Le perfectionnisme chrétien

Une étude Scott McCarty sur la notion de sanctification Wesleyenne

De tous temps, l’homme religieux a recherché la perfection. Du fait qu’Adam et Eve habitaient dans la perfection avant la chute, un bon nombre de leurs descendants sont partis en quête du Paradis; là, il y aurait possibilité de vivre en accord avec la Vérité de Dieu et en paix avec notre conscience. Vivre dans la perfection serait le moyen d’échapper à la pourriture du monde perdu et à la médiocrité de vie (état rétrograde) de certains, professant Dieu comme leur Sauveur.

On veut être différent, mieux encore : comme Dieu ! Alors il faut faire un effort, il faut parvenir à une vie quotidienne sans péché, à mener une existence autre. En somme une vie au-dessus de la moyenne, plus « ronde », plus agréable, plus efficace, et de cette façon, être un reflet du Parfait. Ce serait vivre le Ciel sur la terre…

Ces idées et aspirations, bonnes en elles-mêmes sont l’idéal qui anime tant de monde, chrétiens et non-chrétiens.

Cet article n’analysera bien évidemment pas les concepts païens de la perfection.
Il semble pourtant bien nécessaire du fait d’une renaissance récente des aspirations à la perfection chrétienne et biblique, dit-on, chez tant de français instruits selon les idées exposées par John Wesley, dans son livre «Exposition claire et simple de la perfection chrétienne», idées par ailleurs soutenues à la fin de ce livre par le témoignage de Jean de la Fléchère. Ce dernier fut si pieux que l’on qualifia sa piété d’apostolique et qu’il fut dit de lui : « Ce n’est pas un homme que nous avons vu, c’est un ange sur la terre! »

La perfection « apostolique » existe-t-elle aujourd’hui ? Peut-on vivre si parfaitement dans la Lumière qu’on en arrive à ne plus pécher ? La perfection – c’est-à-dire cette forme d’amour avec laquelle on peut aimer Dieu parfaitement de toute son âme et de tout son être – cette perfection prêchée par Wesley et par d’autres plus contemporains, enseignée par une élite, est-elle biblique ? Trouve-t-elle une assise dans les vies des apôtres et dans l’histoire de l’Eglise ? Peut-on réellement plaire à Dieu si l’on n’est pas adepte du mouvement moderne français du perfectionnisme Wesleyen ? Et enfin, question cruciale, a-t-on le droit d’examiner et d’évaluer les bases théologiques et psychologiques des dires du corps d’élite qui est parvenu à la perfection ou qui s’évertue à y parvenir, ou alors mérite-t-on d’être appelé « avocat du péché » si l’on s’attaque à la doctrine de la perfection évangélique ? « Oui! » selon Wesley (p. 148) et probablement aussi selon ses disciples modernes.

C’est ce mouvement même qui nous attaque mais nous refusons de reculer et nous avons l’intention de prendre pour arme l’épée de l’Esprit (Eph. 6:17) pour pouvoir tenir ferme contre les ruses du Diable (Eph. 6:11). Il est intéressant de noter que le mot « ruses » en grec est methoderas : méthode, mais aussi formule décevante, trompeuse. Le mot n’est employé que deux fois dans le Nouveau Testament (Eph. 4:14; 6:11).

Dans Eph. 4:14, Paul décrit les enfants (népioi), entendons : les croyants inexpérimentés, comme des êtres sans instruction, immatures car agités mentalement, ballottés par le doute et l’hésitation, s’attachant à une opinion puis à une autre. Cette instabilité est due à des enseignements ayant leur source dans des tours de passe-passe mental des hommes et dans des astuces intellectuelles et spirituelles basées sur l’erreur. Autrement dit, certains hommes vivant dans l’erreur et croyant fermement à leurs opinions attirent à eux des « petits » (terme employé par les perfectionnistes) et parviennent à les convaincre de la justesse de leurs opinions-interprétations. Pour cela, ils emploient des arguments compliqués, entrelacés, obscurs et embrouillés, voire contradictoires. Tout ceci sous une profonde apparence de grande spiritualité.

Pour contrer un tel chaos et esclavage spirituel, le contexte d’Eph. 4:11-16 nous propose au moins trois remèdes :

-Verset 11: des hommes doués, désignés par Dieu et reconnus par l’église locale sont capables d’instruire d’une manière totale et globale (doctrinalement et pratiquement) le corps local.

-Verset 15: ceux qui sont ancrés dans la Vérité et dans l’amour savent les professer en vue de la croissance de tous.

-Verset 16: le but de notre éducation spirituelle n’est pas une chose (par exemple la perfection en tant qu’entité spécialement réservée à une élite), mais le Chef, Christ, la deuxième personne de la Trinité incarnée crucifiée et ressuscitée, le Roi. Il n’y a aucune comparaison entre une caractéristique, valable en soi, et Lui. C’est la cible de notre orientation spirituelle qui est primordiale (Phil. 3:l0a; Col. 2:18-19).

Nous soutenons que d’une façon ou d’une autre, la théorie humaine de la perfection enseignée en France ne répond pas ou peu à ces trois critères. Dans Eph. 6:11, Paul proclame clairement que le converti doit tenir ferme contre les astuces méthodiques du Diable. La seule arme offensive valable de la panoplie offerte dans Eph. 6:14-17 est celle de la Parole de Dieu (6:17). Elle doit être manipulée par l’esprit de la prière (6:18).

Notre tâche dans cet article est surtout d’exposer l’idée biblique de la perfection dans la Parole de Dieu. Vous serez ainsi armés pour tester ce qui est prêché aujourd’hui au nom du réveil. Mais avant de regarder en détail des mots comme : parfait, perfection etc, faisons un survol historique du mouvement perfectionniste chrétien, afin de pouvoir comparer ce que croient les perfectionnistes et ce qu’enseignent les Ecritures. Nous voulons souligner le fait que nous ne mettons jamais en doute l’amour des perfectionnistes pour Jésus-Christ ni leur désir de Lui plaire d’une manière entière. Que Dieu nous accorde autant d’amour et de consécration ! Pourtant nous sommes obligés de mettre en lumière les erreurs de fondements sur lesquelles ils construisent l’édifice de leur vie chrétienne dans ce domaine. Notre conviction est entière que le Diable, par ces astuces les a trompés. A vous d’en juger.

CHAPITRE II
SURVOL HISTORIQUE DU PERFECTIONNISME

Matthieu 5:48 : « Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait ». Voilà probablement le verset clef de toute cette question. Il a subi toutes sortes d’interprétations dans le but de le comprendre et de le mettre en pratique. Voici dans un ordre chronologique, onze étapes de l’opinion perfectionniste :

1- LE PLATONISME CHRETIEN

Clément d’Alexandrie (150-215) et les platonistes chrétiens recherchaient la perfection par la transformation de la vie en sanctifiant le quotidien par la foi, la connaissance, le contrôle de soi et l’amour. Ces activités permettaient au converti de libérer son âme des mauvaises passions et d’harmoniser tous ses désirs dans l’amour. Il devenait impassible et transformé à l’image de Dieu : il était en communion parfaite et continuelle avec Dieu. Cette perfection dépendait de l’obéissance aux commandements et à la prière.

La conception de Clément d’Alexandrie quant à la perfection a bien des faiblesses. En effet Dieu devient apathique quoique travaillant au salut des hommes. Clément enseignait que l’initié (élite, le parfait) s’élève au-dessus des émotions humaines par la méditation sur Dieu et ainsi, il est entièrement transporté dans une autre sphère d’existence qui est celle de la perfection.

Origène (185-254), disciple de Clément, en parlant de la perfection montra ses présuppositions platoniques en séparant la foi et la connaissance: La foi sert de base au salut, la connaissance est le moyen d’accéder à la perfection. Origène insistait sur le fait que pour être parfait il faut rejeter le monde, vivre de manière ascète, et exclure ses émotions. La perfection devient donc ici une victoire sur la chair et particulièrement sur le désir sexuel. Ce point précis révèle le platonisme d’Origène et l’idée négative sur la créature humaine qui en découle.
Son approche était celle d’un humaniste : l’effort humain assisté tout de même par la grâce divine. En mettant l’accent sur l’ascétisme dans la perfection, Origène a anticipé le mouvement monastique. Aussi, a-t-il créé une distinction entre le chrétien moyen et le chrétien spirituel. Il s’agit une fois de plus d’élite. Cette tendance à deux niveaux de moralité (la masse des chrétiens presque mondains et la minorité faite de chrétiens très spirituels, le corps d’élite) reflète l’influence du gnosticisme, car le gnosticisme, entre autres, est le sty-le de vie d’un être supérieur illuminé, ayant une connaissance spirituelle, elle aussi supérieure qui lui permet de vivre à un niveau, une fois de plus, supérieur à celui des autres. Les quelques points communs entre le perfectionnisme platonique chrétien et celui enseigné par certains seront bien évidents.

2- LE MONASTICISME

Ce mouvement a commencé avec Antoine d’Egypte (257-356.) et Pachomius (290-346)

Antoine d’Egypte et Pachomius attristés par leur propre état de péché et par la croissance galopante de l’influence du monde sur l’Eglise, s’étaient retirés du monde pour vivre dans la solitude. Leur but était d’achever leur perfection spirituelle par un rejet du monde, par l’acceptation de leur croix, par la prière continuelle. Cet idéal s’institutionnalisant de plus en plus.

Leur but était louable mais les moyens employés et leur conception de la vie humaine et de la perfection n’étaient pas néo-testamentaires.

Un certain Macanus l’Egyptien a écrit sur la perfection en mettant l’accent sur la valeur de l’âme humaine et sur l’amour chrétien en tant que sommet de la perfection chrétienne. Il prônait la vie en union avec Christ mais, là aussi, avec une forme de retrait de la vie réelle sous forme de mysticisme. Il considérait que sa conception de la perfection était supérieure et par conséquent, n’était pas applicable à l’homme ordinaire. Cette vision était très individualiste.

Cet oriental fut très admiré par William Law et John Wesley qui allaient adopter bon nombre de ses idées.

Grégoire de Nyssa (335-394) fut un des plus grands leaders du mouvement perfectionniste. Selon lui, le chrétien doit imiter les vertus de Christ et si jamais il découvre une vertu chez Christ qu’il ne parvient pas à imiter, alors il doit la révérer; comme l’homme est créé à l’image de Dieu, son âme ressemble à celle de Dieu. Ainsi l’homme régénéré peut connaître Dieu et par la purification devenir comme Dieu. Grégoire de Nyssa prônait une vie ascète, non-active dans le monde. Le célibat est le sommet de la perfection, mais la pureté s’impose dans tous les domaines de la vie; l’ascétisme permet de développer facilement les fonctions spirituelles. Sa soeur Macrina, sur son lit de mort, affirma qu’il avait aimé Dieu avec toute son âme. Grégoire enseignait que le chrétien doit passer par une seconde mort pour se libérer des souillures de la chair. L’amour de Dieu purifiera toute âme qui s’approchera de Lui. Grégoire de Nyssa s’était formé sur les livres d’Origène, aussi a-t-il été influencé par celui-ci en ce qui concerne l’ascétisme. Malheureusement tout ce qui a été écrit par ces deux hommes est contraire aux enseignements de la Bible.

3. AUGUSTIN ET PELAGE

Il y eut au cours du quatrième siècle une réaction contre le perfectionnisme. Cette réaction se reflète très bien dans la polémique qui opposa Augustin et Pélage.

a. Augustin affirmait que la perfection est l’idéal vers lequel le chrétien doit tendre mais elle ne sera accessible qu’au moment de l’entrée au ciel. La perfection humaine est impossible à cause de l’effet total de la Chute et de la nature pécheresse de l’homme. Les progrès qu’un converti peut faire sont uniquement le fruit de la grâce de Dieu. Le péché et l’humanité formant un tout, le chemin qui mène à la perfection passe par la virginité et le célibat. Il faut contempler Christ.

b. Pélage disait que l’Eglise de son époque était laxiste sur le plan moral à cause de ce blasphème qui consiste à dire que l’homme ne peut pas accomplir ce que Dieu ordonne. Il déclarait que l’homme est complètement libre de choisir entre le bien et le mal, autrement dit, il a la capacité d’agir comme bon lui semble. Le péché n’est qu’une mauvaise habitude qu’il suffit de surmonter par la volonté. L’homme ayant donc la possibilité de ne pas pécher, Pélage jugeait très sévèrement celui qui péchait.

L’humanisme et la fausse conception du péché sont deux erreurs pélagiennes. Pélage avait par ailleurs une bien trop haute opinion de lui-même et sa propre sainteté. Il finit par tomber dans l’erreur typiquement perfectionniste qui consiste à se comparer à quelqu’un d’autre (Rom. 2:1-3) et à se trouver meilleur que lui. Or la Bible dit que nous devon nous comparer à la loi mosaïque (Rom. 3:19-20) et que personne ne peut sortir intact de cette comparaison. Gal. 3:2-5, 25 nous enseigne que nul ne peut suivre ou vivre la loi après sa conversion sans renier l’oeuvre du Saint-Esprit. Malheureusement la triple faute de Pélage (égoïsme, humanisme et légalisme) est une force continuelle dans le christiannisme, influençant ceux qui cherchent la perfection, qu’ils soient catholiques ou protestants.

4- THOMAS D’AQUIN (1225-1274) pensait que la grâce de Dieu peut rendre le chrétien capable de suivre ses commandements dans un amour parfait. La perfection finale est réservée au ciel, mais grâce à la méditation contemplative, on peut avoir une vision parfaite de Dieu et une connaissance parfaite de la Vérité. Pour accéder à la perfection, il faut déprécier le monde, reconnaître le mal qu’il y a à avoir des désirs charnels, et les éliminer. La perfection se traduit par le renoncement. Elle nous donne du mérite aux yeux de Dieu. Avec Thomas d’Aquin, il y avait renforcement de l’humanisme et une conception erronée du corps humain. L’Eglise de Rome a enseigné pendant des siècles, jusqu’à Jean-Paul II, que même dans le couple, il ne doit pas y avoir de désir passionnel. Même si ceci contredit Prov. 5:15-19; cant. 1:13 2:6; 4:3,5,11; 5:13-15; 7:2-5, 7-10; 8:6; Héb. 13:4.

5- FRANCOIS DE SALES (1567-1622). L’évêque de Genève écrivait beaucoup sur l’amour de Dieu qu’on doit avoir pour les hommes. Il faut que le catholique aime le protestant de façon si forte qu’il puisse être gagné pour Rome. Etrange cet amour, n’est-ce-pas ? La perfection n’est-elle pas pour tout le monde ?

6- MADAME GUYON (1648-1717) est devenue en France, la propagatrice des idées du prêtre espagnol Miguel de Molinos. Ce dernier disait que le but de la vie chrétienne est le repos parfait de l’âme en Dieu. Cette condition devient possible lorsque l’individu s’abandonne totalement à Dieu et lorsque sa propre volonté devient passive. La prière silencieuse, bien plus que la prière audible, est le moyen pour parvenir à ce repos parfait. Lorsque l’âme est au repos, c’est-à-dire dans un état de contemplation, elle ne subit plus aucun effet, ni des bonnes oeuvres, ni des mauvaises. Ce type de mysticisme qui met l’accent sur la passivité et l’inactivité de l’individu est connu sous le nom de quiétisme.

Madame Guyon devint le porte-parole du quiétisme en France. A partir de 1680, pensant qu’elle vivait vraiment près de Dieu, elle commença à avoir des visions et des révélations. Elle prônait la prière passive comme la plus importante des activités chrétiennes. Ainsi l’âme perdrait tout intérêt pour son destin et même la vérité de l’évangile deviendrait insignifiante devant le « torrent des forces de Dieu ». Tout ceci amène l’individu à devenir indifférent à tout ce qui est extérieur, aux activités spirituelles et à l’église. Tout est intérieur et personnel. Ce néo-platonisme chrétien (voir point 1) devenait un genre de panthéisme vague qui avait plus d’affinités avec les religions asiatiques qu’avec le christianisme biblique.

7- FRANCOIS FENELON (1651-1715). Cet archevêque de Cambrai se servait des idées de Madame Guyon en les adaptant à ses propres pensées, dans le but de contrer la débauche de la cour de Louis XIV. Il enseignait une vie spirituelle profonde et introspective. Par la grâce de Dieu, la vie chrétienne est sans souci et se traduit par une communion fraternelle pleine de l’amour de Christ. Pour atteindre la perfection, il faut une concentration tenace fixée sur Dieu. La vie parfaite consiste à imiter Jésus, mais le plus grand obstacle pour y parvenir, c’est l’égocentrisme. Le remède à cet égoïsme est un acte de sanctification par l’Esprit.

8- MYSTICISME
Jusqu’ici nous pouvons résumer ce mouvement dont le but est la perfection, par ce mot : mysticisme.
Ce mot a un synonyme philosophique, c’est le quiétisme, du latin quietus : paisible. Le mysticisme a commencé avec Clément d’Alexandrie, a continué avec Origène puis avec Grégoire de Nyssa et ainsi de suite. Le mysticisme est un état d’âme basé sur des croyances accordant « une part excessive au sentiment et à l’intuition » (définition du Petit Robert). C’est aussi une disposition psychique de celui qui cherche l’union avec Dieu. En ce qui concerne la nature du mysticisme, il est difficile de donner une seule définition et une seule description. Pourquoi ? Parce que ses formes sont presque aussi nombreuses et variées qu’il y a d’idées sur la recherche subjective de Dieu. Il existe deux grands courants :

– Le mysticisme catholique.
– Le mysticisme protestant

Le mysticisme protestant reste cependant un peu plus pratique (nous reviendrons sur ce point). Il existe aussi de petits courants dirigés ou ayant leur source dans la vie de tel ou tel individu. Généralement parlant, le mysticisme est une union ou une vision expérimentée par l’individu. Cette expérience va au delà des concepts, de la raison, des cinq sens. On transcende, on surpasse, c’est supra-rationnel. L’âme est passive bien qu’elle s’engage dans le mariage spirituel consistant à recevoir la grâce de Dieu. Quelques auteurs disent de cette union qu’elle est transitoire et fugitive, mais d’autres la décrivent comme prolongée et durable. Le mysticisme est à la fois un chemin à suivre et un but à atteindre. Généralement, il existe trois étapes classiques allant de bas en haut :

1. Le chemin de la purification sur lequel l’individu est nettoyé, purifié d’un seul coup ou progressivement du péché : on devient de plus en plus fort, on rejette le péché.

2. En second lieu, on entre dans la phase de l’illumination. Cette étape consiste à se détacher des choses mondaines, même de celles qui sont bonnes ou légitimes dans le sens biblique. L’âme est illuminée en ce qui concerne le monde pur de l’esprit et devient capable d’apprécier Dieu d’une manière profonde. Cette illumination se nourrit des paroles dures de Jésus et de Paul.

3. Le but est en vue ! C’est la dernière étape mais elle peut également être menée de front avec les deux précédentes. Ce sommet de la perfection (via unitiva: la voie unifiée) est atteint lorsqu’on contemple Dieu par l’amour et la prière.
C’est un voyage pendant lequel l’individu, en passant à travers « la nuit sombre de l’âme » voit toute bénédiction et récompense enlevées. En persévérant dans cette voie, tout ce qui reste est l’amour pur de Dieu, car on n’a rien à gagner au niveau de l’expérience. Dieu récompense cet amour contemplatif, désintéressé, muet,selon Sa volonté, en Son temps, par une communion profonde souvent appelée « la vision béatifique ». Le but unique est de se présenter dans l’amour, devant l’AMOUR qui est le seul objet digne d’amour, puis de rester avec contentement dans cet amour. L’union parfaite établie, permet à l’individu d’agir dans le monde. A ce sujet, nous devons nous rappeler qu’il existe toujours deux voies majeures se dirigeant vers la perfection :

a. celle du monasticisme

b. celle de l’individualisme cherchant une extase religieuse non-institutionnelle (hors de l’église locale). Ces deux avenues en elles-mêmes devraient suffire à nous mettre la « puce à l’oreille ». Une critique succincte mais précise du mysticisme (source extra-importante pour le perfectionnisme) s’impose à ce stade de l’étude :
– Si l’emploi de Jean 15:1-9 et Jean 17 a été légitime pour expliquer le type de rapport que le chrétien « mystique » doit avoir avec le Christ, nous doutons fort que la spiritualisation et l’allégorisation de 2 Cor. 12:1-4; Col. 3:3; Ex. 33:12-34:9; 34:29-35; Cantique des cantiques soient dignes de la vie qu’a le converti en Jésus-Christ.

– Le mysticisme sur le plan anthropologique est défectueux car il suppose que le converti a en lui-même la capacité de rivaliser avec Dieu. A l’origine l’homme a été créé à l’image de Dieu, mais à la chute cette image n’a été que tordue, déformée et non pas détruite. L’image de Dieu chez le chrétien sert de base à la transformation progressive effectuée sous l’influence de Christ jusqu’à la restauration de la ressemblance et de l’union avec Dieu. Des passages comme Eph. 2:1-10; Col. 1:21-23; 3:1-4; Rom. 8 entre autres, montrent l’idée fallacieuse de la conception mystique de l’homme.

– Le mysticisme se trompe lorsqu’il prône un antagonisme entre la connaissance et l’amour. 2 Cor. 3:6, « la lettre tue, mais l’Esprit vivifie » est le verset favori de tous ceux à tendance perfectionniste, car ils pensent que Paul crée une opposition entre la lettre (la connaissance selon eux) et l’Esprit. Or, une bonne interprétation nous montre dans le verset même que Paul établit un contraste entre le ministère de la lettre, c’est-à-dire la loi mosaïque et celui de la nouvelle alliance animée par le Saint-Esprit. Avant d’interpréter un verset, il faut savoir le lire correctement ! La norme néo-testamentaire, c’est l’amour basé sur la connaissance (Phil. 1:9; Col. 1:9-11) et l’amour développé par cette connaissance.

– Il y a tellement de courants mystiques souvent contradictoires ! lequel faut-il croire ? Chacun a ses propres champions donnant comme preuve de la réalité de leurs propos le fait que pour eux: « ça marche! ». Ceci introduit le point suivant.

– Le mysticisme n’est que subjectif. Il n’existe pas de contrôle objectif des idées, des visions, des convictions.

– Le mysticisme n’a pas compris l’existence des deux natures chez le converti. Il faut étudier soigneusement le Nouveau Testament pour connaître leurs capacités, leurs puissances, leurs destinées : Cela éviterait beaucoup de confusion.

– Prendre seulement les discours durs de Jésus et de Paul est en contradiction flagrante avec l’apôtre lui-même (Actes 20:27)

– L’idée d’étapes chronologiques dans l’ascension n’est nullement néo-testamentaire. De plus elle est compliquée pour le chrétien ordinaire car elle confond la maturité et la spiritualité. Le résultat de cette confusion est l’élitisme (les parfaits).

– Cette union parfaite dans la chair avec Dieu est décidément une idée bien extrême-orientale et pas du tout scripturaire.

9- LES REFORMATEURS
Les réformateurs luthériens et calvinistes remontaient à l’idée d’Augustin (et de Paul) selon laquelle le péché reste dans l’humanité jusqu’à la mort. Ainsi la perfection, telle que la perçoivent les perfectionnistes, est impossible à atteindre.
Calvin enseignait clairement que le but du chrétien est de vouloir vivre dans une telle sainteté que le résultat serait d’apparaître devant Dieu sans tache, irrépréhensible. Or, le chrétien pèlerin ne parviendra pas à la perfection humaine aussi longtemps qu’il aura un corps physique dans lequel réside l’expression du péché. La perfection et la vie physique humaine sont incompatibles.
Luther retint aussi le rapport péché-corps. Pourtant, il soulignait l’idée que la vraie perfection biblique est centrée dans la révélation de Dieu en Jésus-Christ. La foi salvatrice en Jésus-Christ nous amène à une perfection imputée ou attribuée, laquelle nous permet d’adorer Dieu par la foi. La vraie perfection pratique ne se trouve pas dans une vie de renonciation à la vie, mais réside dans la foi et dans l’amour du prochain.

Depuis, la grande majorité des protestants n’a accepté que cette forme de mysticisme qui consiste à voir la perfection comme une harmonie des volontés divine et humaine ou « une piété de foi prophétique » ou « la piété de la Réforme ». La raison de cette précision est l’extravagance de beaucoup de mystiques qui voient la perfection comme une union si parfaite avec Dieu qu’elle en arrive à ressembler à une union d’essences (la fonte de l’humain dans le divin).
Le quiétisme de Guyon et de Fénelon est une forme de mysticisme qui prétend que l’âme en se tenant dans une passivité de coeur et de moeurs, peut « atteindre un état continuel d’amour et d’union avec Dieu ».

10- LES PIETISTES
Le mouvement piétiste protestant est né dans l’église luthérienne allemande vers 1666, comme une réaction contre la stérilité de l’église officielle et ayant pour but le renouvellement de la piété et de la vie morale individuelle. Le piétiste est un individu plus concerné par la recherche d’une piété personnelle que par la recherche de la vérité biblique et doctrinale. Les piétistes sont arrivés à la conclusion que la doctrine orthodoxe est parvenue à étrangler le dynamisme de la foi néo-testamentaire par son formalisme et par ses structures ecclésiastiques.

Les historiens discernent quatre caractéristiques principales dans le piétisme :

1. L’accent mis sur le coeur duquel coule toute activité chrétienne.

2. L’accent mis sur les Écritures où l’on trouve le seul guide pour la vie.

3. L’accent mis sur la perfection, laquelle consiste dans une obéissance sérieuse à la loi de Dieu (mosaïque), dans la semence de l’évangile, et dans le fait de pourvoir aux besoins des nécessiteux.

4. L’accent mis sur une opposition à la froideur et à la stérilité des structures et pratiques des églises.

Le mouvement piétiste est né dans l’église luthérienne, des efforts de Philip Jacob Spener qui en a écrit les bases dans Fia Desideria (désirs pieux) :

a. Il faut davantage employer la Bible, laquelle doit servir de source à toute réforme.

b. Il faut que chaque croyant croie en la prêtrise spirituelle héritée de Christ et la mette en pratique. Cela signifie que chaque converti doit s’engager directement dans l’oeuvre de Dieu.

c. Il faut que le chrétien cherche à mener activement sa vie chrétienne plutôt que de s’appuyer sur la seule connaissance intellectuelle.

d. Il faut dans des controverses, que le vrai converti aime et prie pour celui qui est dans l’erreur. Il faut en plus qu’il manifeste de la retenue dans ses manières car les différences doctrinales sont relativement peu importantes. Comme l’aurait dit Spener : c’est l’amour qui est important et non la pureté doctrinale.

e. Il faut que ceux qui s’engagent « professionnellement » dans le ministère reçoivent une double formation: intellectuelle et spirituelle-piétiste.

f. Il faut que les messages soient édifiants et compréhensibles. Par les efforts de Spener et Francke, le piétisme s’est propagé sous une pléthore de vatiétés dépendantes du lieu et de l’homme fort. Exemples: Zinzendorf puis Bengal en Allemagne, Wesley en Angleterre, Mulhenberg en Amérique, Hauge en Norvège. Avant d’aller plus loin, il est absolument nécessaire de souligner le fait que le puritanisme émergeant en Angleterre au 16° siècle (bien avant Spener et Francke) a été spirituellement le précurseur du piétisme, lequel allait se développer sur le vieux continent un siècle plus tard. Le puritanisme se propageait surtout en Angleterre et en Amérique.
Voici une évaluation équilibrée de cette force spirituelle qui touchait un grand nombre de personnes à travers les siècles :

a. Pour évaluer le piétisme, il faut se rappeler le circonstances historiques de ses origines: Le luthérianisme au 17° siècle était peu stimulant, ce qui était dû en partie au fait que la conversion n’était pas exigée, même pour les pasteurs. La confirmation ou le baptême d’enfants était suffisant pour bénéficier du salut. La participation à la Cène était considérée comme un moyen pour accéder à la grâce. L’immoralité dans les universités était universelle. La prédication ne favorisait ni l’édification ni la stimulation. La religion était en fait, quelque chose de routinier, et la Réforme, en Allemagne, sombrait de plus en plus dans le néant spirituel.

b. Avec les efforts faits dans la prédication et dans la littérature par Spener et Francke, un souffle d’air frais passait dans certaines églises et dans certaines universités. Un petit espoir (Fia Desideria) était en train de se transformer en grand courant de réforme.

c. Le piétisme prenait sa source dans le mysticisme du Moyen-âge. Il partageait l’engagement de la Réforme vis-à-vis des Écritures et de la conversion. Il s’opposait au formalisme et à l’orthodoxie froide. Il voulait que chacun ait sa propre expérience avec Dieu. Le piétisme désirait ainsi transformer et améliorer l’héritage réformateur reçu de Luther.

d. Malheureusement, avec le temps, certaines lacunes et tendances erronées se sont manifestées :

1. La tendance piétiste tomba dans un subjectivisme démesuré et dans un état émotif où chacun devient le juge subjectif de toutes les vérités : on attend des expériences qui satisfassent les émotions.

2. La tendance piétiste peut créer une méfiance, voire même une opposition à l’érudition, y compris celle soumise au contrôle du Saint-Esprit. Ce mépris se nourrit d’une ignorance de la vraie connaissance néo-testamentaire. Une étude approfondie du mot connaissance, en grec, et autres mots de la même famille apportera beaucoup de lumière à ce sujet.

3. La division et la séparation, et le séparatisme conduisant à l’élitisme peuvent être les résultats du piétisme, détruisant ainsi la vie et la communion de l’église locale.

4. L’établissement de nouveaux codes de conduite frôlant le légalisme : ce qui est écrit dans les épîtres apostoliques ne suffit plus, il faut aller au-delà.

La valeur des traditions légitimement établies dans le Nouveau Testament, risque le mépris: le passé est dangereux et abrutissant, seul le présent compte. Or, l’apôtre Paul parle bel et bien des traditions doctrinales et pratiques apostoliques que les personnes nées de nouveau doivent suivre, Actes 20:27; 2 Tim. 2:2; 2 Pi. 1:12-13; 3:1-2, 14-16; 1 Tim. 6:3; 4:6; Tite 2:1.

Le piétisme étant une des sources du perfectionnisme moderne, il était nécessaire de mettre en lumière jusqu’où la fausse piété peut conduire le faible et la personne insuffisamment instruite.

11- LES QUAKERS Le fondateur de ce mouvement est l’anglais George Fox (1624-1691). En 1646, après avoir été influencé par le mysticisme européen, il annonça avoir vécu une expérience religieuse au travers de laquelle il aurait reçu « la lumière intérieure du Vivant ». A cette expérience succède, en 1652, une vision dans laquelle Dieu parlait avec lui.

Bien que le mouvement de Fox n’aie pas à vrai dire de crédo, en voici cependant quelques règles : Les Ecritures doivent être appréciées, mais la vérité divine peut entrer directement dans le coeur du chrétien sans Elles. Souvenez-vous que Fox eut une vision de Dieu, donc Dieu communique directement avec les gens. C’est « la lumière intérieure » qui compte. Tous les chrétiens sont des prêtres. Il faut vivre simplement. Les ministres professionnels ne sont pas nécessaires, donc les églises des quakers n’en ont pas. L’église est gérée démocratiquement. Toute décision doit être unanime ou ne peut être prise. Il n’y a aucune distinction de race, de couleur, de nation ou même de crédo. Le pacifisme total. On se libère du péché par « la lumière intérieure » ce qui permet une vie de réelle sainteté. La perfection est relative en ce sens qu’elle concerne la victoire sur le péché plutôt qu’un développement moral absolu. Par la nouvelle naissance en Christ, le converti est libéré par l’Esprit de la possibilité de pécher. Pécher c’est transgresser la Loi de Dieu, donc la perfection réside dans l’obéissance parfaite. Si le converti s’appuie sur « la lumière intérieure » et sur la croix de Christ, il aura la victoire et par conséquent, accédera à la perfection.

Le converti, en fixant constamment la croix, sera remodelé jusqu’à l’amour parfait. Le chrétien peut atteindre l’état d’innocence d’Adam avant la chute, et peut être plus loyal et plus fort que lui face à la tentation. Aucune confiance ne doit être accordée à l’intellect. L’homme n’est pas radicalement pécheur donc il n’est pas imperméable à la grâce.

La nette tendance à l’humanisme et au subjectivisme, en contradiction avec le Nouveau Testament quant au péché et à la perfection, ternit le désir de Fox que Christ soit le centre de notre vie. Fox prêchait ses convictions avec le zèle d’un prophète annonçant la colère de Dieu sur toute immoralité et tout abus ecclésiastique. En très peu de temps, il eut une multitude de disciples et les prédicateurs de ses doctrines se répandirent vite sur tous les continents.

12- WILLIAM LAW (1686-1761). Ses convictions concernant la perfection chrétienne se trouvent écrites dans A Serious Call to a Devout and Holy Life (1729). En résumé, il s’agirait de dire que si le chrétien désire suivre le Seigneur Jésus, il faut qu’il pratique l’humilité, le renoncement de soi, et le rejet du monde dans tous les domaines de la vie. Il doit porter la croix de Christ. La vie chrétienne consiste à s’offrir en sacrifice pour Dieu et à prier sans cesse. Devenir comme Christ, voilà la perfection ! Et comment devenir comme Christ ? par l’accomplissement de nos responsabilités comme Christ les aurait accomplies. Les lacunes du système de Law sont les suivantes:

– Il n’était pas très réaliste quant aux possibilités humaines de satisfaire Dieu.

– Il ne voyait pas que la vie a un sens en elle-même.

– Il voyait la grâce comme un moyen de supplanter la nature humaine plutôt que comme le moyen de la transformer.

– Il avait tendance à mépriser la communion fraternelle et tout ce qui a été institué sur le plan religieux.

13- JOHN WESLEY (1703-1791). Cet anglais, par sa prédication et ses écrits, a eu une influence extraordinaire sur son pays pendant son vivant et encore de nos jours. Cela est principalement dû à ses écrits sur le perfectionnisme.

Le sujet de cet article étant le perfectionnisme et tout particulièrement celui de Wesley, il est absolument indispensable de s’attarder sur sa vie et sur sa théologie pour mieux cerner le sujet et son effet sur tant de gens de notre époque.

A) Sa vie

Il fut l’un des dix-neuf enfants d’un pasteur anglican, mais fut essentiellement marqué par sa mère, Suzanna. Elle l’encourageait à rechercher une vie pieuse et pratique. John Wesley subit ainsi l’influence des écrits de Thomas à Kempis, Jeremy Taylor et William Law. En 1725, à la suite d’une expérience spirituelle, il décida de faire de la religion, le « devoir de sa vie ». Après avoir fini ses études à Oxford et après avoir aidé son père dans sa paroisse, Wesley retourna à Oxford en 1729, où il devint le chef du « Club Saint » (Holy Club) appelé plus tard « Méthodiste ». Ce dernier nom a été appliqué aux membres du club à cause de leur manière très méthodique d’étudier la Bible, de mener une vie d’abnégation, d’essayer de relever le niveau de vie morale et religieuse des universitaires, de s’occuper des pauvres matériellement et religieusement. Cette piété était celle de « l’église haute » anglicane de type ascète qui prêtait beaucoup d’attention aux règles contenues dans le Livre de Prière (Prayer Book) et à celles contenues dans les Canons de l’Eglise.

Pendant son séjour à Oxford (1729-1735) John Wesley tomba sous l’influence du mystique et perfectionniste William Law. Ce qui nous surprend aujourd’hui, c’est la confession faite par Wesley lui-même qu’à cette époque, il n’avait rien compris à la justification par la foi; plus grave encore est le fait que Wesley formulait ses idées sur le perfectionnisme chrétien alors qu’il n’était pas lui-rñême né de nouveau (idées qu’il a d’ailleurs gardées toute sa vie)! Avons-nous ici la clef qui expliquerait son interprétation incorrecte de la perfection néo-testamentaire?

Alors qu’il était encore à Oxford, Wesley fit un message sur la « circoncision du coeur ». Ce message contenait selon lui, tous les principes spirituels qu’il enseignait depuis sa conversion : le salut de tout péché et l’amour pour Dieu avec un coeur sans partage. En 1735-36, il partit pour la Georgie (colonie anglaise du nouveau monde), en tant que missionnaire auprès des païens. Précisons qu’il était très religieux mais tout aussi païen que les gens qu’il partait « évangéliser ». Il y resta trois années; trois années durant lesquelles se succédèrent des expériences désastreuses. Lorsque le Morave Spangenberg, qui allait être le successeur du Comte Zinzendorf des Moraves, le questionna au sujet du Saint-Esprit dans sa vie, et au sujet de sa connaissance spirituelle de Jésus-Christ, John Wesley ne sut que répondre !
De retour à Londres, il rencontra un autre Morave, Peter Bihler, qui l’exhortait à se confier uniquement en Jésus-Christ. C’est ce que décida de faire Wesley le 24 Mai 1738 lors d’une réunion morave à Aldersgate Street. Wesley fit une sorte de pèlerinage à Herrnhut, en Allemagne, où était centralisé le mouvement morave sous Zinzendorf. Wesley adopta la position du semi-augustinianisme, laquelle soulignait la responsabilité humaine mais minimisait la souveraineté divine. Wesley était arminien dans sa théologie. Quant à son travail prodigieux comme évangéliste, et surtout organisateur des convertis en « sociétés méthodistes », il n’est pas nécessaire d’en parler. Wesley reconnaissait que son « talent particulier » était celui d’organisateur. Dommage qu’il se soit mis à faire de la théologie!

B) Sa théologie

John Wesley n’a jamais été un théologien systématique mais il est possible d’identifier sa théologie à travers ses sermons (plus de 40 000 !), sa correspondance, ses traités et le journal personnel qu’il tint à partir de 1735 et qu’il poursuivit jusqu’à sa mort.

Nous donnerons l’essence de sa théologie en disant qu’il affirmait que la volonté de Dieu est de renverser notre nature « pécheresse et diabolique » par l’oeuvre du Saint-Esprit. Procédé appelé grâce préventive, justifiante et sanctifiante. Soulignons que pour Wesley, «grâce» sur le plan pratique, signifiait oeuvre du Saint-Esprit.
La grâce préventive selon Wesley décrit l’oeuvre universelle du Saint-Esprit dans les vies des gens durant un temps, de leur naissance physique à leur conversion spirituelle. L’Esprit est obligé de travailler sur ceux nés sous l’influence du péché originel et de la mort pour empêcher qu’ils ne s’éloignent trop de Dieu et pour les placer dans une situation propice à l’acceptation de Christ, dès qu’ils sont en mesure de comprendre l’Evangile.
La grâce justifiante décrit l’oeuvre du Saint-Esprit au moment de la conversion de ceux qui disent « oui » à l’appel de la grâce préventive pour se confier à Christ. Wesley imaginait cette conversion comme une expérience à double phase :
La première phase est la justification par laquelle l’Esprit attribue au croyant la justice de Jésus Christ. Cette attribution est le passeport pour le ciel. Wesley noue doctrinalement avec l’idée réformatrice du « salut par la foi ».
La deuxième phase est la nouvelle naissance. Elle signifie le démarrage du processus de sanctification ou de « la justice transmise/communiquée ». Cette communication est la qualification pour se rendre au Ciel.

Sur ce point, Wesley reprend à son compte la passion pour la sainteté si évidente dans la Contre Réforme de l’Eglise Catholique Romaine. Ces deux étapes sont typiquement wesleyennes. Elles deviendront 150 ans plus tard une base fondamentale du Pentecôtisme (deux actes successifs : premièrement la grâce et deuxièmement la bénédiction).
La grâce sanctifiante est diffusée par l’Esprit. Elle s’étale sur une période allant de la conversion à la mort. C’est à ce sujet que Wesley décrit en long et en large sa conception de la perfection chrétienne : si le chrétien adopte comme but principal l’amour de Dieu et du prochain de manière désintéressée, il sera libéré du péché. Le processus de la sanctification, c’est-à-dire de la perfection culminant dans l’expérience de « l’amour pur » est la deuxième oeuvre de grâce. Si l’individu n’est pas rendu parfait par l’amour, il n’est pas mûr pour la gloire, autrement dit pour le ciel. Cette perfection n’est pas statique, selon Wesley, mais peut être perfectionnée ! Elle est relative et subjective concernant l’intention et le motif; elle n’est ni angélique, ni adamique.
Wesley croyait en une expérience instantanée de « sanctification entière » postérieure à celle de la conversion, mais il mettait l’accent surtout sur le processus de sanctification progressive jusqu’à l’amour parfait. Cette idée de progrès se voit dans les écrits de Macarius (Voir Monasticisme) et d’Ephraem Syrus. On la retrouve un peu raffinée chez Fénelon (mei progressus ad infinitum mon progrès est sans fin).
Voilà donc cette même idée renforcée par Wesley : « allez jusqu’à la perfection sinon vous ne pourrez garder ce que vous avez ». Wesley voyait avec horreur la possibilité que des méthodistes puissent rétrograder. Pour éviter cela, il les poussait vers la perfection.

En résumé, Wesley enseignait:

– la grâce préventive : un processus.

– la grâce justifiante : un acte instantané.

– la grâce sanctifiante : un processus et un acte instantané.

C) La tradition wesleyenne

Cette section est importante pour la simple raison que les idées wesleyennes perfectionnistes tirées d’une longue lignée de divers types de mysticismes mélangés aux textes bibliques, ont été formulées en même temps que se développait une fantastique période d’évangélisation. En amont de Wesley, le perfectionnisme était plutôt individuel et souvent cloîtré, vraiment mystique. En aval, il est devenu public, et une expérience de masses. Wesley était le plus grand propagandiste du perfectionnisme de toute l’histoire de l’église. Des millions de protestants (pentecôtistes, charismatiques, troisième vague, etc.) baignent encore dans ce fleuve dont Wesley fut la source. Des adeptes de Wesley essaient de préserver la pureté de ses enseignements présumés néo-testamentaires, par leurs prédications, et en faisant circuler ses écrits.

Le terme « la tradition wesleyenne » représente le stimulant théologique issu de Wesley qui sert de source à tout autre mouvement postérieur à Wesley et inspiré de lui. Quant au nombre de ces mouvements ou groupes, il est légion. En voici un petit échantillon : au moins sept dénominations de méthodistes, toutes les tendances pentecôtistes (légion, elles aussi), Charles Finney, l’église du Nazaréen, certaines dénominations baptistes. En limitant davantage le sens du terme, nous constatons qu’il est pratiquement synonyme d’arminianisme, c’est-à-dire l’opposé dans bien des domaines du calvinisme. Cette tradition wesleyenne :

1. affirme que la justification par la foi sert de porte d’entrée à la « sainteté scripturale » (notion wesleyenne de la sanctification). Le pécheur repentant, en s’appuyant totalement sur Jésus-Christ et son sacrifice, est justifié. Ceci n’est qu’un début, c’est un retour à la justice originelle que connaissaient Adam et Eve dans le jardin d’Eden. C’est le Saint-Esprit qui accomplit cette deuxième partie du salut.

2. Elle insiste sur le fait que la grâce ne s’oppose pas à la Loi ! Dieu veut que le croyant retourne à l’image initiale qu’avaient Adam et Eve, et pour cela, il faut qu’il soit obéissant. Le processus de la sanctification effectue cette obéissance. En nous soumettant au Saint-Esprit, celui-ci extirpe tout ce qui pourrait nous séparer de Dieu, de nous-mêmes (!), des autres.

3. soutient qu’un croyant doit accomplir « toute justice », autrement dit il doit être restauré, il doit parvenir à la justice originelle. Sinon, selon Wesley, s’il n’accomplit pas cette justice, s’il n’arrive pas à ce niveau, il mérite la place la plus chaude en en enfer ! Ce point est devenu la marque type de la tradition wesleyenne.

4. croit que le processus « d’accomplir toute justice » qui sera la délivrance du péché, se passe quand la justice attribuée devient la justice communiquée. Ce moment de vérité est la deuxième oeuvre définie de la grâce appelée « la sanctification entière » ou « l’amour pur et désintéressé ». On progresse en amour jusqu’à ce que cet amour soit totalement pur.

5. avance que le moment de la sanctification entière quoiqu’instantané ne doit jamais devenir une raison pour se reposer sur cet acquis. Si l’on ne l’améliore pas, on la perd. Cette sanctification est une disposition de l’esprit ou une condition du coeur. Elle sert de source à toute bonne oeuvre.

6. soutient la conviction que la raison, assistée par le Saint-Esprit, est absolument nécessaire pour saisir les vérités fondamentales des Ecritures. La raison aide la foi.

7. affirme, avec Wesley, que le croyant ne peut avoir une assurance raisonnable de ce qu’il n’expérimente pas personnellement. Wesley ne certifiait les réalités de la justification et de la sanctification (entière) que parce qu’il les avait vécues.

Résumé de la théorie wesleyenne de la sainteté scripturaire ou de la sanctification entière

a. La sanctification est reçue par la foi comme étant une oeuvre du Saint-Esprit.

b. Elle commence à la nouvelle naissance.

c. Elle progresse graduellement jusqu’à l’instant de la sanctification entière. En voici les caractéristiques:
– aimer Dieu et son prochain comme soi-même.
– être humble et modeste.
– avoir la pensée de Christ.
– s’abstenir de tout ce qui s’apparente au mal.
– marcher selon tous les commandements de Dieu.
– se réjouir en tous temps, quelle que soit la situation.
– tout faire pour la gloire de Dieu.

d. Voici les références clé de la sainteté scripturaire selon Wesley et ses disciples: Deut. 30:6; Ps. 130:8; Ez. 36:25,29; Mat. 5:48; 22:37; Luc 1:69; Jn. 17:20-23; Rom. 8:2-4; 2 Cor. 7:1; Eph. 4:13; 5:24-27; 1 Thes. 5:23; Tite 2:11-14; 1 Jn. 3:8, 9; 4:17.

CHAPITRE III

EVALUATION DU PERFECTIONNISME RECOMMANDE PAR JOHN WESLEY

Ce regard étroit sur la pensée de John Wesley suivra chronologiquement, dans la mesure du possible, l’ordre développé depuis le point numéro 13, ci-dessus.

A. Il est un fait incontestable que Wesley acceptait l’influence mystique avec certaines de ses erreurs (voir Law, point 12). Ce mysticisme est devenu d’une certaine façon la base de ses propres convictions plus tard, et cela avant sa conversion.
En tant que païen bien religieux, avait-il la capacité spirituelle de discerner la vérité de l’erreur ? Absolument pas (Eph. 2:3)! Si la racine est partiellement malade, corrompue, l’arbre peut-il être complètement sain?

B. Il me parait assez grave que Wesley ait formulé et prêché les principes sur le péché et l’amour auxquels il croyait avant sa conversion, surtout lorsqu’il précise que ces principes spirituels étaient la base de son enseignement, après sa conversion et, pour toute sa vie.
La conversion doit pas servir de vernis aux idées fausses reçues auparavant. La nouvelle naissance n’est pas une excuse pour habiller extérieurement ce qui doit être rejeté intérieurement.

C. Que Wesley minimisât la souveraineté de Dieu me parait une erreur considérable. Je dirais qu’il n’avait pas compris l’exposition biblique de la souveraineté de Dieu. Rejeter une mauvaise formulation (hyper-calvinisme) était son droit, voire même son devoir, mais de là à mépriser par ignorance ou par une négligence une vérité de base de la nature et de l’oeuvre du Dieu Tri-un! Ceci en dit long sur son attitude vis-à-vis de l’étude de la Bible. Il ne faut jamais reléguer à une place de seconde importance ce que l’on ne comprend pas; ce peut être pardonnable mais non excusable.

D. Tout au long de mes recherches, j’ai été frappé par le poids disproportionné que donne Wesley au Saint-Esprit par rapport à la personne de Jésus-Christ. Cela est fort décevant lorsqu’on se penche sur le but précis du Saint Esprit et de son oeuvre annoncés par le Seigneur Jésus dans Jean 14:26; 15:26; 16:13-14. Moi aussi je veux que toute ma vie soit contrôlée par le Saint-Esprit mais 1 Cor. 2:2; 1:18; 2 Cor. 2:14; Gal. 5:24; Phil. 3:10; Col. 1:28-29; 2:10; 3:1-4; 1 Tim. 2:5-6; 4:10; 2 Tim. 2:5-6; 4:10; 1:1; 1 Jn. 1:3; Apoc. 1:5-6; 5:9-10, 12, 13-14; 22:20, me poussent à fixer le Seigneur Jésus Christ comme celui qui est le centre de mon existence et de mes pensées. Le Saint-Esprit est le « discret » de la Trinité. Faire de lui la vedette est une déviation par rapport à l’enseignement du Fils de Dieu. Hébreux 12:2.

E. Wesley a été un arminien (disciple théologique de Jacob Arminius, 1560-1609) et cette conception de certaines vérités me parait singulièrement déficiente :

– On peut perdre son salut. Or l’étude du mot grec agorazo (1 Cor. 6:20; 7:23; 2 PI. 2:1), de exagorazo (Gal. 3:13; 4:5) et de apolutrosis (Eph. 1:7,14; 4:30; Rom. 3:24; Col. 1:14; Héb. 9:15) enterrera définitivement cette réflexion indigne de Jésus-Christ.

– Christ a souffert pour nous, pour nos péchés, mais Il n’a pas payé le prix pour nos péchés, car Il était innocent et sans péché; Il n’a donc pas pu être puni. Or Esa. 53:4c-d, 5, 6c, 8b-c, l0b; Rom. 4:25a; 1 Cor. 15:3; 2 Cor: 5:21; Gal. 3:13; Col. 2:14; Héb. 9:28; 1 PI. 2:24, me semblent suffisants pour corriger l’erreur arminienne et wesleyenne.

– Le baptême des enfants, qui aide la grâce préventive à s’implanter chez l’enfant jusqu’à ce qu’il soit converti évangéliquement. Le premier point n’est pas enseigné dans le Nouveau Testament, quant au second il n’est qu’une invention de l’imagination. Soyez sûrs que le baptême des enfants n’est pas du tout l’équivalent néo-testamentaire de la circoncision de l’Ancien Testament.

– L’antimillénarisme, c’est-à-dire la pensée selon laquelle il n’y aura pas de règne de mille ans du Christ sur la terre. Il semble pourtant qu’Apoc. 20:4; 22:1-5; 5:10; Dan. 7:27, disent tout à fait le contraire.

F. Il me semble que Wesley se trompe en accordant au Saint-Esprit la première place pour renverser notre nature « pécheresse et diabolique ». Toutes les épîtres apostoliques sont claires dans leurs déclarations : Col. 2:15-14 Héb. 2:14-18; Gal. 5:14; 2:20; c’est bel et bien le Christ qui s’est occupé de notre vieille nature adamique. Même l’oeuvre de l’Esprit dans notre vie quotidienne (Gal. 5:16-18, 22-23, 25) est basée sur Christ (Gal. 5:24).

G. Les deux « étapes du salut », séparées dans le temps l’une de l’autre sont totalement inacceptables du point de vue néo-testamentaire. Wesley n’a pas compris qu’au moment du salut du pécheur, Dieu accomplit trente-trois oeuvres de manière instantanée simultanément (?). Dieu n’est pas étapiste quant au salut d’un pécheur repentant et croyant. Mélanger le calvinisme et le catholicisme romain sur ce point est un cocktail parfaitement indigeste.

H. La conception qu’avait Wesley en ce qui concerne l’amour désintéressé comme moyen pour accéder au sommet de l’amour pur qui est lui-même l’amour désintéressé est trop compliquée et confuse pour être édifiante et instructive. On fixe un moyen comme étant le but, on détrône une personne au profit d’une qualité. Cela devient impersonnel.
Une personne nous libère du péché, pas une émotion. De plus, la Bible ne parle nulle part de «l’amour pur » (l’amour impur divin peut-il exister?) comme une deuxième oeuvre de grâce. Pourquoi l’amour de Dieu (qui est toujours pur puisque divin) ne suffit-il pas? Pourquoi créer deux types d’amour, l’amour simple et l’amour pur ? L’un est-il meilleur que l’autre ? Dommage que Gal. 5:22 ait oublié de parler de l’amour pur ! Dire, comme Wesley l’a fait, que le converti qui n’est pas rendu parfait par l’amour n’est pas « mûr pour le ciel » est un pur blasphème ! Sur ce point je préfère Rom. 8:28-39. Comment « l’amour pur », celui qui est pur à 100%, entendons-nous bien, peut-il être perfectible comme le prétend Wesley? Si l’amour pur est le sommet, où peut-on aller plus haut que le sommet ? Un peu de bon sens sanctifié aurait fait énormément de bien à notre frère Wesley et nous aurait épargné beaucoup de fausses idées sur la spiritualité qui courent encore aujourd’hui.
Il ne faut jamais prendre ses rêves pour des révélations bibliques!

I. La théorie humaine de la « sanctification entière » est un véritable fléau qui ne sanctifie pas et qui pousse une quantité innombrable de gens dans l’ignorance, dans de faux espoirs, dans le désespoir, et, avec aveuglement, dans le péché d’égoïsme. Peindre un mirage pour faire espérer aux gens ce qui n’existe pas dans le Nouveau Testament est cruel et malsain; inexcusable, surtout quand on sait qu’il faut se contenter d’enseigner les doctrines apostoliques dont l’application nous fait grandir en Christ.

Enseigner la sanctification entière, c’est-à-dire la perfection, est un regard en arrière plutôt qu’un regard en avant (Héb. 12:2). Dire qu’elle est un acte instantané en même temps qu’un processus prête à une confusion inexplicable et indéfendable. Est-ce vraiment spirituel de créer des étapes et des catégories qui n’existent pas dans le Nouveau Testament? Peut-on faire mieux que les apôtres ?
Affirmer souverainement que la grâce justifiante nous ramène à la justice originelle que connaissait Adam fait une entorse si grave à l’enseignement néo-testamentaire sur la justice que nous avons en Jésus-Christ, qu’on a le droit de se demander si Wesley a jamais lu Rom. 6:22; Eph. 4:24; 1 Cor. 1:30; 2 Cor. 5:21; Phil. 3:7-9.
L’enseignement apostolique enseigne clairement que celui qui est né de nouveau a la justice de Christ. Qui voudrait maintenant retrouver l’état d’innocence d’Adam, d’autant moins qu’il ne fut pas juste ? Wesley nous propose ce qui n’existe plus, en refusant de nous édifier avec ce qui est automatiquement nôtre au moment de notre conversion. Celui qui voulait être théologien, aurait dû apprendre à mieux étudier la Bible. Ceux qui ont suivi et qui suivent Wesley dans ses idées sur ce sujet, déshonorent le Nouveau Testament et par là-même Dieu. Aveuglés, ils vivent au rabais : ils préfèrent l’innocence d’Adam à la justice de Christ; c’est tout à fait regrettable !

J. Wesley, pour tracer un chemin soulignant la possibilité d’obéir totalement aux commandements de Dieu, a été obligé de faire une entorse aux enseignements de Paul en prétendant que la grâce ne s’oppose pas à la loi mosaïque mais seulement aux oeuvres de la loi. Wesley disait cela pour encourager les méthodistes à marcher dans l’obéissance à la loi, ce qui correspond au processus de la sanctification entière. Or, Rom. 6:14-15; Gal. 4:4-5, nous montrent que celui qui est sauvé n’est plus sous la loi pour oeuvrer selon ses indications. Pourquoi ? Lisez Gal. 3:10; Rom. 4:15; 3:20,28; Gal. 2:16. Wesley essayait de séparer le fruit (les oeuvres) de son arbre et de ses racines (la loi). Le fruit sort de l’arbre et l’arbre est dans le fruit. Il contredit les huit premiers chapitres de Romains et Galates 3. Méditez bien Col.2:14. Le Seigneur Jésus-Christ, à la croix, a tout pris en bloc, la loi et ses oeuvres; elles forment un tout. Prétendre autre chose, c’est dénigrer toute l’oeuvre de l’Agneau à Golgotha.

K. Le perfectionnisme de Wesley est particulièrement lamentable en ce qui concerne le péché. Il définit le péché comme quelque chose impliquant des relations et des intentions. Pour lui, il semble être une substance ou une entité existant de manière séparée de l’individu. Wesley considérait que le péché n’est qu’un acte conscient et voulu. En somme le pêché va à l’encontre de Dieu uniquement lorsque l’individu a consciemment l’intention de commettre un acte qu’il reconnaît être une transgression ou une désobéissance. Les conséquences d’une telle pensée ont été et sont néfastes : toute déviation d’attitude, de pensée, de parole, d’acte n’est en fin de compte que l’expression d’une faute, d’une lacune inconsciente et non intentionnelle. Une telle explication pour nier l’enseignement apostolique permettant ainsi un concept humaniste du péché me fait penser à Jér. 17:9: « le coeur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant: qui peut le connaître? ». Wesley évidemment ne l’a jamais approfondi; ainsi donc, il propageait une erreur énorme dans laquelle est tombée une multitude d’âmes sauvées mais ignorantes. Bien sûr, il est facile de vivre saintement lorsqu’on nie l’existence de 99% de ce qui compose le péché :

– Le péché est un acte personnel couvrant absolument tout ce qui, dans notre vie quotidienne et quelle qu’en soit la forme (pensée, intention, acte, parole…), va à l’encontre du caractère de Dieu: Rom. 3:28. Dans les vingts mots hébraïques et grecs employés pour le péché dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament, l’idée de base reste le manque de conformité au caractère et à la volonté de Dieu par négligence et, ou, intentionnellement.

– Le péché réside dans la nature adamique de l’homme. Cette nature commune à tout individu, perdu et sauvé, est dépravée et dégénérée depuis la naissance jusqu’à la mort (Ps. 51:7; Rom. 5:19a; 3:lc, 12; Mc. 7:21-23; Eph: 2:3). Cette nature n’est pas extirpée lors de la conversion, et elle ne le sera jamais avant la mort, car le principe de la puissance du péché fait partie intégrante de la nature humaine. En Christ (Rom. 6:10-11; Gal. 2:20; 6:14) et par l’Esprit (Rom. 8:4; Gal. 5:16-17) le converti a la victoire sur cette force du péché qu’est notre nature adamique.
– Le péché est aussi présenté dans le Nouveau Testament comme étant une imputation, une attribution du péché d’Adam sur notre compte :

– Elle est actuelle ou réelle, car lorsqu’Adam a péché, nous avons péché (Rom. 5:12).

– Elle est judiciaire ou légale, car l’effet du péché d’Adam est passé à tous ses descendants (Rom. 5:17-18). Wesley et ses interprètes arminiens-wesleyens, n’ont pas saisi les données ci-dessus, ni le fait que vouloir la disparition du péché, donc vouloir l’amour pur et donc la sanctification entière signifierait lors de la conversion, un changement physique et constitutionnel de l’aspect humain du converti et la disparition de la mort. Sans cette nature et sans possibilité d’imputer le péché, la mort ne peut exister. La mort est la preuve irréfutable de l’erreur de Wesley quant à sa définition du péché, à sa nature et à ses effets.

L. La conception qu’avaient Wesley et ses descendants de la sanctification est fausse, car ils l’identifient trop à la forme extérieure de la sainteté et à l’effort pour paraître saint. Wesley voulait que la sanctification soit une disposition de la pensée, une condition du coeur. Mais sa façon non biblique de la décrire amène ses disciples jusqu’à cette conclusion logique : les bonnes oeuvres deviennent une fin en elles-mêmes et un légalisme extérieur s’installe: »voici les règles à suivre pour être saint, pour atteindre l’amour pur ».

Personne ne peut ni ne veut mettre en doute le désir louable de Wesley et de la tradition wesleyenne, de plaire à Dieu coûte que coûte. 2 .Cor. 5:9; 4:18; Col. 1:10; 1 Tim. 5:4; 1 Cor. 10:31; Phil. 3:10 expriment parfaitement le fond de ma propre existence et la direction de tous mes efforts, mais cela ne me donne pas pour autant le droit de fausser l’enseignement apostolique, c’est-à-dire le chemin sur lequel il faut marcher pour plaire à Dieu. Il faut suivre les poteaux indicateurs de la Parole si l’on veut y arriver.
Il est un fait incontestable : certains chrétiens vivent plus saintement que d’autres, tout au moins à nos yeux. Mais si leur vie s’écarte de l’instruction biblique, à ce moment-là, il nous faut prendre nos distances par rapport à eux. N’oubliez pas 2 Cor. 5:10; Rom. 14:11-12.

M. Que Wesley et bien d’autres de la tradition arminienne acceptent l’idée abominable que celui qui est véritablement converti, né de nouveau dans la famille de Dieu (Jn. 3:3-8), qui est passé de la mort à la vie (Jn. 5:24), qui est caché éternellement dans les mains de Jésus-Christ et du Père (Jn. 10:27-29), et qui a été définitivement racheté par le sacrifice du Seigneur Jésus (1 Cor. 6:20; Gal. 3:13; 4:5; Eph. 1:7,14; 4:30; Héb. 9:1) mais qui n’accomplit pas toute la justice mérite la place la plus chaude de l’Enfer, cela frôle le blasphème; c’est, en tout cas, anti-néo-testamentaire ! Si Jésus-Christ ne peut garder ce qu’Il a sauvé, s’Il a besoin de nos efforts pour garantir l’efficacité de SON effort divin et éternel, alors quelle est la valeur de son salut ? Il est bien évident que la révélation salvatrice du Nouveau Testament, vaut plus que le souhait malsain et méchant d’un pécheur anglais du 18° siècle.

N. Quant à l’idée wesleyenne concernant la « sanctification entière », c’est-à-dire la perfection, la vie sans péché, un acte spécial et postérieur à la conversion qui nous galvanise définitivement contre toute corruption due aux intempéries spirituelles (péché), voilà encore le résultat de réflexions antibibliques. Je traiterai longuement la question de la sanctification dans un autre paragraphe.

CHAPITRE IV
RESUME DE L’ENSEIGNEMENT DU NOUVEAU TESTAMENT SUR LA SANCTIFICATION

A- INTRODUCTION

La doctrine de la sanctification est sûrement une des doctrines les plus malmenées du Nouveau Testament. Elle est discutée en long et en large. Un accord harmonieux de tous les saints (Phil. 1:1) est une impossibilité. L’histoire de l’Eglise, depuis la fin de l’ère apostolique, nous le prouve. Que faire ? se résigner avec des grands soupirs ? Certainement NON!! Pour interpréter les textes touchant la sanctification, il est de notre intérêt d’observer quelques règles d’interprétation:

1. Cette doctrine demande la considération de tous les passages la concernant. Cela veut dire qu’il ne faut négliger aucun des textes en mesure d’illuminer notre compréhension sur ce sujet. Pour cela, il ne faut surtout pas se limiter au français, mais il faut se tourner vers l’hébreu et vers le grec car certains mots hébraïques ou grecs ayant une même racine, nécessitent bien souvent plusieurs traductions en français.

a. Il est évident que cette étude ne peut contenir toutes les références et leurs interprétations détaillées. Cela demanderait d’écrire un livre. Cependant j’ai noté dans les 667 versets en hébreu et les 12 versets en araméen que j’ai regardés, les sens suivants venant de formes différentes d’une même racine abe (qãdash): SAINT (Ps. 71:22), saints (Job 5:15), saint (Ps. 106:16), consacré (Ex. 29:21), sanctifié (Ex. 29:37), sanctifierai (Ex. 29:44), se sanctifier (Lév. 11:44), publier (2 Rois 10:20, mais le sens de « préparer » convient mieux), sanctuaire (Nom. 4:12) Sainteté (Zach. 14:20).
Sont concernés : L’Eternel, des individus, des objets, des actions, des lieux. Parfois c’est l’Eternel qui initie la consécration, la sanctification de quelqu’un, parfois c’est un individu (sacrificateur) ou tout le peuple de Dieu qui se sanctifie, parfois un individu consacre un objet ou un endroit à l’Eternel. Par ces emplois, nous pouvons déclarer que l’idée de sanctification dans l’Ancien Testament implique un état appartenant au domaine du sacré, c’est-à-dire l’opposé de ce qui est profane, commun. Elle dénote l’action par laquelle l’état sacré est atteint. Quant à une définition étymologique, il est impossible de déterminer son origine exacte. Elle signifie soit « couper » soit « séparer ». L’idée d’être réservé, destiné, gardé pour quelqu’un (Dieu) ou pour un service spécial, me semble résumer de manière adéquate le fond du concept « saint, sanctifié ». En guise de conclusion il est intéressant de noter que le verbe «gadash» sous forme réfléchie, pourrait signifier « prouver pour soi-même sa sainteté »:
– Dieu prouve sa séparation : sa sainteté, en jugeant le péché, Lév. 10:1-3; Nom. 20:12-13; Ez. 28:22.
– En accomplissant sa parole, Ez. 20:41-44; 28:25-26; 39:27; Quant à la forme causale du verbe, on constate que c’est L’Eternel qui sanctifie ou consacre à Lui-même le croyant (Nom. 8:17; Jér. 1:5), mais aussi que le croyant a la responsabilité de causer (effectuer) sa propre consécration à l’Eternel (2 Chro. 30:17). Cela veut dire que l’enfant de Dieu a besoin de la sanctification de l’Eternel, mais il doit se conduire d’une façon qui soit en accord avec la nature et la parole de Dieu.

La sanctification vétéro-testamentaire n’est pas statique mais dynamique dans ce sens qu’elle est une expression de l’intervention divine ayant un effet sur notre état à ses yeux et sur nos rapports avec Lui; dynamique également puisque nous devons agir de notre côté. Ce dernier point est souvent le sujet d’une exhortation apostolique (à voir plus tard). Nous pouvons nous mettre à part pour Lui parce qu’Il nous a déjà mis à part pour Lui. Ceci est embryonique et illustré dans l’Ancien Testament, accompli et expliqué dans le Nouveau Testament.

b. Je vais résumer très brièvement la doctrine de la sanctification vue à travers les mots grecs. Une autre section traitera très largement de cette doctrine d’une autre façon Les réflexions suivantes résultent d’une étude des douze mots (281 versets): Hagiazô, hagiasmos, hagios, hagiotès, hagiôsunê, hagnizô, hagnela, hagnos, hagnotès, hosios, hosiotès, hosiôs.

1. Hagiazô est un verbe qui, employé au passif, signifie: rendre saint, être sanctifié c’est-à-dire, être mis à part, être séparé.
– Le Seigneur Jésus a été mis à part par le Père pour une tâche particulière, Jn. 10:36, ainsi le Père et le Fils ont le droit et la capacité de rendre saints ceux qui leurs appartiennent car tous les nés de nouveau par le Saint-Esprit (Jn. 3:3-8) sont sanctifiés, mis à part d’office pour Dieu, Ac. 20:32; 26:18; Héb. 2:11.
– Le converti a été définitivement mis à part pour Dieu par Jésus-Christ (I Cor. 1:2), la preuve étant l’offrande de Lui-même (Héb. 10:10, 14) dont le sang (Héb. 9:13-14; 10:29; 13:12) est la garantie véridique.

Ces deux premiers points soulignent le fait que par l’acte de Christ, le croyant reçoit une position, un statut et un standing: séparé. Rien ne peut changer cette situation aussi longtemps que Dieu accepte l’efficacité de l’offrande sanglante de son Fils. L’homme ne peut pas mériter cette position de mise à part du monde et de l’Enfer pour être avec Dieu. C’est un acte de grâce de la part de Dieu. Ce statut ne change pas et ne peut pas être amélioré. Il est aussi saint, frais et efficace à la fin de la vie qu’au début de la conversion. C’est une acquisition, un don garanti par Dieu. Il nous voit éternellement sanctifiés, mis à part. Du point de vue humain et pratique, le verbe montre qu’il existe quatre activités ou moyens qui permettent au converti de progresser dans sa séparation d’avec tout ce qui s’oppose à Dieu, que ce soit le monde, sa nature adamique, le diable :

a. Jésus enseigne que l’obéissance à la vérité (la Parole de Dieu, Jn. 17:17; Eph. 5:26; 1 Tim. 4:5) aide notre sanctification à se réaliser davantage dans le quotidien.

b. Paul souligne un autre moyen: l’activité du Père, 1 Thess. 5:23; Jn. 17:17.

c. Le Saint-Esprit est une garantie et un moyen pour notre sanctification, Rom. 15:16; 1 Cor. 6:11. Par une conduite biblique, l’individu appartenant à Dieu rend évidente sa sanctification, sa séparation du monde, 2 Tim. 2:21; 1 Pi. 3:15, à tel point qu’un partenaire sauvé dans le couple effectue une sorte de séparation bénéficiaire au partenaire perdu ainsi qu’aux enfants, 1 Cor. 7:14. C’est-à-dire que cela les aide à s’approcher de Dieu pour le salut éventuel.

Selon ce verbe, Dieu le Père en Jésus-Christ, par le moyen du Saint-Esprit, rend officiellement saint pour l’éternité chaque pécheur repentant et croyant. Rien de ce que peut faire le sauvé ne changera cela. La contrepartie humaine, c’est que le sauvé doit vivre « saintement sa sainteté » en obéissant à la vérité divine néo-testamentaire, en s’appuyant sur le Saint-Esprit, en mettant Christ dans la position de Seigneur, en se séparant de tout ce qui est vil.
2- Hagiasmos traduit l’effet de la consécration; c’est une séparation, une exclusion de ce qui est mal, mauvais. Voici des versets montrant cet effet:

– Le Saint-Esprit effectue une première sanctification, séparation du pécheur avant sa conversion pour le mettre dans une position favorable à l’acceptation du salut, 1 Pi. 1:2 (notez bien la chronologie de ce verset) garantissant ainsi l’actualisation de l’élection dans l’éternité passée, 2 Thess. 2:13.

– Le salut est l’actualité de la séparation, affranchissement vis-à-vis du péché qui permet que le sanctifié produise du fruit, Rom. 6:22. C’est en agissant avec justice que cette sanctification se concrétise, 1 Tim. 2:15.

– Le Seigneur Jésus-Christ est notre sanctification, 1 Cor. 1:30. En étant en Jésus-Christ, nous avons l’effet de la séparation du péché. Notre sanctification personnelle est la personne de Jésus-Christ.

– Cette séparation se manifeste par une conduite morale pure et stricte, laquelle correspond à la volonté de Dieu 1 Thess. 4:3, 4. La recherche constante de la volonté de Dieu est la clef pour accéder à cette conduite, Héb.12:14.

3. Hagios est le mot que l’on rencontre le plus souvent dans le nouveau testament( J’ai compté 218 fois) se référant à la sanctification. Il signifie séparé du mal donc consacré à Dieu pour son service. C’est l’opposé de profane. Reconnaissons d’abord ce qui est appelé saint (hagios):

a. Le nom de Dieu, Luc 1:49

b. Son alliance, Lc. 1:72

c. ses anges, Mc. 8:38; Ac. 10:22; Jude 14

d. les sauvés, Eph. 2:19; Col. 1:12; 1 Thes. 3:13

e. les prophètes de l’ancien testament, Lc. 1:70

f. les Ecritures, Rom. 1:2

g. la loi mosaïque, Rom. 7:12

h. le Saint-Esprit, Mat. 1:18; Rom. 15:13; 1 Cor. 2:13; 1 Jn. 2:20

i. le Fils, Jn. 6:69; Mc. 1:24; Ac. 4:27

j. le Père, Jn. 17:11

Ce mot est employé la plupart du temps au sujet de la troisième personne de la Trinité, puis au sujet des sauvés. En regardant attentivement ces versets, j’ai pu établir des catégories qui sont utiles pour la compréhension de la croissance et de l’équilibre dans la sainteté:

a. Ce mot hagiosdécrivant un état inflexible de séparation pour Dieu nous indique certains buts vers lesquels court le vrai converti:

– vouloir être saint en pratique, personnellement, vivre saintement, 1 Pi. 1:15,16; 2 Pi. 2:11; 2 Tim. 1:9; Eph. 5:3.

– vouloir que la communauté locale se dirige vers la sainteté, Eph. 2:21; 3:18. b. Ce mot nous indique quelques bases sur lesquelles notre sainteté conférée doit se développer:

– sur la base de la reconnaissance de la souveraineté de Dieu dont l’élection est la garantie, Eph. 1:4.

– sur la base de la sainte foi, le contenu doctrinal, la vérité divine, Jude 20; 1 Cor. 2:13. C’est-à-dire que notre croissance dans la sainteté, sur un plan pratique, se fera en accord avec les principes doctrinaux du nouveau testament ou elle ne se fera pas selon Dieu. Attention ! Il existe une piété chrétienne extérieure trouvant ses forces dans les efforts de la chair qui n’est pas du tout néo-testamentaire. Il faut une bonne connaissance biblique (la maturité) et un bon discernement par l’esprit (la spiritualité) pour éviter toute contrefaçon Ac. 17:11; 1 Tim. 4:16; 6:3; 2 Tim. 1:13; 2:15; 4: 3-4; Tite 2:1, sont les mots d’ordre sur la base de l’oeuvre constante en nous par le Saint Esprit, 1 Thes. 4:8; 1 Cor. 2:12.

Il nous remplit, Eph. 5:18; Ac. 4:8,31; 9:17; 13:2 Il nous éclaire sur les Ecritures et nous aide à les interpréter, Ju. 14:26; Héb. 10:15; 9:8; 1 Jn. 2:20; 2 Pi. 1:21; 1 Cor. 2:13.

Il nous maintient en communion les uns avec les autres, 2 Cor. 13:13; Jn. 14:17; Phil. 2:1. Cela signifie que Dieu n’a jamais voulu que la sainteté acquise par son Fils pour notre bienfait soit développée en dehors de la communauté locale. On progresse ensemble. Le saint solitaire est une anomalie et une difformité du « design » néo-testamentaire. Il est évident, en lisant les Actes, que la méthode apostolique consistait à réunir les chrétiens dans des églises locales. Pour que la méthode apostolique puisse se poursuivre à travers les siècles, Christ nous a pourvu d’hommes doués des dons essentiels pour le perfectionnement des saints, Eph. 4:11-12. Il nous parle et nous dirige, mais pour que cela soit possible, il est absolument nécessaire que le converti ne l’offense pas, Eph. 4:30. sur la base d’une participation de la part de chacun des convertis par l’engagement de sa volonté et de son énergie d’une manière pratique :

– En offrant à Dieu notre être entier comme un sacrifice saint (Rom. 12:1-2), c’est-à-dire en nous livrant quotidiennement et continuellement à Dieu pour qu’Il contrôle tout dans notre esprit, notre âme, et notre corps.

– En nous revêtant de toutes sortes d’attitudes chrétiennes pratiques, Col 3:12-17 et suivants. En priant par l’Esprit les uns pour les autres, pour la croissance de tous en sainteté, Eph. 6:18

b- Prier par l’Esprit signifie le laisser nous guider, nous indiquer les choses pour lesquelles nous devons prier. En exerçant l’hospitalité digne et généreuse, Rom. 16:2. En restant en contact intime avec les saintes Ecritures, Rom. 1:2, lesquelles contiennent le bon dépôt c’est-à-dire le vrai christianisme, 2 Tim. 1:13-14. Elles seules nous révèlent notre Dieu Tri-Un et nous forment, 2 Tim. 3:16-17. En continuant à vivre dans le couple avec le partenaire non-converti, le faisant ainsi bénéficier en quelque sorte de l’état de sainteté du partenaire sauvé et sanctifié, 1 Cor. 7:14. En étant prêt à faire partie du jury de l’église réuni en sorte de tribunal pour régler les disputes entre membres de l’église, et éviter ainsi un procès scandaleux devant le monde, 1 Cor. 6:1-8.

c- Ce mot hagios lui-même est une garantie que le né de nouveau est maintenant saint mis à part pour Dieu et qu’il apparaîtra saint dans le ciel Eph. 5:27; Col. 1:12; 1 Pi. 2:5-9. Ce sont deux vérités à accepter par la foi car la qualité de nos vies de chrétiens, la mienne et la vôtre, semble contredire à jamais ces réalités. Néanmoins il est indispensable de saisir une fois pour toutes l’enseignement biblique quant aux garanties de sainteté actuelle et future. Dieu Tri-Un garantit notre sainteté, mais notre obéissance aux poteaux indicateurs des bienfaits de cette sainteté la concrétise jour après jour.

4. Hagiotès n’apparaît que dans Héb. 12:10 où l’auteur met en évidence le fait que le but de Dieu pour le converti est la sainteté. Le moyen employé est la discipline ou le châtiment ponctuel approprié. Ce verset démontre que nous n’arriverons jamais ici-bas à un état de perfection absolue. Aussi longtemps que nous serons dans notre corps (véhicule de notre vie d’enfant de Dieu) nous aurons besoin d’être disciplinés. La discipline est une preuve que Dieu le Père s’occupe d’une manière pratique de notre croissance en sainteté.

5. Hagiôsuné signifie la manifestation de la qualité de sainteté dans la conduite personnelle dont la source est double:
– celle venant de « l’effort » du Seigneur pour faire croître son amour parmi les convertis de l’église locale, 1 Thes. 3:12-13. – celle venant de notre effort individuel pour la mise en pratique des promesses scripturaires ayant un rapport avec la conduite mora1epure au niveau du corps et de l’esprit, 2 Cor. 7:1.

6. Hagnizô signifie l’activité de nettoyer, d’enlever toutes les souillures et profanations morales ancrées dans le coeur, Jac. 4:8
– accrochées à l’âme, 1 Pi. 1:22.
– nous empêchant de vivre l’espérance de voir Dieu le Pur dans l’au-delà, 1 Jn. 3:3. Ces trois versets soulignent la partie humaine du processus de la sanctification en notant la nécessité d’agir avec résolution, de se soumettre à la vérité biblique,et d’espérer en la pureté finale.

7. Hagneia décrit un état de pureté, de non-contamination. C’est l’exclusion de toute impureté ds l’esprit, dans les manières, dans les actes, 1 Tim. 4:12; 5:2. Cela veut dire que la chasteté, la pudeur doivent être la façon avec laquelle on traite toutes les personnes, homme ou femme.

8. Hagnos signifie être exempt de souillure morale, 1 Tim. 5:22; Tite 2:5; 1 Pi. 3:2, car Dieu est totalement pur, 1 Jn. 3:3

9. Hagnotes est l’état correspondant à hagnos (Pt 7) 2 Cor. 6:6

10. Hosios signifie ce qui est religieusement correct, saint,ce qui est opposé à l’impie, au pervers. Celui qui est hosios est soigneux dans ses responsabilités, ses devoirs envers Dieu et envers son prochain. Il est intéressant de noter que la Septante emploie ce mot exclusivement pour Hãsd qui a le sens de saint caractérisé par le bon amour. Cette qualité d’amour saint qui incite le converti à accomplir ses devoirs de manière sainte envers Dieu et envers son prochain doit être présente:
– dans la vie de prière, 1 Tim. 2:8, ce qui correspond à prier sans haine, ni amertume, ni immoralité dans le coeur.
– dans la conduite extérieure quotidienne, Tite 1:8. car Jésus-Christ était hosios (Héb. 7:26). Il désignait le type de chemin que doivent suivre ses disciples.

11. Hosiotès est la qualité de sainteté qui se manifeste à travers ceux qui s’attachent à la vérité biblique néo-testamentaire, Eph. 4:24. Cela veut dire que le chrétien ne peut progresser en sainteté et en justice s’il ne suit pas les principes doctrinaux du Nouveau Testament. La vérité produit la sainteté que l’on peut constater, 1 Thes. 2:10 (hosis). En guise de brève conclusion, nous pouvons mettre en évidence:

– que le né de nouveau est saint devant Dieu grâce à l’oeuvre spéciale de chacune des trois personnes de la Trinité. C’est un acquis qui ne peut jamais être ôté.

– que le né de nouveau a le devoir de laisser le Saint-Esprit traduire cette sainteté en pensées, en paroles, en actes d’une façon concrète, en accord avec le Nouveau Testament.

– que le né de nouveau parviendra à entrer dans son héritage de sainteté absolue et parfaite lors de son entrée dans le ciel.

– que la voie de la sanctification et progressive.

– que la « sanctification entière » est une fausse doctrine, une hérésie si l’on considère l’enseignement du Nouveau Testament. Voici une illustration vécue par Joseph (Gen. 39:7-12) montrant l’emploi dans la pratique de trois des mots étudiés ci-dessus: Joseph tenté par la femme de Potiphar se montra hosios en respectant les liens du mariage existant entre Potiphar et sa femme, car il reconnaissait que le mariage, même entre païens, a été voulu par Dieu. Il se montra hagios en se séparant de cette femme, en fuyant la tentatrice. Il se montra hagnos en gardant son corps dans la pureté et la chasteté. Que chaque enfant de Dieu ressemble à Joseph !

Il est évident que cette étude ne couvre pas tous les mots grecs du Nouveau Testament touchant de près ou de loin la doctrine de la sanctification. J’ai traité de mon mieux l’essentiel. Les mots «parfait» et «perfection» seront traités plus tard dans une autre section.

La deuxième règle d’interprétation qu’il faut prendre en considération est la suivante: la doctrine de la sanctification ne peut être établie et ni même interprétée en fonction de l’expérience. L’expérience ne peut servir en aucun cas de base doctrinale pour la sanctification. Ceci va de soi lorsqu’on reconnaît:

– que la sanctification ou sainteté décrit la nature divine de Dieu. Dieu seul expérimente d’une manière originelle cette sainteté-là. C’est la sienne donc Lui seul peut nous la communiquer par le salut.
– que l’homme adamique n’a aucune idée de ce que peut être la sainteté, et qu’il ne peut expérimenter en lui même une sainteté qu’il n’a jamais eue.
– que l’homme régénéré ne peut prétendre vivre dans la perfection absolue car il porte en lui la nature corrompue d’Adam et la portera jusqu’à sa mort. Et surtout, il ne peut vivre l’infinie sainteté de Dieu.
– que la sainteté n’est pas uniquement extérieure. Elle ne se limite pas à ce que vous et moi pouvons voir chez les autres. Jésus avait affaire avec un tas de gens que ses contemporains jugeaient saints, alors que Lui disait d’eux qu’ils étaient corrompus de l’intérieur (Mc. 7: 21-23). C’est à Dieu qu’appartient le fait de juger du niveau de sainteté pratique et quotidienne de chacun. Quelqu’un qui se prétend entièrement saint, ne dit pas la vérité. Quelqu’un qui pense qu’un autre est parfaitement saint, se trompe.(Jér. 17:9)
– que la Bible doit interpréter, voire établir l’expérience. Jamais l’expérience ne doit dicter à la Bible ce que dct être sa doctrine quant à la sanctification. C’est malheureusement le cas dans le mysticisme moyen âgeux, dans le perfectionnisme wesleyen et moderne et dans les tendances ecclésiastiques se basant doctrinalement et expérimentalement sur lui. La seule expérience valable est celle qui est entièrement biblique néo-testamentaire. Cela veut dire qu’une sanctification basée sur la loi mosaïque est fausse et inopérante. Il sera aisé de prouver la réalité d’une expérience ayant Dieu le Saint-Esprit comme source en l’analysant à l’aide du Nouveau Testament.

3. La troisième règle d’interprétation saine quant à la doctrine de la sanctification est la suivante: Cette doctrine doit être en harmonie totale avec toute autre doctrine de la Bible. La logique d’une telle affirmation me parait si limpide qu’une élaboration détaillée me semble inutile. On ne peut garder une position erronée sur une doctrine sans que les autres doctrines subissent des conséquences néfastes. Les différentes doctrines ne sont que les rayons éclatés de la seule LUMIERE (VERITE DIVINE unie et indivisible) passant par le prisme de la Bible.

B LES TROIS ASPECTS MAJEURS DE LA SANCTIFICATION BIBLIQUE

Le Nouveau Testament suit l’Ancien Testament chronologiquement, thématiquement et doctrinalement. Il est donc normal que le chrétien construise sa doctrine sur la sanctification sur ce qui est révélé dans le Nouveau Testament, car la révélation y est complète et finale. Rien ne peut y être ajouté.

1. La sanctification positionnelle

C’est la sanctification et la sainteté accomplies par Dieu à travers l’oeuvre propitiatoire, expiatoire et rédemptrice du Fils, le seigneur Jésus-Christ. Nous avons déjà considéré précédemment le fait que Jésus Christ par l’offrande de lui-même à la croix, a payé le condamnation et la punition que tout être humain mérite. Le versement de son sang purifie, pardonne, rachète et sanctifie chaque né de nouveau par le Saint-Esprit. Le tout est de nature éternelle étant donnée l’éternité de Celui qui l’a accompli. Tout converti est sanctifié positionnellement; il occupe une position de sanctifié vis-à-vis.de Dieu, car il est en Christ. Cette position est immuable. Dieu Tri-Un s’y est engagé. Cette sanctification positionnelle est aussi parfaite que celui qui l’a créée. Il est sanctifié et nous le sommes en Lui. Elle est aussi parfaite pour le converti faible dans sa conduite que pour le plus fort, car tout dépend uniquement de l’union avec chaque personne de la Trinité effectuée au moment de la régénération spirituelle. Ainsi chaque croyant est considéré comme étant un saint, un sanctifié (Actes 20:32; Hébreux 10:10,14). La plus grande preuve que le né de nouveau le plus imparfait est aussi sanctifié positionnellement que le meilleur des saints, se trouve dans le fait que l’apôtre Paul appelle les chrétiens de Corinthe les sanctifiés (1 Cor. 1:2; 6:11) bien que leur conduite quotidienne ait été tout à fait condamnable et honteuse (1 Cor. 1:11; 3:3; 4:18; 5:1,2; 6:4,5; etc.).

Même si cette position de sanctifié est garantie et inviolable à tout jamais,le chrétien est dans l’obligation de vivre actuellement et continuellement cette sanctification dans le quotidien.

2. La sanctification expérimentale

C’est la sanctification vécue et réalisée de manière pratique par l’animation du Saint-Esprit. Cette sainteté est dissociée de la sainteté positionnelle en Christ dans ce sens que la sainteté expérimentale n’est pas garantie ni assurée automatiquement par notre position en Christ. Cette sanctification dépend:

a. du degré de soumission du converti à chacun des membres de la Trinité et à la Parole de Dieu. L’obéissance aux principes bibliques touchant la pratique de la vie de Jésus-Christ en nous est l’idée de base. Elle est accomplie par le ministère actuel et précis du Saint-Esprit. Lire Romains 6:22; 12:1,2.

b. du degré de détermination du croyant à se séparer du péché. C’est la force de la volonté qui compte. Nous décidons si nous voulons nous séparer des pensées et des actes du péché. Attention! ceci ne veut nullement dire que le chrétien peut vivre saintement par ses propres efforts. L’Eternel a déjà condamné une telle pensée dans Jérémie 17:5, car elle reflète un détournement du coeur vis-à-vis de Lui. Dieu a prévu trois aides pour prévenir le péché en nous:
– la Parole de Dieu, Ps. 119:11; Jn. 17:17.
– Les prières du Seigneur Jésus, Rom. 8:34; Héb. 7:25.
– La puissance du Saint-Esprit, Rom. 8:4; Gal. 5:16.
Ces trois aides « marchent » par la foi (Héb. 11:6) en accord avec la plénitude du Saint-Esprit. Quant à l’aspect pratique, le converti doit reconnaître constamment qu’il est mort au péché (Rom. 6:1-14) car tous les convertis sont morts au péché : c’est un fait ! (Gal. 5:24; Col. 3:3). Mais tous ne revendiquent pas les privilèges pratiques accordés par cette mort positionnelle en Christ.

c. du degré de la croissance spirituelle. L’apôtre Pierre exhortait les chrétiens à croître dans la grâce et dans la connaissance du Seigneur Jésus-Christ, 2 Pi. 3:18. L’apôtre Paul va dans la même direction, Col. 1:10; Eph.4:13-15; 2 Cor. 3:18. C’est une évolution progressive, car nous ne pouvons marcher que selon la connaissance que nous avons aujourd’hui et de cette connaissance dépend notre niveau de sainteté pratique. Mais nous savons que nous ne vivons pas aujourd’hui dans la lumière et la connaissance du Seigneur que nous aurons demain. Il existe donc une certaine perfection dans l’imperfection.

3. La sanctification parfaite

Il s’agit là de la sainteté parfaite et céleste qui sera la nôtre lorsque nous serons totalement conformes à l’image de Christ, Rom. 8:29-30; 1 Jn. 3:3; Eph. 1:18. La perfection, la sanctification parfaite est devant nous !
Dans la pratique, la sanctification est l’engagement actif de la justification dans la vie, 1 Jn;3:7.

B. LE SAINT-ESPRIT

Avant son départ, Jésus-Christ a promis à ses disciples quelqu’un d’autre ayant le même caractère divin que Lui qui demeurerait avec eux pour continuer son oeuvre, Jn. 14:26; 15:26-27; 16:8-15. Le livre des actes est l’accomplissement historique de cette promesse de la même façon que les épîtres en sont l’explication doctrinale et théologique.
L’esprit de Jésus, du Christ, du Seigneur (Rom. 8:9; Phil. 1:19; 1 Pi. 1:11; 2 Cor. 3:17-18) en désigne la qualité et peut-être même la source. En comparant les Actes et les épîtres on constate un change ment de direction dans l’accent mis sur l’Esprit: de l’emploi spectaculaire des dons extraordinaires, on passe à une vie intime avec l’Esprit en sorte que la vie chrétienne est le débordement de l’Esprit manifestant ses fruits (Gal. 5:22-23);. La sanctification est souvent décrite comme l’oeuvre du Saint-Esprit, Rom. 15:16; 1 Cor. 6:11; Eph. 4:30; 1 Thes. 4:7-8 2 Thess. 2:13; Gal. 5:16,18,25. Notez que la sanctification n’est pas négative dans-,-son essence (Jac. 1:27d) ni même un acte de discipline envers soi-même (2 Tim. 2:3-6). Elle est plutôt le débordement dans la vie de la personnalité et du caractère du Saint-Esprit. C’est son effort en nous et à travers nous. Parce qu’ils n’avaient pas compris ce point, beaucoup à travers les siècles, sont tombés soit dans l’ascétisme, soit dans le mysticisme, soit dans le perfectionnisme, maigres substituts de la vérité apostolique. Le nouveau testament enseigne que la sanctification est un processus (2 Pi. 1:5-11) qui ne se termine qu’à notre entrée dans le royaume éternel du Seigneur. Il n’enseigne nulle part que la sanctification, sur le plan de la vie pratique, soit le résultat d’une expérience soudaine, spectaculaire par laquelle la nature pécheresse est radiée, anéantie en nous.

C. LA THEORIE DE LA SANCTIFICATION ENTIERE OU LA PERFECTION SANS PECHE

Sur ce point, un effort sera fait pour tenter de couvrir aussi complètement que possible le thème de la perfection néo-testamentaire.
La quantité de mots existants, qui touchent de près ou de loin cette doctrine, est bien trop importante. Nous nous limiterons donc à l’étude de 14 mots précis: amemptos, amemptôs, artios, holoklros, katartizô, katartismos, katartisis, teleiôs, teleioô teleiötês, teleiotès, teleios, anenklêtos, amômos.

1. Amemptos Ce mot apparaît dans trois versets concernant la sanctification, Lc. 1:6; Phil. 2:15; 1 Thes. 3:13. Il signifie sans blâme, qui ne mérite pas de censure, exempt de tout défaut de toute faute. En regardant Lc. 1:6 dans son contexte, il est évident que l’évangéliste soulignait le fait que Zacharie et Elisabeth ne faisaient rien qui eût pu mériter un reproche quant à leur obéissance visible à la loi. Qu’ils n’étaient pas sans péché, n’en demeure pas moins évident, Le. 1:20, 77, 79. Paul dit que le chrétien qui ne se rebelle pas, qui ne murmure pas intellectuellement (sens de dialogismôn) contre Dieu est une personne irréprochable par rapport à ces deux péchés, car sa vie est en contraste total avec le monde pervers et dépravé qui l’entoure, Phil. 2:15. Dans 1 Thes. 3:13,Paul prie que le Seigneur les remplisse tellement d’amour fraternel qu’ils soient irréprochables devant Dieu dans ce domaine lors de l’avènement du Seigneur. Il est possible que, voyant un tel amour, Dieu dise: « Dans ce domaine-là, je n’ai rien à vous reprocher, non pas parce que vous étiez sans péché, mais simplement parce que l’amour du Fils existait et s’exprimait réelle ment en vous. »

2. Amemptôs Ce mot apparaît dans 1 Thes. 2:10 où Paul affirme que lui, Silas et Timothée ont eu une conduite à l’égard des Thessaloniciens en tous points en accord avec la parole de Dieu (sens de hosiôs, voir chap: IV ci-dessus) par rapport aux païens, qu’elle a été juste et sans reproche. Paul revendique une vie chrétienne normale pour eux. Il ne témoigne nullement ici, d’une vie sans péché, il prie le Dieu de paix d’oeuvrer parmi les chrétiens de façon à ce qu’ils puissent échapper à toutes critiques ou condamnations lors de l’avènement du Seigneur. C’était un souhait de la part de Paul. Cela ne veut pas dire que les Thessaloniciens aient atteint un niveau de perfection éternelle grâce à la prière de Paul. Celui-ci désirait tout simplement le meilleur pour eux.

3. Anenkletôs : Ce mot signifie plus qu’un acquittement; il représente surtout la non-existence d’une quelconque accusation. Ce point de vue n’est pas celui de pensées subjectives mais de faits réels. L’apôtre Paul emploie cet adjectif cinq fois:

– dans 1 cor. 1:8. Lorsqu’on connaît tous les péchés dont les corinthiens étaient coupables, la présence de ce mot dans le contexte est pour le moins surprenante! Paul affirme que Jésus-Christ agira de sorte que les convertis apparaîtront devant Lui sans qu’aucune accusation soit retenue contre eux. Comment ? Le verset nous dit que cela peut se faire parce que Christ a déjà enlevé toute accusation en payant pour elle à la croix. Jésus qui a commencé une bonne oeuvre, est capable de la mener à bien tout au long du parcours du croyant et ceci malgré les chutes. C’est une promesse qui concerne les droits du chrétien à la participation au jour du Seigneur.

– dans Col. 1:22. Ici, tout est d’une clarté exceptionnelle: la mort du Fils garantit que le sauvé sera présenté devant Lui sans qu’aucune accusation soit retenue contre lui (accusation qui pourrait être justifiée d’un point de vue humain). Il s’agit de la promesse de la perfection céleste.

– dans 1 Tim. 3:10. Paul exige que ceux qui sont diacres, ou plutôt susceptibles de l’être, avant d’être consacrés, soient exempts de tout blâme légitime réel. Ici, nous avons la confirmation que le chrétien peut vivre de telle manière en Christ, que les hommes ne puissent trouver aucune raison de l’accuser de quoi que ce soit.

– dans Tite 1:6 et 7. Paul exige que l’ancien soit irréprochable et donc inaccusable, surtout dans les domaines dont il est question dans les versets 6 à 9. Tout ceci pour dire que le chrétien doit mener une vie en christ qui soit exemplaire. Cependant, même si l’on y trouve des imperfections, jamais personne ne pourra brandir un blâme entre le chrétien et Christ, car la mort de Jésus empêche à tout jamais une telle possibilité. Amen!

4. Amomo Ce mot grec signifiant : sans tache, a été employé dans la LXX comme un mot technique désignant l’absence de tache dans un sacrifice; tache qui aurait pu l’empêcher de devenir une offrande. Il a été également employé dans le domaine de l’éthique, Ps. 119:1; Prov. 11:5, de celui qui marche correctement avec Dieu. Dans le Nouveau Testament, ce mot est traduit de différentes façons:

– irrépréhensible, Eph. 1:4; Col. 1:22; Jude 24; Apo. 14:5

– sans tache, Eph. 5:27; Héb. 9:14.

– sans défaut, 1 Pi. 1:19 (à propos de Jésus-Christ)

En employant ce mot, les quatre auteurs néo-testamentaires soulignent le but à atteindre: une moralité pure pour chaque individu et donc pour la communauté locale entière. Le Seigneur Jésus nous a sauvés pour que cela arrive. Les apôtres oeuvraient dans ce sens (voir Col. 1: 24-29). A nous de vivre de telle façon que ce soit le cas quotidiennement. de toutes façons, c’est l’oeuvre propitiatoire et expiatoire de Jésus-Christ qui nous garantit que ce but sera accompli, c’est-à-dire que nous nous présenterons devant Dieu dans le ciel sans tache (Apo. 19: 7-8). Ce n’est pas une éventualité mais une certitude!

Ce mot n’enseigne donc nullement une sanctification entière style Wesley, selon laquelle nous aurions une expérience ici-bas, nous immunisant contre la possibilité de pécher à nouveau.

5. Holoklerôs Ce mot souligne ce qui est complet en intensité et en étendue, en portée. C’est un terme touchant plus à la quantité qu’à la qualité. Il se trouve dans:

– 1 Thes. 5:23 où Paul prie pour que les convertis (chacun en tant que tout, en tant qu’état complet) restent non affectés par le mal sous tous ses rapports (corps, âme, esprit). Cela doit être le souhait le plus cher pour soi même et pour tous dans l’église locale.

– Jacq. 1:4 où l’auteur révèle que les épreuves (versets 2,3) ont pour but, sous la protection de Dieu, de nous faire atteindre une telle patience que nous soyons accomplis c’est-à-dire que le résultat de l’épreuve soit que nous possédions le maximum de patience; ainsi nous serons accomplis. Il est évident que ces deux versets n’enseignent pas du tout le perfectionnisme. Lorsque l’épreuve commence, notre coupe (notre capacité de résistance et dans le cas présent de patience) est vide. Au fur et à mesure que l’épreuve se développe, nous avons par notre réaction sainte, le privilège de voir notre coupe se remplir de patience. Que la coupe soit pleine à la fin d’une épreuve, ne signifie nullement qu’elle le sera toujours lorsque surviendra l’épreuve suivante. Ce n’est en aucun cas une garantie. Aussi longtemps que nous aurons à subir des épreuves, il existera deux types de réaction: refuser que la coupe s’emplisse à ras bord ou l’accepter. Ainsi la perfection est toujours présente de façon ponctuelle. Elle n’est jamais continuelle ni garantie. A chaque épreuve, tout est à recommencer. On a « du pain sur la planche » jusqu’à notre dernier souffle. Que les perfectionnistes se réveillent et voient à quel point leur théorie est erronée! Il ne faut cependant pas que l’épreuve soit considérée comme un fardeau à hair. Elle est un défi et l’occasion de laisser le potier céleste (Jér. 18:6) nous modeler selon l’image de son Fils (Héb. 5:8). Oh! combien de fois ma coupe est restée désespérément vide! Je me suis opposé à la volonté de Dieu! Plus t6t le converti apprendra le principe biblique élaboré dans jacques 1:2-4, moins il sera frustré et plus il sera préparé à laisser le Saint-Esprit oeuvrer en lui, c’est-à-dire remplir sa coupe. Qu’il en soit ainsi!

6. Artios: En grec classique, ce mot signifie : approprié, pertinent, convenable, apte; en mathématiques, il représente ce qui est droit (une ligne) et des nombres pairs. Il se trouve une seule fois dans le Nouveau Testament. Dans 2 Tim. 3:17, Paul précise que les Ecritures (v. 16) agissent si efficacement dans la vie d’un chrétien soumis à ses enseignements que celui-ci parviendra à atteindre un état où il sera apte à accomplir la tâche qui se présentera à lui à un moment précis. Ce terme est plutôt fonctionnel. Si le chrétien obéit aux Ecritures, il sera rendu artios, efficace pour l’oeuvre qu’il a à accomplir. Il n’existe aucune idée de perfectionnisme dans ce verset.

Mais il existe un problème venant du fait que Wesley utilisait la King James Bible (1611) version qui se fiait au document D (nommé Bezae Cantabrigiensis V-VI siècle) qui utilisait le mot teleios qui est traduit par « perfect » (parfait) dans The King James Bible.

Les autres manuscrits ont artios; une erreur grave s’est donc introduite dans les réflexions perfectionnistes: la perfection serait, selon l’interprétation wesleyenne, à notre portée. Mais le coup fatal que l’on peut porter à la traduction du mot par perfect, parfait, réside dans le fait que même teleios ne signifie pas parfait au sens wesleyen (voir plus loin). Dans ce même verset, 2 Tim. 3:17, apparaît le seul emploi du verbe exartizô ayant la même racine que artios et se traduisant par : ayant été complètement équipé, apte à toute bonne oeuvre. Ce verset met en valeur de manière frappante combien les Ecritures sont importantes pour l’oeuvre de Dieu. Si l’individu n’est pas rassasié d’elles, il ne parviendra pas à travailler avec efficacité à l’oeuvre qui lui sera confiée par le Seigneur.

7. Katartizô Ce mot appartient à la même famille qu’artos (voir ci-dessus). Il apparaît sept fois dans le cadre de cette étude. Son emploi dans Mat. 4:21 (réparer des filets) Héb. 11:3 (formé, établi), Héb. 10:5 (formé), Rom. 9:22 (formés, préparés) nous révèle clairement le sens à employer.

– Dans Luc 6:40, Jésus dit que le disciple formé ou préparé, accompli, est en train de devenir comme son maître (voir Héb. 5:8; 1 Pi. 2:21).

– Dans 1 Cor. 1:10, Paul exhorte les chrétiens à être d’accord entre eux quant à leur langage sur les doctrines, les façons d’agir; ainsi, ils seront restaurés selon leur condition antérieure dans leurs pensées et dans leurs buts. c’est-à-dire que Paul les encourage à retrouver leur situation spirituelle antérieure aux schismes, et qui était bonne. La traduction de Segond passe à côté du sens, en revanche, je vous conseille de consulter la note correspondant à ce verset dans la version Darby. Paul voulait que les chrétiens de Corinthe retrouvent une vie communautaire normale Une fois de plus, il n’y a là aucune idée de perfection.

– Dans 2 Cor. 13:11, (la traduction Segond y est horrible) Paul exhorte à être « restaurés, rétablis, réparés » (en reprenant l’image de réparer des filets -Mat. 4:21-). Le fait que ce verbe soit un impératif présent passif souligne la nécessité dans la pensée de Paul qu’il soit donné à la communauté une harmonie bien articulée et fonctionnelle. Ici, il ne s’agit pas de sanctification individuelle. Paul veut qu’ils acceptent la réalité qu’ils ont besoin d’être « restaurés » spirituellement. La force et l’accomplissement pour y parvenir viendra sur eux. Comment ? Tout simplement en laissant Dieu, le Dieu d’amour et de paix, imposer l’unité (Jn. 17: 21-23) et les bénédictions qui sont déjà leur possession (Eph. 1:3). Pas de perfectionnisme ici.

– Dans Gal. 6:1, la traduction de la version Segond est excellente.

– Dans 1 Thes. 3:10, il en va de même.

– Dans Héb. 13:21: traduire par : capables, équipés, formés.

– Dans 1 Pi. 5:10, Pierre exprime son assurance que le Dieu de toute grâce les restaurera, les réparera après la période de persécutions et de difficultés par lesquelles ils sont en train de passer. C’est une promesse de reconstruction,.de retour à une condition de vie normale Pierre n’enseigne pas du tout que Dieu va les rendre totalement sanctifiés, sans péchés. Dieu les réparera après les déchirements et la destruction de la persécution.

8. Katartisis Appartient au même groupe que 6,7 ci-dessus. La seule référence est 2 Cor. 13:9 où Paul souhaite que les chrétiens soient en «pleine forme» spirituelle, que tout marche bien, qu’ils soient dans un état spirituel normal.

9 Katartismos La seule référence se trouve dans Eph. 4:12. Paul y enseigne qu’un certain groupe d’hommes doués a été mis à l’oeuvre dans le corps de Christ pour l’équipement, la formation des saints, de façon à ce qu’ils se mettent au travail pour le Seigneur.

10 Teleioô Ce verbe que nous verrons quatorze fois, a plusieurs nuances, mais le sens de base est « conclure, faire terminer » par l’action de compléter, de parfaire; faire complètement, atteindre le plus haut niveau, amener à la maturité, mener à bonne fin, réaliser. Ce verbe exprime surtout le but vers lequel marche le converti L’emploi du verbe par:

a. l’apôtre Jean

– dans l’évangile, 17:23, Jésus prie que les siens soient parfaitement (complètement, totalement, réellement) un. Et nous le sommes par le fait que Jésus-Christ est en chacun de nous, et chacun de nous en Lui. Ainsi nous sommes tous un les uns avec les autres. Le temps du verbe indique un état permanent comme but et comme résultat. C’est fait; le résultat est déjà garanti. Nous n’avons rien à faire.

– dans 1 Jn. 2:5, l’apôtre souligne le fait que l’obéissance à la parole de Jésus, donc du nouveau testament, est le moyen par lequel l’amour de Dieu nous amène à la maturité, nous complète, nous pousse vers la plus haute marche de la vie chrétienne.La perfection wesleyenne n’est pas enseignée ici, la preuve réside dans le fait qu’absolument personne n’est à 100% obéissant à toute la parole de Dieu à chaque instant de sa vie. L’amour de Dieu est en nous par le Saint-Esprit (Rom. 5:5) au moment de notre conversion. Or, cet amour se développe (sens de 1 Jn. 2:5) au fur et à mesure que nous développons l’obéissance à la parole de Dieu.

– dans 1 Jn. 4:12, l’apôtre enseigne que chaque fois que le converti aime, l’amour de Dieu est complet, atteint, mûr dans le contexte du moment. Autrement dit, en aimant, le converti réalise complètement, parvient au sommet de ce que Dieu attendait de Son amour dans une circonstance donnée. Or, les circonstances changent et se succèdent donc l’amour de Dieu en nous aura encore bien des occasions de se parfaire sur le plan humain et pratique.

– dans 1 Jn. 4:17 et 18, l’apôtre met en évidence que l’amour de Dieu en nous (nous permettant d’aimer) atteint son but, nous mène à la maturité, ainsi nous n’avons pas à craindre le jour du jugement. Dans ce contexte (v. 16) l’amour de Dieu est atteint lorsque nous demeurons présentement et continuellement dans son amour, et son amour demeure continuellement en nous. Notre confiance en Dieu et en son amour est la preuve que notre amour est complété, pleinement développé, mûr. La compréhension des versets 17 et 18 est rendue difficile par le fait que Segond met la phrase « tel il est… ce monde » au début du verset 17, lorsqu’en réalité, le grec la place après les mots « au jour du jugement ». En mettant la phrase au bon endroit, le lien entre le verset 17 et le verset 16 devient limpide, et nous pouvons mieux saisir le sens du verset 17. Les chrétiens ressemblent au Christ et à son caractère tels qu’ils sont actuellement et éternellement. Jésus est Fils, nous sommes des fils; Il est aimé, nous sommes aimés. Il appelle Dieu « Père », nous l’appelons « père ».

b. l’apôtre Paul

dans 2 Cor. 12:9, la traduction Segond est exemplaire et donne exactement lesens du verbe grec. Dieu achève et manifeste sa puissance lors de faiblesses physiques de Paul.

dans Phil. 3:12, l’apôtre enterre définitivement la théorie wesleyenne de la perfection. Il est intéressant de noter que Paul écrivit cette lettre vers la fin de sa vie. En réfléchissant sur la totalité de sa vie jusqu’à ce moment, Paul admettait que l’ultime marche n’était pas encore atteinte; sa perfection morale et spirituelle n’étaient pas encore accomplies, pas totalement réalisée; MAIS il allait continuer sa course et grimper encore.

c. L’auteur de l’épître aux Hébreux dans Héb. 2: 10,

l’auteur nous explique que pour que Jésus soit humainement qualifié de prince sauveur des sauvés, Dieu a du le faire passer par des souffrances dont la dernière fut celle de la croix. Lorsque notre prince s’écria « tout est accompli » en parlant de l’oeuvre propitiatoire et expiatoire, Il a été parfait. Il a été rendu parfait de façon parfaite dans son humanité car Il a été totalement obéissant à la volonté de Dieu. Amen! Si quelqu’un ici-bas, dans son humanité adamique a l’intention d’atteindre la perfection humaine, il faudrait qu’il suive totalement le chemin de Jésus! Celui qui pense être parfait ou qu’il parviendra à la perfection un jour ici-bas, suppose qu’il est en train d’agir comme Jésus a toujours agi!

– dans Héb. 5:9, nous revenons à l’idée de2:10. Le temps du verbe dans 5:9 souligne l’aspect final de la formation, de la course vers la maturité humaine de Jésus. Il est arrivé à la fin du processus de la perfection en deux temps: à la croix puis à l’intronisation de son humanité glorifiée dans le ciel. Voir aussi 7:28b (qui avait été rendu parfait)

– dans 10:14, l’auteur met en évidence que le pécheur repentant et croyant a été sanctifié (mis à part) par l’offrande de Jésus-Christ à la croix et tous les saints ont été simultanément rendus parfaits à cet instant et pour l’éternité. Le temps du verbe signifie que l’acte a été accompli une fois pour toutes mais que les effets continuent.

– dans 11:40, l’auteur révèle que Dieu a prévu la perfection pour tous ses enfants, ceux de l’ancien testament et ceux du nouveau testament. Pourtant, Il a établi un ordre chronologique: ceux qui sont morts sous l’ancienne alliance doivent attendre pour entrer dans les gloires millénaires que les chrétiens bénéficiant de la nouvelle alliance soient passés par la résurrection comme Jésus. Pour que tout le monde arrive à la perfection, il fallait la mort et la résurrection de Jésus.

– dans 12:23, l’auteur enfonce un clou de plus dans le cerceuil du perfectionnisme en précisant que chaque chrétien à sa conversion est approché de tous ceux morts en Christ, lesquels sont déjà introduits dans la perfection par l’arrivée au ciel. La perfection de façon pratique est céleste. Elle n’a été terrestre qu’une seule fois, c’était en Jésus-Christ. d. Jacques

– dans 2:22, le demi-frère du Seigneur Jésus précise que la foi salvatrice est rendue parfaite (démontrée vraie, allant vers la maturité) par les oeuvres; la foi en travaillant se fortifie, se peaufine. Le temps du verbe montre que chaque oeuvre de la foi est un coup de pouce vers la perfection, donc chaque manifestation pratique et bienfaisante de la foi est extrêmement importante. La foi s’améliore par l’activité chrétienne, quelle qu’elle soit. aussi longtemps que la foi aura besoin de s’exercer, la vie morale et spirituelle aura, elle, besoin d’être davantage perfectionnée. La perfection parfaite se trouve donc toujours devant nous.

11. Teleios Voilà le mot clef de toute cette étude ! En saisissant le sens et l’emploi du mot dans le Nouveau Testament, une conception adéquate et équilibrée formera la base d’une vie chrétienne stable, utile et joyeuse. Ce mot signifie selon le contexte, entier, complet, atteignant la limite des capacités professionnelles, actualisé, amené jusqu’au bout, adulte, mûr, uni (non-divisé), totalité. Dans le sens naturel, il signifie l’adulte qui a atteint les limites possibles en stature, force et capacité intellectuelle. C’est la croissance terminée dans tous les domaines Dans le domaine de l’éthique, c’est celui qui est parvenu à atteindre son but moral, c’est-à-dire ce pour quoi il est destiné: être un homme en Christ et non pas un enfant. Il est vrai qu’en atteignant un certain plateau de perfection, on verra que le chemin continue de monter vers d’autres cimes, et ceci jusqu’au départ pour le ciel. Celui qui croit qu’il est parfait ou qu’un autre l’est est myope et anti apostolique (Phil. 3:12). En celui qui est teleios les qualités, les fruits du Saint-Esprit sont constamment en progression vers plus de maturité et de spiritualité.

a. Dans Matthieu 5:48 (c’est un verset clef pour le perfectionniste), le disciple de Jésus est exhorté, promis (le temps du verbe permet ce double sens) à être comme son père céleste qui est parfait. L’idée étant tel père, tel fils. Tout le monde est d’accord, j’espère, lorsqu’ il est proposé que la perfection du Père céleste est éternelle, absolue, unique, essentielle à sa nature et son caractère divins. Cette perfection-là est inimitable par définition. Il est donc évident que Jésus ne demande pas à son disciple de devenir éternellement et divinement parfait. Ce serait comme lui demander de devenir membre de la Trinité! Que veut dire Jésus? Il me semble que la réponse se trouve dans le contexte (versets 43-48). La preuve en est l’emploi de la conjonction grecque (y. 48) (oun) signifiant que le verset 48 tire la conclusion des versets précédents. Nous pouvons la traduire par « ainsi » « en conséquence ». Dans les versets 43-44, Jésus enseigne que son disciple doit aimer ses ennemis et persécuteurs et prier pour eux. en agissant de cette façon, le disciple révèlera le dessein céleste: montrer le caractère du Fils de Dieu. Le disciple qui aime, démontre qu’il est devenu quelqu’un ayant le caractère d’un fils de Dieu (verset 45a). Dans les versets 4 et 47 Jésus renforce son enseignement des versets 43 et 44 en employant une autre méthode (une déclaration, y. 45b, puis 4 questions, vs 46-47), mais Il termine pratiquement de la même façon dans le verset 48 que dans le verset 45a. Si l’accent dans le verset 45a est mis sur la relation père-fils, dans le verset 48 ii est mis sur leur ressemblance de caractère. Celui qui agit de la même façon que Dieu le Père en montrant de l’amour, de la bonté, celui là sera parfait: bon et plein d’amour (y. 48). Par l’amour, la bonté atteint un niveau d’excellence extraordinaire. Voilà la ressemblance entre le Père et un fils disciple. Mat. 5:48 n’enseigne pas le perfectionnisme, et les versets 4,6,22,23,29 fournissent encore des preuves que Jésus n’est pas en train d’enseigner le perfectionnisme.

b. Dans Mat. 19:21, Jésus répondait au jeune homme riche que s’il voulait être considéré comme bon (versets 16-17) ou parfait aux yeux de la loi, il devrait se séparer de tout ce qui l’empêchait d’avoir un coeur entier pour Dieu. Les versets 22-23 en montrant la raison profonde de la réaction du jeune homme, mettent en évidence qu’ une des significations de telelos (non-divisé, entier) explique exactement ce que voulait Jésus: « jeune homme la seule façon d’être considéré comme bon, parfait et entier par Dieu, c’est de vous débarrasser de l’idole que sont vos possessions. ».

c. Dans Rom. 12:2, le mot « parfait » ne pose aucun problème, car il s’agit là de la volonté de Dieu: elle est parfaite. tout ce qui est entièrement en accord avec la volonté de Dieu est parfait. La volonté de Dieu (sa découverte par l’effort des versets 1-2) est l’actualisation de la perfection. Le sens absolu n’a rien à voir avec la formation du caractère du converti dans sa nouvelle nature. Perfection = Volonté de Dieu.

d. Dans 1 Cor. 2:6; 14:20; Phil. 3:15, l’apôtre donne au mot le sens de mer, maturité. Lorsqu’on considère que les chrétiens de Corinthe étaient loin d’être sans péché, il est évident que Paul ne parlait pas de perfectionnisme. Dans Phil. 3:12, Paul affirme qu’il n’est pas parvenu à la perfection, donc dans Phil. 3:15, ii parle de son niveau de maturité.

e. Dans Eph. 4:13, Paul parle du corps de Christ parvenant à la maturité voulue (« homme fait ») par l’oeuvre des hommes doués pour la formation de tous. Il est nécessaire de souligner le fait que Segond emploie le mot « parfaite » dans ce verset: c’est une erreur,car le mot teleios ne s’y trouve pas, mais c’est le mot correspondant à plénitude. Dans Col. 1:28, Paul décrit le but de son ministère comme étant celui de présenter dans un état de maturité, d’adultes, ceux avec qui il a travaillé. La traduction « parfait » est malheureuse (elle se trouve dans la version Segond), surtout lorsqu’on considère que Paul lui même déclarait ne pas avoir atteint la perfection(Phil. 3:12). Ainsi, il ne pouvait pas assurer les chrétiens qu’ils deviendraient parfaits, sans péché. Il pouvait cependant, les présenter dans un certain état de maturité.

f. Dans Héb. 5:14, la traduction « hommes faits » (adultes, mûrs) est la seule valable. Ceci pour plusieurs raisons:

– dans 5:11-13, l’auteur montre l’état spirituel encore enfantin des destinataires de la lettre. Il établit le contraste avec des adultes spirituels dans le v. 14.

– l’idée de maturité, de capacité adulte est soutenue à l’intérieur du verset 14, car il parle du processus de la croissance spirituelle à partir du mot jugement, mal.

– en réfléchissant sur le contenu du livre et la difficulté qu’avaient les destinataires à saisir la vérité messianique-méichisédéchienne, il est clair qu’ils n’étaient pas du tout parfaits.

g. Dans Jacques 1:4, l’auteur met en évidence que la patience est une enseignante travaillent pour que celui qui subit les épreuves grandisse, qu’il réagisse de manière adulte face à ces épreuves. Par là-même, la patience parfait le converti. Et dans 3:2, Jacques souligne que celui qui est capable de contrôler sa langue est une personne mûre, adulte. La personne immature dit ce qu’elle pense, comme elle le pense et quand elle le pense. Le livre des Proverbes décrit suffisamment celui qui parle trop et trop vite. Celui qui contrôle sa langue est quelqu’un de réfléchi.

h. Dans 1 Jn. 4:18, celui qui est plein d’amour, qui ne manque pas de maturité dans le domaine de l’amour, n’aura pas peur au jour du jugement. L’amour mûr et adulte est celui qui saisit et comprend de manière réfléchie la nature de l’amour de Dieu pour nous et en nous. Cet amour là est en paix avec le Père.

12 Teleiotès Ce mot décrit un état accompli par rapport au début; le niveau au-dessus duquel un homme ne peut aller. Dans Col. 3:14, Paul exhorte les convertis à ajouter une qualité qui est la démonstration d’un progrès exceptionnel: l’amour de Dieu. C’est la couronne des vertus chrétiennes. L’amour est le lien qui maintient toutes les autres qualités ensemble. Il est le lien singulaire. L’amour dénote les progrès dans la vie chrétienne. Dans Hébreux 6:1, l’auteur s’exhorte lui-même ainsi que ses lecteurs à aller de l’avant vers l’état d’hommes faits mûrs et adultes (5:14) qui est l’opposé de l’état enfantin du verset 13.

13 Teleiôs est employé de manière adverbiale dans 1 Pi. 1:13 signifiant »entièrement », donnant ainsi « espérez entièrement, sans faille ».

14 Teleiôtès Ce mot apparaît pour la première fois dans Héb. 12:2. Jésus y est présenté comme l’origine, l’auteur, de notre foi. Celui qui la rend parfaite, qui la peaufine. C’est Lui qui travaille notre foi comme un potier, un artisan travaillent la matière, un objet.

D CONCLUSION

La vérité est toujours stimulante et elle est un encouragement sûr pour le chrétien qui veut suivre le chemin apostolique. C’est ce chemin qui nous mène vers l’état d’hommes faits, mûrs et adultes. Selon l’enseignement de celui qui est Roi, Messie, Sauveur et Seigneur, dans Matthieu 5:48, le vrai disciple, selon le contexte du chapitre 5, doit montrer de bonnes attitudes d’amour acceptables pour Dieu, c’est-à-dire un amour impartial envers amis et ennemis comme l’est celui de Dieu. Jésus explique que la conduite responsable et parfaite est celle qui se conforme au dessein de Dieu. L’emploi du futur dans 5:48 indique simplement l’obligation morale d’avoir un comportement qui soit acceptable par Dieu, car la perfection absolue, identique à celle de Dieu est une impossibilité à cause même de la nature de Dieu. Mais les Montanistes (2°siècle) dont Wesley dit dans son Journal en date du mercredi 15 août 1750, qu’ils étaient « de vrais chrétiens scripturaires… « , les Montanistes donc, n’ayant pas saisi cette vérité élémentaire enseignaient que les hommes pouvaient devenir des dieux (tiens! ça me rappelle Gen. 3:5). Pire encore! Pendant les 12° à 14° siècles, les Albigeois se bornaient à dire que l’esprit humain est capable de se libérer de la chair pour devenir essentiellement et réellement un avec Dieu. Plus tard, les frères de l’Esprit Libre croyaient que l’homme pouvait s’avancer à tel point dans la perfection qu’il pouvait même dépasser Dieu!!! A ce moment-là, Dieu devient superflu! Un groupe appelé English Ranters, en a logiquement déduit mais de façon erronée que l’homme rendu parfait ne peut plus pécher.

Sommes-nous prêts à admettre maintenant qu’à partir du moment où l’on interprète incorrectement un passage biblique, on devient capable de tomber dans n’importe quel type d’hérésie? Qu’il soit reconnu par tous que l’interprétation grammaticale, historique, linguistique et culturelle sous l’inspiration du Saint-Esprit est la base sur laquelle est construite toute théologie doctrinale saine et sainte. Doctrine qui fait s’épanouir la vraie vie spirituelle adulte agréée par là Trinité. Par l’étude biblique que nous avons faite (à partir du chapitre IV, ci-dessus), nous avons pu découvrir, en laissant le texte originel s’exprimer, que les auteurs apostoliques employaient les quatorze mots, avec des nuances différentes, pour cerner l’idée de perfection. Pour aucun des auteurs, l’ idée développée à travers les quatorze mots ne contient jamais l’idée d’une perfection sans péché (« sinless perfection ») du chrétien pendant son pélerinage terrestre. Ils décrivent néanmoins une forme de perfection:

– soit comme une relation avec Dieu libre de toute espèce d’entrave.

– soit comme une obéissance de tout coeur à la volonté de Dieu

– soit comme un amour pleinement développé.

– soit comme une maturité avancée en Christ vers laquelle marche le disciple avec le plus grand sérieux et la plus grande joie.

CHAPITRE VI

INTERPRETATION DES SEIZE VERSETS CLEF DE LA THEORIE WESLEYNNE SUR LA SANCTIFICATION

A INTRODUCTION

Cette section me paraît importante pour différentes raisons. Il faut montrer de manière absolue et définitive que la base théorique wesleyenne n’est pas biblique. Et ceci malgré le fait que John Wesley ait utilisé la Bible pour la construire. Si l’on ne sort pas à la rencontre de l’adversaire, il croit qu’il a raison, qu’il est le plus fort et que nous n’avons pas d’argument. valable à lui opposer. Discuter les seize versets ne me gêne absolument pas, car les erreurs wesleyenne sont faciles à démontrer, mais difficiles à admettre par ceux qui considèrent que cette pensée est bonne.

B ETUDE DES SEIZE VERSETS

Voici une étude des seize versets sous forme de discussion entre un perfectionniste et moi-même.

1) Deut 30:6
– Ce verset parle du fait que celui qui a le coeur circoncis aimera Dieu de tout son coeur et de toute son âme, donc il existe une possibilité, voire même une responsabilité d’aimer Dieu : on peut aimer Dieu de toute son âme

– Réponse
Avant toute chose, il faut tenir compte du contexte de tout ce chapitre. L’Eternel s’adresse à Israël, dans le désert, avant son entrée dans Canaan, et pas à l’Eglise. Il leur parle de la loi (30:2). Je ne conteste en aucun cas le fait que le croyant doit aimer Dieu, mais le chrétien (nom du croyant du Nouveau Testament) aime Dieu à cause de Son amour répandu dans son coeur par le Saint-Esprit (Rom. 5:5) et non à cause d’un commandement imposé aux juifs à Sinaï. L’Ancien Testament commande l’amour pour l’Eternel Père. Le Nouveau Testament annonce constamment l’amour de Dieu pour nous et accepte comme un fait normal que le converti aime tout à fait normalement son Dieu, le Père. Le Nouveau Testament commande surtout d’aimer les autres. Il faut noter également les circonstances futures (millénaires) où le verset 6 sera accompli. Israël sera ramené dans son pays (v. 5) pour le posséder après sa repentance (v. 2) et sa conversion. L’Eternel promet que la nation mettra en pratique tous ses commandements qu’elle sera comblée de biens et qu’elle sera l’objet du plaisir de l’Eternel (versets 8-9). Rien de cela n’a jamais été accompli. Or, tout s’accomplira en Israël pendant le millénium. En lisant ne serait-ce qu’Esaïe à partir du chapitre 40, on peut découvrir au moins 23 conditions détaillées qui sont seulement effleurées dans Deutéronome 30. Il faut souligner qu’aimer de toute son âme dépend d’une obéissance totale à toute la loi (versets 2,8,10), ce que personne n’a jamais fait (Rom. 3: 19-20,23,9-10). Il faut mettre en évidence que 30:6 donne comme but « afin que tu vives », or, le chrétien vit par Jésus-Christ, et non par ses efforts humains. Deut. 30:6, c’est la loi, le légalisme et non le moyen de la sanctification ! L’interprétation wesleyenne qui prône Deut. 30:6 comme un verset à mettre en pratique, garantissant ainsi la sanctification, est erronée pour des raisons contextuelles, dispensationnelles et grammaticales.

2) Psaumes 130:8 Le psalmiste affirme que l’Eternel rachètera Israël de toutes ses iniquités. Mais l’accomplissement historique à la croix (Héb. 9:26; 2:9) pour toute l’humanité n’est nullement une promesse selon laquelle péché sera effacé de nos vies. Le rachat est le début de la sanctification pratique, mais surtout la garantie de la sanctification positionnelle et éternelle. L’entière sanctification wesleyenne ne trouve pas d’appui dans ce verset. :

3) Ezechiel 36: 25-29 L’Eternel promet de purifier dans l’avenir Israël (v. 22) et de mettre un esprit nouveau dans la nation.

– réponse
On est bien d’accord qu’il faut l’Esprit pour vivre une nouvelle vie et qu’il faut l’Eternel pour nous purifier de toutes nos souillures. Mais de là à penser que la promesse « je vous délivrerai de toutes vos souillures est une promesse de sanctification entière ! C’est commettre une grave erreur d’appréciation:

– L’Eternel s’adresse à Israël en tant que nation (v. 22) rassemblée de sa dispersion (v. 24). Dispersion existante encore aujourd’hui: la promesse n’a donc pas encore été accomplie !

– L’Eternel attache des promesses matérielles à la promesse spirituelle (vs 28a, 29b, 30, 33, 34-35, 38). Or, il est notoire que depuis toujours, la grande majorité des chrétiens (nés de nouveau depuis la croix) a été pauvre et continue de l’être encore aujourd’hui. De nos jours, cette majorité vit dans le Tiers et le Quart Mondes.

– La purification dont parle l’Eternel (v. 25, 29a) est spirituelle. Ces versets ont plutôt rapport avec la justification qu’avec la sanctification wesleyenne.

– Le verset 27 parle d’obéissance à la loi; le chrétien n’a plus rien à voir avec la loi (Gal. 3:13,10). On retrouve le même type d’erreurs que pour l’interprétation de Deut. 30:6. Matthieu 5:48 Nous en avons déjà largement discuté plus haut. Les erreurs sont linguistiques, thématiques et contextuelles.

5) Matthieu 22:37 Jésus commande l’amour total pour Dieu, ce qui est le premier commandement de la loi (donc Jésus l’accepte) et surtout la base de la sanctification chrétienne.

– Réponse L’argumentation pourrait être convaincante si l’on ne se penchait pas calmement et sérieusement sur le texte et son contexte. C’est très subtil ! Les pharisiens abordent la question du premier commandement avec un esprit malsain (v. 35). Ils ne veulent pas du tout discuter le message de Jésus (v. 33) mais seulement débattre sur un sujet de l’Ancien Testament. A ma connaissance, Jésus n’a jamais commandé à ses disciples d’obéir à ce commandement comme à un ordre. Il aurait pu le faire, mais son message était surtout celui de 4:17. Jésus-Christ savait que personne ne peut obéir ne serait-ce qu’au premier commandement, c’est bien pour cela qu’Il est venu (Mat. 18:11; Mc. 2:17; Lc. 19:10). Jésus dans Mat. 22: 37-40 dit en somme : « vous voulez discuter sur un point de l’Ancien Testament ? le premier commandement ? d’accord, obéissez aux deux premiers, car toute la loi et les prophètes font d’eux le centre de leurs écrits. Mais pour le moment, ce n’est ni l’obéissance à la loi, ni celle aux prophètes qui m’intéressent, c’est Moi, mon identité, mon autorité (vs. 43-45) sur Israël. Allez-vous m’accepter ? » Erreurs d’interprétation du verset, de son contexte, de sa dispensation. Ce verset n’a absolument rien à voir avec la sanctification de la théorie wesleyenne. Ces versets se situent encore à l’époque mosaïque.

6) Luc 1:69 Oui, Dieu a promis à Israël un sauveur puissant qui est capable de tout faire, même de nous sanctifier.

– Réponse
Que Dieu nous a suscité un sauveur tout puissant est reconnu par tous. Zacharie, le père de Jean-Baptiste, reconnaît qu’il faut quelqu’un de cette qualité pour racheter un peuple tellement rebelle (v. 79). Il faudrait un tel sauveur essentiellement pour délivrer Israël de ses oppresseurs physiques (vs. 71-74). Zacharie voit donc un tel sauveur pour séparer le pécheur de ses péchés et pour délivrer définitivement Israël de ses ennemis politiques. Zacharie n’a pas proclamé ce verset pour qu’il serve de base à une fausse interprétation de la sanctification dont il ignorait tout. Ce verset n’est donc pas une garantie contre le péché.

7) Jean 17:20-23
Il y a l’assurance d’être parfaitement un. C’est le mot « parfaitement » qui est important.

– Réponse sur ce point aussi, nous avons déjà discuté. Ces versets n’ont rien à voir avec une quelconque sanctification entière.

8) Romains 8:2-4 L’Esprit nous a affranchis de la loi du péché et de la mort, car Dieu a condamné le péché dans la chair du Fi1s afin que nous vivions la justice de la loi par l’Esprit. Le chrétien est libéré du pouvoir du péché et de la mort donc nous pouvons vivre la justice de la loi par le Saint-Esprit; vivre toujours affranchis du péché.

– Réponse Ces trois versets dépendent du verset 1. Jésus ôte notre condamnation. L’Esprit nous infuse la vie de Jésus-Christ. Lorsque l’Esprit est donné une fois pour toutes à la nouvelle naissance (Jn. 3:3-8; Eph. 1:13-14) nous apportant ainsi la vie du Christ, nous sommes libérés du contrôle unique du principe du péché et de la mort. Avant notre salut, le principe du péché et la mort qui en résultait était le seul à diriger notre vie (Rom. 3:10-12) L’Esprit a brisé cette dictature en nous donnant la vie de Jésus. Il existe en nous maintenant un deuxième principe : la vie. Cette vie de Jésus par l’Esprit nous permet de vivre la justice requise par la loi (sens du grec de la dernière partie du verset 4). Notez bien que Paul ne nous impose pas la loi mais la justice derrière la loi. Cette justice n’a jamais changé et existait déjà avant la loi. La loi n’a fait que la codifier pour un certain nombre de siècles (du mont Sinaï jusqu’à la croix). La justice divine est éternelle alors que la loi est temporaire. Lorsqu’on obéit au Saint-Esprit, Il répand la justice divine en nous et à travers nous. Ceux qui pensent que l’affranchissement du péché par l’Esprit veut dire qu’on peut arriver à une sanctification entière doivent se rendre compte que les mots « et de la mort » détruisent leur argument. Si quelqu’un ne mourait pas, il pourrait vivre la perfection entière, sans péché. Le fait est que tous les théoriciens du soi-disant perfectionnisme sont morts, nous prouvant par là qu’ils n’ont jamais vécu ‘la sanctification entière ».

9) 2 Corinthiens 7:1
Wesley joint ce verset à Ezéchiel 36:25-29, pour « prouver » qu’avec la promesse de la purification (2 Cor. 7:1a et Ez. 36:25-29) de toute souillure, nous pouvons achever notre sanctification.

– Réponse C’est une argumentation subtile qui tord habilement le vrai sens du verset. Corruption ignorante mais tout de même intentionnelle. Nous avons déjà vu quel est le sens d’Ez. 36:25-29 (point 3, ci-dessus)

Dans 2 Cor. 7:1, Paul rappelle aux chrétiens que Dieu, dans 6: 16-17 (toujours voir le contexte), a déjà promis de vivre avec eux une relation père-enfants, si eux sont prêts à se comporter comme de véritables enfants. Le chrétien tire sa force de sa séparation d’avec les infidélités mondaines en s’appuyant sur les promesses divines. Cet acte quotidien de séparation est l’activité continuelle (participe présent, action simultanée par rapport au verbe principal en grec) pour achever la sanctification pratique qui nous incombe. Que veut dire le mot « achever »? Le perfectionniste dirait « finir, terminer, conclure ». Le mot et la grammaire donnent un autre sens. Le verbe est un mot composé indiquant la concentration de l’action du verbe (faire arriver au but, compléter) sur un objet. Le temps du verbe indique une action continuelle. Paul enseigne que le chrétien, chaque fois qu’il découvre une souillure charnelle (extérieure) ou spirituelle (intérieure -pensées, volonté), doit concentrer son attention sur elle de manière continuelle ainsi il sera en train de s’avancer vers le but final de la sanctification. Paul enseigne que la route qui mène au but ne s’arrête pas. Face à une tentation qui souille, nous pouvons parvenir à un but de sanctification fixé pour ce moment précis. Mais avoir la victoire à ce moment-là, ne signifie nullement qu’il n’y aura pas à lutter lorsque surviendra une autre tentation. Les victoires passées ne sont pas transposables au présent. L’enseignement de Jésus (Mat. 6:34) et sa vie, même lors de la croix (Mat. 27: 34, 39-44) nous montrent que les souillures (provenant uniquement de l’extérieur dans le cas du Seigneur) nous guettent continuellement. Si l’on tient cas du grec, ce verset ne peut en aucun cas être utilisé par le perfectionniste pour enseigner sa fausse théorie; le faire, c’est faire mentir la parole de Dieu!

10) Ephésiens 4:13
Cette pensée a déjà été développée plus haut

11) Ephésiens 5:24-27
Ce verset également a déjà été étudié. Ajoutons que Christ est mort pour toute l’Eglise et pour que toute l’Église soit présentée à Lui dans un état de perfection : elle le sera ! Le bon sens nous dit que tous les chrétiens de tous les temps n’ont pas pu mener toute leur vie de façon irrépréhensible [irréprochable]. La sanctification entière ne trouve de justification ni dans ces versets, ni dans la vie pratique chrétienne. Le v. 26 est en train d’être accompli. Le v. 27 sera accompli dans le ciel.

12) 1 Thessaloniciens 5:23
Cette pensée a déjà été développée plus haut

13) Tite 2:11-14
Selon moi, ce paragraphe n’enseigne que ce que le converti doit faire:

– renoncer à tout ce qui s’oppose à la vie chrétienne normale enseignée dans le Nouveau Testament.
– attendre la manifestation glorieuse du Seigneur Jésus.
– être zélé pour les bonnes oeuvres. Au cas où l’on serait tenté de dire que le mot « purifié » (v. 14) signifie une sanctification entière (vivre sans péché après une expérience soudaine purificatrice de tout péché futur éventuel), je conseille de lire Actes 15:9 et Héb. 9:14 (même verbe). C’est la purification accomplie à notre conversion concernant tout notre passé de pécheur. Il n’y a aucune promesse de ne plus pécher dans Tite 2:14.

14) 1 Jean 3: 8
Celui qui est réellement converti ne péchera pas, car il a en lui le fils de Dieu qui a déjà détruit les oeuvres du diable. Etant libéré du diable, il n’a qu’à faire l’effort d’obéir aux commandements de Dieu pour ne plus pécher. L’obéissance parfaite est possible, voire certaine à cause du Fils et de sa victoire sur Satan.

– Réponse L’apôtre Jean affirme que celui qui est en train de commettre un péché (participe présent donc continuité), trouve la source de ce péché dans le diable. Chaque péché donc, est diabolique. Celui qui laisse le diable s’exprimer à travers lui, nie dans la pratique et à ce moment précis, le Fils de Dieu qui est venu pour détruire les oeuvres du diable (Col. 2:15), c’est-à-dire que Christ n’a plus la possibilité d’oeuvrer à travers cette personne. La victoire de Jésus sur le diable est réelle; elle devient pratique et se concrétise en nous, lorsque nous refusons d’agir comme le diable. La vie quotidienne nous prouve sans équivoque que le diable travaille, les Ecriture nous le prouvent également. Le Nouveau Testament offre bien des exemples de vrais convertis qui ont péché après leur conversion. La « sanctification entière » ne trouve aucune assise dans 1 Jean 3:8.

15) I Jean 3:9 Le vrai converti ne pèche plus, parce qu’il ne peut plus pécher. Voilà une déclaration claire sur la perfection !

– Réponse L’explication du verset est assez simple si nous le prenons au pied de la lettre. Jean déclare que l’enfant de Dieu, étant passé par la nouvelle naissance, a la semence de Dieu (sa nouvelle nature) en lui. Celle-ci, venant de Dieu, ne pêche pas. C’est logique ! C’est tout ce que voulait dire Jean. Ce qui est de Dieu ne peut pas pécher ! Jean ne déclare pas du tout que le chrétien ne pèche pas. Une telle affirmation serait hérétique et en désaccord flagrant avec 1 Jn. 1:8-10; Gal. 3:3; 5:16-17; 6:7-8; Rom. 6:12-14;7:17-23. Jean admet avec Paul, la réalité des deux natures du chrétien : adamique, pécheresse (Rom. 5:12; 6;12) et divine, sainte (2 Pi. 1:3-4). Chacune des deux natures suit ses propres règles. La nouvelle nature (la capacité de vivre en contact avec Dieu) a l’aptitude pour pratiquer la justice qui, en s’exprimant à travers le chrétien (3:10) permet à n’importe qui de discerner qui est enfant de Dieu. L’enfant du diable ne peut pas vivre une vie juste. Le verset n’a jamais enseigné la théorie anti-néo-testamentaire qu’est la perfection wesleyenne. Ce verset affirme une caractéristique de l’intégrité totale de la nouvelle nature. Un point c’est tout.

16) 1 Jean 4:17
Cette pensée a déjà été développée plus haut

CHAPITRE VII REFLEXIONS FINALES

Cette étude longue et difficile mais encourageante, m’a éclairé sur bien des points, et je vous livre mes impressions telles qu’elles me sont venues à l’esprit.

A. Une idée religieuse en habits chrétiens qui n’a pas d’assise dans l’interprétation grammaticale du texte originel biblique sera toujours fausse. Il ne faut jamais créditer une idée sous prétexte qu’elle vient de tel ou tel homme. Les seuls principes sur lesquels nous devons construire notre vie et nos doctrines sont ceux venant des apôtres, porte paroles du Seigneur Jésus (Jn. 14: 26; 15:26; 16:13-15), inspirés par le Saint-Esprit (2 Tim. 3:16-17; 2 Pi. 3: 1516). Ni la réputation, ni le caractère apparemment saint de qui que ce soit ne doit servir de critère pour l’acceptation d’une idée. L’infaillibilité réside uniquement dans les Ecritures inhérentes à Dieu. Le privilège du converti à Jésus est de découvrir le sens correct de la parole de Dieu par une interprétation saine, juste, grammaticale, historique, linguistique et culturelle. Ces règles herméneutiques s’appliquent à l’interprétation de toute littérature. Il n’existe pas de règles célestes grâce auxquelles nous puissions interpréter les Ecritures, sauf celle du Saint-Esprit. Cependant, Il emploie des règles herméneutiques humaines car la Bible a été écrite dans le langage humain. Notre tâche est de suivre le principe d’Actes 17:11 pour vérifier tout ce qui est dit par tous. J’ai essayé de le faire dans cette étude. Wesley a été mis à l’épreuve et jugé insuffisant. Ce n’est pas un but personnel que j’ai poursuivi, mais ma curiosité a été suffisamment éveillée par une discussion sur la théorie wesleyenne et par la lecture du livre de John Wesley, pour que j’aie le désir d’étudier la question. Le livre « exposition claire et Simple de la perfection chrétienne» n’est ni fidèle aux textes, ni clair, ni simple. Il est rempli de confusion et de contradictions. Pour ceux qui mettraient en doute mon droit de critiquer les dires théologiques de John Wesley, je voudrais préciser que le méthodisme de ma famille paternelle remonte au moins au milieu du 19° siècle, et peut-être même au-delà. J’ai fait mes études universitaires dans une université méthodiste des Etats-Unis. J’ai étudié et passé des examens officiels de l’Eglise Méthodiste du Sud pour être agréé comme prédicateur laïc local (en vue de devenir plus tard pasteur méthodiste), ce qui signifiait que j’avais ma licence et pouvais prêcher légalement dans n’importe quelle église méthodiste du monde. En 1958, j’ai quitté ce milieu après avoir découvert qu’il n’était pas fidèle à bien des doctrines importantes de la Bible. Ces découvertes résultaient uniquement de la lecture et de la méditation sur la Bible.

B. La théologie de Wesley sur certains points précis a été développée avant sa conversion laquelle n’a rien changé à ses idées. Ceci me parait bien suspect! De plus, Wesley a été soumis au courant mystique moyenâgeux qui est tout aussi Inquiétant. J’ai la ferme conviction que la théologie wesleyenne sur le perfectionnisme a fait un vrai malheur parmi des millions de chrétiens méthodistes, Holiness (Sainteté, 19° siècle), pentecôtistes de tous bords du fait du nombre impressionnant de convertis et d’églises fondées sous son ministère. Wesley était un évangéliste et un fondateur d’églises extraordinaire. Les gens faisaient un amalgame de son évangélisation et de sa théologie. En acceptant la premiere sans problème, ils ont assimiler la seconde sans chercher à l’approfondir: cec4st un procédé inacceptable de la part d’un étudiant sérieux de la Bible.

C. Wesley, dans son livre, affirme se servir du grec (p. 116) pour interpréter un passage. Un effort louable. Pourtant son livre démontre clairement qu’il-n’a pas employé le grec de façon systématique. S’il l’avait fait, il aurait évité de tels propos sur la sanctification. Cette façon d’utiliser le grec selon son bon plaisir, est un procédé malhonnête. Peut-on être malhonnête et entièrement sanctifié?

D. Wesley confondait le but et le moyen. Il voulait avec une compassion admirable que ses méthodistes vivent d’une manière sainte et digne du Seigneur Jésus-Christ.Ma!s il truquait, savamment ou pas l’enseignement. A tel point qu’il est devenu laf source directe ou indirecte de maintes dénominations basées sur quelques fausses doctrines qui sont cause de tromperies et de frustrations dans la pratique de la vraie vie chrétienne en Jésus-Christ.

E. Wesley a commis une erreur en prenant le système de la « sanctification entière » et en l’imposant comme le but supreme. Le nouveau testament montre que notre première préoccupation dolt être de fixer notre attention sur le t4a!tre (Héb. 12:1-2; Col. 3:1-4), et non sur nous-mêmes. En le regardant nous constaterons qu’Il est en train de nous sanctifier selon la parole, par le Saint-Esprit; et cela de façon quotidienne.

F. Voici quelques-unes des erreurs parmi les plus graves:

1. Partout Wesley juxtapose des versets, sans considérer ni leur contexte, ni leur place dispensationnelle, (Exposition Claire et Simple de la perfection Chrétienne, p.27)

2.Selon lui, le salut consiste en un coeur entièrement pur (p. 23).

3.On parvient à la grâce par l’effort (p. 36) et le péché n’est pas un péché (pp. 36,37,38,41,50).

4.On peut perdre le salut (pp. 36, 49).

5.La nature humaine est erronée et non pas pécheresse (p.38).

6. L’amour de Dieu, l’amour pur, peut nous induire en erreur (pp. 38-39).

7. Il existe deux types de salut: le salut et le salut supérieur (p. 40).

8. La perfection se mesure à l’apparence extérieure (pp. 41,44).

9. Celui qui n’accepte pas l’idée wesleyenne de la perfection est un pharisien, un égoïste, un incrédule (p. 44) un avocat du péché (p. 148).

10. L’erreur « …indique beaucoup de grâce et un haut degré de sainteté et de bonheur »: même une erreur « devrait être un sujet de joie véritable.., je ne parle pas de l’erreur elle-même, mais de la richesse de grâce qu’occasionne momentanément cette erreur »! (p. 50).

11. Sur les 180 pages du livre, j’ai compté au moins 100 pages contenant des erreurs ou des contradictions de toutes sortes.

12.Accuser ceux qui sont contre le perfectionnisme wesleyen d’antinomianisme montre une ignorance doctrinale insupportable de Romains de Galates et d’Hébreux.

G. Le perfectionnisme est une théorie élitiste qui n’est pas ouverte au chrétien moyen n’ayant pas atteint « les plus hauts niveaux de la grâce ».

H. Suivre les idées humanistes érigées en doctrines néo-testamentaires prépare le terrain à des excès d’orgueil et d’erreurs doctrinales concernant le Saint-Esprit et la vie chrétienne.

Cette liste pourrait être allongée. I] faut néanmoins terminer cette étude en précisant que mon but a été double:

1. Evaluer et disséquer une grande force dans la maison du christianisme.

2. Présenter aussi fidèlement que possible l’enseignement du Nouveau Testament sur la perfection. La balle est maintenant du côté des lecteurs: à eux de juger si le but a été atteint.

SCOTT MC CARTY Septembre 1988

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