Suite du texte «le Sang et la Croix»
Et maintenant quelques mots au sujet du Nom. La confusion, ici, n’est pas loin d’être complète. Nombreux sont ceux qui invoquent le Sang alors qu’ils devraient user du Nom. Contre l’ennemi, c’est le Nom qui est la grande ressource du croyant, principalement dans les questions qui touchent au service. Le Nom va plus loin que le Sang, dans ce sens particulier, – j’insiste, dans ce sens particulier – car le Nom est lié à l’autorité de Christ sur l’ennemi.
C’est le Sang qui enlève à l’ennemi le terrain qu’il pourrait exploiter dans un but d’accusation et de condamnation, mais c’est le Nom du Seigneur Jésus qui est l’arme grâce à laquelle, dans tous les domaines, l’autorité de Satan est réduite à rien. Du moins en est-il ainsi pour ceux chez lesquels le péché et la chair ne sont plus des obstacles : [par le Sang ils sont justifiés (et ils le vivent) et par la Croix ils sont crucifiés — mis de côté dans leur nature et leur caractère (et ils le vivent)].
Ce n’est pas suffisant, en effet, d’en avoir fini avec la question du péché. Ce qu’il nous faut, c’est une position d’autorité sur les œuvres du Diable, non seulement dans notre propre vie, mais dans toutes les situations qui nous entourent, car son activité se manifeste partout sur cette terre. Or, c’est précisément dans le Nom que nous trouvons cette puissance. Le Nom représente à la fois l’autorité de Christ sur l’ennemi, et l’autorité que nous avons en Christ sur l’ennemi.
Le chapitre 16 du livre des Actes en est un exemple classique (la femme a l’esprit de python). Ce que nous trouvons là, c’est un serviteur de Dieu — l’apôtre Paul — dont la vie personnelle, en ce qui concerne le péché, est au bénéfice du Sang précieux et de toute sa vertu; un serviteur de Dieu, d’autre part, qui a réalisé expérimentalement tout ce que la Croix représente : de lui-même il n’a rien et ne peut rien, mais en Christ il dispose de tout.
Il est dans cette solide position : l’homme naturel dûment crucifié, et l’homme spirituel solidement établi, par la foi, sur ce terrain acquis par le Sang, où il n’y a « plus de condamnation ».
C’est dans cette situation-là que Paul trouve l’Ennemi activement à l’œuvre au dehors. L’apôtre regarde au Seigneur, il prend patience, il attend l’heure de Dieu pour intervenir dans cette situation, ne voulant pas le faire de lui-même. Il attend « pendant plusieurs jours » le moment du Seigneur, et alors, au Nom de Jésus-Christ, il ordonne à cette œuvre satanique de cesser.
La postion dans laquelle Paul se trouvait ici était triplement forte en raison de la Croix, du Sang et du Nom, mais au moment de l’action, c’est le Nom qu’il fait intervenir, ce n’est pas le Sang.
L’activité de l’Ennemi nous apparaît parfois purement objective, et nous nous mettons à invoquer le Sang. Mais ici, nous comprenons que l’action du Sang doit déjà nous être acquise comme un fait, une réalité bien intégrée, car si nos cœurs n’étaient pas au bénéfice du Sang et de tout ce que le Sang signifie, nous risquerions de voir l’Ennemi se retourner contre nous. Ce n’est pas le Sang que Paul a invoqué contre l’Ennemi, c’est le Nom. [Ce n’est pas parce que nous sommes justifiés ou parce que nous avons une révélation parfaite de la justification, mais c’est parce que nous sommes justifiés ET sanctifiés (mis à part au travers le la Croix, la crucifixion, et le tombeau). Ces DEUX expériences VÉCUES nous permettent d’entrer dans le Nom, de venir, d’agir et d’être «au Nom du Seigneur Jésus-Christ»]. Paul est entré en contact avec l’œuvre de l’Ennemi au Nom de Jésus-Christ.
Nous trouvons dans l’histoire des fils de Scéva (Actes 19), un exemple frappant dans l’autre sens. La Croix était lettre morte pour eux et le Sang ne jouait aucun rôle dans leur attitude intérieure. Ils ne faisaient que répéter une vaine formule en disant : « Nous vous conjurons par ce Jésus que Paul prêche ». Aussi les démons se retournèrent-ils contre ces hommes présomptueux en leur répondant : « Je connais Jésus et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ? »
Jamais sans doute les fils de Scéva connurent une expérience si terrible. Ils découvrirent à leurs dépens qu’il n’y a RIEN dans une simple formule. Seule une attitude fondée sur la Croix, et légitimée dans une appropriation PRÉALABLE dans TOUTE la vertu du Sang versé, peut quelque chose. Cette attitude complète, [pleine de révélation et de vérité] peut TOUT, car elle nous associe à l’autorité du Nom. Et le Nom possède vraiment cette valeur-là : l’autorité sur l’Ennemi lui appartient en propre.
« C’est pourquoi aussi Dieu l’a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus se ploie tout genou des êtres célestes, et terrestres, et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. » (Philippiens 2 :9-11).
« …En le ressuscitant d’entre les morts ; et il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination, et de tout nom qui se nomme, non seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir. » (Éphésiens 1 :20-21 ).
C’est l’élévation suprême du Seigneur Jésus qui est représentée par le Nom.
Ainsi, le Sang établit une séparation de fait entre nous et le péché ; quant à la Croix, elle nous sépare de notre personnalité, de notre vie propre. Et le Nom nous associe à un Seigneur souverainement élevé, en nous rendant participants de l’autorité de Son Trône.
Nous espérons maintenant, sans en rajouter davantage, que quelques-unes de nos difficultés [de la vie chrétienne quotidienne] vont se trouver résolues, ou en tout cas que nous verrons un peu plus clairement la valeur particulière qui s’attache à ces choses, et que nous ne les prendrons plus les unes pour les autres. [Car cette confusion, ou ce désordre, est tout entier la cause de notre absence de progrès»].
Nous réaliserons alors que ce Nom qui nous est si cher ne saurait être invoqué sans mettre en cause l’honneur et la gloire de notre Seigneur. Et nous comprenons que s’Il doit, Lui, être honoré et glorifié en nous, il est essentiel que la question du péché soit tranchée, et que nous soyons nous-mêmes mis de côté, afin que Christ ait en nous la première place, la place d’honneur, toute la place, en toutes choses.
Théodore Austin-Sparks
Extrait du livre «Christ, notre vie»
Les phrases entre crochets […] sont ajoutées par le transcripteur.