tu as reçu et entendu la parole, garde-la, et repens toi » (Apocalypse 3:3). Quand Jésus dit qu’il n’effacera pas le nom de celui qui vaincra de son livre de vie (Apocalypse 3:5), dans le contexte particulier de l’église de Sardes, cela concerne directement ceux qui n’avaient pas pris part à la flétrissure, à la corruption organisée, et il y a corruption dès que le modèle de base est abandonné pour un autre modèle.
Quel Jésus connaissons-nous ?
Le petit Jésus né dans une étable dont beaucoup se souviennent à chaque Noël en dressant une crèche sous le sapin ? Jésus Fils de l’homme et seulement fils de l’homme, celui qui a épousé notre humanité et qui fut proche des plus démunis ? Jésus le sauveur et seulement le sauveur qui a donné sa vie par amour pour nous, pour le pardon des péchés ? Jésus, l’ami de tous, celui qui est là pour répondre à tous nos besoins et nous rendre heureux sur la terre en nous donnant, cerise sur le gâteau, la vie éternelle ?
Le Jésus du Nouveau Testament est aussi le saint et le juste, le fidèle et le véritable, l’alpha et l’oméga, celui qui est, qui était et qui vient. Jésus est le juge des vivants et des morts, titre à ce point important que Pierre dit à Corneille que « Jésus nous a ordonné de prêcher au peuple et d’attester que c’est lui qui a été établi par Dieu juge des vivants et des morts »(Actes 10:42). Il n’est donc pas étonnant de constater que chaque prédication de Paul mentionne cette réalité du jugement à venir et que la notion de devoir rendre compte de ses œuvres revient en permanence. Le gouverneur Félix fut même effrayé en écoutant Paul lui parler du jugement à venir (Actes 24:25). Félix ne craindrait pas d’être effrayé aujourd’hui car ils sont quasi-inexistants les pasteurs et prédicateurs qui discourent sur le jugement à venir et proclament, comme Jésus l’a ordonné, qu’Il est le juge des vivants et des morts.
Considérons encore avec attention la description de Jésus dans Apocalypse 19:11-16. Quelle vision glorieuse ! Mais qui rapellera aujourd’hui que Jésus est celui qui foulera la cuve du vin de l’ardente colère du Dieu Tout-Puissant.
Nous ne présentons Jésus que sous le profil qui nous intéresse. Et pourtant tout le monde promet fidélité absolue à la Bible qui seule fait autorité en matière de foi. Quelle hypocrisie quand on considère qu’on puise souvent dans l’Ecriture ce qui nous intéresse, ce qui correspond à la perception qui nous arrange.
Il ne faut pas choquer nos auditeurs ! L’homme au centre, encore et encore. Du coup toute la vérité n’est pas annoncée mais seulement ce qui peut être perçu par les auditeurs comme quelque chose de positif et de gratifiant pour eux. On invite ainsi « les gens » à accepter Jésus comme si c’est eux qui faisaient bientôt une grâce au Seigneur de l’accepter. Il fut un temps où les évangélistes appelaient leurs auditeurs à soumettre leur vie à Jésus-Christ avec un coeur repentant. L’esprit babylonien a tout gangrenné y compris la façon d’annoncer l’Evangile. Ils sont loin les « sauvez-vous de cette génération perverse » (Actes 2 :40) ; « voici, tu as été guéri; ne pèche plus, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire » (Jean 5:14) ; « ne craignez pas ceux qui peuvent tuer le corps et qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne » (Matthieu 10:28).
Dans tout cela, alors que l’homme est placé au centre, la véritable manifestation du Saint-Esprit est réduite à ‘une peau de chagrin’, à des années-lumière du livre des Actes des apôtres.
Sincèrement, je me demande si nous aurions eu la patience d’attendre la venue du Saint-Esprit, car les 120 n’ont pas attendu 1 heure ou deux, mais des jours durant. Alors pour nous qui avons du mal à tenir 2h dans une réunion de prière ! D’ailleurs sur les 500 personnes qui virent Jésus d’un coup (1 Cor.15 : 6) et reçurent le même appel à attendre à Jérusalem, seules 120, c’est-à-dire moins d’un quart, étaient réunies dans la chambre haute afin de persévéraient d’un commun accord dans la prière (Actes 1:14,15).
Il ne s’agissait pas de créer une ambiance à coup de belles compositions musicales ni d’essayer d’accélérer le mouvement : il fallait attendre dans la prière et le recueillement.
Qu’il nous est difficile de ne rien entreprendre, de ne pas aller au-devant, de ne pas essayer de provoquer l’action du Saint-Esprit. Quel piège ! On ne manipule pas le Saint-Esprit. Or, lui forcer la main c’est chercher à le manipuler. Le résultat : des mises en scène, des simulacres… et à l’arrivée, rien, aucun coeur ‘retourné’ et transformé. L’esprit babylonien, encore lui. Des initiatives sans révélation d’en-haut, sans direction. Des messages bien construits mais qui ne communiquent aucune vie tant l’inspiration du Saint-Esprit est totalement absente.
Ce qui est terrible, c’est de comprendre que tout est contaminé malgré des coeurs sincères et bien intentionnés. Une telle séduction a pu prendre place parce que l’homme y trouve son compte dans un savant mélange de chair et d’esprit, de vérité et d’approximations, et pour lequel le dépouillement du vieil homme (Eph.4:21) est devenue une expression énigmatique.
À moins de reconnaître ce fléau et d’avoir la volonté de l’éradiquer en revenant à une pleine dépendance du Saint-Esprit, il ne fait aucun doute que le Seigneur jugera Babylone, d’une façon ou d’une autre, sur terre ou dans l’éternité. Là aussi nous comprenons qu’une prise de conscience trop tardive devant le trône de Dieu suscitera bien des pleurs et des grincements de dents. Bien des prophètes furent envoyés à Israël pour le ramener de ses égarements et dans bien des cas ce fut une fin de non-recevoir, entraînant des conséquences fâcheuses, dont la première est le silence de Dieu et sa résistance, en fermant l’accès aux prières (Lam.3:44).
Notre réaction par rapport à ce constat mettra à nu l’honnêteté de nos coeurs devant Dieu. Sommes-nous plus attachés à la vérité qu’à nos bons principes et modes de fonctionnement ?
Plusieurs églises d’Asie Mineure durent tomber des nues en recevant la lettre que le Seigneur leur adressaet dans lesquelles il n’usait d’aucun ménagement et prévenait de la façon la plus solennelle, bien qu’il soit rempli d’amour ou surtout parce qu’il est rempli d’amour, a contrario de nos raisonnements charnels. Comment ces églises réagirent-elles, ce qu’elles rectifièrent, comment elles se repentirent à l’appel de Jésus, nous l’ignorons.
Une chose est sûre cependant : le Seigneur n’a qu’une parole. Il est donc certain que les églises qui ne changèrent pas ou seulement en partie firent les frais de leur résistance sachant que la résistance à la voix de Dieu est aussi coupable que l’idôlatrie (1 Samuel 15:23).
Concluons : C’est Christ qui doit être au centre et non l’homme et c’est le Saint-Esprit qui est chargé de le glorifier par ses propres moyens. Arrêtons de faire nos propres briques pour nous faire un nom et laissons le Seigneur lui-même bâtir son Eglise par l’Esprit qui agit au travers des ses disciples.
Jean-Louis Bulté
2 comments On Quand l’homme est au centre
J’en parlais pas plus tard qu’hier avec un frère et cet article arrive à point nommé pour nous encourager.. Qu’importe si nous sommes taxés de ringards, de has been. Les modes passent, mais Christ est le même hier, aujourd’huI et à jamais.
Penser que l’esprit et les moyens humains peuvent remplacer l’action du Saint Esprit, c’est comme croire que le salut s’obtient par les œuvres. C’est la même logique.
Comme dans le monde profane, ou règnent les communicants, ces « spin doctors », les responsables d’églises, jouent essentiellement sur les émotions d’une génération narcissique. Le monde s’est introduit dans l’Eglise !
Or Paul écrit aux chrétiens de l’Eglise de Rome : « «Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait.» [12:2 LSG]. C’est par nos émotions que les hommes de pouvoir dominent. Mais en Christ, par l’Esprit, nous sommes appelés à la liberté, pas à être dominés, Les émotions ne sont que l’expression de la notre nature humaine, autrement dit de la chair dont les œuvres sont contraires à celles de l’Esprit (épître aux Galates).
Un jour, Spurgeon, le « Prince des prédicateurs » a été interrogé sur la puissance de conviction de sa prédication. Sa réponse fut de montrer le plancher de l’eglise en disant que pendant qu’il prêchait, il y avait au sous-sol des chrétiens qui étaient en prière, et que sa force de conviction était la réponse à la prière de ces chrétiens anonymes.
C’est à la prière que répond le Saint Esprit. Nous avons oublié la force de la prière. Toutes les techniques de communication ne peuvent la remplacer. L’Eglise forme le corps dont Jésus-Christ est la tête. Quand on fait appel à des moyens artificiels et factices, alors elle n’est banalement rien d’autre qu’un club sympa avec des adhérents pour le plus grand profit de ses dirigeants.
L’esprit babylonien ,qui est babylone, s’est manifesté comme la solution à la déchéance de l’homme pour retrouver la place qu’il avait auprès de Dieu avant la chute (le péché). La discipline que Dieu peut enseigner aux hommes qui désirent le connaître, c’est de mener le bon combat de la foi, afin de discerner et de laisser à la porte de son coeur tout ce qui n’est pas en accord avec le S-Esprit. Le nombre, le travail, l’élévation, peuvent l’aider à vivre mais pas à le justifier au coeur de Dieu. La vie que Dieu donne à ceux qui gardent sa parole pour demeurer dans sa grâce nous élève auprès de Lui, où Christ, notre justification nous a préparé une place. RG.