Par Naomi Prekel

Nous sommes libres encore un peu de temps. 

Libres de manger la Parole de Dieu et de grandir dedans, libres de nous retrouver ensemble et de nous serrer dans les bras, libres d’acheter ce que nous voulons, libres de regarder en ligne ce que nous aimons pour grandir dans la foi. Libres de nous maintenir par tous les moyens dans le luxe, de temps, de biens, de voix.

Mais ce temps ne durera peut-être pas.

Et nous serons accablés en ce jour, de n’avoir pas été des intendants plus sages de notre foi.

Un jour nous serons empêchés de manger cette Parole, et nous donnerons tout ce qui est en notre pouvoir, pour la lire, l’entendre et la méditer. Un jour nous serons empêchés de nous rassembler comme nous le voulons, et nous ne pourrons plus grandir comme nous le souhaitons. Un jour nous n’aurons plus le luxe de choisir ce que nous voulons regarder, ou le loisir d’hésiter à glaner. Nous serons si affamés de sa Parole que nous chérirons même le verset le plus simple qu’on ait appris par cœur. Un jour nous serons peut-être forcés de nous taire, de nous cacher pour louer, empêchés de parler sur les marchés, dans les rues, comme tant de frères et de sœurs, et le monde devra savoir autrement que le Créateur est vivant, nous a ressuscités, et nous a offert un Royaume qui ne peut pas être ébranlé. 

En aimant, en gardant le courage quand les dieux du monde s’écroulent ; en marchant dans l’espérance vivante de la gloire, en entrant chaque matin, chaque soir, à chaque instant, dans la présence de ce Père qui nous a délivrés. Délivrés de nos offenses, de la sentence de nos péchés, délivrés pour un accès à chaque seconde dans sa présence, et pour sa présence en nous, à nos côtés, son trône de vie sur notre vie et sa voix d’amour qui sourit. Cette présence d’amour, de faveur et de joie, aucun homme au monde ne pourra nous l’enlever. Chrétien, nous sommes enfants du Dieu trois fois Saint. Nous sommes de nouvelles créations. Aucune tribulation. Aucune mort. Aucune tournure de vie. Aucune épée, nudité, famine, détresse. Aucune domination ou démons. Rien ne pourra jamais nous arracher à la présence d’amour où nous avons été enracinés. Nous vivons pour toujours dans cette présence de sainteté plus réelle que le monde, plus terrible que l’enfer pour tous nos ennemis.

Chrétien, un jour viendra où les flots mugiront et où les montagnes tomberont au cœur des mers, mais notre refuge est Celui qui a fondé le ciel, la terre, les montagnes, les mers, qui a créé la vie par sa Parole, amené la grâce par sa mort, exalté sa victoire par sa résurrection, annoncé d’avance toutes choses, et nous aime plus que tout au monde. Un jour viendra où nous n’aurons pas eu le temps de nous fortifier pour ce moment où nous n’aurons plus l’occasion de nous fortifier librement —et la première force à chercher, c’est la liberté face aux peurs. Elle ne se construit que dans la vérité. Et nous avons besoin plus que jamais de guerriers de vérité. Au jour de grand chaos, nous regarderons en arrière humiliés et confus des heures perdues dans des choses futiles, au lieu de nous fortifier en Jésus et d’avoir sa Parole dans nos bouches, mâchée, ingurgitée et intériorisée jusqu’à ce qu’elle nous fasse grandir en nous-mêmes en poids de vérité.

Nous avons besoin de savoir les choses qui sont à nous.

Nous avons besoin d’ancrer la Parole de Dieu sur nos âmes, sur nos yeux, sur nos bras, sur nos jambes.

Un jour viendra peut-être où les restrictions ne seront pas des restrictions de masque, de gel et de gestes barrière, mais de vraies restrictions, qui nous feront sentir le manque cruel de ce dont nous aurions dû avoir faim bien avant. Nous avons encore un peu de temps avant la venue de la nuit, pour remplir nos lampes et attendre l’époux en étant pourvus d’huile, de réserves, allumés. En étant attentifs. En étant pleins de confiance en Dieu.

Mangeons la Bible. Imaginez un seul instant qu’on nous l’enlève. Nous verrions les choses bien différemment. Certaines sœurs, certains frères, autre part, donneraient tout pour avoir ne serait-ce qu’un fragment des 66 livres incroyables qu’elle est. Apprenons par cœur le salut. Méditons la vérité. Connaissons notre héritage. Mémorisons nos chants de victoire. Les merveilles de notre Dieu. Les caractéristiques de notre Époux. Les faits et gestes de notre Sauveur. Mangeons la vie. Mangeons la vie comme rien au monde et venons au torrent. Buvons jusqu’à être remplis et prêts pour aller de l’avant.

Se nourrir c’est servir.

La Parole s’infiltre comme l’eau dans les nappes phréatiques, et fait pousser, en son temps, des fleurs et des moissons de vie.

Naomi Prekel

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