DIEU n’est pas déçu de toi

Pendant que Jésus était à Jérusalem, à la fête de Pâque, plusieurs crurent en son nom, voyant les miracles qu’il faisait. Mais Jésus ne se fiait point à eux, parce qu’il les connaissait tous, et qu’il n’avait pas besoin que quelqu’un rende témoignage de l’homme; car lui-même connaissait ce qui était dans l’homme. (Jean 2/23 à 25)

Jésus ne peut pas être déçu de toi, de tes échecs, ou de ta sanctification défaillante. Non seulement Il n’est pas déçu, mais Il n’est même pas surpris. Cette vision d’un Dieu déçu par les défaillances des hommes est religieuse [1], enfermée dans les limites étroites de la compréhension humaine [2].

Toi, tu es déçu de toi-même et tu en es affligé. Mais Lui, Il connaît ce qui est dans l’homme, et même ce qui est dans l’homme qui croit en lui. Il ne se fait aucune illusion sur l’homme et sur son potentiel à Le suivre, être fidèle, rester pur, à triompher, à être vainqueur [3].

Non parce que l’homme est mauvais, mais parce que l’homme est mû par une énergie qui est vendue au péché [4], victime d’un cœur trompeur[5].

Prenez par exemple le disciple Pierre : il était parmi les plus motivé et les plus prometteurs. Il avait même tout quitté pour suivre son appel et ce Jésus de Nazareth avait envahi tout son horizon. À son contact, avec Lui, tout devenait possible. Et Jésus lui avait donné Son enseignement, investi en lui, confié des responsabilités [6], transmis son mandat et délégué de Son autorité [7], mais Il savait bien, Lui, que tout cela avait des limites. Les limites de l’homme. Parce que Jésus ne se fie pas à l’homme, il ne s’est jamais fié à l’homme. Mais l’homme en revanche se fie en lui-même et en ses propres forces.

Pierre, lui, ignorait les limites de l’homme, persuadé dans son for intérieur qu’il suivrait son Seigneur partout, jusque dans la mort, jusque dans la perte de ce qui lui était le plus cher, le plus précieux … mais c’était mal connaître l’homme qui était en lui.

Comme Pierre, nous sommes cet homme-là, et nous avons abandonné notre maître, plusieurs fois peut-être. En combien d’occasion l’avons-nous renié secrètement, l’avons-nous dédaigné, tout comme les pires d’entre ses opposants … lui qui fut méprisé et abandonné des hommes …

Nous avons eu nos heures sombres et peut-être sommes-nous actuellement dans une heure sombre.

La tristesse d’avoir échoué sur le chemin de la sanctification, ou d’être arrêté dans notre projet et notre désir d’appartenir à Christ, est parfois difficile à supporter, et peut se transformer en douleur qui empoisonne littéralement notre cœur.

Nous avons manqué le but, oui, à plus d’un titre, et chaque pensée qui se rapporte à cela semble creuser encore davantage le fossé qui nous sépare de ce qui est saint, de ce qui est juste, de ce qui est parfait.

Rappelons-nous que Dieu a Son œil sur nous en ces instants qui plongent notre âme dans l’obscurité, mais qui en même temps projettent une saine et sainte lumière sur ce qu’est l’homme exactement … et là, dans ces instants difficiles, Sa compassion est présente, liée à nous par un amour indéfectible, l’amour d’un Père; c’est une réalité puissante.  Il est à nos côtés. “Si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre coeur, et il connaît toutes choses” (1 Jean 3/20).

Et Christ n’est pas déçu, car Il n’attend pas le témoignage de l’homme (Il n’attend pas de voir ce qui sort de l’homme, ses résultats) pour connaître sa valeur. Christ ne croit pas — n’a jamais cru — dans l’homme pour réussir à atteindre l’état d’homme fait[8] et accompli. Il n’a jamais escompté que l’homme réussisse à marcher dans la sainteté. Il sait ce qui est dans l’homme. Et Il a besoin que l’homme connaisse lui aussi ce qui est dans l’Homme, afin que puisse naître une confiance nouvelle et totale en Lui, afin que cet immense capital confiance que l’homme déploie en lui-même soit transféré sur Lui, sur Christ. Pour que s’établisse cette comme-union dans laquelle le nouvel homme est revêtu[9], grâce au fait que l’ancien s’est vu dépouiller au travers de l’expérimentation de la déception de nous-mêmes.

Pierre devait VOIR la nature réelle de son zèle et de son amour pour Jésus, afin que sa confiance en lui-même puisse être décrédibilisée, profanée à ses propres yeux, et soit ainsi abandonnée au profit d’une nouvelle dépendance de Christ.

Mais avant ce moment de vérité fatidique, quelle autre voie aurait-il pu suivre ? Aurait-il pu emprunter un autre chemin, plus parfait ? Aurait-il pu suivre son maître par un moyen ou par un autre, continuer de marcher sur l’eau avec lui ? Non.

L’échec de Pierre était malheureusement indispensable. L’expérience des limites de Pierre était indispensable.  Et ce chemin qui est le nôtre aussi s’appelle le brisement. Qu’il soit compris comme UNE grande expérience fondatrice, ou dans une multitude de fragmentations, peu importe : le processus du brisement est inhérent à la découverte de Dieu et à la compréhension de Son amour. Le brisement[10] est la porte étroite par laquelle l’intelligence ne peut entrer, et derrière laquelle elle doit patienter tandis que nous entrons dans une nouvelle révélation de l’Eternel. C’est le lieu de la sainteté où l’homme ne peut se tenir avec ses sandales naturelles.

La Parole de Dieu nous avertit que c’est un malheur pour l’homme de mettre sa confiance dans l’homme[11] ! C’est un malheur que l’homme compte sur lui-même pour travailler à son propre salut[12], pour affronter ses ennemis, pour surmonter ses difficultés, pour triompher de ses épreuves extérieures et intérieures … et surtout pour servir son Dieu.

Le travail de l’Esprit, le ministère de l’Esprit, consiste à nous amener dans cette forme de mort à nous-mêmes (à l’homme) pour nous amener à une nouvelle naissance en Christ, une transition du vieil homme qui se corrompt systématiquement en toutes choses, même dans les choses religieuses, pour revêtir le nouvel homme, recréé en justice et sainteté[13].

Et pour que ce chemin devienne lumineux, soit éclairé par l’étoile du matin, il est nécessaire que pâlisse l’éclat de notre propre lumière, de notre propre justice, de notre propre sainteté (c’est le processus de la mort à soi-même). Le Saint-Esprit nous a été donné pour que Christ nous apparaisse dans tout son rôle salvateur et dans toute la légitimité de sa seigneurie — Lui qui est la vraie lumière[14] — c’est pourquoi il est permis que nous connaissions, parfois, les chemins obscurs de l’échec, et que nous constations notre incapacité à suivre Jésus et à être dignes de Lui. La découverte de notre insuffisance est absolument nécessaire pour que l’étoile du matin[15] devienne notre espérance de plein salut. L’expérimentation de nos limites, parfois douloureuse lorsque nous découvrons la lâcheté qui nous habite, est indispensable pour que la perdition du cœur humain devienne à nos yeux totalement incontestable, et définitive. Aussi longtemps que la corruption irrémédiable du cœur humain — de notre cœur — n’est pas avérée en nous et que nous n’avons pas saisi que ce cœur, notre cœur, est incurable[16], nous ne trouvons pas le vêtement de la Justice de Dieu, et la robe de noces. Pour être sauvé, il faut être perdu, et il faut être pleinement perdu pour être pleinement sauvé. C’est lorsque le lépreux était déclaré totalement gagné par la maladie qu’il était déclaré pur[17].

Alors au cœur de notre déception de nous-même, souvenons-nous que le regard que Dieu pose sur nous est plein de bienveillance, et ne ressent aucune surprise, car il sait ce qu’il y a dans l’homme. Ce sont des moments de croix, amers comme la mort. Mais la Bible dit que pour Dieu, nous sommes morts (Il voit déjà le processus accompli) et que notre vie (la vie véritable qui nous est réservée) est cachée avec Christ en Lui[18].

Je suis mort, tu es mort, nous sommes morts, et comment des morts pourraient-ils décevoir Dieu ? Une seule chose L’intéresse : la mesure que Christ peut occuper dans notre vie, par l’espace qui est abandonné par le Naturel, et le niveau d’union de notre esprit à Son Esprit, grâce à l’effondrement de notre propre justice, de notre propre force[19]. C’est le début de la vie de vainqueur, le début de nouveaux combats, d’une nouvelle guerre qui commence … par une défaite totale, celle de l’Homme, seule condition pour que toute la gloire puisse revenir à Christ.

“Il est bon pour moi d’avoir été affligé, humilié, afin que j’apprenne tes status”. Psaume 119/71

JérômePrekel/Le Sarment/Jan2011

www.lesarment.com


[1] C’est une vision anthropomorphique (dont l’homme est le centre) et qui confine la vision divine du salut à l’interieur de la dimension humaine.

[2] Le système des mérites, dans lequel nous évoluons depuis notre enfance, est un obstacle à la compréhension de la Grâce, de la Justice, et à leur pleine acceptation dans notre Salut. Il peut perturber la relation avec Dieu tout au long de la vie d’un chrétien et dénaturer le sens de la sanctification, telle qu’elle est voulue par Dieu. Nul ne peut mériter son salut, et nul ne peut mériter l’amour de Dieu ou Ses exaucements. On n’obtient pas un meilleur salut en devenant meilleur : l’homme ne peut devenir meilleur, c’est pourquoi le premier acte de sanctification accompli par Jésus pour nous a consisté à tuer l’homme, en l’emmenant avec Lui sur la croix, et en l’ensevelissant avec lui dans le tombeau (Rom. 6). Il n’est pas demandé à l’homme de devenir meilleur, mais de s’unir à Christ en abandonnant sa vie propre, faite de Bien et de Mal. Et Christ fera émerger Sa nature de ce processus (Gal. 2/20), pour emmener l’homme vers la Vie véritable, le Bien véritable, la Justice et le bonheur éternel.

[3] Si Dieu comptait sur l’homme pour ces choses, Il n’aurait pas répandu Son Esprit sur toute chair.

[4] Romains 7/14

[5] Jérémie 17/9

[6] Luc 10/3

[7] Matthieu 10/8

[8] Hébreux 6/1 : “C’est pourquoi, laissant la parole du commencement du Christ, avançons vers l’état d’hommes faits, ne posant pas de nouveau le fondement de la repentance des oeuvres mortes et de la foi en Dieu”

[9] Ephésiens 4/21 : “c’est en lui que vous avez été instruits à vous dépouiller, eu égard à votre vie passée, du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses, à être renouvelés dans l’esprit de votre intelligence, et à revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité ».

[10] Brisement intérieur, brisement de l’idéal humain, brisement de la conception du bonheur terrestre…

[11] Jérémie 17/5 : “Ainsi dit l’Éternel: Maudit l’homme qui se confie en l’homme, et qui fait de la chair son bras, et dont le coeur se retire de l’Éternel!”

[12] Mettre en œuvre son salut

[13] Ephésiens 4/24 : “et à revêtir l’homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité”.

[14] Jean 1/9

[15] 2 Pierre 1/19, Apocalypse 22/16

[16] Jérémie 17/9 : “Le coeur est trompeur par-dessus tout, et incurable; qui le connaît?”

[17] Lévitique 13/13

[18] Colossiens 3/3 : “Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu”.

[19] Daniel 12/7 : “… toutes ces choses finiront quand la force du peuple saint sera entièrement brisée…”

Leave a reply:

Your email address will not be published.

Site Footer