Bénies soient les églises qui ont un grand parking

Dimanche 26 avril, ville de Sion, dans le Valais Suisse. Un guitariste assis dans le coffre de son auto dirige la louange tandis que les membres de l’église, adultes et enfants calfeutrés dans une dizaine de véhicules, chantent. 

«Si vous m’entendez, levez le pouce derrière votre pare-brise ou klaxonnez doucement en guise d’alléluia!» Sur un parking public en bordure d’autoroute, à quelques encablures du stade de foot de Sion, un pasteur donne le ton à une nouvelle expérience, en pleine crise du coronavirus : le culte drive-in. Le concept consiste à réunir sur un parking des fidèles qui resteront confinés dans leurs véhicules pour écouter la bonne parole et partager louanges ou témoignages, en live + application Zoom.

Confrontées au semi-confinement, les églises de Suisse font preuve de créativité pour continuer à s’adresser aux fidèles, par des cultes diffusés en live ou préenregistrés. 

«Le culte drive-in nous a permis de rencontrer physiquement du monde et de nourrir notre foi sans nous mettre en danger», se sont réjouis Alberto et Monique, un couple de seniors. 

Dimanche, le culte a été mené par le pasteur vaudois Philippe Bottemanne, venu d’Aigle sur invitation de Matthias Radloff, pasteur de l’Église évangélique Mosaïque de Sion. 

L’article sur le site de 20mn.ch

Même chose en Allemagne

Dimanche 26 avril à Göttingen, une petite centaine de chrétiens étaient invités à un culte en drive-in organisé par l’Église évangélique luthérienne de Göttingen, une des plus grandes du Länder de Hanovre. le service s’est tenu sur le grand parking du stade de football Jahn, sur lequel une quarantaine de véhicules ont été comptabilisés à midi, dans lesquels les gens suivaient la célébration via leur autoradio. D’ordinaire, un cinéma drive-in est proposé le soir dans ce lieu. Pour le surintendant protestant Friedrich Selter, l’événement a été un grand succès en ces temps de crise lié au coronavirus: «Je suis un fan du concept de « l’Église hors les murs ». Cette forme de culte pourrait bien se décliner en série.»

Emmurée dehors, l’Église réinvente l’Église. On pourra dire ce qu’on veut, mais la puissance quasi magnétique du rassemblement des croyants est invincible. Dans les pays fermés et dans les périodes de persécution, on l’appelle « l’église souterraine ». Elle se rassemble dans les catacombes, ou dans la forêt ou dans les déserts. Et plus on cherche à empêcher sa croissance, et plus elle grandit.

Aujourd’hui, on ne lui interdit pas de se rassembler pour des raisons religieuses ou doctrinales, mais sanitaires. Il n’y a pas de persécution. Sauf si les chrétiens décident de braver les interdictions. Cette attitude — de foi ou dictée par des motifs mercantiles — pourrait bien achever de décrédibiliser les croyants. Et leur Dieu.

Comme si ce n’était déjà pas assez compliqué d’annoncer la résurrection d’un homme crucifié, qui était en même temps le fils de Dieu et qui était né d’une vierge.

7 comments On Bénies soient les églises qui ont un grand parking

  • Bonsoir

    « Cette attitude — …. ou dictée par des motifs mercantiles — »

    Est-ce possible d’expliciter ?

    Merci !

    • Merci Eliane pour la question. Ça me donne l’occasion de clarifier la pensée, et si je devais le réécrire aujourd’hui, je remplacerai « mercantile » (tout ce qui est relatif au commerce, avec l’idée péjorative d’être animé par l’appât du gain) par « économique », qui me semble + juste.
      Ce que je voulais évoquer, ce sont plutôt des impératifs économiques sous-jacents (dont tu as parlé dans un de tes posts mais je n’ai pas retrouvé) qui existent dans une église ou un ministère. Je pense aux itinérants, dont le modèle est assez répandu (il y en avait déjà dans l’église du début), qui répondent aux sollicitations/invitations des églises, et qui vont de groupes en groupes en donnant des messages et en vendant parfois leurs enseignements, par livres ou cd/dvds. On pensera ce qu’on veut de la formule, mais il y a là une vraie économie. Et forcément, le confinement a arrêté tout ça, avec peut-être des complications. Ceux qui ont décidé de servir le Seigneur et de vivre par la foi, et dont le système repose sur ce type d’économie, doivent rencontrer des difficultés. Mais ceux qui font reposer leur service sur une dépendance au Seigneur lui-même ne manqueront de rien. Il faut sans doute absoudre les économies, et se méfier quand elles deviennent du business.

      Et puis il y a le cas des églises, avec parfois des tensions financières et des difficultés à soutenir le ou les ministères. Faire exister une église nécessite une économie. Normalement, les chrétiens devraient faire part de leurs biens à ceux qui les enseignent. On peut penser ce qu’on veut des systèmes religieux, mais il y a une logique spirituelle dans tout ça. Et je ne crois pas du tout que notre expérience du confinement va faire naître une nouvelle communion, au contraire. On peut compenser le défaut de communion ou le manque de communion, mais on ne le remplacera pas par de la communion à distance.

  • Le post que j’avais fait et que tu cherchais est ici : https://lesarment.com/2020/04/psaume-91-gri-gri-biblique/#comment-61472 : voir vers le bas.

    Bon, d’un point de vue pratique, un culte en drive sur le principe ne coûte pas économiquement si on dispose du terrain ou du parking. La question se pose sur le sens spirituel qu’on met dans ce culte modèle drive-church. En 2006 (quel réveil) j’en avais effleuré l’idée comme un corollaire d’une sorte de mal bouffe spirituelle pour chrétiens pressés ; or là on y est manifestement.
    Mais vivre l’église c’est assister à un spectacle pour certains (je vais à l’église) il n’y a là rien d’étonnant dans le concept ça demeure assez cohérent. On va, on écoute, on repart. Et on a ici ce coté cinéma de plein air qui peut surprendre mais est ce inédit ?
    Tu te demandes quid de la communion si chacun est confiné dans sa voiture ? Là c’est visible donc on peut s’en émouvoir mais je ne trouve pas cela inédit c’est juste un changement de forme ; mais c’est parfois pas tellement différent dans une salle. J’ai eu cette impression il y a des années de passage à Paris dans une giga assemblée. J’y suis allée en prenant le métro et là très heureuse de voir que tous ceux de la rame avaient leur bible sous le bras. Mais personne ne répondait à mon regard et à mon sourire ; on dirait des gens chacun « confiné dans son soi » tête baissée ne souhaitant pas le contact comme si la chaussure recelait un trésor à protéger. Puis le métro arrive à la station (je dirai pas laquelle) tout le monde descend toujours sans se parler puis arrivés dans la grande salle c’est la liesse on dirait une grande famille heureuse d’être ensemble. Puis à la fin même manège du début tout le monde repart une fois spectacle terminé rideau baissé et prend le métro comme les étrangers du début. Quelle différence? Une église en bâtiment où les gens se côtoient sans se connaitre ou/et sans désirer frayer les uns avec les autres Vs- une église chacun dans sa voiture : moi j’y vois le même type de confinement en « son soi » : « tu m’embête pas jt’embête pas mais on va vivre tous ensemble (car physiquement réunis) un bon moment pour casser le rythme de la semaine et surtout si la louange est bonne on aura l’impression d’être en symbiose dans le Saint des Saints, puis le spectacle terminé (le bon moment de louange qu’on a eu! ) on repart chacun de son côté (vitres remontées ou têtes baissées vers chaussures).
    On peut pas blâmer une forme plus que l’autre si le contenu est pareil c’est mon avis. Enfin ça veut pas dire que le drive me laisse indifférente. Ça fait drôle à regarder je le concède : on sait pas s’il faut en rire ou en pleurer mais là pour le coup ça me fait sourire car pleurer je l’avais déjà fait à la sortie du métro Parisien.

    Concernant la question de remplacer le manque de communion par la communion à distance je poserais pas le pb comme ça. Car comme je l’ai un peu dit, on peut être physiquement proche et pourtant pas vraiment être en communion. C’est pourquoi je pense que ceux qui ne vivaient pas de communion avant la confinement ne l’ont pas forcément eu par les réseau du Cloud durant le confinement : être relié en réseau ou être « en contact » ne signifie pas du tout être en communion. Mais je développerai pas sinon trop long.

    Sur un autre point que tu soulèves, je pense qu’il y a un vrai souci comme je le disais dans le post cité plus haut ; pour les itinérants mais aussi pour les sédentaires ! Car l’argent ne rentre pas or les dépenses engagées il faut les honorer et ici l’état ne verse pas d’indemnité de chômage partiel aux ministres du culte. Il y a plein de séminaires annulés. Et que dire des nombreux camps d’été il y aura du manque à gagner partout il faut pas se le cacher. Et il serait indécent de demander aux gens de donner ce qu’ils donnaient avant, si leurs ressources ont diminué ou ont disparu. Peut être que ceux qui étaient en situation de recevoir devront ils faire qqs coupes budgétaires pour ne pas tondre des brebis déjà en mal de laine. J’irai pas au fond de mes pensées sinon je vais peut être pas être gentille… Mais Dieu fait il le ménage ? il y aura forcément des branches qui vont être coupées. On verra bien.

    Je ne suis pas persuadée que le confinement arrête tout ça : i.e le système « mercantile » pervers du business évangélique . Je pense que le confinement pousse certains à reconfigurer déjà leurs projets et à se proposer autrement. Bcp rebondiront autrement car il y a une « énergie du désespoir » propre aux ouvriers d’iniquité tu verras ça pourrait être surprenant de créativité là aussi.
    Déjà tu as vu le nombre d’articles sur le coronavirus sur les sites chrétiens ? Chacun a reçu de Dieu une vision une révélation à ce sujet. Et tu verras le nombre de livres qui va sortir et qui a déjà commencé. Le commerce sur la fin des temps et le compte à rebours aussi va faire recette. Cette économie mercantile dont tu parles va profiter à fond du Coronavirus, lui faire donner tout le jus dont il est capable. C’est le propre du business évangélique. Quand le mur de Berlin est tombé cela a donné lieu à une floraison de business de la religion où de bons prétextes sont toujours avancés. Pareil pour le pèlerinage en Israël : un vrai business évangélique où plusieurs jouent effrontément du coude en se faisant si nécessaire des croche pied pour conserver des pré carrés ou en gagner sur les autres. La religion a toujours plus d’un tour dans son sac pour se sortir la tête de l’eau . c’est pas le confinement qui en viendra à bout; il l’obligera plutôt à se réinventer.

    A la faveur de cette crise sanitaire il a y avoir du mouvement dans l’église certes mais pas toujours dans le bon sens. Les crises servent d’accélérateurs de changement mais surtout d’ »amplificateurs de tendance ». Si tu sais quelle était la tendance dans l’église avant la crise sanitaire alors tu auras une idée de ce que ça va donner. Mais il n’y a pas de lézard tout a déjà été dit à ce sujet : Ceux qui se sanctifiaient se sanctifieront encore plus, et ceux qui se souillaient se souilleront encore plus.

  • Dans le commentaire plus haut, il est question de séminaires et camp d’été annulés.
    En Suisse, un grand rassemblement de jeunes a été annulé aussi, avec de lourdes pertes financières à la clé. Les organisateurs font des appels à l’aide sur les réseaux sociaux.
    Je pose une question : Dieu a-t-il été surpris par cette épidémie ? Non évidemment.
    Alors pourquoi n’a-t-il pas prévenu les organisateurs de ne pas se lancer dans pareille aventure, pour ne pas perdre tout cet argent ?
    Mais Dieu a prévenu, forcément :  » Depuis le jour où vos pères ont quitté l’Egypte jusqu’à ce jour, je vous ai envoyé tous mes serviteurs, les prophètes ; je les ai envoyés chaque jour, inlassablement. »
    Mais ses serviteurs ont-ils été entendus…?
    Il y a tellement longtemps qu’on « fait des choses pour Dieu » qu’on ne le consulte plus.
    Cette crise est en train de mettre la lumière sur les choses « que l’on fait pour Dieu » et où Dieu n’est pas.
    ALLELUIA !

    • Bonjour Jérémie
      «Il y a tellement longtemps qu’on « fait des choses pour Dieu » qu’on ne le consulte plus. Cette crise est en train de mettre la lumière sur les choses « que l’on fait pour Dieu » et où Dieu n’est pas».
      Oui, c’est une évidence et nous sommes tous amenés régulièrement dans ce questionnement (normalement). Je fais partie de ceux qui pensent que nous sommes entrés dans un temps d’apostasie, et donc de multiplication d’erreur. Et comme c’est exprimé dans une autre commentaire, Dieu aimerait que nous avancions sans erreurs, mais il sait aussi se servir de nos erreurs pour nous faire grandir. Peut-être que l’échec de ces organisateurs amènera une réforme salutaire, il faut l’espérer. Vu sous cet angle, Dieu est vraisemblablement moins stressé que nous face à la nécessité de réussir, et si on admet que le succès renforce l’orgueil, on comprend pourquoi il est permis que «7 fois le juste tombe, et 7 fois il se relève».

      J’aime particulièrement ce verset de Michée : « On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; et ce que l’Eternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu.» Si un chrétien était privé de la Bible (et de l’église et des ministères), mais qu’il ne lui reste que ce verset, il pourrait survivre et même grandir! C’est comme ça qu’on devient des enfants de Dieu, et le propre d’un enfant de Dieu (dans sa nature et dans son fonctionnement) c’est d’être conduit par l’Esprit.
      À partir de là, Dieu ne nous demande plus de le consulter (dans le sens de lui demander pour chaque chose si nous devons la faire ou nous y impliquer, ou pas). Il nous demande d’agir en fonction de l’intuition spirituelle que nous avons. Un peu comme la respiration ou tout autre besoin physiologique. C’est une chose naturelle. Normalement, si nous répondons à l’appel de la verticalité, de la communion avec Lui, nous recevons l’inspiration, le désir et l’énergie de servir horizontalement. C’est mécanique. Raison pour laquelle ceux qui cachent leur talent commettent une grave erreur.
      à suivre !

  • Bonjour Jérémie,
    je cite :
    « Alors pourquoi n’a-t-il pas prévenu les organisateurs de ne pas se lancer dans pareille aventure, pour ne pas perdre tout cet argent ? »

    A mon avis (mais ça n’engage que moi) la marche avec Dieu ne signifie pas qu’on ne fasse jamais d’erreur ou qu’on est toujours en mesure de comprendre les signaux qu’Il envoie. Ce que je dis peut être diversement interprété j’en prends le risque.
    Mais je ne pense pas me tromper en disant que j’ai beaucoup appris sur moi et sur le caractère de Dieu sur son cœur par mes erreurs de parcours. je crois comprendre que Sa discipline passe aussi pour beaucoup par des temps de balbutiements dans la compréhension de Ses voies et qu’Il le permet. C’est pourquoi il ne va pas toujours nous empêcher d’emprunter telle ou telle voie puisque si notre cœur Le connait vraiment nous saurons retrouver LA voie même après mille errements. ça c’est une chose.
    Mais aussi je ne crois pas du tout que le but de notre vie soit de ne jamais perdre de bagages sur le chemin. Un Chrétien qui plait à Dieu n’en est pas forcément un qui ne perd pas d’argent. La perte dans le domaine spirituel est à un tout autre niveau. Et parfois perdre de l’argent nous fait gagner de l’or. Ce ne sont pas de vains mots que je dis là. Dieu n’est pas préoccupé par notre fortune mais par l’état de notre âme et si pour retrouver la prospérité de notre âme nous devons perdre la prospérité dans les affaires de ce monde tout est bon. C’est aussi dans le sens être livré à Satan pour la destruction de la chair pour le salut de l’esprit lorsque Dieu retire momentanément Sa main par amour pour nous. C’est une discipline salutaire et ceux qui en bénéficient sont pas à plaindre forcément ils en ressortiront riches de la présence de Dieu car ils auront perdu certains bagages inutiles en chemin.

    Pour en revenir sur un plan plus en phase avec ce Coronavirus et son impact sur les uns et les autres.
    Quand on regarde le monde les nations et les réactions on les dirait plus préoccupé par la santé de leurs populations que par la sauvegarde de leurs économies (ils acceptent volontairement la mort de leurs économies pour sauver ce qui peut l’être de leurs populations) du moins c’est ce qui semble se dégager comme observation.
    maintenant si on regarde l’église, quelle va être son attitude? Accepter la destruction et les pertes dans les pierres mortes pour tenter de restaurer les pierres vivantes? ou tenter de sauver ce qui peut l’être des pierres mortes en délaissant son devoir d’inventaire de l’état de santé spirituelle des pierres vivantes ?
    je ne sais si ça répond à la question « Dieu a t il été surpris par cette épidémie »
    Dieu n’est pas là pour nous empêcher d’avoir des épreuves; ça je ne le crois pas du tout. Et je n’imagine pas un seul endroit dans la bible ou dans l’histoire de l’Eglise au travers des âges qui le laisse penser.
    Par contre l’Eglise bâtie par le Seigneur sort toujours vainqueur et renforcée des épreuves même si c’est au prix de sa vie. les épreuves servent à l’affiner. Il y a forcément un tri et il commence par nous mais surtout « en nous » avant d’être entre nous.
    On est régulièrement criblé mais je crois que Jésus intercède pour son Eglise pour qu’on réagisse de la bonne façon. On est tout des Pierre Céphas en puissance. On est debout aujourd’hui mais demain on pourrait bien être capable de le renier avant que le chant du coq. Les épreuves permettent de revenir. On peut se désoler du déroulement du match mais rien n’est joué avant que l’arbitre le siffle la fin , tout peut se retourner; et même si je sais que le match est serré je veux espérer que certains seront encore debout pour tenir jusqu’à la fin.

    Bonne journée

  • «Après une première très concluante dimanche 26 avril, le culte en mode drive-in d’une paroisse évangélique de Sion ne pourra se répéter: le pasteur Matthias Radloff a reçu mercredi 29 avril une interdiction de la part des autorités cantonales. Il fulmine …
    pas de dérogation au règlement: les fidèles peuvent se voir par hasard derrière leurs pare-brise, mais pas de façon coordonnée, et pas à plusieurs pendant une heure pour louer Dieu. «À croire que les plages ouvriront avant les églises… »
    L’article de Réforme.chRéforme.ch

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