« Dans le livre de Daniel nous trouvons le récit des trois compagnons de Daniel, au moment où le roi Neboukadnetsar a fait inaugurer une statue. A un moment donné (Daniel 3), à l’ordre du roi, tout le monde devait se prosterner devant cette statue au son des instruments de musique. La musique a toujours été utilisée. On voit que les trois compagnons de Daniel vont faire savoir au roi qu’ils ne se prosterneront pas devant la statue. Le roi répond que tous ceux qui ne se prosterneront pas seront jetés dans une fournaise ardente. Les trois compagnons de Daniel vont alors faire confiance à Dieu, et sur l’ordre du roi, ils sont donc jetés dans le feu.
Mais Dieu les a préservés et leur témoignage au prix de leurs vies a amené la réputation du Dieu d’Israël dans tout l’empire du roi Neboukadnetsar.
La musique aujourd’hui est l’un des domaines qui est le plus grand porteur émotionnel de notre génération. Les jeunes écoutent quatre heures de musique par jour. Le marché financier de la musique est extrêmement florissant et important même dans l’église. Pour la musique, il existe une théologie de la tente de David. (1 Chroniques Ch.13 et suivants); la restauration de la tente de David. Qu’est-ce que cela veut dire ?
On dira que David quand il a fait transporter l’arche, il l’a fait transporter à Milo dans le tabernacle. Et là, il y avait toute la vieille sacrificature avec Elie; c’était austère, convenable, sérieux. C’était, en un mot, vieillot. Mais David a déménagé l’arche et il la fait venir à Jérusalem, au Mont Sion, et là, il l’a placée sous une tente. Il a organisé toute une série de chantres, de musiciens, de prophètes, 24 heures sur 24, jour et nuit, selon les classes, et la louange musicale, prophétique, chantée, s’élevait vers Dieu. Et dans bien des milieux évangéliques, aujourd’hui, on parle de la pensée de Dieu de restaurer la musique, de briser un petit peu le côté vieillot de nos rassemblements chrétiens et d’amener la louange, d’amener la musique 24 heures sur 24 dans l’adoration devant le Dieu vivant, par la prophétie musicale, l’interprétation musicale, par le diversité musicale dans les assemblées ou dans les rassemblements : la restauration de la tente de David.
(…) Sous des prétextes de vocation, il existe des courants, des modes. Le dernier C.D., la dernière cassette, la dernière vidéo, le dernier groupe, la dernière importation. Et tout cela coûte de l’argent ! J’aimerais seulement poser quelques questions : est-ce qu’on chante pour soi, ou est-ce qu’on chante pour Dieu ? Ecoutons-nous un groupe ou une chorale, ou est-ce que ce groupe ou cette chorale nous fait chanter Dieu ? Sommes-nous sensibles à l’origine du chanteur ? De la composition ? De la source ? De la musique ? Ou est-ce que nous sommes sensibles à ce que nous chantons ? Que nous dansons parfois ? Sommes-nous conscients encore du sens du sacré et du sens du profane ? Ou est-ce qu’il n’y a plus de différence entre le sacré et le profane ? Est-ce que je peux, comme je l’ai vu à la fin de certains mariages chrétiens, chanter et danser sur Michael Jackson ou Bob Marley, qui était un prêtre de la drogue, sans me souiller ? Si je le fais, cela montre que j’ai une insensibilité quelque part qui est tragique. Est-ce que je vais me souiller en me laissant aller sur quelque chose qui n’a rien à voir avec la pureté de Dieu ? Est-ce qu’une soirée est réussie parce que je me suis bien défoulé ? Ou parce que j’ai honoré Dieu ? Quand je me suis marié, le lendemain matin, on était au culte. La soirée du mariage était un témoignage pour les inconvertis aussi !
La musique touche l’âme, les émotions. Elle peut créer un monde d’illusions face à une réalité beaucoup plus lourde. Savez-vous que les perfections du son et la qualité musicale aujourd’hui sont fausses, parce que c’est le produit de la technologie avancée. La beauté du son ne correspond plus au son qui sort de la gorge du chanteur. C’est du trucage. La qualité ne correspond plus à la vérité de celui qui chante puisqu’il a l’aide, le soutien, de toute sa technologie et de toute l’électronique. En un mot, on nous fait chanter Dieu sur des trucs qui sont des créations humaines, mais qui ne correspondent plus à la vraie beauté humaine ! C’est la beauté de l’électronique ! Où en sommes-nous ? La perfection du sceau et la qualité musicale rendue parfaite par l’électronique ne correspondent plus à la réalité qui sort de la gorge de ceux qui chantent. C’est une fausse perfection qui peut entraîner une onction musicale, comme il existe une onction pour l’acteur de théâtre ou de cinéma, séduisant, travaillant l’âme et les émotions mais ne touchant plus l’être intérieur dans la vérité. Parce qu’il n’y a plus de vérité profonde.
Beaucoup confondent les douces émotions avec la réalité profonde de la présence de Dieu qui transforme et qui rend actif et non pas consommateur. La vraie présence de Dieu nous pousse à servir et tout ce qui n’est qu’émotionnel nous pousse à consommer. Quand on voit la difficulté d’avoir, à l’heure actuelle, des responsables, d’avoir du recrutement pour les colonies de vacances, pour le travail, on se rend compte qu’on a affaire à une génération qui consomme. Pour moi, la musique est devenue pour beaucoup une drogue évangélique qui a remplacé une réelle relation avec le Seigneur Lui-même.
David Wilkerson dit lui-même : « Nous ne voulons plus Jésus lui-même; nous voulons que ce qu’Il peut nous donner. Nous louons un Jésus que plus personne ne prie car seule la prière prolongée nous fait pénétrer dans l’intimité du caractère de Jésus. Les chrétiens ne prient plus ! Les jeunes ne prient plus ! Les responsables ne prient plus ! Mais tous ont des cassettes musicales ! Ils ont remplacé leur temps de prière personnelle par la musique. «
La Bible nous dit que c’est le travail de l’âme, et que l’âme c’est le siège de nos pensées, le siège de nos émotions, le siège de notre volonté, et quand l’âme est démultipliée dans ses actions, développée, cela se fait au détriment de ce que la Bible appelle l’esprit, l’être intérieur. Cela explique que plus les chrétiens sont émotionnels, plus les chrétiens sentent des choses, moins ils servent dans un esprit de sacrifice. Ils sont devenus incapables de se sacrifier parce qu’ils sont liés par leur âme. Jésus dira que tous nous seront salés de feu. Et pourquoi Dieu permet-Il des difficultés dans votre vie comme dans la mienne ? Pour qu’il y ait une séparation entre l’âme et l’esprit. Parce que ma volonté propre que je développe ainsi en développant le travail de mon âme, va devenir à un moment donné tellement forte que je deviens incapable de renoncer à ma propre volonté. Cela explique l’absence de sacrifice répandue maintenant dans les églises. On consomme, mais on est devenu incapable de se sacrifier pour les autres.
Prenons également le problème du rythme. On en discute beaucoup. Personnellement je ne discute pas sur les problèmes du rythme. J’ai été initié à toutes les danses typiques africaines dans les années en arrière. Mais je crois qu’un mauvais esprit peut vous donner des chaleurs; je crois que le Saint-Esprit peut vous donner des chaleurs; je crois qu’un chant de guerre chrétien est un chant de guerre; je crois qu’un chant de guerre du monde est un chant de guerre; c’est un peu la même chose. Je crois qu’un chant de guerre démoniaque est également un chant de guerre. Donc je ne propose pas de discuter sur des rythmes. Je propose que l’on remplace cette discussion par cette parole de l’Ecriture : « Faites tout pour la gloire de Dieu par l’Esprit de Dieu qui est en vous. »
Nous devons nous poser certaines questions : est-ce que cela nous rapproche de Dieu ? Ou est-ce que cela nous centre sur nous-mêmes ? Quel est le fruit véritable ? Une attraction ? Les gens ont été intéressés parce qu’ils se reconnaissent ? Ou parce qu’ils se sont convertis et qu’ils sont nés de nouveau ? C’est autre chose ! Est-ce que c’est donc une attraction ? Ou une conversion de celui qui écoute ? Jésus est-Il révélé par l’illumination surnaturelle des paroles ? Y a-t-il révélation spirituelle des paroles chantées ? Y a-t-il développement du fruit de l’Esprit, la paix, la joie, l’humilité, etc..? Y a-t-il développement de l’engagement pratique au renoncement à nous-mêmes et à nos aises, à nos intérêts propres pour le service de Dieu et pour notre prochain ? Ou est-ce que la musique est devenue une drogue pour nos » bons petits chrétiens évangéliques » ?
Pourquoi y a-t-il tellement de jeunes chrétiens qui ont besoin de délivrance ? A cause de la musique ! Ce n’est pas normal que les enfants de chrétiens, à un moment donné, aient besoin de délivrance. Cela devrait interpeller les parents. Quelle est la porte qui a été ouverte ? Avons-nous comme résultat une vie de foi, de louange, de prière, d’engagement pratique ? Puis-je souligner, acceptons-nous encore la pensée de nous sacrifier ? Tirons-nous du vieux et du neuf ensemble, ou sommes-nous embarqués dans un modernisme effréné, ou dans un vieillot légalisme? Y a-t-il fuite des responsabilités par une mentalité de consommateurs invétérés ? La musique est-elle pour les chrétiens un instrument ou est-ce qu’elle est devenue notre maître ?
L’esprit de famille, l’esprit d’unité, de respect mutuel, de loyauté est-il développé ? Est-ce que mes gestions financières sont toujours équilibrées ? Est-ce que je donne encore ma dîme selon Malachie au lieu de dépenser inutilement ? Y a-t-il chute sexuelle après un gros défoulement » évangélique musical » ? Est-ce que le don musical ne doit pas être exprimé au travers du canal de la sanctification ? Ou faut-il vivre ce que l’on voit parfois dans certains groupes que l’on côtoie – les gens nous en mettent plein la vue musicalement durant la réunion et ensuite ils fument leurs cigarettes dans les coulisses ? Est-ce que c’est cela Dieu ? On parlera des dons de grâce, mais la valeur de mon don c’est la capacité de sanctification dans laquelle je l’exprime. Pour nous, laissons les autres agir comme ils veulent, mais nous, nous voulons servir le Seigneur.
En conclusion, je vous propose de revenir à une spontanéité dans la crainte et dans la joie du service. Je vous propose une tenue correcte par rapport à l’impudicité, par rapport à l’immoralité, par rapport à la bienséance, avec une identité qui nous est propre; non dans la crainte ou dans la critique les uns par rapport aux autres; mais dans la liberté glorieuse des enfants de Dieu, c’est-à-dire la paix, la joie, l’engagement, l’esprit de sacrifice par le Saint-Esprit. L’apôtre Paul a dit : « Affectionnons-nous aux choses d’en haut; n’aimons point le monde, mais servons Christ le Seigneur. »
Chers amis, au lieu de nous bagarrer sur des sensibilités musicales, bagarrons-nous sur la pureté, sur l’amour fraternel, pour l’évangélisation, pour gagner des âmes, pour manifester les dons de l’Esprit. »
Référence: Message donné par Pierre Truschel à Grenoble le 19 décembre 1997