Pour connaître l’activité vitale d’un organisme, les biologistes disposent d’un moyen très simple : ils mesurent la quantité d’eau qu’il contient, par un calcul du rapport poids d’eau/poids total.
Plus l’eau est présente dans l’organisme, et plus la vie s’y exprime.
A l’inverse, la disparition progressive de l’eau signifie une lente agonie qui va jusqu’à la mort.
Dans cette rubrique sur les analogies de la nature avec la vie chrétienne, on serait tenté, dès cette introduction, d’établir un premier parallèle entre l’enfant de Dieu et cet organisme, objet de l’attention du biologiste : la Parole de Dieu est souvent comparée à de l’eau, que nous buvons et qui nous régénère, ou qui nous lave; et il est vrai que certaines «analyses» spirituelles (pastorales) révèlent parfois chez certains croyants désséchés un manque «d’eau» évident.
Afin de mieux se rendre compte de l’importance capitale de l’eau, il faut se souvenir que les tissus embryonnaires, vivants par excellence, contiennent dans une plante 90 % d’eau : la feuille verte est constituée de 70 % d’eau, alors que l’écorce n’en contient que 10 %. Cette dernière n’est qu’une partie morte de l’arbre, qui n’a qu’un rôle de protection physique et thermique.
Mais c’est le cas de la graine qui nous intéresse ici plus particulièrement. Lorsque celle-ci se détache de la plante mère, son poids d’eau est seulement égal à 10 ou 15 % de son poids total : elle est presque aussi morte que l’écorce. Son activité respiratoire est à peine mesurable.
C’est pour cela que l’on peut dire que losqu’intervient la germination, c’est une véritable résurrection qui s’opère : des cellules désséchées depuis une longue période se réhydratent soudain à la faveur de l’humidité extérieure, et leur activité biologique devient de plus en plus intense; les cellules se multiplient et s’agrandissent rapidement, et la jeune plante apparaît.
Mais cette germination – ce miracle – n’a toutefois lieu que sous certaines conditions.
En effet, quoique entièrement constituée, une graine est parfaitement incapable de germer immédiatement après sa chute en terre. Une attente de plusieurs mois est presque systématiquement nécessaire.
Chez certaines espèces, un autre facteur indispensable vient s’ajouter : le froid. Le grain de certaines variétés de blé ne peut pas germer s’il n’a pas subi de basses températures.
Les scientifiques ont eu du mal à comprendre comment ces différents facteurs interviennent puisque la graine n’a aucune activité biologique, et qu’aucune modification morphologique n’intervient.
Ce n’est qu’à la lumière d’une analyse chimique très fine qu’ils ont constaté qu’une hormone, initialement présente dans la graine, avait subi de légères modifications dans sa structure moléculaire, justement sous l’influence de certaines conditions climatiques.
Ainsi, cette hormone d’abord inefficace se dégrade-t-elle sous l’action du temps et du froid, et prend une forme nouvelle, qui sera capable de lever la dormance de la graine, de réveiller la semence, c’est-à dire d’activer des cellules sèches et inactives depuis des mois…
Paradoxalement, cet arrêt du processus vital est salutaire. Car si la graine n’était pas restée déshydratée pendant que les conditions climatiques devenaient difficiles, elle aurait été détruite par le gel et les champignons; ces deux éléments étant en effet d’autant plus redoutables que la graine est chargée en eau …
La «mort» du grain de blé, et sa résurrection, symbolisent parfaitement le processus obligatoire par lequel les enfants de Dieu sont appelés à passer pour porter du fruit. Il s’agit d’une dimension mystérieuse et peu attirante de la vie chrétienne, faite semble-t-il de choses négatives : renoncer, abandonner, diminuer, s’abaisser, accepter le joug de Christ, s’humilier …
Le grain de blé provenait lui-même d’un épi mûr, riche, et pour devenir à son tour un épi, il devait se métamorphoser en acceptant une transformation certes avilissante pour les yeux de la chair, mais dynamisante pour l’Esprit. Loin d’être un chemin négatif, un chemin où on perd, c’est un chemin de régénération, de résurrection, de force et de vie.
«Nous ne perdons pas coeur, même si l’homme extérieur se détruit en nous; l’intérieur, cependant se renouvelle en nous jour après jour».
2 Corinthiens 4/16 (Chouraqui).
C’est donc un principe qui concerne les enfants de Dieu qui sont en route pour leur héritage, et qui sont confrontés aux désirs contradictoires de leur âme : continuer de vivre en l’état naturel, humain et charnel, ou connaître la fertilité en passant par cette métamorphose (Romains 12/1).
La clé du problème est donc la «mort», ainsi que les Ecritures nous l’enseignent: «si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit» Jean 12/24.
L’image du grain de blé est forte parce que c’est dans sa «mort», ou plutôt comme le démontre l’exposé qui précède, à partir de sa transformation intérieure, que la puissance de la vie s’est manifestée.
Nous ne devons donc pas craindre le chemin étroit, ni la voix du Seigneur qui nous appelle doucement à nous dépouiller du vieil homme, de ses convoitises et de ses principes charnels (Colossiens 3/9), car là se trouve la vie que nous attendons, là que le réveil de la semence s’amorce et s’effectue.
article de Pascal Donini/paru dans le n°28 du Sarment
5 comments On Si le grain de blé ne meurt
excellent //
Je n’avais jamais compris cette analogie du grain qui meurt, car je me disais que si le grain était vraiment mort, il ne pourrait pas germer. Il ne serait pas une semence viable.
Avec cette idée du dessèchement et de cette quasi-mort, je suis réconcilié avec cette idée du grain qui meurt.
Merci
Excellente illustration!
Merci, très intéressante analyse
Bonjour
Luc 17:33: » Celui qui cherchera à sauver sa vie la perdra mais celui qui la perdra à cause de moi la retrouvera. » Belle journée.