L’essence même de la prière, c’est l’esprit de ferveur. Sans la ferveur, la prière n’est qu’une coquille vide, des paroles en l’air. Il est triste de constater que cette forme de prière est très courante dans nos églises aujourd’hui.
Nous vivons dans une ère toujours pressée, affairée, active, et cet esprit d’agitation a envahi l’Eglise de Dieu. Ses prouesses religieuses sont nombreuses. L’Eglise travaille la religion avec l’ordre, la précision et la force d’une vraie machine. Mais trop souvent elle travaille avec le même manque de coeur qu’une machine. Il y a de ce mouvement de manège dans notre routine incessante d’activités religieuses. Nous prions sans prier. Nous chantons sans chanter selon l’Esprit. Nous avons de la musique sans que les louanges de Dieu y soient présentes. Nous fréquentons l’église à force d’habitude, et nous sommes très contents de revenir chez nous lorsque la bénédiction finale est prononcée. Nous lisons notre chapitre habituel dans la Bible, et nous nous sentons plutôt soulagés lorsque la tâche est accomplie. Nous prions machinalement comme un ouvrier qui récite sa leçon par coeur, et nous ne sommes pas chagrinés lorsque le dernier « amen » est prononcé. Le christianisme touche tout, sauf nos coeurs. Il engage nos mains et nos pieds, il s’empare de nos voix, il empoigne notre argent, il touche même notre posture corporelle, mais il ne s’empare pas de nos affections, de nos désirs, de notre zèle, pour nous rendre sérieux, éperdument fervents, pour nous faire taire et devenir des adorateurs dans la présence de Dieu.
Pourquoi donc tous ces tristes défauts dans notre piété? Pourquoi cette perversion moderne de la vraie nature de la religion de Jésus-Christ? Pourquoi le genre moderne du christianisme ressemble-t-il tellement à un coffret à bijoux sans les bijoux à l’intérieur? La grande défaillance de l’Eglise moderne, c’est l’absence de l’esprit de dévotion, de ferveur. Nous entendons des sermons dans le même état d’esprit que nous écoutons un cours magistral ou un discours. Nous nous rendons à la maison de Dieu comme si ce n’était qu’un lieu ordinaire, au même niveau que le théâtre, la salle de cours à la convention. Nous manipulons les choses sacrées comme s’il s’agissait des choses du monde.
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L’esprit de ferveur met Dieu dans toutes choses. Il met Dieu non simplement dans ses prières et dans sa fréquentation de l’Eglise, mais dans toutes les occupations de la vie. « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez, soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10:31). L’esprit de ferveur rend les choses ordinaires de ce monde sacrées, et les petites choses, grandes. Par cet esprit de ferveur, nous allons au travail le lundi dirigés par cette même influence et inspirés par ces mêmes influences qui nous ont poussés à fréquenter l’église le dimanche.
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L’activité se fait souvent au dépens des éléments plus solides, plus utiles, et généralement s’accompagne d’une négligence totale de la prière. Être trop occupé par les affaires de Dieu pour communier avec Dieu, être trop occupé par le travail de l’Eglise pour prendre le temps de parler avec Dieu de Son oeuvre, voilà le chemin royal qui amène les gens à rétrograder; et nombreux sont ceux et celles qui, leur âme immortelle en souffrant, ont foulé ce chemin. n
Source: The Watchword
Référence: « Essentials of Prayer » (Les Fondements de la Prière), E.M. Bounds
Traduit par Nicole de Girardier pou ERM