Mon premier avortement

Ne me jugez pas, s’il vous plaît, quand vous lirez que j’ai subi mon premier avortement à l’âge de quinze ans, à l’hôpital de la Charité à Berlin, et un second à l’âge de seize ans, secrètement et dans des conditions terriblement humiliantes, à Jelenia Gora en Pologne, où le médecin qui l’a pratiqué m’a, de plus, agressée sexuellement. J’ai repoussé de toutes mes forces ces avortements !

Ne pensez pas que j’ai avorté parce que je n’avais pas de conscience. J’ai mendié l’autorisation de ma mère pour “le” garder. Les adultes ont tout fait pour m’obliger à avorter, alors que je n’avais que quatorze ans quand je suis tombée enceinte. Lorsque l’avortement a été effectué, je me suis sentie humiliée à mort, profondément perturbée. Mais, ce qui m’a rendue le plus triste, c’est que mon “entourage” (y compris le père de l’enfant), tous ces gens autour de moi, se soient contentés de s’indigner que je sois enceinte; ils me conseillaient tous, sans discontinuer, d’avorter. Chaque personne à qui j’en parlais. Tous, sans exception. Quelle sorte de réaction est-ce là, dites-moi ? Alors qu’à l’époque j’aurai tellement voulu qu’au moins une personne me dise : «Félicitation, Nina ! D’accord, tu es encore un peu jeune, mais qu’est-ce que ça fait ? On va le bercer, cet enfant !».

Mais pas du tout ! Ce que je souhaitais n’est pas arrivé. À présent, cela fait longtemps que je suis auprès de Jésus. Que personne ne me jette la première pierre. Cela n’a été ni épanouissant, ni une partie de plaisir. Pour moi, voilà tout ce que c’était : une énorme, une pénible tragédie ! Pendant des semaines, des mois, j’ai pleuré, j’ai été triste, avant de retrouver la paix dans l’amour miséricordieux de Dieu.

C’est une histoire significative, et c’est pourquoi je ne voudrais plus que les gens me montrent du doigt et me jugent selon des critères humains. Lui, il connaît mon cœur et Il sait aussi que ce n’est pas ce que je voulais. Il a vu que ça n’intéressait pas mes parents ni ceux du père de l’enfant de me soutenir, moi et le bébé. À l’époque déjà, je l’ai appris : dans ce monde il y a quelque chose de fondamental qui ne va pas. Dans ce monde, les enfants ne sont pas vraiment les bienvenus, et il y a des gens qui prennent très à la légère l’interruption de grossesse ! Et pourtant, la plus petite des âmes d’oiseau d’un humain en devenir finit entre les mains de Dieu. Quelle consolation ! La famille Hagen a donc déjà une place à mes côtés pour d’autres citoyens du ciel encore inconnus.

 

Extrait du livre de Nina Hagen «Confessions»

Née en 1955 à Berlin-Est, elle est devenue mondialement connue comme icône du mouvement punk dans les années 80, grâce à sa voix unique et à sa présence scénique provocatrice.

2 comments On Mon premier avortement

  • Merci, je viens d’acheter le livre sur un site bien connu commençant par A…
    JM

  • Il n y a qu un seul commentaire !!!!! C’est dire combien le sujet dérange . Forcement ils sont tous contre car il faudra l’élever cet enfant et ça coûte cher d’élever un enfant et comme les gens sont tous devenus égocentriques et égoïstes il n ‘y a pas de place pour aimer un petit être complètement dépendant des adultes . Régulièrement nous pouvons lire sur le figaro que des pères de famille ont oublié leur bébé dans la voiture…. ils en sont mort ! Depuis le début de l’année chaude c’est arrivée déjà 5 fois …….Nous avons la réponse du mal du siècle…. Les êtres humains ont perdu leur humanité surtout grâce au portable car par contre ils ont tous le temps de se planter devant leur portable des heures !!! C’est la fin des temps, le chiffre de la bête c’est le monde numérique et il ira jusqu’au bout pour détruire l’humanité ..ça commence par les bébés …..LES ÊTRES LES PLUS VULNÉRABLES. Pardon Seigneur .

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