Lorsque les Ecritures veulent que soit distingué un ange par rapport à un autre ange, elles font appel à des noms propres (Gabriel, Micaël, Abaddon/Apollyon) ou à des descriptions de la puissance dont ils sont revêtus. «Et je vis un autre ange puissant descendant du ciel, revêtu d’une nuée, et l’arc-en-ciel sur sa tête, et son visage comme le soleil, et ses pieds comme des colonnes de feu» (Apocalypse 10:1), «Après ces choses, je vis un autre ange descendant du ciel, ayant un grand pouvoir; et la terre fut illuminée de sa gloire» (Apocalypse 18:1).
L’expression «l’ange de l’Eternel» quant à elle, semble faire référence à un personnage, toujours le même, auquel il est fait allusion 52 fois dans la Bible, essentiellement dans l’Ancien Testament.
Dans un certain sens, tout messager de Dieu (c’est le sens du mot ange) pourrait être appelé «ange de l’Eternel», mais la plupart des manifestations mystérieuses de l’Être appelé ainsi sont d’une autre nature.

SON NOM

Genèse 32:24 met en présence de Jacob «un homme» qui lutte avec lui, et qui s’avère finalement être Dieu : «tu as lutté avec Dieu» (v. 28), Jacob confessant «j’ai vu Dieu face à face» (v. 30); mais la même scène nous est présentée sous l’inspiration de l’Esprit par le prophète Osée (12:5) d’une manière différente : «oui, il lutta avec l’Ange et prévalut».
Il est donc vu comme un homme, révélé comme un esprit (1) et reconnu comme Dieu, mais refusera de donner son nom.
Un autre passage met en évidence le même personnage, et le même mystère : «Un homme de Dieu est venu vers moi, et son aspect était comme l’aspect d’un ange de Dieu, très-terrible (Juges 13:6) … Et l’Ange de l’Eternel dit à Manoah : si tu fais un holocauste, tu l’offriras à l’Eternel. Et Manoah dit à l’Ange de l’Eternel: Quel est ton nom, afin que nous t’honorions, quand ce que tu as dit arrivera ? Et l’Ange de l’Eternel lui dit : Pourquoi demandes-tu mon nom ? Il est merveilleux» (13:16 à 18).
Ici encore, il est vu comme un homme, révélé comme un ange, dont le nom mystérieux est … merveilleux. Ce mot hébreu est le même que celui employé plus tard pour annoncer le Messie, dans Esaïe 9:5: «on l’appellera merveilleux».
Son nom est donc momentanément caché, sans doute parce que les hommes s’attacheraient à adorer Sa manifestation, plutôt que Celui qui l’a envoyée. Mais nous sentons bien qu’au-delà des apparences (homme ou ange), c’est Dieu Lui-Même qui parle et qui agit.

SON AUTORITÉ

«Et l’Ange de l’Eternel lui dit: JE multiplierai beaucoup ta semence» (Gen. 16:10).
«Et l’Ange de l’Eternel monta de Guilgal à Bokim; et il dit: JE vous ai fait monter d’Egypte, et je vous ai introduits dans le pays que j’avais promis par serment à vos pères, et j’ai dit: JE ne romprai jamais mon alliance avec vous» (Juges 2:1).
Nous voyons au travers de ces trois exemples (il y en a bien d’autres) que Dieu se sert de Son ange pour manifester Sa présence, exprimer Sa volonté, et prononcer Sa parole. Mais l’ange de l’Eternel demeure en dépit de tout un instrument divin, et refuse l’adoration (Juges 13:16 et Apoc. 22:7 et 9).

LE REFLET DE SA PERSONNE

Certains voient en cet ange le Seigneur Jésus-Christ Lui-Même, s’appuyant notamment sur la déclaration de l’apôtre Paul aux Corinthiens : «… tous ils ont bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient d’un rocher spirituel qui les suivait: et le rocher était le Christ» (1-ch.10:4).
Cette affirmation théologiquement audacieuse pour l’époque s’inspire en partie du texte contenu dans Exode 14:19 : «Et l’Ange de Dieu, qui allait devant le camp d’Israël, partit, et s’en alla derrière eux; et la colonne de nuée partit de devant eux et se tint derrière eux».
L’apôtre Paul plaide donc devant ses lecteurs – sans doute saisis d’étonnement – en faveur de la prééminence de Christ, et son origine céleste, confirmant ainsi certaines paroles de Jésus («Avant qu’Abraham fut, je suis» Jean 8/58 et «Je suis sorti d’auprès du Père, et je suis venu dans le monde» Jean 16:28). Il étayera cette révélation dans d’autres discours (voir Ephésiens 1).

L’apôtre établi donc assez clairement que Christ était là, présent au milieu d’Israël; et si nous sondons attentivement les Ecritures, nous remarquons que le Seigneur est en filigrane dans toute l’Ancienne Alliance, cela étant affirmé avec force par certaines déclarations : «…les prophètes qui ont prophétisé la grâce … ont cherché à comprendre les temps que l’Esprit de Christ indiquait en eux …» (1 Pi. 1:11).
Le Seigneur Jésus Lui-Même pourrait donc être «l’ange de l’Eternel», car Il possède, comme ce dernier, le Nom de l’Eternel :
«Père saint, garde-les en ton nom que tu m’as donné, afin qu’ils soient un comme nous» (Jean 17:11).
«J’envoie un ange devant toi : prends garde à toi à cause de sa présence, et écoute sa voix; ne l’irrite pas; car il ne pardonnera point votre transgression, car mon nom est en lui» (Exode 23:21).

Ajoutons à cela l’attitude d’avocat de l’ange de l’Eternel, révélée dans le livre de Zacharie (ch. 3), et le nombre des présomptions augmente encore pour faire de Christ et de l’ange de l’Eternel une seule et même personne.

Celui qui avait été annoncé comme le Messie par le prophète Esaïe porte le même nom révélé par l’ange de l’Eternel à Manoah (Juges 13:18) «Car un enfant nous est né, un fils nous a été donné, et le gouvernement sera sur son épaule; et on appellera son nom: Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix» (Esaïe 9:6).

Le Seigneur Jésus a mérité tous ces noms, ainsi que celui de «Dieu» comme le confirme 1 Jean 5:20 : «Lui [Jésus] est le Dieu véritable et la vie éternelle».
Ainsi et encore une fois, la révélation de la fin des choses nous aide à comprendre leur commencement, et les révélations s’expliquent et se complètent ensemble; si l’ange de l’Eternel est Christ, et que Christ est Dieu, alors nous comprenons Exode 3:2 :«Et l’Ange de l’Eternel lui apparut dans une flamme de feu, du milieu d’un buisson d’épines… Et Dieu l’appela du milieu du buisson … et Il dit : JE SUIS le Dieu d’Abraham».

Bientôt le voile se lèvera définitivement sur toute la profondeur des réalités spirituelles cachées, et nous connaîtrons comme nous avons été connus. Dieu révélera Sa face sans mystères à ceux qui l’aiment, et le nouveau nom de l’Agneau sera dévoilé (Apoc. 3:12), nom secret «que nul ne connaît que lui seul» (Apoc. 19:2). Et lorsque toutes choses lui auront été assujetties, alors «le Fils aussi lui-même sera assujetti à Celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous» (1 Corinthiens 15:28).

article de Jérôme Prékel/paru dans le n°29 du Sarment

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(1) Hébreux 1/7 : « De plus, il dit des anges: Celui qui fait de ses anges des esprits, Et de ses serviteurs une flamme de feu ».