Je suis certain que la plupart des enfants de Dieu seront d’accord, si nous disons que l’une des choses les plus difficiles, sinon la plus difficile, sera de nous mettre à prier, de nous livrer à la prière et que, dès que nous pensons à la prière, nous rencontrons une foule de difficultés imprévues, non supposées, qui s’élèvent comme des forces embusquées se déchaînant sur nous. Tout pour empêcher la prière C’est ainsi !
Je ne dis pas quelque chose que nous ignorons, mais je le répète afin que nous le reconnaissions clairement, définitivement, délibérément, et que nous envisagions le fait; ce ne sont pas simplement les circonstances ordinaires, mais c’est un fait provoqué, un plan bien décisif de l’ennemi pour empêcher la prière. L’ennemi, plutôt que faire objection, cherchera à nous occuper par un millier de choses … (parfois même) pour le Seigneur, pourvu qu’il réussisse à ne laisser aucune place à la prière. Peu lui importe que nous soyons occupés dans l’oeuvre du Seigneur, peu lui importe combien nous faisons de prédications, présidons de réunions, faisons, sous tous ses aspects, «l’oeuvre du Seigneur», comme nous l’appelons; il sait parfaitement que toute l’ouvre pour le Seigneur, qui n’est pas fondée sur une prière spirituelle triomphante, n’aura que peu ou point de valeur pour finir et s’effondrera.
Nous en concluons donc qu’il ne s’inquiète pas de notre travail. Travaillons pour le Seigneur autant que nous le pouvons, mais si nous laissons de côté la prière, nous accomplirons bien peu de choses, et l’une des subtilités de l’ennemi consiste à nous occuper, à nous presser au travail, à nous tenir toujours en mouvement, à nous charger – comme nous le pensons – de choses pour le Seigneur, de l’oeuvre du Seigneur, si bien que notre prière en devient restreinte, repoussée dans un coin et limitée, sinon entièrement mise de côté; et le Seigneur n’acceptera jamais cette excuse « Seigneur, je suis trop pris par Tes intérêts pour prier ». Le Seigneur ne peut jamais accepter une attitude pareille.
Nous nous souvenons que, lorsque les enfants d’Israël commencèrent à parler de leur exode de l’Egypte, et à l’entrevoir, la réaction de l’ennemi fut de doubler leur travail, c’est-à-dire de les occuper profondément de labeur, afin qu’il ne leur reste aucun temps pour penser à l’exode.
Dès que nous commençons à penser ou à vouloir une vie de prière plus pleine, l’ennemi lancera un nouveau plan pour nous occuper et nous harceler, en accumulant le travail, en faisant redoubler les demandes, de sorte que nous n’ayons plus de temps, ni de possibilité pour la prière. Je pense, bien-aimés, que nous devons veiller à cela très définitivement. II y aura naturellement l’apparition de toutes les excuses au sujet du devoir, des obligations et de la responsabilité, et il peut nous sembler que mettre de côté certaines choses pour la prière signifierait négliger ses devoirs, faillir à ses obligations; mais il arrive un moment où nous devons abandonner toutes ces questions au Seigneur, et prier.
Or, c’est naturellement très difficile d’appliquer cela. Il y a toujours un danger à dire quelque chose de semblable, car il y a toujours des personnes qui sont trop disposées à abandonner leurs responsabilités, qui ne prennent pas leurs responsabilités au sérieux; elles seraient trop disposées et trop prêtes à remettre leurs affaires domestiques à quelqu’un, pour cultiver une vie de dévotion. Il faut que le Seigneur veille sur ces paroles. Mais il nous faut reconnaître que l’ennemi édifiera ses arguments les meilleurs au sujet de notre «responsabilité», de notre «devoir» conscient, pour nous empêcher de prier; mais il y a un moment où, si nous voyons que la prière est entièrement laissée de côté, ou ramenée à une place si limitée qu’elle est devenue complètement inadéquate pour une vie d’ascendance et de victoire spirituelles, nous devrons dire : « Seigneur, je Te confie la responsabilité pendant que je prie; Tu ne permettras pas que ce temps mis à part avec Toi aie des résultats fâcheux; Tu protégeras ce temps de prière – que je cherche pour Ta gloire – contre les assauts de l’ennemi ».
Le principe de la dîme agit aussi, même dans ce domaine. Donnons à Dieu Sa part, Sa place, et nous verrons que, après avoir donné au Seigneur le dixième, nous pouvons accomplir davantage avec les neuf dixièmes que nous ne l’aurions fait avec les dix dixièmes. Ce principe agit. Mais il y a une bataille pour la prière, et nous voyons la nécessité d’avoir une position forte, puissante, délibérée, et déterminée en Christ, par la victoire de Sa croix, pour avoir la prière. Nous devons saisir tout le poids et la valeur de la victoire de la croix du Seigneur Jésus pour protéger la prière, pour chasser l’ennemi de la base de la prière, afin que cette base puisse être gardée pour la prière. Il y a une lutte pour pouvoir se donner à la prière; il y a une bataille pour avoir la prière. Nous avons trop souvent, je le crains, accepté la situation, comme ne nous permettant pas de prier «maintenant»; les choses sont telles qu’il est tout à fait hors de question de prier. Oui, elles peuvent l’être, si l’ennemi a sa propre voie, son espace d’expression dans notre vie; les circonstances seront telles que la prière restera hors de question.
C’est l’une de ses tactiques. Il nous faut libérer la place de la prière dans la victoire de Son Nom, de Sa Croix. La Croix est tout aussi efficace pour nous assurer le temps pour la prière – si nous voulons l’appliquer, si nous voulons l’employer – que dans tout autre domaine.
Mais il nous faut approcher la prière sur la base de la victoire; il nous faut prendre cette attitude; nous trouverons qu’il est de plus en plus nécessaire de prendre cette attitude. Je dois maintenant me donner à la prière; tout la rend impossible du côté humain, mais Seigneur, je réclame, dans la victoire du Calvaire, un temps libre pour la prière.
Nous devons demeurer dans cette victoire; cela peut signifier un exercice afin d’obtenir la prière. Ce ne sont pas seulement les nombreux obstacles qui pressent sur nous, dans la ligne des choses extérieures, des événements qui ne laissent aucun temps pour la prière. Combien il est vrai que, dès que nous sommes à genoux, la prière est arrêtée sur le seuil même. Il peut n’y avoir aucun obstacle de l’extérieur, Il peut n’y avoir aucune sonnette qui retentit, aucun appel, aucun visiteur qui arrive; nous pouvons être dans le silence; nous pouvons être enfermés dans notre chambre intime; nous pouvons être réellement sur nos genoux, et aussitôt commence une activité intérieure qui nous entrave. Ce peut être une sensation physique ; nous pouvons avoir soudain un sentiment physique tout nouveau et qui menace tout notre temps de prières et notre corps semble porter un immense fardeau, un poids mort. Il peut se développer en nous des symptômes de maladie dont nous étions tout à fait inconscients auparavant. Ce sont des faits.
Oh quel assaut de milliers de choses qui ne nous avaient pas inquiétés jusqu’ici ! La pensée est occupée par des réflexions, des choses que nous ne devons pas oublier, et qui ne nous avaient pas troublés jusqu’alors. Et que dirons-nous de ce sens de mutisme, de froideur, de distance et d’irréalité qui descend sur nous dans ces moments-là. L’irréalité si nous prions à voix haute, notre voix nous paraît étrange et lointaine; il semble que nous parlons dans les airs; toutes ces choses, et beaucoup d’autres encore, peuvent paraître lorsque nous voulons nous donner à la prière. Elle se trouvent sur le seuil même, et, pour commencer, nous rencontrons toute sorte de découragements et d’empêchements à la prière; et si nous acceptons comme critère les premières cinq, ou dix, ou même quinze minutes, nous abandonnerons; nous nous arrêterons et nous relèverons pour nous livrer à autre chose. Oui, l’ennemi fait tous ses efforts pour empêcher la prière; et il y a une phase de la bataille qui doit être surmontée, pour que nous obtenions la prière. Nous le répétons, ce n’est pas une expérience que nous ne connaissions pas et qui nous soit étrangère à moins, naturellement, que nous n’ayons pas eu de vie de prière, à moins que nous n’ayons jamais pris sérieusement à coeur notre vie de prière. Mais nous ne disons pas tout cela comme une simple information ; je le dis, à vous et à moi-même, afin que nous reconnaissions que la vie de prière nous appelle à une bataille. C’est la guerre des saints, pour pouvoir obtenir la prière, et non seulement prier pour la victoire.
Il y a cet aspect de l’activité de l’ennemi qui consiste à empêcher la prière ; et il faut livrer une bataille pour l’obtenir. Il doit y avoir une attitude, une prise de position, et une lutte dans la prière … pour avoir la prière.
Je pense qu’en rappelant tout ce qui est si vrai dans notre expérience, cela aura pour effet de nous aider à reconnaître que, à l’avenir, notre vie de prière ne se développera pas si l’ennemi peut l’empêcher, et pour qu’elle se développe, pour que nous la vivions, il nous faut prendre une position. Elle ne viendra pas simplement, d’elle-même; nous verrons que nous n’y serons pas simplement amenés; nous verrons que nous n’arriverons jamais à une vie de prière puissante, que nous n’y entrerons pas facilement, sans une lutte de toute notre volonté. Nous verrons que nous serons formés et brisés, qu’il y aura un conflit, une bataille pour l’avoir, que l’ennemi se saisira de tout le domaine des choses pour s’y opposer, et il emploiera tout ce qu’il a de surnaturel (et de naturel) à sa disposition. Vous et moi, bien-aimés, devrons lutter pour notre vie de prière, et plus nous avancerons spirituellement avec le Seigneur, plus nous trouverons qu’il en sera ainsi. Ce n’est pas que l’ennemi cherche à nous empêcher, vous et moi, d’avoir une vie de prière personnelle. Ce n’est pas contre cela qu’il lutte. C’est le Témoignage du Seigneur Jésus, qui est lié si intimement à la vie de prière des enfants de Dieu, qu’il cherche à détruire. Vous et moi, en tant qu’individus, êtres humains, nous n’avons pas grand intérêt pour l’ennemi. C’est ce qui est lié à nous, ce avec quoi nous sommes liés en Christ, Sa Souveraineté, Sa gloire, qu’il conteste.
extrait du livre « En contact avec le Trône » T.A.Sparks